Œuvres : Été 85 – Madre – Dernier caprice – Ohayô – Bonjour – La troisième femme – Nguoi Vo Ba – Irréversible – Epicentro
Personnes citées : Les Frères Jacques – Yasujirô Ozu – Gaspar Noé
Les cinémas ont été rouverts le 22 juin, mais, depuis cette date, je n’ai vu que deux films en salle, Été 85 et Madre. Peu de spectateurs dans la salle, d’ailleurs. Mais il n’y a pas moins de publicités projetées sur les écrans : comme auraient chanté naguère les Frères Jacques, Faut bien qu’ces gens bouffent !
Réalisé par Yasujirô Ozu
Titre original : Kohayagawa-ke no aki (L’automne de la famille Kohayagawa)
Sorti au Japon le 29 octobre 1961
Sorti en France le 27 janvier 1982
Ressorti en France le 14 juillet 2020
Ganjiro Nakamura, vieillard et chef d’entreprise (il possède une brasserie), se porte mal mais tient à sa vie de toujours, et notamment à la maîtresse qu’il va visiter régulièrement dans une autre ville. Toute sa famille est au courant, tout en admettant la situation. De sorte qu’il n’y a aucun drame familial, bien que ses filles commencent à estimer que tout ça passe un peu les bornes, mais supportent, car l’individu est assez joyeux dans la vie quotidienne. Le seul drame survient lorsque le vieil homme est victime d’une crise cardiaque, et meurt bientôt.
On peut observer que le style pictural d’Ozu est encore utilisé ici : la caméra ne bouge jamais, elle est toujours posée à moins d’un mètre de hauteur, et filme rarement en plongée, à quelques exceptions près. À l’époque d’Ozu, on ne pratiquait pas cette manie désastreuse de la caméra portée.
J’avoue pourtant préférer un autre des films d’Ozu, Ohayô (en français, Bonjour), sa comédie avec de jeunes enfants qui se révoltent contre leur famille et font la grève de la parole (!), parce que leur mère refuse de leur acheter un poste de télévision. Ces gosses sont marrants et attendrissants. Le film va ressortir la semaine prochaine.
Réalisé par Ash Mayfair
Titre original : Nguoi Vo Ba
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 7 septembre 2018
Sorti en France le 19 août 2020
Ce premier film (vietnamien) de la réalisatrice et de l’interprète principale est beau, mais si lent qu’il finit par inspirer de l’ennui : à quatorze ans, May est mariée au fils d’un riche propriétaire terrien, le mari étant déjà pourvu de deux épouses. Naturellement, elle doit se plier à la discipline familiale, et va découvrir peu à peu combien cette société est retardataire. Mais, si elle ne se révolte pas, en revanche, son jeune beau-frère refuse de se marier avec l’épouse que sa famille lui a choisie, car il ne la connaît pas ! Face à son refus obstiné, le patriarche offre au père de la fiancée de lui rendre sa fille, plus le triple de la dot qu’elle a apportée. Mais le père refuse la proposition, et la fille se suicide par pendaison.
Pour ne rien arranger, May se découvre enceinte et amoureuse de sa belle-sœur, qui n’accepte pas cette idylle. Et lorsque May accouche, c’est par une césarienne, dont on peut se demander si elle était en vigueur au Vietnam du dix-huitième siècle. Mais, une fois né, le bébé refuse de téter, et la dernière scène du film suggère fortement que sa mère va le tuer en l’empoisonnant !
Critiques et spectateurs n’ont pas fait un bon accueil au film, qui démarre très mal. En dépit de ses belles images, on pressent qu’il ne fera pas une grande carrière.
Réalisé par Gaspar Noé
Titre original : Irréversible – Inversion intégrale
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 7 septembre 2018
Sorti en France le 26 août 2020
Le pire des films français jamais sortis, qui date de 2002, va ressortir le 26 août. Et son auteur le remanie, puisque, après avoir raconté son histoire à l’envers, il a tout remis dans l’ordre, espérant ainsi davantage de spectateurs. Ce film s’intitulait Irréversible lors de sa sortie, et je l’avais descendu en flammes ICI. Sans avoir dit un seul mot de l’histoire racontée, afin de remettre les choses au clair. Son auteur s’appelait Gaspard Noé, un argentin installé en France, et qui a produit cinq films de long métrage très racoleurs, dont aucun n’a eu le moindre succès.
C’est dans ce film que Monica Bellucci a scié sa carrière, pour cette séquence de viol dans un tunnel, interminable et nauséeuse. Aujourd’hui, Noé tente de se raccrocher aux branches, mais je doute qu’il y parvienne.
Réalisé par Hubert Sauper
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 20 janvier 2020
Sorti en France le 19 août 2020
Sauper est un très mauvais cinéaste, qui avait sorti en 2004 Le cauchemar de Darwin, film foncièrement malhonnête, aspect du film que les spectateurs mal renseignés sur la réalité de ce qu’il y rapportait avaient pris pour la vérité. Dans le cas présent, il laisse de côté toutes les vérités pas bonnes à dire concernant le régime politique de Cuba, son dirigeant le dictateur Fidel Castro, et l’état pitoyable de la population, qu’on montre très satisfaite de sa situation.
On ne s’étonnera pas que ce film soit sorti au festival de Sundance, le temple du politiquement correct !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.