Œuvres citées : Madâme, le film – Les quatre filles du docteur March – Little women – Le magicien d’Oz – Les bérêts verts – Les trois mousquetaires – Phffft ! – Phfft – Scènes de la vie conjugale – The apartment – Chacal – The day of the Jackal
Personnes citées : John-Paul Lepers – Jean-Sébastien Desbordes – Thomas Bauder – Bernadette Chirac – Karl Zéro – Jacques Chirac – Mervyn LeRoy – Andrew Solt – Sarah Y. Mason – Victor Heerman – Sally Benson – Louisa May Alcott – Katharine Hepburn – George Cukor – Winona Ryder – Susan Sarandon – Christian Bale – Kirsten Dunst – Claire Danes – Eric Stoltz – John Wayne – June Allyson – Elizabeth Taylor – Janet Leigh – George Sidney – Mark Robson – George Axelrod – Ingmar Bergman – Kim Novak – Jack Lemmon – Billy Wilder – Fred Zinnemann – Kenneth Ross – Frederick Forsyth – Charles De Gaulle – Michel Lonsdale
De John-Paul Lepers et Jean-Sébastien Desbordes, en 2005. Enquête de Thomas Bauder. Durée, 1 heure et 30 minutes. Couleurs, format 1,78:1. Sorti en DVD, en France exclusivement, en 2007.
Vous ne verrez pas ce film en salles, puisqu’il n’est jamais sorti et a été tourné pour la télévision à l’automne 2004, Canal Plus en l’occurrence, qui ne l’a pas diffusé en 2005 comme la chaîne l’avait prévu : à cette époque, Jacques Chirac était encore président de la République, et les pressions ont été énormes, en raison de l’animosité que Bernadette Chirac avait conçue envers son auteur. Les patrons de la chaîne estimèrent donc que le film était « pas bon, pas abouti » (ce que dément sa vision), et les deux auteurs écrivirent à la place un livre qui décrivait les obstacles rencontrés pendant le tournage. Le livre eut du succès, et le film, remonté, a fini par être édité en DVD. C’est donc une enquête sur deux points : la France est-elle une république, ou une « monarchie républicaine », et madame Chirac était-elle une reine de France à laquelle aucune question ne devait être posée ?
John-Paul Lepers, qui a travaillé notammment pour Le Vrai Journal de Karl Zéro, était la terreur des politiques, car il ne lâchait jamais son sujet et revenait inlassablement aux questions qu’on laissait sans réponse. Or, des questions à Bernadette Chirac, il n’en manquait pas !
Parmi tant d’autres épisodes montrés dans le film, on en retiendra deux ou trois. Ainsi, en avril 2002, ces journalistes belges de la RTBF qui l’abordent, rue du Faubourg-Saint-Honoré, pour lui poser des questions. Elle rétorque : « Je vois pas [sic] très bien la reine Paola ou la princesse Mathilde de Belgique accostées comme ça sur le trottoir ». Or elle est seule, sans escorte, mais estime être au même niveau que la reine des Belges. Elle renvoie les journalistes à son secrétariat particulier, qui ne répondra jamais à leur demande d’interview.
Ou encore, à Rambouillet, lors de l’inauguration d’une maison de retraite pour vieillards dépendants. L’établissement a coûté dix millions d’euros. La région Île-de-France a versé trois millions, mais le président socialiste de la région, Jean-Paul Huchon, n’a pas été invité, car, par le plus grand des hasards, on a choisi une date où il était retenu à la réunion du Conseil général. En revanche, madame Chirac est présente, en vedette de la manifestation, c’est elle qui coupe le ruban et dévoile la plaque de marbre (il y en a deux, toutes deux portent son nom), alors que sa fondation n’a contribué que pour... 28 935 euros ! Pas même le centième de la contribution versée par la région.
Et puis, ce château de Bity, acheté pour une bouchée de pain, et que Chirac a aussitôt fait inscrire à l’inventaire des monuments historiques, ce qui permet de laisser à l’État la charge de l’entretenir, mais où aucun visiteur n’est admis (même la route qui le borde est interdite à la circulation, et quarante gendarmes, logés dans une caserne construite spécialement pour cet usage, gardent en permanence ce lieu toujours désert, puisque Chirac n’y vient jamais).
Enfin, cette affaire du bureau de poste de Sarran, la localité où Bernadette Chirac se fait élire. Peu fréquenté, ce bureau de poste aurait dû être fermé en avril 2000, mais madame Chirac a fait filmer par France 3 son intervention publique en faveur du maintien de ce seul bureau de poste, alors que plusieurs fermetures étaient prévues dans le département. Prétexte qu’elle avança : on va construire le musée du septennat de son époux, le public va sans doute affluer, et tous ces touristes auront sans doute envie d’envoyer des cartes postales, DONC il faut garder ouverte la Poste locale ! Et elle case dans son argumentation que son mari est président de la République... Pression ? Quelle pression ? Le représentant de la Poste, ridiculisé en public, cède, mais demandera sa mutation par la suite. Quant aux autres maires privés de leur bureau de Poste, ces manants n’ont pas pu s’exprimer lors de la réunion.
