Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Bonne chance ! – Pasteur – Huis clos – 21 grammes – 21 grams – Chacun son cinéma – Babel – Les glaneurs et la glaneuse – Les plages d’Agnès – Niagara – Kiss – L’espion qui venait du froid – The spy who came in from the cold – Daratt – Saison sèche – Les hommes préfèrent les blondes – Gentlemen prefer blondes – Two little girls from Little Rock – Diamonds are a girl’s best friend – West side story – Les demoiselles de Rochefort – Comment épouser un millionnaire – La garçonnière – The apartment – La journée de la jupe – L’impossible monsieur Pipelet
Personnes citées : Sacha Guitry – Fernand Rivers – Lucien Guitry – André Antoine – Sarah Bernhardt – Edgar Degas – Anatole France – Octave Mirbeau – Claude Monet – Auguste Renoir – Jean Renoir – Auguste Rodin – Edmond Rostand – Camille Saint-Saëns – Jean-Paul Sartre – Pierre Brasseur – Daniel Gélin – Jacqueline Delubac – Pierre Desproges – Alejandro González Iñárritu – Guillermo Arriaga – Agnès Varda – Henry Hathaway – Charles Brackett – Walter Reisch – Richard L. Breen – Marilyn Monroe – Joseph Cotten – Martin Ritt – Paul Dehn – Guy Trosper – John Le Carré – Oswald Morris – Mahamat-Saleh Haroun – Howard Hawks – Charles Lederer – Joseph Fields – Anita Loos – Jane Russell – Marilyn Monroe – Marcel Dalio – Jean Negulesco – George Chakiris – Nathalie Wood – Billy Wilder – I.A.L. Diamond – Shirley MacLaine – Jack Lemmon – Jean-Paul Lilienfeld – André Hunebelle – Jean Halain – Jacques Gut – Michel Simon – Etchika Choureau – Hassan II – Mischa Auer – Maurice Baquet – Jean Brochard – Jacques Dynam – Jerry Lewis – Louis de Funès – Noël Roquevert – Louis Velle – Georgette Anys – Cary Grant – Grace Kelly – Alfred Hitchcock – Jess Hahn – Dominique Maurin – Patrick Dewaere – Paul Demange – Gaby Morlay – Alain Bouvette – Jacques Legras – Bernard Musson
De Sacha Guitry et Fernand Rivers, en 1935. Scénario de Sacha Guitry. Durée, 1 heure 12. Noir et blanc, écran 4/3. Sorti à Paris le 20 septembre 1935.
C’est le troisième film de Guitry, qui avait commencé... vingt ans plus tôt, en 1915, avec un documentaire muet sur les artistes de son temps, ceux qui fréquentaient son père Lucien Guitry, célèbre comédien de théâtre. Il y avait là, outre son père, André Antoine, créateur du théâtre moderne, Sarah Bernhardt, Edgar Degas, Anatole France, Octave Mirbeau, Claude Monet, Auguste Renoir, Jean Renoir, Auguste Rodin, Edmond Rostand, Camille Saint-Saëns. Guitry avait déjà trente ans.
Bonne chance ! suivait Pasteur, sa première biographie d’homme célèbre, réalisée la même année. Guitry avait donc attendu l’âge de cinquante ans pour se lancer dans la réalisation de fictions, et il ne se croyait pas vraiment capable de ce travail, aussi a-t-il pris pour ce film un co-réalisateur, Fernand Rivers, qui avait bel et bien, lui, débuté en 1915 et l’avait aussi secondé pour Pasteur. Rivers, très méconnu, a terminé en 1951, avec Huis clos, d’après la pièce de Sartre, avec Pierre Brasseur et Daniel Gélin.
Ce troisième film est une comédie légère avec Jacqueline Delubac, l’épouse de Guitry, qui lui a survécu de très loin (elle est morte seulement en 1997, à l’âge de 90 ans, après avoir été renversée par un cycliste). Il faut avouer que le film est assez mal fait, la technique étant peu sophistiquée à cette époque, si bien que les coupures et faux raccords abondent. Cependant, Guitry faisait déjà preuve de sa célèbre désinvolture, qui fit plus tard sa réputation. Ainsi, dans un plan de circulation sur une route de campagne, on l’entend dire à sa passagère (on ne les voit ni l’un ni l’autre) : « Savez-vous, ma chère, comment on tourne ce genre de scène ? Eh bien, figurez-vous qu’on met la caméra dans une voiture, et on filme. Quant au dialogue que vous entendez sur ces images, il paraît qu’on l’enregistre à part, dans un studio ». C’est tout juste s’il n’ajoute pas « Étonnant, non ? », comme Desproges.
