Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet - Vite !

Vite !

Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Incassable, Inception, Irréversible.

Chiffres A1 A2 A3 B C D E F G H I J K L1 L2 L3 L4 L5 L6 L7 L8 M1 M2 N O P Q R S T U V W

 

Barême :

Classique 4 étoiles

À voir absolument 3 étoiles

À voir 2 étoiles

À voir à la rigueur 1 étoile

Inutile de se déranger 0 étoile

À fuir À fuir

I

IncassableÀ fuir
de M. Night Shyamalan
avec Bruce Willis, Samuel L. Jackson

Ce film puise son inspiration dans la bande dessinée, les comics nord-américains, tels Batman, Superman, Spiderman, et autres héros. Ici, un certain Elijah, alias Mr Glass, l’incarnation du Mal, est depuis sa naissance de santé fragile : ses os se brisent comme du verre, d’où son surnom, et il a connu cinquante-quatre fractures au moment où l’intrigue se noue ! Il recherche son contraire exact, l’incarnation du Bien, David, interprété par Bruce Willis, un ancien joueur de football américain, qui n’a jamais été ni blessé ni malade, n’a jamais connu la moindre fracture. Pour le trouver alors qu’il ne sait rien de lui, Mr Glass commet des attentats très meurtriers, provoquant une série d’accidents terrifiants, déraillements de trains et autres catastrophes, afin de dénicher dans un éventuel survivant un homme capable de résister à tout. Commode et simple, comme méthode, non ? Bref, il le trouve, et devient son ami ; puis le film s’arrête quand David a tout compris et prend un air horrifié. Pas de fin.

L’histoire se traîne, la plupart des scènes sont trop longues, ou superflues, ce qui confère à l’ensemble un côté lourdingue et tape-à-l’œil très vite pénible. Quand vous aurez vu la séquence des haltères ou celle du tueur dans le stade, vous comprendrez : ce que le spectateur mettrait quarante secondes à saisir, on prend cinq minutes pour le lui montrer. Pas étonnant, dans ces conditions, si cette histoire qu’on peut résumer en deux phrases est racontée en une heure trois quarts.

La suite du film évite rarement le ridicule : avec davantage de sens critique, par exemple, Shyamalan n’aurait jamais inséré la scène grotesque du gosse qui menace de tirer au revolver sur son père, à seule fin de lui prouver son invulnérabilité – puisque les enfants comprennent tout avant tout le monde, n’est-ce pas ? Enfin, le moindre épisode est relaté de manière tortueuse, et la compréhension du récit n’y gagne rien. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Bref, tout cela est ingénieusement fabriqué, mais fort mince quant au contenu, et le soufflé retombe vite.

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InceptionÀ fuir
de Christopher Nolan
avec Leonardo DiCaprio, Joseph Gordon-Levitt, Ellen Page, Tom Hardy, Ken Watanabe, Dileep Rao, Cillian Murphy, Tom Berenger, Marion Cotillard, Pete Postlethwaite, Michael Caine

Cobb, le personnage central qu’on ne qualifiera pas de « héros », est capable de s’introduire dans les rêves de n’importe qui, et il exploite ce talent pour voler les secrets d’hommes importants, pratiquant ainsi une forme nouvelle d’espionnage industriel. Or, défi nouveau pour lui, un grossium japonais, Saito, lui demande de faire l’inverse ; introduire, toujours au cours d’un rêve, une idée dans l’inconscient de sa cible, Robert Fischer, héritier d’un empire industriel dont le père va bientôt mourir, cette idée étant de démanteler l’empire en question, Saito projetant bien sûr de récupérer la partie qui l’intéresse. Sur ce thème central se greffent les ennuis de Cobb, dont la femme s’est suicidée en laissant, la garce, une lettre l’accusant de lui avoir insufflé cette idée par les mêmes moyens !

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IrréversibleÀ fuir
de Gaspard Noé
avec Albert Dupontel, Vincent Cassel, Monica Belluci

Deux remarques : montrer la violence telle qu’elle est, sans la moindre transposition, la moindre « distance », comme disent les brechtiens, ce n’est pas très fin ; et proclamer qu’on filme la violence à seule fin de la dénoncer, voilà qui est du dernier faux cul lorsqu’on s’y prend de façon complaisante. Sur le premier point, je vous renvoie à Orange mécanique, où la violence est stylisée à l’extrême ; distanciée, donc. Sur le second point, à Bertrand Tavernier et son film de 1995, L’appât, qui est à l’opposé de la complaisance. Mais Kubrick et Tavernier sont en même temps artistes et intelligents. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont guère, actuellement, de successeurs.

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