Œuvres citées : L’ange des maudits – Rancho Notorious – Les contrebandiers de Moonfleet – Chasse à l’homme – Man hunt – Qu’elle était verte ma vallée – Peste noire – Black death – Une merveilleuse histoire du temps – Beau fixe sur New York – It’s always fear weather – Singin’ in the rain – Le bouffon du roi – The jester court
Personnes citées : Fritz Lang – Arthur Kennedy – Dudley Nichols – Geoffrey Household – John Ford – Alfred Hitchcock – Walter Pidgeon – Adolf Hitler – Roddy McDowall – Christopher Smith – Dario Poloni – Eddie Redmayne – Stephen Hawking – Stanley Donen – Gene Kelly – Betty Comden – Adolph Green – Cyd Charisse – Carol Richards – Melvin Frank – Norman Panama – Danny Kaye
De Fritz Lang, en 1952. Titre original : Rancho notorious. Scénario de Daniel Taradash et Silvia Richards. Durée, 1 heure et 29 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,37:1. Sorti aux États-Unis le 1er mars 1952, en France le 11 mars 1953.
Le troisième et dernier western de Fritz Lang bénéficie d’une bonne réputation qu’il ne mérite pas. Il semble manifeste que Lang n’était pas fait pour ce genre de cinéma, alors qu’il a parfaitement réussi Les contrebandiers de Moonfleet, autre film d’aventures un peu plus profond.
Il s’agit ici d’un homme qui veut venger la mort de la femme qu’il aimait, et part à la recherche du coupable. Il finit par le trouver dans un ranch tenu par une femme à poigne, laquelle tombe amoureuse de lui et le prie de partir. Mais avant de retrouver l’homme qu’il cherchait, il aura soupçonné tous les hommes travaillant au ranch, y compris l’ami qui l’y a conduit.
On est un peu gêné d’entendre que cet homme est constamment estimé « trop jeune », alors qu’il est interprété par Arthur Kennedy, qui n’incarne pas précisément la jeunesse – l’acteur avait alors... 38 ans !
De Fritz Lang, en 1941. Titre original : Man hunt. Scénario de Dudley Nichols, d’après un roman de Geoffrey Household. Durée, 1 heure et 45 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti aux États-Unis le 13 mars 1941, en France le 15 juin 1949.
Le sujet avait été proposé à John Ford, mais il l’a refusé. Ajoutons qu’au moment du tournage, les États-Unis n’étaient pas encore impliqués dans la Deuxième guerre mondiale, mais beaucoup de gens de cinéma étaient partisans qu’ils s’y engagent, par exemple Hitchcock et Ford lui-même.
Walter Pidgeon joue un célèbre chasseur britannique, et se fait prendre en Allemagne, alors qu’il pointait un fusil à lunettes vers Hitler, à cinq cents mètres de là. Il est arrêté, torturé, mais refuse de reconnaître qu’il voulait tuer le dictateur, et les nazis croient se débarrasser de lui en le jetant du haut d’une falaise. Mais il tombe dans une mare de boue, et, sain et sauf, parvient à sortir d’Allemagne et à embarquer sur un bateau qui le ramène à Londres, où son frère est diplomate. Ici, une bizarrerie : ce frère prétend que le gouvernement envisage de l’extrader, ce qui est absurde, car aucun pays n’extrade ses propres ressortissants !
On retient la manière inattendue dont le héros tue celui qui le pourchasse (il fabrique une flèche avec un morceau de bois et une épingle à chapeau, et un arc, avec une latte de son lit), et on apprécie le personnage du dégourdi petit mousse à bord du bateau, joué par Roddy McDowall, brillant acteur enfant, qui avait alors treize ans, et qui a interprété... 265 rôles avant de mourir à soixante-dix ans. La même année 1941, lui et Walter Pidgeon ont interprété un autre film de John Ford, Qu’elle était verte ma vallée, très beau film où le garçon avait un rôle beaucoup plus important.
Le film est très supérieur à celui diffusé la veille, L’ange des maudits.
De Christopher Smith, en 2010. Titre original : Black death. Scénario de Dario Poloni. Durée, 1 heure et 42 minutes. Couleurs, format 2,35:1. Sorti au Royaume-Uni le 26 mai 2010, en France le 8 octobre 2010.
Au centre de cette histoire, Eddie Redmayne, prodigieux jeune acteur qui a bien mérité son Oscar, mais pour un autre film, d’ailleurs médiocre, Une merveilleuse histoire du temps, qui passait à côté de son sujet en traitant la biographie du grand Stephen Hawking comme l’aurait fait la presse du cœur. Black death, lui, britannique mais produit par l’Allemagne et tourné dans ce pays, est difficile à classer : est-il opposé ou favorable à la religion ? On penche pour la première hypothèse, même si la secte antireligieuse se comporte atrocement.