L’histoire elle-même n’a pas le moindre intérêt : un homme hésite entre épouser la femme qu’il aime, ou l’adopter ; alors, il fait les deux demandes à la mairie. Le maire est évidement bien embarrassé face à ces deux requêtes incompatibles ! Inutile de dire que c’est la première solution qui sera choisie au dénouement.
D’Alejandro González Iñárritu, en 2003. Titre original, 21 grams. Scénario de Guillermo Arriaga. Durée, 2 heures et 4 minutes. Couleurs, format 1,85/1. Sorti, festivals mis à part, le 18 novembre 2003 à Mexico, en France le 21 janvier 2004.
J’ai traité ce film dans une critique à laquelle je ne changerais pas un mot. À l’époque, je n’avais vu aucun autre film du même réalisateur. Les ayant tous vus aujourd’hui, à l’exception de son court métrage inclus dans un film français, Chacun son cinéma, je maintiens qu’Iñárritu, en dépit de son talent, fait un cinéma plutôt fabriqué, selon une méthode qui commence à laisser voir le procédé : émietter son histoire en une myriade de scènes, qu’il remonte ensuite dans un ordre n’obéissant qu’à sa propre logique, et qui tend à obscurcir le récit. Au début, cela épate les naïfs ; ensuite, on se prend à rêver d’un cinéma plus classique. C’est probablement ce qui a valu le bide que son dernier long métrage, Babel, a connu en 2006.
D’Agnès Varda, en 2000. Scénario d’Agnès Varda. Durée, 1 heure et 22 minutes. Couleurs, format 1,33/1. Sorti le 7 juillet 2000.
La glaneuse, c’est Agnès Varda elle-même ; les glaneurs, ceux qu’elle filme en train de glaner – au sens large, puisque ce peut être dans les champs et vergers, voire les serres ou les parcs à huîtres, mais aussi dans les poubelles ! Tel cet homme qui affirme ne se nourrir, depuis dix ans, que de ce qu’il trouve dans les poubelles de sa ville, alors qu’il a un travail et un salaire : ce n’est donc pas la pauvreté qui l’y contraint, mais une forme de protrestation contre le mode de vie actuel. En fin de compte, c’est un documentaire sur le gaspillage et la pauvreté. Mais à la manière d’Agnès Varda, toujours sur le mode souriant.
Le film annonce par son style Les plages d’Agnès, sorti récemment, plus abouti et plus personnel.
D’Henry Hathaway, en 1953. Scénario de Charles Brackett, Walter Reisch et Richard L. Breen. Durée, 1 heure et 32 minutes. Couleurs, format 1,37/1. Sorti aux États-Unis le 21 janvier 1953, en France le 11 août 1953.
Il s’agit d’un drame qui se déroule dans la station touristique installée au bord des chutes du Niagara, à la frontière entre le Canada et les États-Unis (la frontière joue un rôle dans l’histoire). Un couple se déchire, avec pour témoin un autre couple, des jeunes mariés. Le premier couple, c’est Marilyn Monroe, qui trompe son mari, Joseph Cotten, lequel est fou de jalousie et finira par l’étrangler dans la tour du carillon local, parce qu’elle-même et son amant ont projeté de le tuer. De sorte que Marilyn la vedette, disparaît au bout de moins d’une heure de film ! Ensuite, le meurtrier enlève l’autre femme et l’entraîne sur le fleuve dans un bateau volé. Mais ils n’ont aucune chance de se sortir des rapides et de la chute, alors il la dépose sur un rocher au milieu du courant (un hélicoptère viendra le tirer de là), et lui meurt dans la chute.
Marilyn est très sophistiquée, Joseph Cotten est très méchant, les autres personnages ne sont là que pour servir le récit. Le film est très bien photographié, ce qui le minimum syndical. Mais l’histoire a moins d’intérêt que le décor, en réalité. Et puis, Marilyn chante un peu (Kiss).
