Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Nationale 7 et Nés en 68.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

N

Nationale 73 étoiles
de Jean-Pierre Sinapi
avec Nadia Kaci, Olivier Gourmet, Lionel Abelanski, Chantal Neuwirth, Gérald Thomassin, Saïd Taghmaoui, Nadine Marcovici, François Sinapi

Comment faire se rencontrer un handicapé qui en a marre de se débrouiller tout seul face à ses cassettes de films pornos, et la professionnelle qui saura l’éponger sans jouer l’apitoiement ? D’autant moins facile que le bénéficiaire de la transaction envisagée, le dénommé René, myopathe qui n’en a plus pour longtemps avant de définitivement tourner au légume, possède un véritable caractère de cochon, est érotomane, mal embouché, très intelligent bien qu’il admire Karl Marx, parfaitement odieux avec ses compagnons d’infortune et avec le personnel du centre. Chacun, au début du film, ne rêve que de le boxer, faute de pouvoir lui botter les fesses. Le spectateur y compris. Mais il finira par piger, le spectateur, que si René pourrit la vie de son entourage en étalant son agressivité, c’est faute de pouvoir vider ses ballasts. Or, le problème que pose la vidange de René n’est pas simple. Il faut, premièrement, dénicher l’endroit propice à la consommation, ailleurs que dans ce lieu éducatif. Ensuite, il faut que la prestataire de service accepte ce client un peu particulier. Enfin, ce problème juridique et pas annexe le moins du monde : mettre en rapport un client avec une prostituée, cela s’appelle en Droit français du proxénétisme, passible dans ce cas d’une forte amende et de deux ans de cabane !

Ce récit, librement adapté d’événements réels, évite voyeurisme, misérabilisme, condescendance, apitoiement, répulsion. En outre, ce sujet scabreux est traité à la rigolade ; vous pouvez donc voir le film sans encourir les effets de la sinistrose.

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Nés en 683 étoiles
d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau
avec Laetitia Casta, Yannick Renier, Yann Trégouët, Christine Citti, Marc Citti, Sabrina Seyvecou, Théo Frilet, Edouard Collin, Kate Moran, Fejria Deliba, Gaëtan Gallier, Osman Elkharraz, Slimane Yefsah, Matthias Van Khache, Thibault Vinçon, Marilyne Canto, Alain Fromager, Sophie Barjac, Pierre-Loup Rajot, Simon Charasson, Audrey Nobis, Gabriel Willem

Honorable saga de deux heures et cinquante-trois minutes sur la vie politique en France entre 1968 et 2008 : les manifestations de mai-68, le discours de De Gaulle qui fut une fin de non-recevoir aux mouvements étudiants insurgés, l’idéal hippie, la vie en communauté à la campagne, l’amour libre, les oppositions à l’avortement, sa légalisation, l’abandon des harkis par De Gaulle et sa clique, les échecs de la vie communautaire, les tentatives d’action violente, l’élection de Mitterrand, le sida, le PACS, la fin de l’empire soviétique, les ONG en Afrique, la dissolution par Chirac de l’Assemblée nationale, la présence de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002, l’indifférence de Mitterrand envers le sida, l’élection de Sarkozy, et on en oublie certainement la moitié.

Les noms des politiques sont prononcés : De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Jospin, le Pen, Chirac, cette pauvre Christine Boutin... Le seul nom qui n’est pas prononcé se trouve être celui de Sarkozy, désigné ostensiblement que par un « il » méprisant.

Bien entendu aucun des personnages n’est « né en 1968 ». Le premier bébé qui vient au monde, Ludmilla, fille de Catherine et d’Yves (ou d’Hervé ? Nul ne le saura jamais), naît en 1969, après un premier avortement clandestin et qui a failli tourner mal pour la jeune étudiante, fille d’un militaire qui désapprouve le comportement de sa fille, au point, bien plus tard, de la rendre responsable de la mort non élucidée de son frère Serge. Après l’échec de la « révolution » de mai 1968, Catherine, son frère, ses deux amants et quelques-uns de ses amis abandonnent leurs études pour aller vivre en communauté dans une ferme très délabrée, du côté de Figeac. Sans surprise, la communauté se délite peu à peu, entre ceux qui reconnaissent s’être égarés, comme Hervé, ceux qui regrettent Paris, le béton et les odeurs d’essence, et ceux que l’inconfort a fini par user. Ne reste, ferme au poste, que Catherine, pure et dure, qui a justement mis au monde un second enfant, Boris, fils d’Yves cette fois, il n’y a aucun doute.

Puis c’est l’histoire de la génération suivante : Serge s’est marié avec une fille de harki, Dalila, en en aura un fils, Joseph, qui, devenu grand, se passionnera pour l’agriculture et ceux qu’elle devrait sauver ; Ludmilla épouse un Iranien riche et réfugié à Londres, Farivar, mais a du mal à supporter les traditions de sa belle-famille et délaisse le foyer conjugal pour tenter de se réinstaller en France ; Boris, à 17 ans, s’est découvert homosexuel et file le parfait amour avec Christophe, 19 ans, le fils des voisins de la ferme... mais tous deux vont attraper le virus du sida, et Christophe en mourra ; Boris militera chez Act Up, refera sa vie avec Vincent, et tous deux envisageront un pacs, avant de renoncer car cela mettrait obstacle à leur envie d’adoper un enfant. Enfin, Catherine, qui n’a plus connu d’homme depuis Yves et Hervé, rencontre Antoine, un type bien qui travaille pour une ONG en Afrique, mais elle contracte le cancer, cache son état à ses enfants et va mourir dans un hôpital.

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