Œuvres citées : La folle journée de Ferris Bueller – Maman j’ai raté l’avion ! – Breakfast club – Danger planétaire – The blob (1958) – The blob (1988) – Le blob – L’homme H – Bijo to Ekitainingen – À double tour – La femme infidèle – Que la bête meure – Le boucher – L’ennemi public n° 1 – Manhattan melodrama – Autant en emporte le vent – Samson et Dalila – Samson and Delilah – Les dix commandements (1923) – Le roi des rois – Les dix commandements (1956) – Livre des Juges – Judge and fool
Personnes citées : John Hughes – Irvin S. Yeaworth Jr – Steve McQueen – Chuck Russell – Frank Darabont – Ishirô Honda – Claude Chabrol – Paul Gégauff – Stanley Ellin – Jean-Paul Belmondo – Cecil B. DeMille
De John Hughes, en 1986. Titre original, Ferris Bueller’s day off. Scénario du réalisateur. Durée, 1 heure et 43 minutes. Couleurs (Eastmancolor), format 2,35:1. Sorti aux États-Unis le 11 juin 1986, en France le 17 décembre 1986.
John Hughes n’a réalisé que huit films, mais en a écrit bien davantage, quarante-quatre, dont le très surfait Maman j’ai raté l’avion ! et ses suites, ou ces quatre films, dont deux en vidéo, dans lesquels Beethoven est un gros chien ! Mais Breakfast club et La folle journée de Ferris Bueller, qui posaient un regard bienveillant sur les lycéens des années quatre-vingt, ont fait de lui un réalisateur estimé des cinéphiles.
Ferris, très intelligent et qui sait toujours se tirer d’affaire quoi qu’il lui arrive, est aussi un élève allergique au lycée, et saisit toutes les occasions de ne pas y aller : il a manqué neuf fois en un seul trimestre, sans que jamais ses parents aient été mis au courant, puisqu’il a réussi, via son ordinateur, à truquer les statistiques des absences scolaires. Le film décrit donc en détail toutes les ruses qu’il a inventées pour que ses parents le croient malade et lui permettent de rester au lit, croient-ils, pendant qu’eux-mêmes vont travailler tandis qu’il va passer une fournée de folie en compagie de son meilleur copain et naturellement d’une fille. Mais il a un ennemi acharné, le proviseur de son lycée, qui va lui aussi passer sa journée à tenter de le coincer – en vain, on s’en doute. À la fin de la journée, le proviseur finit en loques, les parents sont toujours persuadés que leur fils est un modèle, et même sa sœur, qui le détestait, va devenir sa complice. Et c’est le public qui est complice, à son grand plaisir.
On rit beaucoup, et le film est particulièrement bien réalisé. On admire la scène où une avenue entière de Chicago est couverte de gens venus assister à un défilé, et que Ferris, grimpé sur un char, a réussi à inciter à danser en chantant La Bamba ! Quand la journée se termine, son ami Cameron, plutôt coincé et terrorisé par la perspective de déplaire à son père, a changé du tout au tout et cassé la Ferrari paternelle : enfin libre.
Le film a été diffusé sur la toute nouvelle chaîne Paramount Channel. Hélas, alors qu’elle annonce ses films en version multilingue, elle ne les passe que doublés en français. En outre, elle laisse son logo en permanence sur l’image, énorme et si astucieusement placé qu’il pollue même les films en CinémaScope, au lieu de rester dans les bandes noires. À boycotter, donc.
De Irvin S. Yeaworth Jr., en 1958. Titre original, The blob. Scénario de Theodore Simonson et Kay Linaker (alias Kate Phillips), d’après une idée d’Irvine H. Millgate. Durée, 1 heure et 26 minutes. Couleurs, format 1,66:1. Sorti aux États-Unis le 12 septembre 1958, en France le 1er avril 1960.
Petit film manifestement fauché : une météorite laisse échapper une substance mystérieuse, sorte de gélatine rouge qui absorbe les êtres vivants qu’elle attaque, grossissant chaque fois. On finit par comprendre que seul le froid peut la paralyser. Une fois neutralisée avec des extincteurs qui l’aspergent de neige carbonique, les sauveteurs s’en emparent, et un avion va l’immerger dans l’Océan Arctique. Mais sera-ce définitif ?
Le film est surtout connu parce que Steve McQueen, qui avait débuté cinq ans plus tôt et surtout fait de la télévision, en est la vedette. On ne voit jamais la gélatine rouge dévorer les gens, et leur disparition n’est mentionnée que par le dialogue. Les trucages sont donc réduits au minimum. Le plus drôle est que la parade est fournie par le gaz carbonique, devenu depuis l’ennemi numéro un de l’humanité, nous dit-on.
Il faut signaler qu’un remake a été tourné en 1988, donc trente ans plus tard. Il était réalisé par Chuck Russell, portait le même titre anglais, et s’appelait simplement Le blob en français. Le scénario, qui adaptait celui du film précédent, était du réalisateur et de Frank Darabont. Cette fois, les trucages étaient abondants, les cascades, nombreuses, mais le film ne semble pas avoir eu un grand retentissement. Cependant, la même année que la première version, sortit un film japonais bien plus terrifiant, L’homme H (en japonais, Bijo to Ekitainingen, ce qui signifie « La belle et les hommes liquides »), où une substance identique, mais verte, s’attaquait à Tôkyô. Cette fois, on voyait vraiment les victimes fondre au contact de l’attaquant mystérieux, et le film a laissé un souvenir profond à ceux qui l’ont vu. Il était produit par une compagnie spécialisée dans les films d’horreur, la Toho, et son réalisateur était Ishirô Honda, qui a fait au moins quatre films sur Godzilla !