De Martin Ritt, en 1965. Titre original, The spy who came in from the cold. Scénario de Paul Dehn et Guy Trosper, d’après le roman de John Le Carré. Durée, 1 heure et 52 minutes. Noir et blanc, format 1,85/1. Sorti aux États-Unis le 16 décembre 1965, en France le 9 mars 1966.
John Le Carré est le meilleur écrivain de romans d’espionnage, très éloigné de la fantaisie de James Bond, de SAS ou d’OSS 117. En contrepartie, les films tités de ses œuvres sont assez austères, et comme ils reposent beaucoup sur les dialogues, le spectacle en souffre. Le film dont il s’agit ici n’échappe pas à ce défaut, car il ne contient quasiment aucune scène d’action, et le spectateur peut perdre le fil s’il manque d’attention. Mais le film bénéficie d’une superbe photographie en noir et blanc, due à Oswald Morris. On doit cependant convenir que, dans le même genre, on a vu mieux.
De Mahamat-Saleh Haroun, en 2006. Le titre international est Saison sèche. Scénario de Mahamat-Saleh Haroun. Durée, 1 heure et 36 minutes. Couleurs, format 1,85/1. Sorti en France le 27 décembre 2006.
C’est un film produit par le Tchad, la France, la Belgique et l’Autriche. Il a fait l’objet d’une notule en janvier 2007. C’est un film très estimable, mais qui, comme je le prévoyais, n’a guère eu de succès. Son réalisateur, qui écrit aussi tous ses scénarios, en était à son sixième film, lequel ne semble pas lui avoir porté chance, puisque, après cela, il n’a plus tourné qu’un seul téléfilm pour la télévision française.
D’Howard Hawks, en 1953. Le titre original est Gentlemen prefer blondes. Scénario de Charles Lederer, d’après la comédie musicale de Joseph Fields et Anita Loos. Durée, 1 heure et 31 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,37/1. Sorti aux États-Unis le 1er juillet 1953, en France le 30 juillet 1954.
Les vedettes sont Jane Russell et Marilyn Monroe, mais elles ne sont pas traitées avec la même importance, et l’on croit comprendre que le réalisateur lui aussi préfère les blondes, puisque Marilyn, d’ailleurs éblouissante, est au premier plan. Ainsi, dans la séquence qui ouvre le film, sur la chanson Two little girls from Little Rock, Marilyn est plusieurs fois filmée en plan rapproché, voire seule, alors que Jane ne l’est à aucun moment (elle est même filmée de dos deux ou trois fois, quand elle n’est pas absente de l’image). Son vrai grand numéro, outre celui avec les athlètes, est au tribunal (présidé par Marcel Dalio !), où, affublée d’une perruque blonde plutôt ridicule, elle fait une imitation – hélas un peu ratée – de sa partenaire chantant Diamonds are a girl’s best friend, qui était dans une précédente séquence le sommet du film.
En fait, ce n’est pas vraiment une comédie musicale ; plutôt une comédie avec des numéros musicaux. Le dialogue est souvent drôle. Ainsi, lorsque Lorelei (Marilyn, donc) fait admirer à sa camarade la bague que son fiancé vient de lui offrir, celle-ci riposte : « Magnifique, il ne manque que la carafe dessous ! ». Le film souffre un peu de l’absence totale de vedette masculine. Dans le genre, on peut préférer Comment épouser un millionnaire, tourné juste après sous la direction de Jean Negulesco.
Curiosité à noter : George Chakiris, qui devait avoir le rôle du frère de Nathalie Wood dans West side story (son premier vrai rôle), apparaît ici à titre de danseur dans la séquence de la chanson Diamonds are a girl best friends. Du reste, jusqu’à West side story en 1961, il n’a jamais tenu d’autre rôle que celui de danseur. On l’a quand même vu dans Les demoiselles de Rochefort, en 1967.
De Billy Wilder, en 1960. Titre original, The apartment. Scénario de Billy Wilder et I.A.L. Diamond. Durée, 2 heures et 5 minutes. Noir et blanc, format 2,35/1. Sorti aux États-Unis le 25 juin 1960, en France le 21 septembre 1960.
