Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Tintin et le mystère de « La Toison d’Or » – La fête espagnole – À nous deux Paris – Tintin et les oranges bleues – No night is too long – Wax – The children – Une mort obsédante – Le génie du mal – Compulsion – Crime – La corde – Le troisième homme
Personnes citées : Jean-Jacques Vierne – André Barret – Rémo Forlani – Hergé – Antoine Blondin – Paul Guimard – Jean-Pierre Talbot – Charles Vanel – Marcel Bozzuffi – Philippe Condroyer – Max Elloy – René Goscinny – José María Gutiérrez González Santos – Tom Shankland – Kevin Elyot – Ruth Rendell – Barbara Vine – Lee Williams – Alfred Hitchcock – Nathan Leopold – Richard Loeb – Clarence Darrow – Orson Welles – Dean Stockwell
De Jean-Jacques Vierne, en 1961. Scénario d’André Barret et Rémo Forlani, d’après Hergé. Durée, 1 heure et 42 minutes. Couleurs (Eastmancolor), format 2,35:1. Sorti en France le 6 décembre 1961.
Jean-Jacques Vierne est un obscur cinéaste, né en 1921 (il vit toujours) et qui avait débuté la même année 1961 avec La fête espagnole, dont il était scénariste également. Il tourna trois ans plus tard une mini-série télévisée en épisodes de 26 minutes, et, en 1966, un À nous deux Paris dont la seule particularité est d’avoir été écrit par Antoine Blondin et Paul Guimard. Ensuite, il est tombé dans l’oubli.
Pour ce premier épisode des aventures de Tintin avec des acteurs en chair et en os, il a déployé le minimum de talent, et le film ne reste regardable que pour les paysages turcs et grecs, ainsi que la plastique et les qualités sportives de son principal interprète, un jeune homme de dix-huit ans qui débutait, Jean-Pierre Talbot : il y est un Tintin très crédible, les autres acteurs étant abondamment grimés et maquillés afin de figurer le capitaine Haddock, le professeur Tournesol et les Dupont-Dupond. Pourtant, dans de petits rôles non imaginés par Hergé, on peut retrouver Charles Vanel et Marcel Bozzuffi, qui avaient l’un et l’autre une carrière bien fournie.
Notons que le film a été diffusé sur une mauvaise chaîne de télévision, qui a mutilé le cadre, coupant les bords sur les quatre côtés (!) et laissant son logo à l’écran sur toute la durée du film. Et la diffusion en simple définition est tout simplement mauvaise.
De Philippe Condroyer, en 1964. Scénario d’André Barret, Rémo Forlani, René Goscinny et José María Gutiérrez González Santos, d’après Hergé. Durée, 1 heure et 42 minutes. Couleurs (Eastmancolor), format 2:1. Sorti en France le 18 décembre 1964.
Seul Jean-Pierre Talbot et Max Elloy dans le rôle de Nestor demeuraient de la distribution du film précédent, et la Castafiore était cette fois présente. Il n’y a pas grand-chose à en dire, sinon, que le film n’a pas connu le succès du précédent. Après cela, on n’a plus essayé d’adapter Tintin au cinéma avec des acteurs en chair et en os, le récent film de Spielberg relevant d’une tout autre technique.
De Tom Shankland, en 2006. Scénario de Kevin Elyot, d’après un roman éponyme de Ruth Rendell. Durée, 1 heure et 25 minutes. Couleurs, format 1,78:1. Sorti en Hongrie le 27 juin 2006. Pas sorti en France, sinon en DVD le 24 novembre 2008.
Le réalisateur fait surtout de la télévision – le présent film est en fait un téléfilm, mais si remarquable qu’il a sa place ici – et n’a réalisé pour le cinéma que deux films, Wax, présenté à Cannes en 2007 mais jamais sorti en salles chez nous, et The children, sorti en 2009.
