JPM - Films vus à la télé - Mars 2011

Films vus à la télé - Mars 2011

 

Il y a aussi des films à la télévision ! De bonnes chaînes du câble ou des satellites en diffusent, souvent d’excellents, parfois de grands classiques. On donnera sa préférence à celles qui ne massacrent pas l’image du film en y inscrivant leur logo, et, bien entendu, qui présentent les œuvres en version originale. Hélas, les chaînes du groupe Canal Plus ont renoncé à cette restriction, affichant de la publicité (!) sur le générique de fin – seules les chaînes d’OCS respectent encore les téléspectateurs... Après France 3 qui a conservé son Cinéma de Minuit durant des décennies, c’est aujourd’hui France 5 qui a pris le relais, avec toujours Patrick Brion comme présentateur et maître d’œuvre. Tous les films vus ne sont pas traités ici, on ne parlera que des meilleurs, ou des plus intéressants – ce qui n’est pas forcément la même chose.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : LiebeleiAlice au pays des merveilles – Alice in Wonderland – La tendre ennemieLe gaucherThe left-handed gun – Marqué par la haine – Docteur FolamourDoctor StrangeloveRed alertVoyages de Gulliver

Personnes citées : Max Ophüls – Curt Alexander – Felix Salten – Hans Wilhelm – Arthur Schnitzler – Magda Schneider – Romy Schneider – Tim Burton – Linda Woolverton – Lewis Carroll – Danny Elfman – Curt Alexander – André-Paul Antoine – Marc Valbel – Gregory Peck – Laurence Olivier – Michael Redgrave – Michael Rennie – Arthur Penn – Leslie Stevens – Gore Vidal – William H. Bonney, dit Billy the Kid  – James Dean – Paul Newman – Lee Strasberg – Marlon Brando – Sam Diedrick – Stanley Kubrick – Terry Southern – Peter George – George C. Scott – Peter Sellers – Werner Von Braun

 

Liebelei

Jeudi 3 mars 2011 - Ciné Cinéma Classic

De Max Ophüls, en 1933. Scénario du réalisateur et de Curt Alexander, Felix Salten et Hans Wilhelm, d’après une pièce d’Arthur Schnitzler. Durée, 1 heure et 28 minutes. Noir et blanc, format 1,37/1. Sorti en Autriche le 24 février 1933, en Allemagne le 10 mars suivant, en France le 9 mai suivant.

Ce film, qui fut le dernier d’Ophüls avant son départ en France pour cause de nazisme (il était juif), est très romanesque. C’est son troisième long-métrage, et son nom ne figure pas au générique. Il met en scène un jeune et beau lieutenant qui avait pour maîtresse la femme d’un autre officier, le baron von Eggersdorff. Mais il a décidé de mettre fin à cette liaison (que le mari trompé ignore), parce qu’il a rencontré Christine, une jeune fille pure qui a la vocation de devenir chanteuse d’opéra. Mais le mari est informé à retardement que sa femme est infidèle, et il provoque l’amant en duel. Celui-ci est tué.

Le film montre tout le ridicule de ces absurdes « règles d’honneur », qui étaient de purs encouragements à l’assassinat, puisque l’offenseur n’est censé tirer qu’après le premier coup de feu de l’offensé, lequel, à trente pas, a peu de risques de rater sa cible.

Christine est jouée par Magda Schneider, qui fut célèbre dans les pays germanophones, et donna ensuite naissance à une fille encore plus célèbre, Romy Schneider.

Le film, bien photographié, montre une scène où les deux amoureux vont se promener en traîneau à la campagne, dans un paysage enneigé, très lumineux. Mais le traîneau passe devant un cimetière dont on reconnaît à peine la forme des tombes. Or le dernier plan, après la mort du héros, reprend exactement la même image. Symbole.