Cela se passe au Moyen-Âge, en Angleterre, alors que la peste bubonique fait des ravages. Mais la rumeur prétend qu’un village abrite un nécromancien, capable de ressusciter les corps – pas les âmes – des défunts, pour en faire ses esclaves. Or un groupe de fanatiques religieux, envoyés par l’évêque, recherche ce village afin de tuer le magicien, et seul un jeune moine, Osmund, peut les guider. Mais, après s’être présentés en amis dans ce village, les intrus sont démasqués, emprisonnés, et, sur l’ordre de Langiva, une femme qui est le chef du village, sont torturés, et leur chef, Ulric, écartelé. Mais Langiva a un faible pour Osmund, et lui présente la jeune fille qu’il aimait, Averill, qui est morte, et qu’elle a « ressuscitée ». Pas dupe, Osmond tue la revenante, et ses compagnons, évadés, massacrent tous les habitants du village. Osmond s’échappe, et devient un chef de bande, n’ayant en tête que de retrouver Langiva, qui a fui. Dès lors, il fait brûler vives toutes les femmes dans lesquelles il croit reconnaître sa défunte bien-aimée.
L’atmosphère du film est pesante, et certaines scènes, sans tomber dans le gore, décrivent l’horreur créée par les fanatiques de l’époque. Mais il est vrai que la nôtre, d’époque, est en passe de l’égaler.
Le film, sorti le 3 novembre 2011 dans... deux salles aux États-Unis, puis dans cinq salles, n’a rapporté que 6692 dollars la première semaine, et 22 554 au total. Un vrai bide, immérité selon moi.
De Stanley Donen et Gene Kelly, en 1955. Titre original : It’s always fear weather. Scénario de Betty Comden et Adolph Green. Durée, 1 heure et 41 minutes. Couleurs (Eastmancolor), format Cinemascope (2,55:1). Sorti aux États-Unis le 2 septembre 1955, en France le 25 avril 1956 au Festival de Cannes, puis en salles le 29 juin suivant.
Les deux réalisateurs encore amis (ils se sont brouillés plus tard) n’ont pas réussi à rééditer leur triomphe de Singin’ in the rain, sorti trois ans plus tôt, et le film, qui avait coûté un peu plus de deux millions de dollars, n’en a rapporté, aux États-Unis et au Canada, que 1,38 millions – même s’il rapporta environ un million à l’étranger. Il faut avouer que le truc de la fin, par lequel le personnage de Gene parvient à démasquer le bandit qui veut le faire tabasser, en l’incitant à avouer ses forfaits alors qu’une caméra de télévision le filme à son insu, ne vaut pas celui de Singin’ in the rain, où la révélation que l’ex-vedette du cinéma muet avait été doublée par une bonne chanteuse était beaucoup mieux amenée, plus crédible et très drôle. Et puis, la comédie musicale déclinait déjà, à cette époque...
On a pourtant droit à un numéro étonnant, où Gene Kelly fait des claquettes... sur des patins à roulettes, ce qui semble-t-il n’avait jamais été fait et n’a pas été réédité. Mais, petite déception, Cyd Charisse ne chante pas elle-même, c’est Carol Richards qui la double !
Quant au ton général de cette comédie, il n’est guère optimiste, et les trois héros doivent s’avouer qu’ils ont tout raté dans leur vie !
De Melvin Frank et Norman Panama, en 1956. Titre original : The jester court. Scénario des réalisateurs. Durée, 1 heure et 41 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,85:1. Sorti au Japon le 24 décembre 1955, en France le 2 mars 1956.
Histoire très fantaisiste, dans laquelle une sorte de Robin des Bois surnommé Black Fox lutte pour rétablir dans ses droits le véritable roi, dont le trône a été usurpé par le sinistre Roderick. Ce véritable roi est encore un bébé, mais il est identifiable, car il possède une tache... sur la fesse gauche. Et donc, Black Fox délègue son lieutenant, Hubert Hawkins, qui, prenant un nom italien, se fait engager comme bouffon auprès de Roderick afin de récupérer une certaine clé cachée dans les couches du bébé ; or rien n’est moins durable que des couches de bébé !
Avec un point de départ de ce tonneau, on devine que la suite va être gratinée. Cela culmine dans un duel à la rapière, entre Hubert et le traître Sir Ravenhurst, duel qui tourne à la farce, car Hubert, ensorcelé, change de personnalité chaque fois que quelqu’un tape dans ses mains.
Hubert est joué par le brillant comique Danny Kaye, qui chante, danse, bondit, et qui est doté d’un visage mobile prenant toutes les expressions possibles. Il est un peu oublié aujourd’hui, et c’est dommage.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.