Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Hannibal, Huit femmes, Hush!.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

H

HannibalÀ fuir
de Ridley Scott
avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Giancarlo Giannini, Gary Oldman, Ray Liotta

Le film dure une demi-heure de trop. Sachant par le bouche à oreille que le plat de résistance du film est pour la fin, vous prenez votre mal en patience en vous réjouissant des vues de Florence, puisque c’est là que le bon docteur Hannibal Lecter a élu domicile après son évasion. Le principal mérite du film est, en effet, de montrer sous un jour sympathique le plus sanglant des tueurs en série du grand écran, alors que, délit de sale gueule, on n’a que répulsion pour sa victime Mason Verger, affublée il est vrai d’un visage repoussant. Privé de sa chair faciale qu’Hannibal a jeté aux chiens, ladite victime ne rêve que de rendre la politesse à son bourreau en le faisant dévorer par une horde de sangliers affamés, élevés à cette fin. On devine d’avance que l’inverse va se produire, et le défiguré se faire bouffer par ses cochons sauvages.

Après ça, Hannibal le Cannibale fait manger à une autre victime un morceau frit de son propre cerveau, avant de s’amputer lui-même d’une main à l’aide d’un tranchoir de cuisine, pour se libérer des menottes que lui a passées Clarice, la femme policier dont il est amoureux. Tout autre aurait plutôt brisé un maillon de la chaîne, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

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Huit femmes3 étoiles
de François Ozon
avec Danielle Darrieux, Isabelle Huppert, Virginie Ledoyen, Firmine Richard, Ludivine Sagnier, Émmanuelle Béart, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Dominique Lamure

Pour éprouver sa famille, un homme d’affaires, avec la complicité de sa plus jeune fille, feint d’avoir été assassiné. Cette mystification lui en apprendra de belles sur son entourage exclusivement féminin. Si bien qu’à la fin, il se flingue pour de bon !

On assiste à un vrai jeu de massacre contre l’institution familiale, mais ce n’est pas sérieux, c’est même gratuit, systématique, lourdingue et pas très inattendu. Bien sûr, on savait que François Ozon n’avait pas de l’univers une vision optimiste, mais là, on n’a jamais atteint une telle noirceur, dissimulée sous les atours faussement attrayants d’une comédie agrémentée de chansons – mal chantées, seule Danielle Darrieux, qui va sur ses 85 ans, étant une véritable professionnelle. Et c’est franchement misogyne. Le public s’esclaffe, mais l’accumulation toute mécanique d’horreurs sexistes finit par devenir presque gênante. En fait, dès qu’on a compris le principe du jeu, on s’attend au pire, et le pire survient en effet. Donc il n’y a guère de surprise.

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Hush!2 étoiles
de Hashiguchi Ryosuke
avec Takahashi Kuzaya, Tanbe Seiichi, Katoaka Reiko

C’est une comédie, mais lente, et c’est l’un des seuls reproches qu’on puisse lui adresser.

Deux coqs vivaient en paix, une poule survint...

Mais le couple que forment Noaya et Katsuhiro, deux garçons de Tôkyô, l’étrange Asako ne le brisera pas, en dépit de sa lubie d’avoir un enfant du second. Il est vrai qu’elle en a bavé, Asako : passée d’un homme à l’autre, violée, deux avortements, elle aspire à un changement dans sa vie ; et pour cela, quoi de mieux qu’un enfant « à elle » ?

Interloqué, Katsuhiro demande à réfléchir, alors que Noaya, jaloux, fait la gueule, surtout parce que son compagnon n’a pas osé objecter qu’il était homosexuel. Le projet d’Asako leur apparaît donc d’emblée inconcevable. Cependant, et parce qu’elle ne cherche nullement à s’insérer dans leur couple, l’un, puis l’autre, se feront à cette idée de paternité. Bientôt, ils en viennent à se réjouir d’être prochainement papa et tonton.

Mais une autre fille va tout gâcher, une collègue du beau Katsuhiro, amoureuse de lui, en vain comme on l’imagine. Elle va tout cafter aux familles des deux garçons : la mère foldingue de Noaya, le frère un peu coincé de Katsuhiro et sa femme revêche et farouche adversaire de l’avortement.

Après une très longue scène entre ces six personnages, à l’issue de laquelle les familles sont priées de se mêler de leurs oignons, il reste encore à décourager l’amoureuse déçue et délatrice, et à faire son deuil du frère coincé, qui vient, sur son scooter, de se faire renverser en allant visiter le Disneyland local, et d’y perdre la vie.

La comédie reprend ses droits lorsque la mère putative, au cours d’un déjeuner qui fête le retour au calme, sort de son sac à malices, non pas une, mais deux pipettes à sperme : tant qu’à faire, après le premier bébé issu de Katsuhiro, pourquoi ne pas en avoir un autre de Noaya ? Le film prend fin sur cet éclat de rire.

Une telle histoire est inconcevable au Japon. Le réalisateur fait partie des rares artistes japonais homosexuels et qui ne s’en cachent pas, dans un pays où l’homosexualité, autrefois institutionnelle, est de nos jours totalement incomprise. Il a rapporté que son propre entourage n’a rien compris à son orientation : on le félicite d’oser affirmer qu’il est gay... puis il lui demande quand il va se marier et avoir des enfants !

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