En bref : à voir.Haut de la page

Alice au pays des merveilles

Mercredi 23 mars 2011 - Canal Plus

De Tim Burton, en 2010. Titre original, Alice in Wonderland. Scénario de Linda Woolverton, d’après les livres de Lewis Carroll. Durée, 1 heure et 48 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,44/1 pour la projection en Imax 3D, 1,85/1 pour la télévision. Sorti à Bahrein, en Italie, en Égypte et en Suède le 3 mars 2010, en France le 24 mars suivant.

Tim Burton, de plus en plus, ne s’intéresse qu’au visuel, le reste passe très loin derrière, et son film en devient parfaitement soporifique. Il est vrai que jadis, il n’avait que du talent ; aujourd’hui, il est censé avoir du génie, et cela se paye. Sans aucune raison, son Alice, qui a 19 ans et se trouve en passe de se fiancer avec un crétin aristocrate (elle rompt dans l’avant-dernière scène), est jouée par une actrice qu’on espère bien ne jamais revoir sur un écran. La musique sirupeuse de Danny Elfman, très peu en forme et qui se contente de remplir (mal) son contrat, ne cesse jamais. Presque aucune image n’échappe aux trucages numériques, et le film, dans les salles, était quasi-invisible si on était allergique à la 3D, ce pour quoi je n’ai pu le visionner qu’à la télévision. Et s’il y a un navet que jamais je ne reverrai, c’est bien celui-là.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

La tendre ennemie

Vendredi 26 mars 2011 - Ciné Cinéma Classic

De Max Ophüls, en 1937. Scénario du réalisateur et de Curt Alexander, d’après un roman d’André-Paul Antoine. Durée, 1 heure et 9 minutes. Noir et blanc, format 1,37/1. Sorti au Danemark le 19 juin 1937, aux États-Unis le 30 mai 1938, en France à une date inconnue, bien que le film soit français et qu’il ait été tourné chez nous, sur la Côte d’Azur.

Annette Dupont va se marier avec un homme qu’elle n’aime pas, car elle lui préfère un as de l’aviation. Le fantôme de son père assiste à la fête des fiançailles et revoit son propre mariage, raté parce que son travail l’empêchait souvent d’être présent, et que sa femme aimait trop les bijoux et les fourrures. Au cours d’un voyage à Paris, Annette tombe amoureuse de Rodrigo, dompteur de lions. Mais celui-ci est tué. Et les fantômes des trois hommes qu’elle aura aimés assistent à la fête...

Ce film est finalement assez ennuyeux, et la copie visionnée est si mauvaise (le son est inaudible) qu’on peine à suivre. Le seul intérêt qu’on y trouve est de voir Marc Valbel dans le rôle de Rodrigo : cet acteur a surtout fait carrière dans le doublage en français des vedettes de langue anglaise, comme Gregory Peck, Laurence Olivier, Michael Redgrave ou Michael Rennie, et sa voix était très reconnaissable.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Le gaucher

Mardi 29 mars 2011 - CinéCinéma Calssic

D’Arthur Penn, en 1958. Titre original, The left-handed gun. Scénario de Leslie Stevens, d’après la pièce de Gore Vidal.  Durée, 1 heure et 42 minutes. Noir et blanc, format 1,85/1. Sorti aux États-Unis le 7 mai 1958, en France le 28 septembre de la même année.

Premier film d’Arthur Penn, c’est un western très lyrique sur Billy the Kid, jeune gangster qui finit très mal, et James Dean devait l’interpréter, mais il mourut avant, et Paul Newman hérita du rôle, comme c’était déjà arrivé en 1956 avec Marqué par la haine. Il faut dire que les deux acteurs venaient tous deux de l’Actor’s Studio, école dirigée par Lee Strasberg, et qui forma des générations d’acteurs maniérés, comme Marlon Brando, qui ignoraient ce que le mot sobriété signifie ! Et puis, à 33 ans, Newman était trop âgé, puisque Billy mourut à 22 ans. Mais enfin, le film tient néanmoins la route, grâce à son réalisateur.

