Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : La dernière séance – The last picture show – Targets – Johnny got his gun – Les désarrois de l’élève Törless – Der junge Törless – Tonio Kröger – Le neveu de Beethoven – Flesh – Heat – Trash
Personnes citées : Peter Bogdanovich – Larry McMurtry – Orson Welles – Boris Karloff – Timothy Bottoms – Tom Bottoms – Cybill Shepherd – Ellen Burstyn – Volker Schlöndorff – Herbert Asmodi – Robert Musil – Mathieu Carrière – Jean-Claude Brialy – Paul Morrissey – Andy Warhol – Archiduc Rodolphe
De Peter Bogdanovich, en 1971. Titre original, The last picture show. Scénario du réalisateur et de Larry McMurtry, d’après son livre. Durée, 1 heure et 58 minutes lors de sa sortie, 2 heures et 6 minutes avec le montage du réalisateur. Noir et blanc, format 1,85/1. Sorti aux États-Unis le 22 octobre 1971.
Bogdanovich, critique de cinéma, devenu ami d’Orson Welles qu’il a hébergé quelque temps et avec lequel il a écrit un livre d’interviews, est devenu cinéaste en 1968, et a réalisé deux films avant celui-ci, dont l’intéressant Targets, qui employait Boris Karloff dans un rôle quasiment calqué sur sa biographie de vedette du muet à la retraite. The last picture show a connu un véritable triomphe, fait figure de manifeste d’une sorte de renouveau du cinéma aux États-Unis, et a fait de son réalisateur une valeur sûre du box-office... alors qu’il était un peu surfait, il faut bien l’avouer. Mais cette période faste, pour lui, ne dura pas. En tout cas, son film, qui déclencha une sorte de Nouvelle Vague aux États-Unis, fut le tout premier de la période appelée ensuite « le Nouvel Hollywood »... qui ne dura pas davantage, sept ans environ.
Le film met en scène des jeunes qui s’ennuient dans une petite ville du Texas nommée Anarene, un trou perdu balayé par les vents, et où la seule distraction, en dehors du café, est un vieux cinéma qui va fermer (d’où le titre), parce que son propriétaire est mort subitement. Timothy Bottoms y débute presque (il n’avait joué que dans Johnny got his gun), son jeune frère Tom, seize ans, y débute aussi dans le rôle d’un jeune garçon retardé mental et muet, et Cybill Shepherd également (le réalisateur, déjà marié, tomba amoureux d’elle, mais ne réussit pas à en faire une actrice convaincante, elle était seulement très jolie, le resta et fit surtout ensuite de la télévision).
Cette histoire conte les aventures, assez plates, de deux jeunes hommes, Duane et Sonny, devenus rivaux à cause d’une fille qui n’a d’autre but que de perdre sa virginité, ce à quoi l’encourage... sa mère, interprétée par Ellen Burstyn. Duane finira par briser une bouteille sur le visage de son copain, au risque de lui crever un œil, mais ils ne se fâcheront pas pour autant ! (Ici, petit mystère, on ne saura pas si l’œil est perdu ou pas, car le récit n’en dit rien. Sonny n’a plus son bandeau dans les scènes de la fin, mais une étude attentive de l’image montre que l’œil atteint est noir, alors que l’autre est plus clair. Mais le garçon n’a sûrement pas les moyens de se payer une prothèse)
De Volker Schlöndorff, en 1966. Titre original, Der junge Törless. Scénario du réalisateur, adapté par Herbert Asmodi, d’après le livre de Robert Musil. Durée, 1 heure et 27 minutes. Noir et blanc, format 1,37/1, stupidement recadré à la télévision pour satisfaire les possesseurs d’écrans 16/9. Sorti en France (à Nantes) en mars 1966, puis au Festival de Cannes le 9 mai 1966, et en Allemagne de l’Ouest le 20 mai de la même année.
Tout se passe dans un collège de l’empire austro-hongrois. Le jeune Törless, pensionnaire, qui possède des aspirations élevées non moins qu’un ardent désir de comprendre le Bien et le Mal, assiste aux brimades que deux de ses condisciples infligent à un camarade qu’ils ont surpris à voler de l’argent. Il y participe, même, se justifiant à ses yeux par le besoin qu’il a de comprendre le mécanisme du processus. Mais, découvert, il est renvoyé !
Le film tend à préparer la scène finale et le discours, devant le conseil de discipline, du jeune garçon, visiblement très intrigué par le fait que les mathématiques utilisent des nombres dits « imaginaires » (comme la racine carrée de -1, qui ne peut pas exister) pour faire certains calculs ; un fait sur lequel il s’appuie pour expliquer sa complicité avec les deux tourmenteurs. Dit ainsi, cela semble tiré par les cheveux, mais le discours possède sa cohérence.
Mathieu Carrière, alors âgé de seize ans, allemand malgré son nom (et qui parle parfaitement le français), est très convaincant dans ce rôle pour lequel il avait la prestance nécessaire. C’était son deuxième film, car il avait joué deux ans plus tôt le rôle-titre dans Tonio Kröger (Jean-Claude Brialy était le même personnage adulte). Quasi-inconnu en France – où pourtant il a souvent joué, parfois dans des films importants –, on l’a souvent confiné, dans sa jeunesse, à des rôles où il apparaissait nu, ce que favorisait son extrême beauté. C’est lui qui a écrit le scénario du film Le neveu de Beethoven, réalisé par Paul Morrissey (l’auteur de la trilogie Flesh, Heat et Trash, qu’on avait abusivement attribuée à Andy Warhol !), où il jouait l’archiduc Rodolphe.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.