Comédie douce-amère (elle comprend tout de même une tentative de suicide par le personnage de Shirley MacLaine) sur le thème de la compromission : C.C. Baxter, modeste employé joué par Jack Lemmon, grimpe dans la hiérarchie de son entreprise parce qu’il prête son appartement à ses divers chefs, qui viennent y commettre leurs frasques extra-conjugales. Puis, dégoûté de tout cela, il démissionne et trouve l’amour. C’est donc très moral.
La vérité oblige à dire qu’on ne rit pas beaucoup – ce n’était peut-être pas le but, –, et que toute la fantaisie repose sur les blagues émises par le personnage principal, et par les mésaventures que lui causent ses employeurs sans scrupules. Notons aussi qu’aux États-Unis, on peut renvoyer sans autre forme de procès un employé qui a refusé à son patron ce genre de service. Ils n’ont pas de tribunal des prudhommes, là-bas ?
De Jean-Paul Lilienfeld, en 2009. Scénario et dialogues du réalisateur. Durée, 1 heure et 28 minutes. Couleurs, format non précisé mais probablement 1,78/1. Sorti à la télévision le 19 mars 2009, en salles le 25 mars 2009. Voir la notule correspondante, au mois de mars 2009.
D’André Hunebelle, en 1955. Scénario de Jean Halain, adapté par Jacques Gut. Durée, 1 heure et 27 minutes. Noir et blanc, format 4/3, stupidement mutilé pour satisfaire les possesseurs d’écrans 16/9. Sorti le 7 septembre 1955.
Cette comédie sans grand intérêt ne serait pas signalée ici, n’était son interprétation. On y rencontre en effet Michel Simon, Etchika Choureau (jolie actrice qui devint ensuite la maîtresse du prince héritier marocain, futur Hassan II), Mischa Auer, le comédien-violoncelliste-alpiniste Maurice Baquet, Jean Brochard, Jacques Dynam (qui fit la voix française de Jerry Lewis dans tous ses films), Louis de Funès, Noël Roquevert, Louis Velle, Georgette Anys (qui fut tout de même la partenaire de Cary Grant et de Grace Kelly sous la direction d’Hitchcock !), Jess Hahn (qui joua d’innombrables fois le gangster rigolo venu d’outre-Atlantique), Dominique Maurin (petit garçon, frère du futur Patrick Dewaere), Paul Demange, Gaby Morlay, Alain Bouvette, André Hunebelle lui-même, Jacques Legras (futur artisan de la Caméra invisible) et Bernard Musson.
L’histoire est celle d’un amour naissant entre un fils d’épicier enrichi et la fille du concierge de son immeuble. Cela se faisait baucoup dans les années cinquante.
De Delmer Daves, en 1957. Scénario de Halsted Welles, d’après une histoire d’Elmore Leonard. Durée, 1 heure et 32 minutes. Noir et blanc, format 1,85/1. Sorti aux États-Unis le 3 août 1957, en France le 30 octobre 1957.
Il ne s’agit évidemment pas du remake de 2007, mais de l’original. Et la comparaison est instructive ! Ici, le style est sobre, les cadrages étudiés, et l’écran ne contient que l’essentiel. Le réalisateur utilise souvent la profondeur de champ, dont on ensemble plus savoir aujourd’hui ce qu’elle est ni à quoi elle sert.
En outre, l’original ne comporte aucune des invraisemblances du remake. Par exemple, le personnage du fermier, ici joué par l’excellent Van Heflin, n’est pas un unijambiste qui cavale comme à Longchamp. Il n’emmène pas non plus dans son expédition meurtrière son fils de 14 ans ! D’ailleurs, l’enfant, beaucoup plus jeune, n’apparaît, un peu, qu’au début du film, et ne joue aucun rôle dans l’histoire. Enfin, le méchant, interprété par Glenn Ford qui jouait en général les héros positifs, ne tue pas son lieutenant pour donner une leçon de grandeur d’âme au gamin. Résultat : le film d’origine durait une demi-heure de moins, il était mille fois meilleur, et il est resté dans l’histoire du western. Le remake, lui, infligeait au spectateur des leçons de morale bien-pensantes fondées sur l’humanisme à la mode hollywoodienne et la sacro-sainte famille. Et tout le monde l’a oublié !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.