Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, La planète des singes, L’arche russe, La sagesse des crocodiles, La Tour Montparnasse infernale, La tourneuse de pages.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

L3

La planète des singes0 étoile
de Tim Burton
avec Mark Wahlberg, Tim Roth, Helena Bonham-Carter, Michael Clarke Duncan, Kris Kristofferson, Estella Warren, Paul Giamatti, Cary Hiroyuki Tagawa

Depuis 1968, date de la première version du roman français de Pierre Boulle, le goût du public a changé : plus question aujourd’hui de lui infliger des dialogues qu’il faut écouter pour les comprendre. En foi de quoi, Tim Burton s’est attelé à la tâche de produire une mouture plus musclée. Mais...

La vedette, d’abord. Dans la première version, Charlton Heston possédait une présence, un charisme et une pincée de talent, que Mark Wahlberg est loin d’avoir.

La musique ? Burton devrait changer de musicien, Danny Elfman n’est pas fait pour ce travail. Sa musique, envahissante, est banale, et abuse des basses renforcées. Avec cette soupe sonore, on se croirait dans Star wars...

La narration ? Tous les bons réalisateurs le savent : on ne doit pas révéler trop vite ce qui constitue le choc d’un film de terreur. Ici, rien de tout cela, les singes sont montrés immédiatement, sans la moindre progression dramatique. Pas de suspense donc.

Enfin, la signification du film de Burton est complètement différente de celle du film de Schaffner. Chez Burton, l’humain est « le gentil », et tous les singes sont les « méchants » – violents, brutaux, sadiques (ils marquent les hommes au fer rouge !). Le spectateur, banalement, est invité à s’identifier au beau gosse du récit, qui ne se démène que pour sauver sa peau, et rien ne vient contrebalancer cette vision plutôt primaire. Le film de Schaffner était beaucoup plus nuancé, et, après avoir montré l’humain brimé par les singes apparemment « méchants » et bornés, nous ménageait un savant retournement de situation par la révélation finale : c’était l’espèce simiesque qui avait raison, et l’homme était en fait le méchant de l’histoire, et même de l’Histoire. Les dernières paroles de Taylor (Charlton Heston) et du film étaient pour maudire l’espèce humaine, qui avait détruit toute civilisation deux mille ans plus tôt.

La fin de l’histoire aussi est beaucoup moins forte : dans la version de 1968, le personnage principal ne retournait pas sur Terre, puisqu’il n’y avait aucun voyage de retour, il découvrait qu’il ne l’avait pas quittée, dans une scène quasi-muette qui renversait tout le sens du film !

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L’arche russe 3 étoiles
d’Alexandre Sokourov
avec Sergey Dreiden, Maria Kuznetsova, Leonid Mosgovoi, David Giorgobiani, Alexander Chaban

Imaginez un film d’un peu plus d’une heure et demie qui se déroulerait en un seul plan, dans un palais devenu aujourd’hui l’un des plus beaux musées du monde, l’Ermitage de Saint-Petersbourg, de loin plus luxueux que notre Louvre. Cette technique du plan-séquence est rarement utilisée – surtout de nos jours où l’esthétique « clip », avec ses montages hachés, est plus à la mode –, car le moindre incident ruine le travail de plusieurs heures.

Le tournage de L’arche russe a eu lieu en temps réel le dimanche 23 décembre 2001, mais cet événement a été précédé de plusieurs mois de répétitions – huit mois, dit-on : si le moindre incident, lors du tournage d’un plan-séquence ordinaire, oblige à recommencer un travail qui a exigé parfois plusieurs heures de préparation, dans le cas présent, il aurait suffi qu’un figurant se prenne les pieds dans un tapis pour devoir recommencer tout le film ! En fait, il y a bien eu deux incidents obligeant à tout recommencer, mais il s’agissait de pannes de batterie. La troisième tentative, dans l’après-midi, fut la bonne, et il était temps, car le musée n’avait fermé ses portes et réservé les lieux que pour cette seule journée.

