Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, Ségo et Sarko vont en bateau..., Shortbus, Shutter Island, Sicko, Signes, Sin nombre, Sous le sable, Super 8, Sur mes lèvres, Swimming pool.
Barême :
Classique
À voir absolument
À voir
À voir à la rigueur
Inutile de se déranger
À fuir
Viré de Canal Plus, Karl Zéro produit aujourd’hui des films de cinéma, et sortira l’an prochain une satire contre George Bush. En attendant, c’est l’élection présidentielle française qui l’occupe, et il faut avouer que l’on rit beaucoup à Ségo et Sarko vont en bateau... : voici ce que les candidats au poste suprême vous serinent à longueur de journée, nous dit le film, et voici ce qu’ils pensent vraiment ; comparez. Et l’on découvre qu’ils ne pensent rien, n’ont jamais rien pensé, qu’ils comptent en fait sur les sondages pour savoir ce qu’ils doivent feindre de penser, afin de mieux nous rouler dans la farine. Leur insincérité nous éclabousse, et ce n’est pas pour rien que la conclusion du film sera « Contentez-vous des... CON-TRE-FA-ÇONS ! »
Il faudrait tout citer. Il faudrait surtout souligner la qualité du texte d’accompagnement, dû à la plume du co-réalisateur, et qui montre beaucoup d’esprit. Même le générique de fin, qui pastique Sacha Guitry et rend hommage... aux accessoires du film, offre l’occasion de se délecter. Certes, ce film de circonstance, sorti en vidéo, est par nature jetable. Raison de plus pour se hâter de le voir.
Shortbus rompt avec la tradition du film dit « pornographique », ce qu’il n’est pas : c’est une comédie, puisque le film se termine bien, reposant sur un drame, dont la cause est d’ordre sexuel. Mais les scènes de sexe n’envahissent pas le récit et ne sont pas là de façon arbitraire.
Au centre du récit, deux garçons trentenaires de New York, James et Jamie. Jamie fut un comédien enfant, devenu vedette dans une série, et qui travaille toujours, mais avec moins de succès ; James, qui avait commencé à se prostituer très jeune après avoir vu My own private Idaho, et qui avait trouvé l’expérience enthousiasmante, est à présent passionné de vidéo, et filme tout avec un camescope. James et Jamie s’aiment et seraient heureux ensemble, mais James a un problème, qu’il dissimule à son ami : il refuse absolument, car il en a peur, de se laisser sodomiser. James, après avoir tenté de fournir à son ami un compagnon de remplacement, le beau et lumineux Ceth, envisage de se suicider, et de filmer son suicide. Il est sauvé in extremis par un quatrième garçon, Caleb, qui observait leur couple de sa fenêtre et les photographiait au téléobjectif depuis deux ans, et qui parvient enfin à le guérir de sa peur. Si bien que James retourne auprès de Jamie, et Ceth se met en ménage avec Caleb. Auparavant, Jamie et James auront consulté une sexologue, Sofia, qui préfère se dire « conseillère conjugale », et qui a la particularité de n’avoir... jamais connu d’orgasme, sans doute parce que son mari, Rob, est en fait un homo refoulé, qui aime se sentir dominé. Tous ces personnages et bien d’autres se retrouvent dans un club du genre échangiste et plus si affinités, le Shortbus, très bien fréquenté, puisqu’on y trouve même un ancien maire de New York.
En somme, le film est celui que nul n’avait réussi à faire jusqu’à présent, et qui montre, si c’était nécessaire, que le sexe, c’est dans la tête avant tout. Pourtant, des scènes de sexe, on en voit quelques-unes ! Mais filmées différemment : ni en gros plan comme dans le porno franc, celui qu’on dit « hard », ni dissimulées par une plante verte au premier plan ou vues de derrière un feu de cheminée, comme dans le porno hypocrite, celui qu’on dit « soft ».
Le récit publié dans la presse et qui voudrait appâter les spectateurs potentiels (« En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l’île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L’une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu ») est forcément une imposture, puisque ces personnages n’existent pas, et que tout ce qu’on voit, ou presque, se passe dans la tête du personnage principal, qui est un malade mental. Si bien que, très fâcheusement, l’entreprise retombe dans ce travers des années quarante-cinquante, où le fantastique de certaines productions s’expliquait banalement, à l’épilogue, par cette conclusion devenue un cliché : tout cela n’était qu’un rêve ! L’indigence à l’état pur...
