Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : La poison – Fahrenheit 451 – Fanfan la Tulipe – Fanfan la Tulipe – L’arnaque – The sting – The entertainment – Les dents de la mer
Personnes citées : Sacha Guitry – François Truffaut – Jean-Paul Sartre – Pauline Carton – Louiguy – Christian-Jaque – George Roy Hill – David S. Ward – Scott Joplin – Robert Shaw
De Sacha Guitry, en 1951. Scénario du réalisateur. Durée, 1 heure et 21 minutes à la télévision. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti en France le 30 novembre 1951.
Un régal d’impertinence ! Marié depuis trente ans à une femme acariâtre, alcoolique et devenue laide qui envisage (sans qu’il le sache) de l’empoisonner à la mort-aux-rats, Paul Braconnier veut la tuer, mais pas être condamné pour meurtre. Il va donc trouver un avocat réputé pour ses cent acquittements, prétend avoir déjà tué sa femme, et lui soutire tous les tuyaux qui lui seront nécessaires pour le véritable assassinat, qu’il n’acomplit qu’après cette « consultation » d’un nouveau genre. Et le procès, désopilant, éblouissant, lui vaut l’acquittement espéré, triomphal.
Un petit détail que personne ne semble avoir signalé nulle part, sauf ici par conséquent : le compositeur Louiguy, dans la séquence du procès d’assises, a utilisé le thème de la chanson Fanfan la Tulipe, datant de 1819, reprise l’année suivante par Christian-Jaque dans son film portant ce titre. Et puis, le film est connu pour son absence de générique, bien avant Truffaut et son Fahrenheit 451 : Guitry, dans un prologue de six minutes, présente et complimente tous ses acteurs et son équipe technique, et place à cette occasion une vacherie en filmant Pauline Carton dans un décor de prison, dont il assure qu’il est tout à fait semblable à une vraie prison. Et pour cause, lui-même avait été incarcéré après la Libération sur une accusation injuste de collaboration avec les nazis. Mais alors, on aurait pu coller Sartre en prison...
C’est bien normal, Guitry règle ici ses comptes avec la Justice, et les répliques fusent, chefs-d’œuvre d’insolente concision. Par exemple, le procureur sermonne un avocat qui a fait à la radio une déclaration trop anticonformiste : « La Justice, ce n’est pas du théâtre, mon cher maître ! – Ah ? », répond le cher maître. Impossible de faire plus court.
Naturellement, et en prime, la misogynie de Guitry n’a jamais été plus éclatante : « Comment appelle-t-on quelqu’un qui tue son père ? demande un enfant. – Un parricide, répond la fleuriste. – Un père qui tue son enfant ? – Un infanticide. – Un homme qui tue sa femme ? – Un assassin, répond rageusement la fleuriste. – Ah ? Mon père dit que c’est un veuf », répond le gosse.
On se marre insolemment. Mais il faut avoir mauvais fond.
De George Roy Hill, en 1973. Titre original, The sting. Scénario de David S. Ward. Durée, 2 heures et 9 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,85:1. Sorti aux États-Unis le 25 décembre 1973, en France le 19 avril 1974.
Accompagné par une musique d’époque, le ragtime, qui a remis à la mode Scott Joplin et sa composition The entertainment, une histoire d’escroquerie entre gangsters : des petits arnaquent un gros. C’est plutôt alerte, et il n’y a guère de violence.
Néanmoins, nul ne semble avoir noté que le scénario comporte une énorme faute, qui devrait suffire à tout flanquer par terre ! En effet, comment le personnage que l’on escroque, le gangster Doyle Lonnegan, joué par Robert Shaw (le futur capitaine du bateau dans Les dents de la mer), peut-il tomber dans le panneau ? Pour lui rafler tout son argent, la bande de petits truands l’incite à parier sur une course de chevaux, et, pour cela, l’attire dans un faux bureau de paris, monté pour cette seule occasion. On lui fait entendre un faux reportage de la course sur laquelle il doit parier, et c’est là que le bât blesse : comment peut-il croire que la course vient réellement d’avoir lieu quelques minutes plus tôt – lui garantissant ainsi que le gagnant est connu – alors qu’il en écoute ledit reportage ? À moins de supposer que la radio diffusait en différé les reportages sur les courses, ce qui, en 1936, est hautement douteux !
Mais le public avale le bobard dans sourciller...
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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.