Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Gladiator, Goodbye Lenin !, Good morning England, Gran Torino.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

G

GladiatorÀ fuir
de Ridley Scott
avec Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Oliver Reed, Richard Harris, Derek Jacobi

Prétendu péplum (c'est un contresens). Pas de décors en plâtre, pas de vedette féminine siliconée, pas d’athlètes culturistes. Mais une photo grisâtre et sombre, des séquences de guerre montées à la tronçonneuse et où l’on ne voit rien puisque aucun plan ne dure plus d’un quart de seconde, des scènes de sadisme comme s’il en pleuvait, des héros pleurnichards, et une pincée de psychanalyse de Monoprix pour plaire au public des États-Unis, qui en est friand. Les scènes de foule sont faites à grands coups de trucages numériques, de manière sommaire et répétitive. La musique est envahissante, les personnages d’un sinistre qui dépasse la moyenne permise, et la vérité historique sérieusement malmenée. Signalons que Marc-Aurèle n’était pas un si bon empereur qu’on le prétend, qu’il a fait massacrer davantage de chrétiens que ce pauvre Néron tant calomnié, et que ce taré de Commode n’avait rien d’un Hamlet transalpin : son passe-temps favori était d’égorger des oies, non de sangloter sur le fait que son cher papa ne l’aimait pas et lui préférait un général barbu – épisode complètement inventé.

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Goodbye Lenin !3 étoiles
de Wolfgang Becker
avec Daniel Brühl, Katrin Sass, Chulpan Khamatova, Maria Simon, Florian Lukas

S’il existe un piège dans lequel cette comédie ne tombe pas, c’est bien celui de la satire primaire – c’est-à-dire unilatérale –, de la caricature anticommuniste. Rien de tel ici. Certes, les travers de l’ancien régime de la RDA ne sont pas dissimulés : on rit de la propagande communiste, étouffante et sans nuances, qui pesait sur ce pays jusqu’en 1989, symbolisée par le fameux Mur qui emprisonna durant vingt-huit années l’ancien secteur soviétique de Berlin occupé. Propagande rudimentaire que les deux jeunes compères, Alexander et son ami Denis, s’efforcent d’imiter dans de faux journaux télévisés qu’ils bricolent eux-mêmes, en vue de cacher à la mère d’Alex, car cette déception la tuerait, que l’Allemagne de l’Est a sombré durant son coma de huit mois.

Mais enfin, l’Ouest non plus n’est pas épargné, comme en témoigne la séquence de la visite qu’Alexander fait à son père, réfugié à Berlin-Ouest, scène qui lui révèle un univers bizarre et fort peu chaleureux. Quant aux chaos de la réunification, avec ses milliers de nouveaux chômeurs, ses faillites d’entreprises et les aléas du changement de monnaie, ils ne sont pas davantage passés sous silence. Bref, l’Allemagne de l’Est défunte est montrée sous un jour nuancé auquel on ne s’attend guère, notamment par le biais du personnage central de l’histoire, la mère. Personnage chaleureux, Christiane Kerner, en effet, n’est pas une opposante au régime, et pourtant, c’est loin d’être une sotte ou une apparatchik. Mais elle croit aux vertus du socialisme et le met en pratique dans sa vie quotidienne, notamment dans les lettres de réclamations aux autorités en place, que cette femme instruite et serviable rédige pour le compte de ses voisins moins favorisés.

Il n’y a dans cette histoire aucun salaud. Et le jeune Alexander se montre lui-même fort touchant. Si bien que le décès inéluctable de la maman et la dispersion de ses cendres n’alourdissent pas le récit, comme cela se produit souvent pour les comédies qui veulent se payer un « instant d’émotion », selon la recette bien connue. Seule, la musique de Yann Tiersen s’avère d’une décevante banalité, dans le style « apportons à tout cela une touche de mélancolie ». Pas de musique du tout, c’eût été préférable.