Bref, une fois de plus, le Scorsese scénariste ne s’est pas foulé : si le film est sans reproches sur le plan technique (le contraire serait malheureux, après... cinquante-et-un ans d’expérience !), le réalisateur a filmé, presque à la virgule près, un roman à succès, ne faisant que quelques petites coupures en vue d’alléger le récit – qui reste néanmoins trop long – et conservant le dialogue d’origine. Bref, il se confirme que Scorsese est aujourd’hui un fruit sec.
Le récit illustre les fantasmes d’un fou criminel, un homme qui tente de refouler une vérité qui lui est insupportable, n’avoir pas su empêcher sa femme, malade mentale, de tuer leurs trois enfants en les noyant dans un lac, et qui a ensuite tué la meurtrière. La différence avec les ridicules films sur la psychanalyse et la psychiatrie consiste en ce que le malade ne sera pas guéri, mais fait au contraire une rechute, et que le corps médical se décide, de guerre lasse, à le lobotomiser !
Michael Moore flingue le honteux système de protection sociale des États-Unis. Après une série d’exemples démontrant que les assureurs spécialisés dans la santé utilisent tous les procédés pour ne pas rembourser aux malades leurs frais médicaux ou pour leur refuser l’agrément préalable aux traitements coûteux, Moore nous entraîne au Canada, en France, puis... à Cuba, et démontre que ces pays font mieux et pour beaucoup moins cher, parce qu’ils privilégient le collectif et non l’individualisme.
On sort du film en se demandant, comme d’habitude, pourquoi la droite de chez nous admire autant les États-Unis, au point de vouloir saper notre propre système, qui pourtant fonctionne mieux.
Mel Gibson, vit avec son jeune frère, Joaquin Phoenix, ex-joueur de base-ball, et ses deux enfants. Sa femme est morte dans un accident de la circulation provoqué par un chauffard. Du coup, bien que pasteur, Mel ne croit plus en Dieu. Un matin, notre pasteur défroqué découvre dans son champ de maïs que les épis ont été courbés en vue de dessiner sur le sol des signes cabalistiques, des crops circles, surtout visibles du ciel. Qui sont les dessinateurs ? Ce ne peut être que l’œuvre des extraterrestres ! Justement, une dizaine d’engins spatiaux survolent la ville, et leurs occupants, mettant pied à terre, s’attaquent à la population. Mel et Joaquin se barricadent dans leur maison en clouant bêtement des planches sur les portes, mais un extraterrestre a réussi à pénétrer chez eux. Il tente d’empoisonner avec son haleine le fils du pasteur, mais comme l’enfant a de l’asthme, il ne peut inhaler le poison, donc il est sain et sauf, et le frère estourbit l’intrus à coups de batte de base-ball. En outre, les extraterrestres sont allergiques à l’eau, et l’envahisseur est vaincu par un verre de flotte. Du coup, l’ex-pasteur recouvre la foi en Dieu et remet son col de pasteur. Tout est bien qui finit bien, par conséquent.
Le film décrit la situation et l’état (lamentable) de deux communautés d’Amérique Latine, celle des voyous du Chiapas, au Mexique, et celle des émigrants venus de toute la région et qui tentent de gagner les États-Unis.
Willy, qui a environ vingt ans, surnommé « Casper » au sein de sa bande, la Mara, recrute un petit nouveau, un copain d’environ quatorze ans, Smiley, vite initié à la dure : d’abord, un passage à tabac de la part de ses nouveaux amis, puis il doit tuer un « traître ». Casper est un sentimental, il est amoureux d’une belle fille, Martha Marlene, qui aimerait mieux lui connaître d’autres fréquentations, mais Lil Mago, le chef de la bande, en essayant de la violer, la tue accidentellement. Aussitôt, pour éloigner Casper et le distraire de son chagrin autrement qu’en lui conseillant d’en trouver une autre (formalité qu’il a accomplie), il lui confie une mission, aller détrousser, en sa compagnie et celle de Smiley, les passagers d’un train qui, venu du Honduras, est chargé d’immigrants pour les États-Unis, et qui doit traverser le Chiapas.
Sur ce train se trouvent entre autres la très jolie Sayra, son père et son oncle : ils veulent rejoindre des parents dans le New Jersey. Les trois voyous montent à bord du train et détroussent tout le monde, mais Lil Mago veut cette fois violer Sayra. Casper l’en empêche et le tue, puis il expulse Smiley du train. Smiley rejoint la bande, raconte les évènements, et le nouveau chef, El Sol, jure de venger l’ancien chef, et donc de tuer Casper, devenu traître à son tour. Qui devra l’exécuter ? Mais Smiley, bien sûr ! On lui remet un pistolet, il rejoint le train qui s’est arrêté dans les environs, et le voyage se poursuit jusqu’au terminus, la frontière des États-Unis.
