Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Pauline et Paulette, Pearl Harbor, Plan B, Presque célèbre, Promesses, Punch-drunk love.
Barême :
Classique
À voir absolument
À voir
À voir à la rigueur
Inutile de se déranger
À fuir
Si elles veulent hériter de leur sœur Martha, Cécile et Paulette doivent prendre en charge leur sœur Pauline, handicapée mentale de soixante-six ans. Elle n’est pas dangereuse, simplement dotée de l’esprit d’un enfant, et ne s’intéresse qu’à de « petites » choses, les fleurs surtout. Mais la cohabitation avec Cécile, qui vit à Bruxelles avec son nouvel amant français, s’avère impossible ; avec Paulette, qui tient un magasin de vêtements féminins dans une petite ville et se passionne pour l’opérette, cela ne va pas mieux. Pauline agace.
Paulette vend son magasin et se résigne, comme Cécile : elle renonce à l’héritage et place dans un asile sa sœur handicapée. Puis elle s’ennuie dans la station balnéaire où elle s’est retirée, et va la voir. Le film s’achève sur la promenade qui longe la plage. Inconsciente, Pauline joue avec les mouettes, et Paulette remâche ses regrets. C’est tout, mais raconté avec simplicité, photographié dans un style destiné à traduire l’univers intérieur – et merveilleux – de l’infirme.
Épreuve de presque trois heures, Pearl Harbor sombre dans le patriotisme le plus obtus, le plus cocardier, le plus primaire, et le plus triomphaliste, ce qui est tout à fait saugrenu dans ce contexte, puisque la destruction de la flotte américaine n’est pas précisément un titre de gloire pour nos amis yankees.
Trois parties : l’histoire d’amour, l’attaque de la base navale, et la tentative de représailles ordonnée sur Tôkyô par Franklin Roosevelt, le Président des États-Unis. De quoi faire trois films qui auraient pu n’être pas médiocres, réalisés par des gens de talent. Hélas, occasion manquée.
C’est la partie centrale, assez courte, qui fait le succès du film, l’attaque surprise menée par les Japonais au matin du 7 décembre 1941 sur cette base implantée à Hawaï, et qui devait entraîner l’entrée en guerre des États-Unis et permettre la victoire finale des Alliés sur Hitler et Hiro-Hito. Séquence très spectaculaire, c’est bien le moins, mais sa réalisation pêche par un montage parfois inadéquat. Les combats aériens auraient été plus crédibles si l’on avait mis davantage de soin dans la mise à l’échelle des avions, qui semblent parfois trop petits lorsqu’ils passent devant des constructions réelles. Et le réalisateur est pris d’un tic agaçant : lorsqu’un avion rencontre un obstacle et qu’il explose en mille débris, ça ne rate jamais, le plus gros morceau résultant de l’explosion vient s’écraser sur l’objectif de la caméra. Une fois, c’est intéressant, mais on nous ressort ce truc visuel une bonne douzaine de fois...
Un marivaudage moderne, où, à l’instar de chez Rohmer, seuls les sentiments, qui évoluent comme dans la vie, font avancer l’action : Laura vient de quitter Bruno pour aller vivre avec Pablo, et Bruno, qui aimerait bien récupérer son ex-petite amie, voudrait casser le nouveau couple... en séduisant le garçon, méthode originale. Il s’arrange donc pour rencontrer Pablo, s’en faire un ami, et, malheureusement pour son beau projet, il en tombe amoureux. De son côté, Pablo n’est pas emballé par Laura, qu’il trouve commune, et il songe à la quitter. Bruno arrive donc à point nommé, et, de copain, il vire amoureux. Marivaux n’y avait pas pensé.
William, âgé de 15 ans, est passionné de rock, écrit des critiques musicales dans un journal local, et désire en faire son métier au lieu de devenir avocat, comme le voudrait sa mère. Conseillé par Lester Bangs, un critique intègre qui le pousse à être « honnête et sans pitié », il parvient à se faire engager par « Rolling Stone », le fameux magazine spécialisé. Abandonnant ses études, il va réussir à s’intégrer dans un groupe de rock en pleine ascension et dont il est fan, Stillwater. C’est l’occasion d’une éducation à la fois artistique, professionnelle et sentimentale. Question qui se pose à lui : a-t-il le droit de révéler tout ce qu’il a appris sur ses amis musiciens, drogues, vie de bâton de chaise, et autres pratiques quotidiennes du monde des artistes ?