Ici, l’histoire est due à Ruth Rendell et à son excellent roman publié en France sous le titre Une mort obsédante, et qu’elle avait signé d’un pseudonyme, Barbara Vine. Tim Cornish est un étudiant très beau et bisexuel, qui remarque qu’un professeur de son université, Ivo, s’intéresse à lui. Il l’aborde, l’embrasse par surprise, et tous deux deviennent amants. Plus tard, Ivo, qui doit participer à une croisière à thème scientifique en Alaska, l’emmène avec lui, mais doit le laisser dix jours à Juneau, la capitale de l’État. Mais, sans le lui dire, il demande à sa sœur Isabel de surveiller le jeune homme. Elle en fait trop, le rencontre et devient sa maîtresse. Lui en tombe amoureux, ne veut plus d’Ivo, et, au cours d’une dispute, croit l’avoir tué, et s’enfuit. Mais Ivo n’était pas mort...
L’intrigue, très étudiée comme toujours chez Ruth Rendell, est bien servie par des acteurs excellents, dont Lee Williams, qui a débuté comme mannequin, dans le rôle de Tim.
De Richard Fleischer, en 1959. Titre original, Compulsion. Scénario de Richard Murphy, d’après un roman, Crime, de Meyer Levin. Durée, 1 heure et 43 minutes. Sorti aux États-Unis le 1er avril 1959, à une date inconnue en France.
Un film de procès, qui est aussi un réquisitoire contre la peine de mort, s’offrant le luxe, au contraire de la quasi-totalité des films européens, de ne pas se fourvoyer en montrant des assassins ayant des excuses, encore moins d’en faire des victimes d’une erreur judiciaire. De ce point de vue, le film est courageux, donc exemplaire.
Cela commence un peu comme La corde d’Hitchcock, et pour cause, puisque la pièce qu’Hitchcock a filmée s’inspirait de l’affaire qui a aussi servi à écrire Crime, le roman à l’origine du présent film : riches étudiants en droit de Chicago, Nathan Leopold (1904-1971) et Richard Loeb (1905-1936), furent arrêtés et condamnés à l’âge de 19 et 18 ans pour l’enlèvement et le meurtre, le 21 mai 1924, de Bobby Franks, un jeune garçon de 14 ans. Ils avaient passé plusieurs mois à préparer leur crime, et comptaient demander une rançon pour égarer les recherches. Leur victime tuée, ils versèrent sur le corps de l’acide chlorhydrique pour en rendre l’identification plus difficile, puis réclamèrent la rançon, mais le corps fut découvert trop tôt pour eux, et une paire de lunettes trouvée tout près permit de les arrêter. En réalité, leur seule motivation était de prouver leur supériorité et de commettre un crime parfait. Ils échappèrent à la chaise électrique grâce à leur avocat Clarence Darrow, et furent condamnés à la prison à vie.
Dans le film, il est plutôt question de pendaison, et l’avocat, qui n’apparaît qu’au bout d’une heure, c’est Orson Welles. Sa plaidoirie (trop longue à l’écran, mais la plaidoirie du véritable avocat avait duré... douze heures !), il en est l’auteur comme il est l’auteur de la plupart des textes qu’il dit dans les films des autres – par exemple, dans Le troisième homme, avec sa blague sur la Suisse n’ayant produit, malgré son régime démocratique, que des pendules à coucou.
On doit aussi noter deux choses à propos des deux assassins. D’abord, une courte scène montre une manifestation du Ku-Klux-Klan devant le domicile de l’avocat. Ce n’est pas explicité davantage, mais on devine que le prétexte en est le fait que les deux assassins étaient de riches Juifs. Et puis, on n’a pas manqué d’écrire qu’ils étaient probablement homosexuels, récurrent et ridicule cliché freudien qui prétend tout expliquer par le sexe, mais rien ne vient étayer cette supposition : l’aîné des deux se vante d’avoir quarante ou cinquante noms de filles « dans un petit carnet noir », tandis que le plus jeune, en dépit du fait qu’il est déjà professeur (à 18 ans, comme il est rappelé dans la plaidoirie ?), est manifestement vierge. Et puis, ce dernier est joué par Dean Stockwell, qui avait débuté à neuf ans et a tourné dans 192 films et téléfilms. Né en 1936, doté d’une beauté aussi exceptionnelle que son talent, il vit et travaille toujours.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.