Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Minority report, Minuit à Paris, Mission : Impossible 2, Monsieur N., Morceaux choisis, Moulin-Rouge.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

M2

Minority report1 étoile
de Steven Spielberg
avec Tom Cruise, Colin Farrell, Samantha Morton, Max von Sydow

La première heure est tuante d’ennui à force de clichés, et de cette persistante sensation de déjà vu qui est d’ailleurs l’un des thèmes du film. L’histoire se passe en 2054, et l’exposition destinée à nous « mettre à jour » est très longue : une heure de remplissage à coup de gadgets improbables, de décors high tech et d’images hideuses et grisâtres. Puis on entre dans le vif du sujet, qui est d’essence philosophique, et enfin cela devient intéressant, car le scénario, lui, est riche et original, quoique trop compliqué. Le thème ? La prévention du crime, déjà utilisé dans Orange mécanique – référence évidente, puisque Spielberg réutilise les fameux écarteurs de paupières dont Kubrick s’était servi sur Malcolm McDowell ! Hommage, ou plagiat ?

Une expérience sur la drogue, tentée sur des enfants de moins de douze ans, a mal tourné : beaucoup sont morts, trois ont survécu, sont devenus médiums et se trouvent désormais hantés par d’horribles cauchemars représentant des meurtres... qui ont lieu effectivement quelque temps après. Les autorités élèvent ces trois gosses à l’abri, dans un lieu secret, et leurs visions sont exploités par un flic très bizarre, John Anderton, un drogué, qui a pour fonction de détecter les lieux où un meurtre va être commis, d’y expédier une brigade de policiers pour arrêter le futur criminel, et le placer dans un container où il continuera une vie végétative, ce qui revient moins cher que la prison. Mais un grain de sable va gripper cette mécanique, lorsqu’une vision prémonitoire des médiums révèle qu’Anderton lui-même va bientôt commettre un crime. Occasion pour Anderton de découvrir la perversion du système auquel il donnait son concours.

L’histoire est très loin d’être terminée, mais, on le voit, le scénario est très engagé politiquement. Il est aussi absolument délirant, ce qui est le meilleur aspect du film. Hélas, la réalisation est très banale, et son style est calqué sur celui de tous les films d’action actuels, avec gadgets, poursuites, bagarres, explosions, cascades, et une débauche d’effets numériques dont on a vite une indigestion. Bref, le film est trop long, met trop longtemps à démarrer, n’est pas toujours très clair, et les images, répétons-le, sont hideuses. L’univers du futur convient-il vraiment à Spielberg ?

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Minuit à Paris2 étoiles
de Woody Allen
avec Owen Wilson, Rachel McAdams, Kurt Fuller, Mimi Kennedy, Michael Sheen, Nina Arianda, Kathy Bates

En voyage à Paris avec sa fiancée Inez et ses futurs beaux-parents, des réacs friqués, Gil, scénariste à Hollywood mais qui rêve d’être un véritable écrivain, ne s’intéresse qu’à la beauté de la capitale et surtout aux souvenirs d’une époque dont il reste peu de traces, sinon au Marché aux Puces (où il va probablement trouver un autre amour). Et ses rêveries se matérialisent quotidiennement, à minuit, heure à laquelle il rencontre les célébrités qui sont ses véritables idoles : Gertrude Stein, Salvador Dali, F. Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, Luis Buñuel, Pablo Picasso, Man Ray, Cole Porter, Toulouse-Lautrec, Paul Gauguin, Edgar Degas, et aussi le torero Juan Belmonte...

Il faut avouer que la répétition de ces rencontres finit par être un peu moins excitante que prévu : les incursions dans le passé se succèdent assez platement et sans surprendre. Mais, points positifs, le mariage de Gil tombe à l’eau, et Kathy Bates est toujours impériale.

La morale du film, elle, est simplette : nous rêvons tous qu’à une époque antérieure, le monde était plus beau, mais ceux qui ont vécu à cette époque-là, eux aussi, rêvaient à des temps plus anciens. Or, si on devait se priver du confort de 2010...