Le réalisateur Cameron Crowe a vécu personnellement cette histoire qui flirte à la fois avec la guimauve et avec le sordide sans jamais y tomber, et filme cela sur un ton suffisamment alerte pour que son film se démarque totalement des films du même genre.
Une équipe de réalisateurs venue des États-Unis fait un reportage sur des enfants de Jérusalem, entre neuf et treize ans, et les interroge sur les relations entre les deux camps qui s’opposent sur ce territoire.
Dans la première partie du film, les opinions sont assez partisanes : les Arabes condamnent en masse ceux qu’ils n’appellent jamais autrement que « les Juifs » ; chez les Israéliens, l’éventail est plus ouvert, mais à peine. Des deux côtés, les plus religieux sont aussi les plus extrémistes. Daniel et Yair, deux jumeaux israéliens, aussi beaux qu’intelligents, sans éducation religieuse – ceci expliquant cela –, possèdent un esprit vif et comprennent dans une certaine mesure le point de vue des Palestiniens ; ce sont les seuls qui admettent que ceux d’en face sont également chez eux, et qu’Israël ferait mieux de restituer les terres qu’il occupe. Leur fait pendant, un jeune Arabe, qui hait les Juifs sans la moindre nuance. Verra-t-on une conversion ? Pas du tout, car la deuxième partie, réalisée six mois plus tard, décrit une tentative faite par les réalisateurs de mettre en présence les enfants dont nous venons de faire la connaissance ; et l’enfant arabe dont il vient d’être question refuse toute rencontre.
On demande à Yarko et Daniel s’ils accepteraient de rencontrer Faraj, un Palestinien de leur âge, qui vit depuis toujours dans un camp. Les jumeaux israéliens acceptent. Le garçon arabe et les deux Israéliens entament aussitôt une conversation téléphonique, échangent des banalités propres à leur âge, et conviennent de se voir le plus vite possible au village palestinien. L’entrevue se passe très bien, les enfants bavardent et jouent comme tous les enfants du monde, sans éluder la politique ni les drames qui l’accompagnent. Mais la troisième partie du film confirme que le pire est toujours sûr : deux ans plus tard, l’équipe de tournage revient pour faire le bilan. Les enfants ont grandi, ne se sont jamais revus. Faraj a téléphoné parfois aux jumeaux, qui ne l’ont pas rappelé. L’un dira que sa vie est tout occupée par de nouvelles préoccupations, et que la recherche de la paix n’est pas son principal souci.
Une sacrée baffe appliquée à ceux qui font de l’angélisme avec les enfants. On en ressort amer et désabusé.
Paul Thomas Anderson ne fait rien comme tout le monde. Ce film, centré sur son personnage principal joué par Adam Sandler, est étiqueté « comédie ». Il n’est pas interdit d’y voir autre chose, car son personnage principal, qui ne quitte jamais l’écran, vit un drame permanent. Bourré de complexes mais audacieux sur le plan sentimental, doux et violent, prodigue et fauché, stupide et rusé, son comportement surprend sans cesse. Il va vivre un amour inattendu avec une fille que l’une de ses sept sœurs tient absolument à lui mettre dans les pattes – et dont, par conséquent, il ne veut pas, au début du moins. Escroqué par un margoulin, il entreprend tout un voyage pour tenter de récupérer l’argent dont on l’a spolié, mais, au dernier moment, renonce et conclut « Restons-en là ». Agressé par les quatre brutes que le margoulin lui a envoyé parce qu’il a eu l’audace de réclamer son argent par téléphone, on s’attend à le voir se faire tabasser... mais c’est lui qui en massacre trois avant de rendre poliment au quatrième le cric dont il le menaçait. Bref, on n’est jamais dans le réalisme. Ce n’est certes pas un grand film, mais il est rafraîchissant et tranche étonnamment sur la production du moment.