Seul cet exploit technique sans précédent et qui ne sera pas réitéré de sitôt incite à classer L’arche russe parmi les films à voir. Le résultat, lui, n’encourage pas à renouveler une tentative d’évocation historique un tantinet soporifique et réactionnaire. Peut-être faut-il être russe, et surtout nostalgique de l’ancien régime tsariste, pour apprécier vraiment le film...

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La sagesse des crocodiles3 étoiles
de Po Chih Leong
avec Jude Law, Elina Löwensohn, Timothy Spall, Jack Davenport, Colin Salmon, Hitler Wong, Kerry Fox, Stuart Bowman, C.J. December, Anastasia Hille, Nicholas Lamont, Joseph O’Conor, Ashley Artus

Steven est beau, séduisant, un peu mystérieux, intelligent, altruiste et gentil. Il a tous les talents et fait tout beaucoup mieux que tout le monde. Mais il ne va pas bien, il fait des cauchemars terribles, est hémophile, n’a pas de chance en amour : sa précédente petite amie s’est tuée en voiture, la suivante a été retrouvée égorgée, son cadavre jeté à la mer. Très malade, il doit penser à tout, même à respirer. S’il s’endort, il meurt asphyxié. Et son corps se décompose lentement. Steven voudrait bien ne pas être obligé de tuer les filles qui l’approchent, mais il y est contraint, c’est plus fort que lui, il a besoin de leur sang, lequel charrie de manière tangible, il en est persuadé, les sentiments qu’elles éprouvent à son égard. Pourtant, la dernière, il voudrait bien l’épargner, car c’est la plus intéressante qu’il ait rencontrée, la plus douée, la plus capable, la plus intelligente. Peut-être la plus belle. Il l’aime. Elle l’aime aussi. Quand elle comprend qu’il va la tuer quand même, elle veut se jeter du haut d’un toit, et c’est lui qui la sauve malgré elle.

Le film n’a pas d’épilogue, pas de happy end. On sait seulement que Steven va mourir. Film fantastique et intelligent, où tout se passe dans la tête des personnages.

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La Tour Montparnasse infernale0 étoile
de Charles Nemes
avec Éric Judor, Ramzy Bedia, Mariana Foïs, Serge Riaboukine, Michel Puterflam, Pierre-François Martin-Laval, Joe Starr, Jean-Claude Dauphin

Encore des comiques de télé qui tentent leur chance dans le cinéma, toujours avec le même bonheur ! Pour apprécier, il faut sans doute posséder le fameux « esprit Canal », mais hélas, tout le monde ne l’a pas... Dommage, car ces deux garçons ne sont pas idiots et ont de la répartie, mais le cinéma en exige davantage.

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La tourneuse de pages1 étoile
de Denis Dercourt
avec Catherine Frot, Déborah François, Pascal Greggory, Xavier De Guillebon, Christine Citti, Clotilde Mollet, Jacques Bonnaffé, Antoine Martynciow, Julie Richalet, Martine Chevallier, André Marcon, Arièle Buteaux

L’histoire d’une vengeance longuement différée, peu justifiée, disons-le, car la victime n’avait pas grand-chose à se reprocher !

Pianiste concertiste, Ariane, lors d’une audition au conservatoire, a coupé involontairement, et sans en être consciente, les ailes d’une petite jeune fille, Mélanie, qui voulait aussi devenir virtuose. Dès le départ, on pressent que cela va mal tourner, car la jeune fille, avant de quitter le lieu de son humiliation, claque volontairement le couvercle du piano sur lequel s’exerçait une autre fille, manquant de lui écraser les doigts ! Devenue adulte et apprentie-secrétaire, elle est prise en stage dans un cabinet d’avocats, puis engagée par son patron pour garder son fils durant son absence, et découvre que la femme de l’avocat est la pianiste qu’elle hait depuis des années. Elle va donc saisir cette occasion pour lui faire payer son avanie, sans que sa cible comprenne jamais ce qui va lui arriver, puisqu’elle n’a pas reconnu la gosse, bien changée.

Là, petite réserve, il faut avouer que la nature de cette revanche, assez plate et convenue, n’est pas une surprise pour le spectateur.

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