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Mission : Impossible 20 étoile
de John Woo
avec Tom Cruise, Anthony Hopkins

Ce numéro 2 ne vaut pas le premier, sorti en 1996 et dû à Brian De Palma. John Woo, rendu célèbre par The killer, s’est fait avaler tout cru par le fric, comme bien d’autres avant lui. Mission : Impossible 2, dépourvu d’originalité, peut paraître neuf au spectateur occasionnel, mais son aspect tape-à-l’œil est évident quand on a un peu pratiqué le cinéma. La preuve en est dans le peu de souvenir qu’il vous laisse. C’est du cinéma purement digestif.

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Monsieur N.1 étoile
d’Antoine de Caunes
avec Philippe Torreton, Jay Rodan, Richard E. Grant, Roschdy Zem, Elsa Zylberstein, Stéphane Freiss, Bruno Putzulu

Antoine de Caunes rate son deuxième film, comme le premier, Les morsures de l’aube. Son Monsieur N. balance entre les élucubrations romanesques et la reconstitution historique, et ne satisfait à aucun de ces deux genres. Le scénariste, René Manzor, spécialisé dans le doublage des séries télévisées américaines, ne possède pas la culture nécessaire pour mener à bien un travail historique, et se contente de vouloir illustrer le slogan du film : l’Histoire est un mensonge que nul ne met en doute. Moyennant quoi, il développe une fable sans grand intérêt, puisque tout se vaut, n’est-ce pas ? Ainsi, Napo n’est pas mort à Sainte-Hélène, il s’est évadé après avoir payé Hudson Lowe pour qu’il se taise, et a fini ses jours en Louisiane sous le nom d’Abell ! Marié à une jeune Anglaise, il en aurait eu une fille « brune comme la Corse » (sic) prénommée Laetitia, et allez donc ! Le corps qui gît dans un sarcophage de marbre aux Invalides serait celui de son maître d’hôtel, un Corse du nom de Cipriani. Ben voyons !

De Caunes est bien sympathique, il est intelligent, il veut sortir des sentiers battus, mais il semble manquer de sens critique.

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Morceaux choisis2 étoiles
de Alfonso Arau
avec Woody Allen, David Schwimmer, Sharon Stone, Kiefer Sutherland, Elliott Gould

Woody Allen, boucher, texan, marié, assassine sa femme et la découpe en morceaux. Dérangé alors qu’il les enterrait dans le désert, il égare une main. Une aveugle vient à passer, trébuche sur la main, et recouvre la vue. Miracle, ce ne peut être que la main de la « Vierge » Marie ! Malgré le scepticisme du curé du village, voilà le patelin mué en Lourdes mexicain.

La sainte Église, catholique, apostolique et romaine en prend pour son sacré grade, et la charge a fait tirer une tronche d’un kilomètre à quelques culs bénis, mais les gens normaux sont autorisés à se marrer intensément. Ainsi, le curé du village est vu au lit avec une belle prostituée, apparemment folle de lui. À la fin, il jette sa soutane aux orties, comme on dit, pour épouser sa belle pute. Ciel !

N’allez donc pas voir ce film impie. Ou alors, confessez-vous avant et après !

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Moulin Rouge0 étoile
de Baz Luhrmann
avec Nicole Kidman, Ewan McGregor, John Leguizamo, Jim Broadbent, Richard Roxburgh, Garry McDonald, Jacek Koman, Matthew Whittet

À l’origine de ce dispendieux navet, cette idée pas très neuve de monter une comédie musicale à partir de chansons célèbres. Ainsi sont convoqués les Beatles, Queen, Offenbach, Madonna, Cole Porter et bien d’autres. Hélas, l’idée ne suffit pas, il y a la réalisation, et dans le cas présent, elle flanque tout par terre. Lurhmann est le contraire d’un réalisateur de cinéma ! Certes, il pourrait peut-être régler un spectacle sur scène, mais il ne sait pas se servir d’une caméra, et s’en sert à la manière de ces amateurs qui viennent de s’offrir un caméscope et zooment à tout va : il fait de la technique. Filmer constamment en gros plan est une énorme erreur, digne d’un débutant. Les trucages numériques sont envahissants ; les maquettes, trop nombreuses, sont mal faites. Bref, on s’ennuie ferme, et très vite.

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