Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Le village, Le voyage de James à Jérusalem, L’exorciste, L’heure zéro, Little Cheung, Loin.
Barême :
Classique
À voir absolument
À voir
À voir à la rigueur
Inutile de se déranger
À fuir
Shyamalan est l’un des pires scénaristes qui soit : ses scénarios sont archi-prévisibles (je l’ai démontré dans ma critique « longue ») et ridicules. En dépit du point de départ, ici, tout se passe à l’époque actuelle : le fameux village est peuplé de reclus volontaires, les Anciens, et de leurs enfants, qui ne sont pas au courant du fin mot de l’histoire. Ces Anciens, dégoûtés des mœurs de la société actuelle, s’étaient groupés sous l’autorité de Walker, un professeur d’université, et avaient acquis une vaste propriété, un village entouré de bois épais, cerné par un mur d’enceinte gardé jour et nuit par des vigiles payés par le chef du village. Ses résidents, qui n’en sortent jamais, sont ainsi protégés des nuisances de l’époque moderne. Quant aux jeunes nés dans le village, pour les dissuader d’aller voir ailleurs, on leur raconte des histoires terrifiantes sur des monstres qui peupleraient les bois et n’attendent qu’eux pour les tuer afin de les manger ! Subtil...
Jusqu’au jour où le fils du chef est poignardé par l’idiot du village. Il va mourir, on n’a pas de médicaments, et l’on se résoud à envoyer sa cousine et fiancée en expédition à l’extérieur, pour s’en procurer. Quoi ! Mais elle va tout comprendre en voyant la civilisation du vingt-et-unième siècle ? Non, car la jeune fille est opportunément aveugle (toujours la subtilité). Malgré sa cécité, elle traverse les bois, tuant au passage l’idiot du village qui a tenté de l’agresser, franchit le mur d’enceinte, rencontre un jeune vigile qui lui fournit les médicaments nécessaires mais ne lui explique rien, et elle rentre au bercail. Belle série d’exploits pour une aveugle ! Hélas, Lucius est mort, mais la légende ne sera pas démentie, elle s’en trouve même confortée par le récit de la jeune fille. Donc tout continue, chacun restera chez soi et les vaches seront bien gardées.
Film israélien, tout simple, mais intelligemment conçu, qui traite en comédie un sujet tirant sur le drame, puisqu’il s’agit du sort des immigrés clandestins, en Israël cette fois. Le personnage central, un jeune Zoulou, n’est pas du tout un immigré clandestin, c’est un simple pélerin, envoyé à Jérusalem par les habitants de son village. Mais la Palestine est tombée sous la coupe du bizness et dans les affres de la suspicion systématique à l’égard de l’autre. De sorte que James se fait cueillir dès l’aéroport par les services de l’immigration, et, soupçonné d’être un travailleur clandestin, atterrit en prison. Un certain Shimi, qui gagne sa vie en employant des clandestins, lui évite l’expulsion et l’en fait sortir en payant sa caution... puis le met au turf afin d’être remboursé ! James devient un ouvrier non déclaré, payé en liquide, avec retenues sur salaire à la tête du client, logé chez un marchand de sommeil répugnant et avide.
Mais James n’est pas bête, et va vite comprendre la musique. Il finira par monter sa propre kombina, ramasser un petit pécule, et se croire devenu l’ami et le protégé de son employeur. Illusion naïve, puisque, très vite, ce dernier le remet à sa place et, considérant qu’il ne peut plus servir, le refile à la police. Si bien que James arrivera enfin à Jérusalem, mais à bord du panier à salade. Et, de la prétendue ville sainte, il ne ramènera au pays qu’une photo de lui prise par le policier complaisant qui le reconduit à l’aéroport : menotté à un flic, sur fond de banlieue crasseuse, hérissée de HLM dignes de la Courneuve.
Ce film ne date pas d’hier, ni même d’avant-hier, puisqu’il est sorti en 1973, et qu’on se contente cette fois, la mode étant au director cut, de le ressortir, augmenté de quelques minutes initialement coupées.
