Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Dancer in the dark, Dans la vallée d’Elah, De l’amour, Délice Paloma, Dogville, Dr. T et les femmes.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

D

Dancer in the darkÀ fuir
de Lars von Trier
avec Björk, Catherine Deneuve, Jean-Marc Barr, Joel Grey

Tout le monde a le droit de pleurer au cinéma. De bons cinéastes ont réalisé d’excellents mélodrames. Mais ces gens-là possédaient la méthode, le doigté, un brin de subtilité. Or Lars von Trier n’a pas ces qualités : la chanteuse Björk joue le rôle d’une pauvre ouvrière immigrée qui devient aveugle et travaille comme une damnée pour payer les soins qui empêcheront son enfant de perdre à son tour la vue, mais elle tombe entre les pattes d’un aigrefin qui va la ruiner mais qu’elle occit, de sorte qu’elle finira devant un tribunal, etc. Rions...

Autre critique, mais d’ordre technique : le moins qu’un réalisateur puisse faire lorsqu’il filme une comédie musicale, c’est de vous laisser le plaisir de regarder les danseurs – le corps des danseurs, pas uniquement leurs visages. Les grandes comédies musicales respectent toutes cette règle : les numéros de danse sont filmés en plan large, la caméra placée à une distance suffisante pour cadrer les personnages et le décor ; en outre, les plans doivent durer suffisamment longtemps pour que la danse soit appréciée en continuité. L’hérésie consiste à changer d’angle de prise de vue toutes les secondes et à filmer le tout en gros plan. Dancer in the dark procède un peu du même principe : les séquences à grand spectacle ont été tournées avec cent caméras fixes fonctionnant en même temps ! Pourquoi cent caméras, si ce n’est pour multiplier les plans et nous infliger un montage haché, un peu comme celui de Gladiator ? Par conséquent, parler de comédie musicale quand on en fabrique le contraire, c’est se foutre du monde.

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Dans la vallée d’Elah2 étoiles
de Paul haggis
avec Tommy Lee Jones, Charlize Theron,, Susan Sarandon

C’est la politique guerrière des États-Unis qui est la cible de ce film, via les catastrophes provoquées par la guerre d’Irak sur le psychisme des boys envoyés par Bush pour, dit-on, y « rétablir la démocratie » : la guerre transforme, et pas en bien, celui qui la fait – y compris s’il la gagne.

Hank, un ancien de la police militaire, a déjà perdu un premier fils au combat, il ne va pas tarder à apprendre que son second fils est mort aussi... mais pas à la guerre ! Le corps du jeune homme est en effet retrouvé, dépecé, lardé de quarante-deux coups de couteau, et en partie carbonisé.

L’enquête, malaisée, révèlera que la victime a été tué par ses copains, lors d’une de ces virées du samedi soir, qui a mal tourné. Affolé, ils ont tenté de faire disparaître le corps. Mais ce n’est pas tout, car ils finissent par avouer que leur camarade était devenu en Irak, non seulement un drogué, mais surtout un tortionnaire, voire un meurtrier !

Conclusion : les États-Unis sont devenus un pays où il est devenu normal de se droguer, de torturer pour le plaisir, et bien sûr de tuer.

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De l’amour2 étoiles
de Jean-François Richet
avec Virginie Ledoyen, Stomy Bugsy, Mar Sodupe, Yazid Aït, Jean-François Stévenin, Bruno Putzulu, Jean-Marc Thibault

Par son titre, De l’amour s’affirme comme l’antithèse de ces films qui attisent la haine, tel précisément celui de Mathieu Kassovitz qui porte justement ce titre. Ici, pas de violence démagogiquement exploitée, pas de manichéisme, pas de misérabilisme. Via cette histoire toute simple d’une jeune fille qui a fait une bêtise (un vol banal dans un supermarché), qui va passer une nuit en garde à vue et s’y faire violer par un policier, on a justement le contraire de ce qu’un tâcheron nous aurait conté si la situation était mise à profit pour faire un « film de banlieue » à la mode. Et la vengeance envers le flic, attendue – et redoutée –, n’a pas lieu. Il faut prendre ce film comme une mise en garde contre les idées simples, qui sont invariablement des idées fausses. Le film n’en dit pas plus, mais il le dit bien.

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Délice Paloma3 étoiles
de Nadir Moknèche
avec Biyouna , Nadia Kaci, Aylin Prandi, Daniel Lundh, Fadila Ouabdesselam, Lyes Salem, Nawel Zwit, Abbes Zahmani, Attica Guedj, Hafsa Zinai Koudil, Ahmed Benaissa