Mais, durant ce voyage, la jolie Sayra considère d’un œil neuf celui qui l’a sauvée d’un viol, Casper, et qui s’est mis au service des émigrants, leur enseignant comment échapper aux policiers de l’immigration, car il a déjà, dans le passé, aidé des clandestins à passer la frontière. Ils tombent amoureux et décident, dès qu’ils le pourront, de changer leur vie actuelle pour en essayer une autre. Hélas, alors que Sayra a entamé à la nage la traversée du Rio Grande, Smiley a rejoint Casper et le tue de plusieurs coups de pistolet. Puis l’enfant rentre au bercail et reçoit en récompense son tatouage de membre à part entière de la Mara. Sayra rejoindra les États-Unis et vivra une autre vie, comme elle le désirait.
François Ozon ne tourne pas deux fois la même chose, ce qui n’est guère courant dans une profession où l’on se répète beaucoup.
Bruno Cremer et Charlotte Rampling incarnent un couple marié, sans enfants, qui passe ses vacances sur la côte landaise. Le mari va se baigner, il disparaît. Sa veuve présumée ne se fera jamais à sa disparition, et, même mise en présence d’un corps dont il y a tout lieu de penser qu’il est bien celui de son époux, continue de nier l’évidence.
Sur ce récit infiniment simple viennent se greffer quelques scènes où le mari probablement noyé apparaît à son ex-conjointe, en toute banalité, dans le cadre habituel de leur existence passée. Fantôme, ou fantasme (en portugais, c’est le même mot) ? L’histoire ne le dit pas vraiment, mais tout incite le spectateur à pencher pour la seconde hypothèse.
Tout est dans l’émotion, la pudeur, la simplicité de la mise en scène, la présence et le poids des acteurs, qui se montrent excellents. Jamais on ne s’ennuie, en dépit du sujet.
Les dégâts provoqués sur Terre par une sorte d’E.T. apparemment méchant, mais qu’un gosse, le héros de l’histoire, apprivoisera juste avant l’épilogue. Et pourquoi est-il méchant, cet extraterrestre au surplus très laid (il a l’air d’une gigantesque araignée) ? Parce qu'il a été retenu sur le territoire des États-Unis par une armée dont nous savons à quel point elle est sympathique en tous lieux et en toutes circonstances. Et donc, échappé d’un train qui le transportait, il casse tout, comme Stallone ou Bruce Willis. Mais, dans la séquence de fin, il parvient à reconstruire sa soucoupe volante, et s’envole vers sa planète.
Détail, au moment le monstre parvient à s’échapper du train à la faveur de l’accident, un groupe de lycéens ont décidé de réaliser un film d’horreur, plus précisément, une enquête policière, que viendront perturber des zombies. Et comme ils ont prévu un accident de chemin de fer, ils vont tourner une scène dans la minuscule gare du patelin. Le vrai train arrive au bon moment et percute une camionnette qui se trouvait sur la voie ; fâcheux, mais bon pour le son.
Clara est sourde. Secrétaire dans une entreprise de constructions immobilières, pas très jolie, elle est méprisée de ses collègues masculins, qui la tiennent pour un « cageot ». Son patron l’autorise à recruter un jeune pour la seconder dans son travail, et l’ANPE lui fournit un candidat qui vient de tirer deux ans de prison pour vol aggravé, Paul. Tous deux vont finir par s’associer pour se venger, par un moyen malhonnête, de la société qui les met si bien à l’écart.
Le film a vite fait de s’égarer dans une histoire policière interminable, où Vincent Cassel, une fois de plus, baigne dans la violence – cette fois dirigée contre lui. Quant au scénario, il s’égare dans des épisodes annexes et hors sujet.
Une curiosité scénaristique : la surdité de l’héroïne apparaît moins comme un handicap, puisque rien de fâcheux ne lui arrive en raison de son infirmité, que comme un avantage, un sixième sens. En effet, elle sait lire sur les lèvres, et cette faculté va lui servir à secourir son copain en danger. Alors, heureux les sourds ?
Ce qui est flagrant dans Swimming pool, c’est la perversité de ce scénario où rien n’est clair. Ozon multiplie les énigmes, et ne les élucide pas, ce qui pourra sembler du dernier chic aux amateurs, tout en irritant les autres. On peut être agacé par la facilité du procédé, tant il est aisé d’inventer des mystères que l’on ne résoud jamais. Heureusement, ce n’est jamais ennuyeux. Malgré tout, le film reste mineur.