Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Le projet Blair witch, Le retour, Les autres, Le serpent, Les fautes d’orthographe.
Barême :
Classique
À voir absolument
À voir
À voir à la rigueur
Inutile de se déranger
À fuir
Film absolument dénué d’intérêt, réalisé avec les pieds, d’un j’menfoutisme plutôt sympathique d’ailleurs, qui ne dit et ne montre strictement rien, mais que la propagande, principalement sur Internet, a réussi à faire passer pour un chef-d’œuvre de l’horreur cinématographique – la jobardise du public aidant. Cette mayonnaise fut habilement montée à partir d’un canular dû à deux étudiants en cinéma qui ont laissé le public prendre pour une œuvre achevée ce qui n’était au départ qu’un simple travail de fin d’études (film raté, mais blague de potaches réussie, par conséquent).
Premier film d’un ancien acteur de théâtre. Un coup de maître, cependant, qui a décroché la récompense suprême, le fameux Lion d’Or, à la Mostra de Venise.
L’histoire est simple, quoique truffée d’épisodes étranges : deux garçons, âgés de douze et quatorze ans, vivent avec leur mère et leur grand-mère ; le père est parti à l’époque où naissait le cadet. Il revient sans donner d’explication, et décide d’emmener ses deux fils dans un petit voyage de quelques jours. Mais l’homme va se révéler comme une brute épaisse – à ses fils, pas forcément aux spectateurs, qui le perçoivent différemment, et c’est, entre autres, ce qui rend le film intéressant, car il n’est pas manichéen.
Les deux garçons ne se ressemblent pas. Si l’aîné s’avère du genre docile et se laisse vite fasciner par ce père mystérieux, sans être payé de retour car il n’y gagnera que des gifles, le plus jeune, qui n’avait déjà pas la vie très facile puisque ses copains le tiennent pour un trouillard, est immédiatement rebuté par cet homme qui les a largués, revient sans la moindre explication et prétend dès lors les dresser, lui qui ne s’est pas soucié de les élever.
Le voyage commence mal, continue mal et finit très mal – pour le père, puisque le fils rebelle provoquera involontairement sa mort, en menaçant de se suicider. Les deux garçons n’ont plus qu’à rentrer seuls à la maison, après avoir perdu le corps de leur père, qui a coulé au fond de la mer. Des mystères de ce géniteur, on ne saura rien : ni pourquoi, ayant renoncé en chemin à ce fameux voyage, il change à nouveau d’avis après un coup de téléphone ; ni pourquoi il s’est rendu sur une île en vue de déterrer un coffre dont on ne connaîtra pas le contenu ; ni pourquoi il est revenu dans sa famille sans cacher qu’il repartira bientôt.
Aucun pathos, aucune explication. On échappe également au traditionnel récit dit de « road movie » – envahissante spécialité du cinéma pour festivals –, peuplé de rencontres aussi pittoresques qu’invraisemblables, mais permettant de boucher les trous du scénario ; ici, les personnages ne rencontrent personne durant leurs pérégrinations. Rien, par conséquent, pour distraire le spectateur du récit essentiel.
Histoire de fantômes. Les deux enfants, que Grace, leur mère, doit protéger de la lumière qui leur serait fatale, font immédiatement penser à Dracula, et l’on comprend assez vite qu’ils sont déjà morts. En fait, elle les a tués en les étouffant avec un oreiller avant de se suicider, tandis que son mari est mort en France durant la Deuxième Guerre Mondiale. Leur maison de Jersey est à vendre, mais les fantômes de ceux qui l’ont habitée veulent saboter la vente afin de continuer à y vivre (?) tranquilles. Grace, ses enfants, ses anciens domestiques, et même son mari durant un court moment, découragent les acheteurs potentiels, qui renoncent et s’en vont.
L’astuce un peu usée consiste à nous montrer les fantômes comme des vivants, et trois d’entre eux effrayés par les vrais vivants... qu’ils prennent pour des fantômes. Pourquoi pas ? Grace et les deux enfants ignorent qu’ils sont morts, mais pas les domestiques, lesquels semblent mener la barque et vont jusqu’à leur dissimuler leurs tombes dans le parc. Pourquoi cette inégalité de perception ? Mystère...
Le bon côté du film est de n’user que très peu des effets visuels. Son mauvais côté, abuser des effets sonores. Un peu trop sonores, et de plus en plus fréquents à mesure que le film avance. Et puis, le scénario manque un peu de cohérence : puisque Grace est passée dans l’autre monde, elle devrait être bien placée pour savoir que le prétendu au-delà est un mythe fabriqué pour les gogos qui ne se contentent pas des affabulations ordinaires de la religion. Or elle y croit toujours !
Si Éric Barbier a raté son film, c’est surtout à cause des outrances du scénario, et des invraisemblances de la mise en scène.
Un type s’acharne sur un autre. On saura vers la fin qu’il voulait se venger d’une cruelle mésaventure subie à l’âge de treize ans, dont cet autre n’était d’ailleurs pas responsable. Procédé utilisé par le réalisateur : l’accumulation – arme à double tranchant. Utilisée sans doigté, elle débouche sur le grotesque et finit par provoquer, soit l’ennui, soit le ricanement. Après avoir subi une kyrielle de péripéties du genre improbable, ponctuées par une musique de quatrième ordre, conçue pour vous faire sursauter dans votre fauteuil, voir Yvan Attal voler le corps embaumé de la mère de son tourmenteur, pendant que ce dernier enferme dans un congélateur toute la famille du précédent, donne l’impression d’un foutage de gueule.
La mise en scène ? Prenons deux exemples. Une fille trébuche dans un escalier. Lorsque cet accident arrive à une personne normale, elle dévale les marches et s’arrête au prochain palier, au pire ; ici, non, ce faux pas la fait basculer par-dessus la rampe, et la voilà suspendue dans le vide ! Et ceci : Attal monte dans sa voiture, garée nuitamment dans un parking ; il s’assoit, met le contact, puis sursaute violemment, Cornillac était sur le siège voisin. « Putain, tu m’as fait peur ! ». Entrer dans une voiture et s’y installer sans voir que quelqu’un se trouve déjà sur le siège avant droit, on demande à vérifier.
La fin ? Vincent et sa femme Hélène, en instance de divorce et qui tout au long du film se sont disputé la garde de leurs enfants (oui, rassurez-vous, ils les a sortis de leur congélateur), se réconcilient, « rapprochés par les épreuves ».
Rebellion dans un collège privé peu reluisant, vers 1968, au moment où la mixité commence à entrer dans les mœurs scolaires. Cible, le directeur du collège, évidemment. Cela débute par une action pratique, la constitution d’une coopérative, destinée à pallier les manques d’une nourriture infecte servie au réfectoire, initiative à but non lucratif que bien sûr le couple directorial tentera d’interdire. Alors commence le cycle des punitions collectives, avec l’inévitable appel à la délation. Le pouvoir devra céder devant la solidarité de masse des élèves... et des professeurs : que faire d’un collège dont TOUS les élèves auraient été exclus ? La question, en outre, possède son côté absurde, et chacun sait que l’humour, les dictateurs n’aiment pas.