Film algérien qui bénéficie d’un excellent scénario, très travaillé, d’une mise en scène honnête et sans reproches, et de très bons acteurs, au premier desquels Biyouna, actrice algéroise quinquagénaire. Elle incarne Zineb Agha, qui se fait appeler « madame Aldjéria », parce que c’est meilleur pour les affaires – surtout des magouilles ! Exemple : une quinquagénaire, propriétaire d’un cinéma, veut divorcer afin de refaire sa vie avec son jeune caissier ; madame Aldjéria va lui arranger ça en fourrant une jolie fille, la Paloma du titre, dans les bras du mari, et, le moment venu, immortaliser l’instant avec l’aide d’un photographe qui se trouve être son avocat. Rien que du classique. On se doute bien que madame Algéria va tomber, au sens policier du terme : cela se produit le jour où elle veut racheter, retaper et transformer les thermes de Caracalla, établissement dans lequel elle a passé son enfance, pour en faire un endroit à la mode. L’affaire tourne mal, et on la flanque au trou pour avoir graissé les pattes qui se tendaient : trois ans de cabane. De surcroît, elle y perdra son fils, qui s’enfuit en barque avec Paloma et qui disparaîtra définitivement. Lorsqu’elle sort de prison, sa complice Shéhérazade est devenue mère de jumeaux et femme voilée, son appartement est en ruines, et sa fortune s’est évidemment envolée. Il ne lui reste plus qu’à imaginer que son fils a réussi à gagner l’Italie et qu’il y est heureux.

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Dogville0 étoile
de Lars von Trier
avec Nicole Kidman, Lauren Bacall, Paul Bettany, James Caan, Jean-Marc Barr, Ben Gazzara, Philip Baker Hall, Udo Kier

Pourquoi Lars von Trier a-t-il tourné Dogville sans décors, sans extérieurs, sur un unique plateau ? Parce qu’il voulait donner à sa mise en scène un caractère théâtral ? Pas forcément. C’est aussi parce qu’avec les capitaux réunis pour cette production, européenne malgré la distribution riche en stars étatsuniennes, il n’avait d’argent que pour payer ses vedettes. Et disons tout de suite que cet aspect de la réalisation, s’il n’est pas gênant, n’apporte rien non plus.

Nicole Kidman interprète Grace, fille d’un gangster de la grande époque, celle d’Al Capone, et elle fuit son père à la suite d’une dispute... idéologique : il lui reproche en effet d’être trop bonne, trop encline à excuser tout le monde. Près d’être rattrapée par ce père et ses sbires à la mitraillette facile, Grace se réfugie dans un village qui ne compte que quinze habitants, Dogville, dont on saura plus tard qu’il est bien nommé, car lesdits habitants, au début si sympathiques, vont se révéler de véritables chiens. D’abord bien accueillie, car accommodante et docile, Grace, pourvue d’un emploi et d’un petit salaire, va peu à peu devenir la domestique taillable et corvéable à merci de tous ses hôtes, puis leur esclave, y compris sexuelle. Après une tentative de fuite, on va même jusqu’à l’enchaîner. Le comble est atteint lorsque, pour « ne pas salir leur amour », elle repousse l’homme qu’elle aime, le seul qui ne l’a pas violée. Furieux, il la dénonce illico à ceux qui la recherchent.

Le père gangster débarque alors avec ses anges gardiens, et l’explication de famille a lieu dans sa limousine : « Tu es ma fille bien-aimée, rentre à la maison partager le pouvoir avec moi ». Grace se rend aux raisons paternelles, et ne met qu’une condition à son retour au bercail : que tous les habitants de Dogville soient tués, enfants compris et sous les yeux de leur mère, puis que le village soit incendié. La chose est promptement faite, et Grace, ex-sainte, abat elle-même son amoureux dénonciateur.

Ce scénario laisse perplexe sur ses intentions !

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Dr. T et les femmes0 étoile
de Robert Altman
avec Richard Gere, Farrah Fawcett, Helen Hunt, Laura Dern

Altman, un des grands du cinéma d’Outre-Atlantique, a aussi produit un nombre considérable de films ratés. C’est le cas ici, car sa virtuosité est mise au service de sa misanthropie, version misogyne. Bizarre, car le scénariste est une femme.

Le docteur Travis est un célèbre gynécologue qui ne traite que les femmes de la meilleure société, mais de Dallas, ville de ploucs et d’électeurs de George Bush. La première scène le montre en train d’examiner une patiente plutôt âgée, qui le drague et l’assomme de questions sur sa famille, interrogations auxquelles il doit répondre deux fois, vu qu’elle est idiote. Dans le salon d’attente, les autres patientes en fourrure et emperlousées sont de plus en plus nombreuses et de moins en moins patientes, les secrétaires et infirmières s’énervent, l’agitation monte, le bruit augmente, l’écran est envahi... et le spectateur en vient à se croire dans une volière peuplée de perruches ! Il est vrai que les rares personnages masculins ne sont pas beaucoup plus flattés : chasseurs, golfeurs, uniformément beaufs, on paierait pour ne pas les rencontrer...

Seul le mariage final vous tirera du sommeil : la fille du doc largue son futur à l’instant du « oui » sacramentel... et se précipite dans les bras de sa chère et tendre, car elle est lesbienne. Là-dessus éclate un orage épouvantable qui abrège la cérémonie et disperse les invités déjà un peu estomaqués.

Après ça, écœuré, doc gynéco monte en bagnole, une tornade s’abat sur la ville, et, dans une scène ringarde qui ferait pitié à un gosse de huit ans, la voiture s’envole, pour retomber en miettes dans le désert du Mexique, près d’un village de six maisons où ne vivent que des femmes – dont l’une est enceinte jusqu’aux yeux. Le doc met au monde le bébé et, pour avoir délivré une femme qui n’est pas de sa clientèle coutumière, il retrouve le goût de vivre !

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