De Claude Chabrol, en 1959. Scénario de Paul Gégauff, dialogues du réalisateur, d’après un roman de Stanley Ellin. Durée, 1 heure et 50 minutes. Couleurs (Eastmancolor), format 1,66:1. Sorti en France le 4 décembre 1959.
Le film, troisième du réalisateur, est aussi le premier dans lequel il s’attaque à la bourgeoisie, thème dont il va se faire le spécialiste français. Or il est curieux de constater que, de ses trois meilleurs films, seul le premier, La femme infidèle, vise la bourgeoisie ! Des deux autres, Que la bête meure montre un écrivain de livres pour enfants affronter un garagiste, et le suivant, Le boucher, un tueur en série amoureux d’une institutrice de province.
Ici, un couple de bourgeois d’Aix-en-Provence se déchire parce que le mari est tombé amoureux d’une artiste italienne prénommée Leda, et que celle-ci s’est installée dans la maison voisine. Or, chez ces catholiques, pas question de divorce ! La jolie voisine finira assassinée par le fils du couple, un curieux garçon aussi coincé qu’amateur de musique classique. Belmondo, lui, incarne un garçon mal élevé, qui en rajoute beaucoup dans les mauvaises manières pour énerver la mère, qui courtise la fille de la maison, et qui est devenu très copain avec le père pour lui avoir présenté la belle Italienne. On a un peu de mal à croire à cette histoire, que son réalisateur ne plaçait pas très haut non plus.
Un détail : c’est le seul film dans lequel Belmondo montre ses fesses. Et comme je ne veux frustrer personne, voici l’image :
Chabrol a raconté qu’il détestait tant son couple de bourgeois qu’il l’avait « affublé de couleurs verdâtres ». En réalité, cet effet n’est présent que dans une seule scène, et la couleur provient d’un vitrail qui décore le salon où elle se passe. Mais ce plaisantin de Chabrol aimait beaucoup broder sur ce qu’il faisait.
De W.S. Van Dyke, en 1934. Scénario d’Oliver H.P. Garrett et Joseph L. Mankiewicz, d’après une histoire d’Arthur Caesar. Durée, 1 heure et 33 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti aux États-Unis le 4 mai 1934, en France le 1er novembre 1934.
Jim et Blackie, amis d’enfance et devenus orphelins le même jour, ont été élevés par un brave homme, qui meurt en cours de récit. Adultes, les deux hommes restent amis, bien que Jim soit devenu procureur et Blackie, gangster ! Or Blackie abat un homme qui menaçait de ruiner la campagne électorale de Jim, lequel ambitionne d’être élu gouverneur. Blackie est arrêté, et Jim, qui ignore ce détail, doit requérir contre lui. Devoir avant tout, il réclame la peine de mort, et l’obtient.
Lorsque Jim, élu comme il le souhaitait grâce à ce verdict, apprend quel service son ami lui a rendu, il est tenté de le grâcier, mais Blackie, ne voulant pas passer le reste de sa vie en prison, refuse, et il est envoyé sur la chaise électrique. Jim, honteux, démissionne.
Clark Gable joue ici un rôle qui préfigure celui qu’il tiendra cinq ans plus tard dans Autant en emporte le vent, le voyou sympathique.
Mais le film a laissé un souvenir curieux : le 22 juillet 1934, il était projeté au cinéma Biograph Theater, à Chicago, et le célèbre gangster John Dillinger était allé le voir. Hélas pour lui, le FBI, averti, l’attendait à la sortie, et il fut abattu de trois balles. Il aurait dû aller voir un dessin animé, plutôt.
De Cecil B. DeMille, en 1949. Titre original, Samson and Delilah. Scénario de Jesse Lasky Jr et Fredric M. Frank, d’après une histoire de Harold Lamb, adaptée du roman de Vladimir Jabotinsky Judge and fool, ou Samson the Nazarite, Samson & Prelude to Delilah. Durée, 2 heures et 11 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,37:1. Sorti aux États-Unis le 21 décembre 1949, en France le 5 octobre 1951.
On prétend souvent que Cecil B. DeMille était un spécialiste des films « bibliques », en se fondant sur... quatre de ses films sur les quatre-vingts qu’il réalisa : Les dix commandements (première version, muet, en 1923), Le roi des rois en 1927, Samson et Dalila en 1949, et son dernier film, Les dix commandements (seconde version, en 1956). Donc rien n’est plus faux que cette réputation !
L’histoire de Samson, racontée dans le Livre des Juges, chapitres 13 et 16, tentait DeMille depuis 1935, mais il délaissa le projet jusqu’en 1948, où il le reprit après avoir lu Judge and Fool, roman de Vladimir Jabotinsky qui décrivait Dalila comme la jeune sœur de Sémadar, la femme de Samson – personnage inventé, absent de la Bible.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.