De Mervyn LeRoy, en 1949. Titre original : Little women. Scénario de Andrew Solt, Sarah Y. Mason et Victor Heerman, avec une contribution de Sally Benson, d’après un roman de Louisa May Alcott. Durée, 2 heures et 2 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,37:1. Sorti aux États-Unis le 10 mars 1949, en France le 13 octobre 1950.
Ce film, basé sur un roman autobiographique, avait déjà fait l’objet d’une première version en 1933, avec Katharine Hepburn dirigée par George Cukor. Et il fut suivi par une troisième version en 1994, avec Winona Ryder, Susan Sarandon, Christian Bale, Kirsten Dunst, Claire Danes et Eric Stoltz ! C’est dire si les histoires à l’eau de rose ont la vie dure.
La présente version a ramassé un Oscar décerné à ses quatre décorateurs, qui pourtant ne se sont guère foulés afin de donner une apparence de vraisemblance à la maison de cette famille dont on ne cesse de nous seriner qu’elle est pauvre, alors qu’elle vit dans un véritable palace !
Le réalisateur Mervyn LeRoy fut très productif (78 films), mais n’apparaît pas au générique de certains films qu’il co-dirigea, comme Le magicien d’Oz ou Les bérêts verts, que signa officiellement John Wayne.
Curieusement, la véritable vedette du présent film était June Allyson, bien oubliée aujourd’hui, ce qui est assez injuste. On met surtout en avant ses partenaires Elizabeth Taylor et Janet Leigh, mais elle était bonne actrice (elle avait joué Constance Bonacieux dans Les trois mousquetaires, de George Sidney, l’année précédente).
De Mark Robson, en 1954. Titre original, Phffft. Scénario de George Axelrod. Durée, 1 heure et 28 minutes. Noir et blanc, format 1,85:1. Sorti aux États-Unis le 10 novembre 1954, en France le 14 janvier 1955.
Une comédie gentillette sur le divorce : comme dans Scènes de la vie conjugale, de ce pince-sans-rire d’Ingmar Bergman, tant qu’on est mariés, on se fait la guerre, mais dès qu’on a divorcé, on s’adore. Ici, au moins, c’est assumé.
Kim Novak est éblouissante de beauté, et bonne actrice, contrairement à ce que prétendait ce vieux vicieux d’Hitchcock, qui, méprisant, prétendait qu’elle ne portait jamais de soutien-gorge ! Elle et Jack Lemmon se sont retrouvés six ans plus tard dans une autre comédie, mais plus sérieuse, The apartment, de Billy Wilder.
Le présent film est une bulle de savon pour les programmes d’été, et l’histoire n’a strictement aucune importance. À noter le trait de génie des distributeurs français, qui se sont contentés d’ajouter un point d’exclamation au titre original. On espère que le spécialiste de la communication qui a trouvé cette astuce était bien payé.
De Fred Zinnemann, en 1973. Titre original, The day of the Jackal. Scénario de Kenneth Ross, d’après le roman de Frederick Forsyth. Durée, 2 heures et 23 minutes. Couleurs (Technicolor) , format 1,85:1. Sorti aux États-Unis le 30 juillet 1973, en France le 3 janvier 2008 (date douteuse, il s’agit en fait de la sortie du DVD, et la presse française n’a pas traité le film).
Le film est assez rigolo à regarder, car il est bourré d’erreurs et d’anachronismes. Évidemment, il a été réalisé partiellement en France en 1973, mais les évènements dont il parle sont de 1963, et les décors naturels ont changé.
À l’origine, un roman du Britannique Frederic Forsyth, publié en 1971, et qui conte l’histoire d’un attentat (imaginaire) contre De Gaulle, après celui, raté, du Petit-Clamart. L’auteur suppose que l’OAS, consciente qu’elle ne pourra jamais abattre son ennemi mortel, fait appel à un tueur professionnel, et le paye un demi-million de francs – somme dérisoire compte-tenu de l’enjeu. On suit donc deux histoires parallèles, celle du tueur sans scrupules, qui élimine tous les obstacles humains sans l’ombre d’une hésitation, et celles des services français, qui, ayant enlevé et torturé un membre de l’OAS, sont au courant du projet.
Les détails des deux processus sont assez minutieusement décrits, mais il faut avouer que la fin est passablement bâclée : en quelques secondes, le commissaire incarné par Michel Lonsdale apprend que le tueur s’est réfugié au 150 rue de Rennes, alors que De Gaulle doit procéder ce 25 août à une remise de décorations devant la gare Montparnasse (on ne la voit pas, elle avait été démolie depuis), et il a le temps de grimper au dernier étage et d’abattre le tueur, qui n’a tiré qu’une fois sur sa cible et l’a ratée. Quel flair, dans la police française !
Assez long, le film est agréable à suivre, et l’on suit d’un œil curieux le défilé des acteurs français, en regrettant que tout le monde parle anglais à Paris, y compris lorsque des Français discutent entre eux sans aucun interlocuteur anglophone.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.