Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Les morsures de l’aube, Les rivières pourpres, Les témoins, Le tailleur de Panama, Le tombeau.
Barême :
Classique
À voir absolument
À voir
À voir à la rigueur
Inutile de se déranger
À fuir
Après un tas d’autres ex-rigolos de la téné, Antoine de Caunes se lance, non sans audace car le genre est casse-gueule, dans le cinéma fantastique. Eh bien le résultat, lui, n’est pas fantastique !
Guillaume Canet un fêtard porté sur le bluff : sa spécialité, s’inscruster dans les endroits où l’on s’amuse et où il n’est pas invité. Un soir, il prétend être le copain d’un « roi de la nuit », Jordan... qu’il n’a jamais vu. L’ennui, c’est que quelqu’un cherche en vain Jordan, gobe sa vantardise et le charge de retrouver l’homme-mystère, moyennant un million de francs ! Au cours de ses recherches, notre charlot va tomber sur un couple de vampires – réels ou supposés, on ne le saura pas. Bref, c’est une parodie. Mais une parodie de quoi, là est le hic.
Antoine de Caunes a voulu trop en faire, comme beaucoup de débutants, et son film, sans être déshonorant, est un fourre-tout dont on se lasse vite.
On découvre dans les Alpes plusieurs cadavres de jeunes hommes, torturés et mutilés pour qu’ils souffrent au maximum avant de trépasser. Deux flics enquêtent. Après les fausses pistes habiturelles, il s’avère que la coupable est une jeune femme, et même une jumelle : il y a la gentille et la méchante, comme on ne voit plus ça au cinéma depuis un demi-siècle. Motif : des néo-nazis, désireux d’améliorer la prétendue « race » humaine, l’ont échangée à la maternité contre un autre bébé. Il y a même une fac néo-nazie dans les Alpes !
Jean Reno est monolithique, la musique est envahissante et la bande son fracassante, la moindre ouverture d’une porte, surtout quand c’est par Jean Reno, s’accompagnant d’un vacarme tonitruant. Vincent Cassel, de son côté, se montre parfait dans la castagne. Flic, il se fait attaquer par un groupe de skinheads (ben oui, ils pullulent, dans les Alpes). Que croyez-vous ? Il pose son flingue, les corrige tous à mains nues, puis s’en va sans même les coffrer. C’est courant dans la police, non ?
Quant à Mathieu Kassovitz, nul n’a songé à lui dire qu’un bon livre ne fait pas forcément un bon film, vu qu’au cinéma, mieux vaut marcher sur des œufs. Ni lui ni l’auteur du livre ne sont de bons scénaristes, et aucun des deux ne s’est aperçu que, partant d’un roman facile à comprendre, ils avaient torché une histoire incompréhensible. En outre, le récit oppose artificiellement deux policiers dont les recherches devraient faire des alliés, au lieu d’opposer logiquement les policiers à l’assassin. Un assassin qu’à la fin on découvre incarné par un personnage qui n’est apparu à aucun moment de l’histoire, le genre de bourde qu’aucun écrivain même débutant ne commettrait.
Ce film est réalisé par un cinéaste qui veut en mettre plein la vue, outre les oreilles. D’où, non seulement la bande son tonitruante déjà signalée, une caméra qui s’agite constamment et sans nécessité. On appelle cela faire les pieds au mur. Tarabiscoter la forme, signe d’impuissance à intéresser autrement, c’est-à-dire sur le fond.
Et puis, on utilise un humour au second degré complètement déplacé, pour enjoliver un sujet auquel on ne devrait toucher qu’avec des pincettes : l’eugénisme. Ôtant tout sérieux au propos.
Pas le chef-d’œuvre qu’on a dit, mais le meilleur film de Téchiné depuis Les roseaux sauvages, et ce n’est pas si mal. C’est surtout le premier film français sur le sida.
Le personnage central est Manu, joué par Johan Libéreau, plus attachant que son personnage, un jeune homme d’une vingtaine d’années, homosexuel bien dans sa peau, débordant de vie et pas compliqué, un peu con, à vrai dire, mais si attirant physiquement aux yeux d’un homme mûr comme ce médecin homo, Adrien, qui va devenir son ami platonique mais sera délaissé pour un séduisant flic, Mehdi, lequel forme un couple très libre avec Sarah, romancière pour enfants.
Cette chaîne de personnages ordinaires va connaître une foule de péripéties mineures, qui tournent autour de la principale : Manu va être atteint du sida et en mourir. Auparavant, lui aura pris conscience du caractère spécifique de son statut d’homosexuel par Manu. Après son décès, les autres personnages, eux, prennent conscince de la précarité de leur mode de vie : Mehdi et Sarah se séparent, Adrien s’engage fortement dans la lutte contre la maladie, et Julie s’exile. Manu a donc servi aussi de catalyseur.
Tout cela ne se contente pas d’être intelligent, c’est aussi poignant, même si Téchiné se défie des méthodes habituelles pour faire larmoyer le spectateur. Cependant, la vérité oblige à dire que ce qui arrive ensuite aux survivants dans la troisième partie bascule dans la quasi-insignifiance : tout ont vu leur vie bouleversée, en effet, mais elle l’avait été du vivant de Manu, et sa mort ne change rien.
Film d’espionnage écrit et produit par John Le Carré. Tout est dans le titre, et on a vu mieux.
Croire le pape capable de vouloir détruire le corps présumé de Jésus, découvert à Jérusalem dans un tombeau de riche, il faut avoir l’esprit mal tourné ! Au fait, qu’est-ce qui donne à penser que le corps est celui de Jésus ? C’est parce que les Romains ne crucifiaient que des pauvres, voleurs ou bandits, et jetaient ensuite les cadavres aux ordures. Un corps crucifié conservé dans un tombeau de riche, en revanche, ça cadre très bien avec la légende de Jésus enseveli dans le tombeau de Joseph d’Arimathie.
Le hic : si, par extraordinaire, on découvrait le vrai corps de Jésus, cela suffirait à tout jeter par terre, car il ne serait donc pas ressuscité, et tout le christianisme, fondé que sur ce seul postulat, serait par conséquent une foutaise. Voilà pourquoi le Vatican expédie à Jérusalem un jeune Jésuite, Matt Gutierrez, expert en théologie mais pas en archéologie, avec pour mission de faire éclater la vérité de l’Église, pas la bête vérité vraie ! En commençant par faire censurer le rapport de l’archéologue.
Un sujet sérieux donc, mais gâché par les épisodes surajoutés sur la guerre israélo-arabe, et par une fin extravagante : les os du présumé Christ fourrés dans un sac de sport, sac dans lequel un chef terroriste palestinien laisse tomber sciemment une grenade. Boum ! Plus de squelette. Voilà le pape enfin tranquille !