Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Alila, À ma sœur, Amen., Angels in America et Antitrust.
Barême :
Classique
À voir absolument
À voir
À voir à la rigueur
Inutile de se déranger
À fuir
Alila n’est pas entièrement réussi, mais un film à demi-raté peut être plus intéressant qu’un autre sans aucun défaut. Le film expose une tranche de vie d’un groupe de personnes qui habitent un petit immeuble modeste de Tell-Aviv. Les conflits qui opposent tous ces personnages ne sont pas vraiment passionnants, et, de cette macédoine de destins croisés, on retiendra surtout l’histoire des époux séparés dont le fils de dix-huit ans s’est engagé dans l’Armée. La mère s’est mise en ménage avec un homme plus jeune qu’elle. Le père, petit entrepreneur du bâtiment, vit dans sa camionnette, garée dans la cour de l’immeuble où habite son ex-femme et où il a un chantier en cours. Leur fils, Eyal, pour faire comme les autres, a voulu être soldat, mais il a vite perdu ses illusions, et doit passer devant le tribunal, car il s’est laissé aller à frapper un sergent. Pour y échapper, il déserte et se cache. La mère, plutôt insouciante, ne s’en inquiète pas, mais le père est mort d’angoisse à l’idée que son fils puisse être victime d’un attentat suicide.
Quand le jeune homme leur déclare qu’il en a « ras le cul » de l’Armée, et même du pays, son père, resté patriote, le renie. Pourtant, un peu plus tard, le garçon accepte de réintégrer la caserne ; son père l’accompagne, mais, au moment de la séparation, c’est lui qui dissuade son fils d’affronter le tribunal, se ravise, et le ramène à la maison.
Tout est dans les rapports d’amour entre ce père et son fils, le premier, prolixe et démonstratif, le second, pudique et taciturne. C’est très fort, et c’est le principal intérêt de ce film inégal, un peu trop long et dispersé. Il montre en tout cas que rien ne va plus en Israël, pour les raisons que chacun connaît.
Pour une jeune fille de quinze ans, qu’est-ce qui vaut mieux, perdre sa virginité avec un garçon qu’elle aime, ou avec un type qu’elle déteste ? Cette interrogation dont l’importance planétaire n’échapperait même pas à un boys band, Catherine Breillat s’efforce de la creuser en filmant deux sœurs, l’une de quinze ans et roulée comme un mannequin vedette, l’autre de quatorze, obèse, boulimique, laide et maussade. La nana bien roulée se déniche un bel Italien, sympathique étudiant de bonne famille, en vacances en France, qui va faire sauter le premier pucelage. Comme il est très gentil et qu’il ne veut pas effaroucher la jeune fille, il ne la dévirgine pas le premier soir, il se contente de la sodomiser, à trois mètres de la petite sœur, qui couche dans la même chambre et ne se donne pas la peine de feindre le sommeil durant l’opération. Ensuite, poursuivant dans la délicatesse, et toujours très gentiment, il réclame une fellation. Ce n’est que le lendemain que les tourtereaux passeront aux choses sérieuses. Enfin, « sérieuses »... Après ça, la routine. Le garçon, ayant obtenu ce qu’il voulait, disparaît dans la nature.
La suite ira beaucoup plus vite : la seconde sœur, la grosse, celle qui matait, qui bouffe tout le temps et déteste le monde entier, va se faire violer dans un bois par un inconnu qui vient justement d’assassiner sauvagement sa mère et sa sœur, l’ex-vierge de tout à l’heure. Interrogée par les gendarmes qui viennent de retrouver les deux cadavres, elle prétend qu’il ne l’a pas touchée.
Film répulsif, prétentieux et donc ridicule.
Les films de Costa-Gavras sont généralement des méli-mélos internationaux. Amen. est produit en France, il se passe en Allemagne et en Italie, porte un titre en hébreu, les acteurs sont roumains et français (aucun n’est anglais ni étatsunien)... mais tout le monde parle l’anglais. Et Gavras rate magistralement son projet, car, depuis le début de sa carrière, jamais il n’a compris que les bonnes intentions ne suffisaient pas. Si vous connaissez l’histoire des relations de Pie XII avec les nazis, le récit ne vous apprendra rien ; si vous en ignorez tout, vous ne verrez qu’un film sur l’hypocrisie des relations diplomatiques.
Au bout du compte, le film, à la limite de l’imposture, innocente en partie le pape. Déception, donc.
Téléfilm en six parties, et qui dure près de six heures, Angels in America fut d’abord une pièce de théâtre, dont l’auteur, Tony Kushner, a aussi écrit le scénario. La structure de son œuvre est respectée dans le film, qui restera sans doute comme le meilleur de Mike Nichols. Cette vaste fresque sur la politique et sur le sida se déroule à New York en 1985-1986, Ronald Reagan étant au pouvoir, avec un épilogue en 1990. Cinq hommes, tous homosexuels, dont deux atteints du sida, en sont les protagonistes, et sont tous des archétypes.
Al Pacino joue le seul personnage réel, Roy Cohn, adjoint de Joseph McCarthy, le sinistre artisan de la chasse aux sorcières de l’après-guerre. Meryl Streep interprète quatre rôles, dont celui... d’un rabbin. Il y a aussi Emma Thompson.
Loin de ne traiter que de l’homosexualité, Angels in America est un film-fleuve qui brasse une foule de thèmes concernant tout le monde : la politique des États-Unis, l’omniprésence des religions, le bien et le mal, la corruption et l’abus de pouvoir, le mensonge et la vérité, et bien sûr le sida. C’est ample, superbe et prenant. Spectateur, on est surpris de ne pas trouver le temps long.
Invariablement, les films sur l’informatique se plantent, et prennent le spectateur pour un demeuré. Bourde et cliché récurrents : tous les enfants sont des génies de l’informatique !
Antitrust est un peu plus scrupuleux et tient compte d’une réalité récente, puisque la cible de cette histoire de fiction est Microsoft. Dans ce film, Bill Gates... pardon, Gary Winston, est incarné par un Tim Robbins qui s’est bien amusé à se faire la tête du cher Billou, et on devine, dès sa première apparition, que c’est lui le méchant. Mais le personnage central du film est un jeune homme d’une vingtaine d’années, évidemment génial, interprété par le très beau Ryan Phillippe. Pour avoir posé par Internet, lors d’une émission de télé où Gary Winston était l’invité, une question du type « Que donnez-vous à boire à vos employés pour qu’ils soient si créatifs ? », le voilà engagé par le grand patron en vue de travailler à l’élaboration d’un super-programme de communication à l’échelle planétaire. Ayant tardivement découvert que son nouveau patron est un pourri de première qui n’hésite pas à faire assassiner des programmeurs de talent pour leur piquer leurs secrets – si si ! –, il va savonner la planche du méchant, révéler ses crimes, et mettre en ligne sur Internet, avec l’aide de ses anciens copains qu’il avait un peu vite largués, la totalité du code source de Windows... pardon, de Synapse, le programme dont je vous parlais plus haut. Ce qui nous vaut la vision céleste de Bill-Gary Winston-Gates menottes aux poignets, traîné d’urgence devant le tribunal. Hyper-réaliste, par conséquent...
Allez plutôt revoir 2001, odyssée de l’espace !