Œuvres citées : Le Narcisse noir – Black Narcissus – Colonel Blimp – Les chaussons rouges – Les canons de Navarone – La grande évasion – Le pont de la rivière Kwaï – L’attaque dure sept jours – The thin red line (1964) – The thin red line (1998) – La ligne rouge – 2001, l’odyssée de l’espace – Les mines du roi Salomon
Personnes citées : Michael Powell – Emeric Pressburger – Rumer Godden – Jack Cardiff – Deborah Kerr – Sabu Jean Simmons – Andrew Marton – Bernard Gordon – James Jones – Terrence Malick – Keir Dullea – Jack Warden
De Michael Powell et Emeric Pressburger, en 1947. Titre original, Black Narcissus. Scénario des réalisateurs, d’après un roman de Rumer Godden. Durée, 1 heure et 40 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,37:1. Sorti au Royaume-Uni le 24 avril 1947, en France le 20 juillet 1949.
Diffusé dans la version qui a été remise à neuf pour un récent DVD, hélas sur une chaîne qui incruste en permanence son logo sur l’image, donc décourage les cinéphiles d’enregistrer le film. Ce qui est grand dommage, car sa plus grande qualité est la beauté de ses images, dues au grand directeur de la photo Jack Cardiff, et au Technicolor de l’époque, ingénieux procédé qui évitait toute dégradation de la couleur avec le temps (puisqu’il n’utilisait PAS de pellicule couleurs, mais trois pellicules noir et blanc !).
J’ai déjà écrit une notule sur ce film, cependant il faut peut-être rappeler l’extravagance de l’histoire et de certaines de ses péripéties : jouée par Deborah Kerr, « sœur » Clodah, en dépit de son jeune âge, est désignée pour devenir la supérieure d’un nouveau couvent de seulement quatre religieuses, dans la chaîne de l’Himalaya, au sommet d’une haute montagne où règnent un vent permanent et un froid glacial, dans un bâtiment précédemment abandonné par un couvent de moines, au bord d’une falaise vertigineuse, contrepartie d’un paysage splendide. Elle doit y créer une infirmerie, et une école réservée aux filles indigènes, avec l’aide d’un aventurier, Dean, qui ne tarde pas à l’obséder. Mais elle n’est pas la seule, puisque l’une de ses religieuses, jalouse, devient folle et tente de la tuer en la précipitant du haut de la falaise. Par chance, si je puis dire, c’est la meurtrière potentielle qui fait la chute mortelle, parce que la victime visée s’est suspendue à la corde d’une cloche ! Il y a aussi un jeune général, joué par Sabu, qui exige de devenir élève de cette école de filles, et une jeune dépravée de dix-sept ans, qui tente de le draguer, mais en vain, et qui est jouée par une Jean Simmons passée au fond de teint pour paraître asiatique et qui n’a pas un mot de dialogue ! À la fin, les religieuses, ayant échoué parce qu’un petit garçon du coin, malade, n’a pas pu être sauvé et qu’elles sont devenues haïes, quittent à leur tour la région.
Ce drame ne peut être pris au sérieux, mais il est raconté de façon imperturbable. Ce n’est certes pas le meilleur film du tandem Powell-Pressburger, mais ils ont une telle cote (justifiée) que le film est très apprécié par la critique. Je persiste à préférer Colonel Blimp et Les chaussons rouges.
De J. Lee Thompson, en 1961. Titre original, The guns of Navarone. Scénario de Carl Foreman, d’après un roman d’Alistair MacLean. Durée, 2 heures et 38 minutes. Couleurs (Eastmancolor) et noir et blanc pour les images d’archives. Format : 2,35:1. Sorti au Royaume-Uni le 27 avril 1961, en France le 8 septembre 1961.
Un genre de films très répandu dans les années cinquante et soixante, carré, solide, voué à un succès mérité. Le scénario annonçait La grande évasion (une équipe hétéroclite de « spécialistes » aux origines diverses, ligués contre l’ennemi nazi), sorti en 1963, et rappelait Le pont de la rivière Kwaï (la mission consistait à détruire ce que l’ennemi allié des nazis avait construit quelque part, dans un lieu lointain et difficilement accessible), sorti en 1957. Les interprètes sont prestigieux, les caractères bien dessinés, les péripéties suffisamment haletantes, et surtout, la technique est impeccable : la caméra, toujours bien placée, reste assez longtemps en place pour que tout, lieux, action, soit clair aux yeux du spectateur. Bref, on ne donnait pas encore dans cette abominable esthétique du clip, où tout est noyé dans l’agitation, et où rien n’est compréhensible.
Ce n’est pas pour rien que ce film ancien a été restauré. Il est passé, malheureusement, sur une chaîne qui pollue les images en laissant son logo à l’écran, mais comme le film est en scope et que ledit logo tombe dans la bande noire du haut, on peut songer à le masquer.
Le spectateur a de quoi être satisfait : tout comme dans Le pont de la rivière Kwaï, où le fameux pont ne sautait pas dans le roman (frustrant !) mais sautait bel et bien dans le film, ici, les canons sautent à l’avant-dernière scène, quoique leur destruction soit moins spectaculaire.
D’Andrew Marton, en 1964. Titre original, The thin red line. Scénario de Bernard Gordon, d’après un roman de James Jones. Durée, 1 heure et 39 minutes. Noir et blanc, format 2,35:1. Sorti aux États-Unis le 2 mai 1864, en France en janvier 1965.
Le titre original de ce bon film de guerre vous dit peut-être quelque chose : il existe en effet un remake portant ce titre, réalisé en 1998 par Terrence Malick, et distribué en France sous le titre La ligne rouge. Mais l’original, dû à un excellent spécialiste des films d’action, Andrew Marton, est meilleur... et plus court de 71 minutes !
Ici, durant la guerre contre le Japon, la compagnie C doit prendre une colline occupée par les Japonais. Son capitaine a reçu l’ordre de traverser une certaine ligne, mais le terrain est miné, et il refuse de sacrifier ses hommes. La colline sera prise quand la situation changera, mais le colonel qui a donné l’ordre retire du front le capitaine trop humaniste, le fait muter à Washingon avec une décoration, et lui fait savoir qu’il ne sera jamais un officier de combat. Aucun drame cornélien donc, ce qui tranche avec la majorité des films de guerre, mais les situations et les personnages sont très bien écrits et parfaitement incarnés par de bons acteurs, où dominent Keir Dullea (le futur Dave de 2001), et Jack Warden, en sergent plus nuancé que de prime abord.
Andrew Marton a dirigé de nombreuses fois les secondes équipes chargées des scènes d’action pure. Malheureusement, il a aussi mis en scène Les mines du roi Salomon, navet surestimé qui massacrait le roman originel.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.