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Good morning England3 étoiles
de Richard Curtis
avec Kenneth Branagh, Tom Brooke, Ralph Brown, Rhys Darby, Jack Davenport, Nick Frost, Philip Seymour Hoffman, Rhys Ifans, Bill Nighy, Chris O’Dowd, Katherine Parkinson, Tom Sturridge, Emma Thompson

Comédie et film musical, mais pas une comédie musicale. Nous sommes en Grande-Bretagne, où le gouvernement doit faire face à des radios pirates émettant en pleine mer, hors des eaux territoriales, donc difficiles à poursuivre. Et le film nous fait assister, dans les années soixante, au baroud d’honneur d’un de ces bateaux, qui abrite Radio Rock, radio pirate imaginaire mais fortement inspirée de Radio Caroline, qui émettait en 1966. Carl, un lycéen de 18 ans, a été viré de son lycée pour avoir été surpris en train de fumer. Sa mère l’envoie à son parrain, Quentin, qui commande un bateau d’où émet Radio Rock, une radio pirate (la très officielle BBC possède le monopole des ondes). Plutôt dénué de confiance en lui, le jeune Carl va pourtant devenir l’ami de tout l’équipage, et, en prime, perdre sa virginité, après bien des péripéties, mais du moins l’évènement sera-t-il annoncé au monde entier par les farceurs de Radio Rock !

Mais, à terre, le Premier ministre a donné ordre à un de ses sous-fifres de mettre fin aux activités illégales des pirates, et le tout se terminera pas un glorieux naufrage ; glorieux, puisque les auditeurs arrivent en masse à bord d’une flotille de petits bateaux pour secourir leurs bienfaiteurs, que le gouvernement, préférant les laisser se noyer, a privés de secours.

La bande sonore rassemble bon nombre des succès de l’époque. Il faut avouer qu’un naufrage sonorisé par A whiter shade of pale, de Procol Harum, voilà qui a de la classe !

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Gran Torino3 étoiles
de Clint Eastwood
avec Clint Eastwood, Christopher Carley, Bee Vang, Ahney Her, John Carroll Lynch

Le dernier film que Clint Eastwood interprètera, et qui, sur le sujet de la guerre, surpasse ses deux films « de guerre » réalisés précédemment.

Walt Kowalski, vétéran de la guerre de Corée, est un vieillard aigri et raciste, un authentique misanthrope détestant les Noirs, les Hispaniques et surtout les Asiatiques – parce qu’ils ont « envahi » son quartier, jusqu’à occuper la maison voisine de la sienne. Sans oublier le prêtre catholique, polonais comme lui, le jeune curé Janovich, qui l’agace et qu'il méprise. Les voisins de Walt sont une famille hmong, dont le fils aîné, Thao, environ dix-huit ans, ne passe pas pour très viril : il aime jardiner et il fait la vaisselle ! Or Thao, sollicité de faire partie d’une bande de voyous hmongs, les dédaigne, donc se fait copieusement insulter. Lassé, il accepte de tenter une épreuve d’initiation que ceux-là lui imposent, voler la voiture de son voisin Kowalski, une Gran Torino 1972. Mais le vol échoue, Thao se fait prendre par Kowalski, et voilà déshonorée la famille de Thao.

Mais Thao a une sœur, Sue, charmante, vive, très occidentalisée, qui fait le siège de Walt et s’évertue à l’humaniser. Or Sue est un jour prise à partie par trois voyous hispaniques, et Walt les met en fuite en les menaçant avec une arme à feu. De pestiféré, il devient un héros pour la famille de Thao et Sue : les cadeaux affluent, il accepte une invitation et découvre peu à peu ces étrangers qu’il détestait. Peu après, la famille le supplie d’accepter que Thao expie sa tentative de vol en faisant une semaine de corvées pour lui. L’occasion de découvrir le garçon, qu'il prend en amitié, lui trouvant même du travail chez un ami.

Mais les voyous hmongs se vengent de la famille : ils brûlent le visage de Thao avec une cigarette, puis tabassent et violent sa sœur Sue. Walt, qui vient de se découvrir une grave maladie et sa mort prochaine, décide, puisqu’il n’a rien fait de sa vie, de faire quelque chose de sa mort : il va provoquer les voyous, et ceux-ci, croyant qu’il a une arme, lui envoient une rafale de balles, qui le tuent. Ils sont imédiatement arrêtés et iront en prison pour longtemps. Janovich prononcera son éloge à l’église, et le testament de Walt, déshéritant sa famille, lègue la Gran Torino à Thao !

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