Le titre a une histoire curieuse : Billy the Kid n’était pas le moins du monde gaucher, cela fut prouvé en 1986. En effet, en 1880, deux photographies du personnage avaient été prises, presque identiques, et l’un des deux négatifs disparut, alors que le second fut conservé dans la famille de Sam Diedrick jusqu’en 1986. C’est parce que les positifs étaient inversés par rapport aux négatifs qu’on crut longtemps que Billy était gaucher ! Or le tirage fait à partir du négatif conservé montre bien le personnage portant le holster de son Colt sur la hanche droite. S’il avait été gaucher, il n’aurait pas pu tirer son revolver de son étui.

En bref : à voir.Haut de la page

Docteur Folamour

Jeudi 31 mars 2011 - CinéCinéma Classic

De Stanley Kubrick, en 1964. Titre original, Dr. Strangelove or: How I learned to stop worrying and love the Bomb, titre qui, à lui seul, et par sa longueur, est un gag. Scénario du réalisateur, de Terry Southern et de Peter George, d’après le livre Red alert de ce dernier. Noir et blanc, format 1,37/1. Sorti aux États-Unis le 29 janvier 1964, en France le 10 avril de la même année.

C’est une comédie grinçante et sarcastique sur l’armée des États-Unis et sur la guerre froide, qui se transforme en guerre chaude à la fin, puisque des bombes atomiques éclatent un peu partout, sur une musique sirupeuse, comme souvent à la fin des films de Kubrick. Celui-ci, d’ailleurs, s’amuse à donner aux personnages et aux lieux des noms ridicules ou bizarres : le général fou s’appelle Ripper (éventreur) ; le Premier ministre soviétique se nomme Kissoff (le kiss off est un renvoi soudain et brutal, un licenciement imprévu) ; le colonel de la RAF est le group captain Mandrake ; le général va-t-en-guerre joué par George C. Scott s’appelle Turgidson ; l’officier obtus est le colonel “Bat” Guano (merde de chauve-souris) ; il y a aussi un major King Kong et un lieutenant Kivel (ce mot désigne un chant folklorique de... Transylvanie) ; et l’une des bases visée par les avions attaquants s’appelle Laputa, comme l’île volante des Voyages de Gulliver...

On sait que Peter Sellers jouait trois rôles, celui du président des États-Unis, bien embêté par l’attaque involontaire de son pays contre l’Union soviétique et qui essaie de convaincre son ami Dimitri, Premier ministre à Moscou, de faire abattre le dernier avion états-unien qu’on n’a pas pu rappeler... mais Dimitri est complètement saoul ; il est aussi l’officier de la RAF (britannique, donc) envoyé à Washington en qualité d’allié, et tenu pour de la roupie de sansonnet ; et enfin le docteur Strangelove, savant fou et handicapé, dont le bras mécanique ne cesse de faire le salut nazi, et qui donne du « mein Führer » au président, histoire de rappeler que les États-Unis ont embauché des nazis après la Deuxième Guerre Mondiale, par exemple Werner Von Braun, qu’on a incorporé dans la NASA !

Inutile de rappeler que le film est un chef-d’œuvre d’impertinence. La scène la plus kubrickienne du point de vue visuel se situe peu après le début, lorsque la secrétaire du général Turgidson répond à sa place au téléphone pendant qu’il est aux toilettes, et que l’on comprend qu’elle est à la fois sa maîtresse et celle du colonel (« Freddy ») qui appelle.

Signalons un exploit de  nos amis les sous-titreurs, outre le fait qu’ils emploient l’expression se rappeler DE quelque chose, ce qui commence à être banal : ils traduisent group captain, qui en Angleterre désigne un colonel de l’armée de l’air, tantôt par « capitaine », tantôt par « capitaine de groupe », grade qui n’existe nulle part au monde.

En bref : à voir absolument. Chef-d’œuvre.Haut de la page

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.