L’exorciste, réputé comme l’archétype du film d’horreur, inspire davantage la répulsion que la peur : on se lasse vite des torrents de grossièretés vomis par la « possédée », et de tout ce qu’elle vomit en sus, généralement de couleur verte. Un prêtre exorciste appelé à la rescousse y laissera sa vie, mais il est si antipathique (il a l’air d’un clergyman finnois) qu’on ne le regrette guère.
L’adaptation est très fidèle au livre, qui peut se résumer ainsi : A veut se venger de B en lui collant sur le dos l’assassinat de C, dont il se charge mais sans y avoir aucun autre motif. Tous les détails ont été conservés, y compris une grande part des dialogues, qui viennent tout droit du livre, et le déplacement de l’intrigue vers la Bretagne convient parfaitement. Décors et interprétation sont à la hauteur, avec une mention particulière pour Laura Smet, qui joue très bien un rôle pas si simple que cela. Le film est très agréable à suivre, et il est plutôt meilleur que le précédent film de Pascal Thomas.
Ce tout petit film, réalisé avec rien et sans acteur professionnel, restera dans nos mémoires pour une scène : Little Cheung, garçon de neuf ans, fils d’un restaurateur de Hong-Kong, a décidé de faire fortune, tout en se vengeant des voyous du quartier qui rackettent les commerçants. Il leur vend donc du thé baptisé avec sa propre urine, les voyous n’y voient que du feu, et en redemandent (invraisemblance un peu dure à gober). Dénoncé, il est puni par son père, qui l’installe, avec interdiction de bouger, sur une borne, en pleine rue, pantalon et slip baissés. Le gosse, au lieu de se faire oublier, entonne alors une chanson improvisée où il exprime sa douleur, le caractère sacré des ancêtres et l’obéissance due aux parents tout-puissants. Puis, le cul à l’air et le zizi au vent, il pisse en direction de la caméra !
On aurait souhaité que le film s’arrête sur ce temps fort. Malheureusement, il n’en est rien, et il faut encore se taper un reportage sur la honteuse rétrocession de Hong-Kong à la Chine communiste, et les conséquences qu’elle entraîne sur les travailleurs immigrés clandestins que la colonie faisait vivre.
Le film n’est pas mauvais, il repose sur une bonne intention, mais il est mal construit.
Pour qui vit au Maroc, la question finit toujours par se poser : rester, ou partir ? Tous les personnages de Loin, avec lesquels nous allons vivre trois jours, se la posent. Les Marocains : Sarah, jeune Juive dont la mère vient de mourir, et qui, tenancière d’une petite pension à Tanger, se demande si elle ne va pas émigrer comme son frère ; Farida, veuve et enceinte, tout près d’accoucher, et pour qui partir est hors de question, car elle aime plus que tout son pays et sa culture ; Saïd, jeune, diplômé, sans travail, décidé à faire tout et n’importe quoi pour foutre le camp, comme la quasi-totalité des Marocains de son âge. Et puis les étrangers : Serge le camionneur, qui en a marre des allers et retours entre la France et le Maroc, marre aussi de ses amours tumultueuses avec Sarah ; James, l’homosexuel, installé depuis toujours à Tanger, qui s’est ruiné pour entretenir des garçons et n’a plus envie de bouger ; François, jeune cinéaste fauché, qui voudrait bien aller exercer son métier en Europe mais n’a même pas les moyens de se payer une chambre à Paris ; Emily la Québecoise, mariée au frère de Sarah, venue en visite et qui resterait bien, mais son époux et son métier d’écrivain la retiennent ailleurs.
La question ci-dessus ne recevra aucune réponse, pour aucun d’entre eux. Mais on aura passé cette courte période avec des individus attachants et riches d’humanité, suivi des conversations et des pérégrinations où ce qui fait la véritable vie tient toute la place