Œuvres citées (en italique, autres que des films) : Sunset boulevard – Boulevard du Crépuscule – Samson et Dalila – Airport 1975 – 747 en péril – Queen Kelly – Les rois du désert – Three kings – Les six samouraï – Sagan
Personnes citées : Billy Wilder – Charles Brackett – D.M. Marshman jr – William Holden – Gloria Swanson – Cecil B. DeMille – Henry de la Falaise – Joseph Kennedy – Buster Keaton – Hedda Hooper – Henry Wilcoxon – David O. Russell – John Ridley – Saddam Hussein – Sharon Waxman – Quentin Tarantino – Steven Soderbergh – David Fincher – Paul Thomas Anderson – Spike Jonze – George Clooney – Mark Wahlberg – Ice Cube – Saïd Taghmaoui – Diane Kurys – Jacques Chazot – Pierre Palmade – Régine – Françoise Sagan – Sylvie Testud
De Billy Wilder, en 1950. Version originale. Le titre français, jamais utilisé, est Boulevard du crépuscule. Scénario du réalisateur, ainsi que de Charles Brackett, un vétéran de 58 ans, également producteur du film, et D.M. Marshman junior, dont c’était le premier script. Noir et blanc, écran 4/3, sorti aux États-Unis le 4 août 1950, et en France le 13 décembre 1950.
Le titre français est une ânerie, car on ne traduit pas les noms de lieux, pas plus que les noms de bateaux. C’est l’histoire d’un scénariste fauché, Joe Gillis, joué par l’excellent William Holden, qui, par hasard, tombe sous la coupe d’une ancienne vedette du muet, Norma Desmond (Gloria Swanson), sans activité depuis vingt ans, et qui, complètement folle, croit que le public n’attend que son retour et que Cecil B. DeMille, alors sur le tournage de Samson et Dalila, brûle de lui donner un rôle dans le film qu’il va faire, espère-t-elle, d’après un scénario qu’elle a écrit sur Salomé. C’est d’ailleurs pour améliorer ce scénario qu’elle a engagé Gillis. Au passage, elle lui a fourni logis et couvert, et l’a mis dans son lit. Norma vit dans une immense maison de Sunset boulevard, à Los Angeles, servie par un domestique, Max von Mayerling, joué par Erich von Stroheim, qui n’est autre qu’un ancien réalisateur, à l’origine de sa carrière, et son premier mari !
Le film montre les tentatives de Gillis d’échapper à l’emprise de cette dévoreuse, qui seront vaines, puisque l’ex-idole l’abat d’un coup de pistolet lorsqu’il veut partir. Et lorsque les journalistes débarquent chez elle pour filmer le fait divers, Max doit lui faire croire que ce sont les prises de vue de son film qui viennent de commencer et qu’on n’attend que l’apparition de la vedette.
C’est très kitsch dans l’esprit, et surtout dans le jeu de Gloria Swanson, mais pas du tout dans la réalisation, qui tire sur le film noir – une rareté dans l’œuvre de Billy Wilder, plutôt porté d’ordinaire sur la comédie. Gloria Swanson avait bel et bien été une vedette du cinéma muet, mais le parlant n’avait pas réduit sa carrière à néant, même si elle n’a tourné après Sunset boulevard que deux films de cinéma : sa carrière s’est poursuivie à la télévision, avec notamment un épisode de la série Alfred Hitchcock présente. Son dernier film fut Airport 1975 (en français, 747 en péril), en 1974. Elle est décédée neuf ans plus tard, à l’âge de 84 ans. Elle avait réellement travaillé avec DeMille, qui remodela son image pour en faire une femme fatale de l’écran, épousé Henry de la Falaise, un Français, marquis mais fauché, et fut aussi la maîtresse de Joseph Kennedy, le père du futur président, qui produisit pour elle Queen Kelly, film dirigé précisément par Erich von Stroheim.
Il faut noter que Cecil B. DeMille joue son propre rôle dans Sunset boulevard. Il avait d’ailleurs été acteur à ses débuts, en 1914, et il faisait les voix des narrateurs dans ses films. Apparaissent également Buster Keaton, auteur et acteur de génie, qui n’a ici qu’un mot à dire, et la chroniqueuse à scandales Hedda Hooper. Et l’on aperçoit de loin Henry Wilcoxon, acteur fétiche et producteur pour les films de DeMille, durant le tournage de Samson et Dalila.
De David O. Russell, en 1999. Version originale titrée Three kings. Scénario du réalisateur, d’après une histoire de John Ridley. Durée, 1 heure et 54 minutes. Couleurs (Technicolor), format 2,35/1. Sorti aux États-Unis le 27 septembre 1999, en France le 23 février 2000.
Une histoire abracadabrante sur fond de première guerre du Golfe : trois officiers et un soldat cherchent à mettre la main sur le trésor de Saddam Hussein. Très méprisants au début à l’égard des Arabes, leurs aventures les conduisent à changer de point de vue et à tenter d’aider les Irakiens. Le film est très satirique, et les méfaits de l’armée envoyée pour « délivrer » le Koweit, ce grand pays démocratique, forment l’essentiel des intentions du réalisateur. Naturellement, on ne croit pas une seconde à ce retournement de situation bien-pensant. Quant aux épisodes comiques, ils flottent au ras des paquerettes.
On ne parlerait pas de ce film si David O. Russell, réalisateur passablement capricieux quoique opportuniste, ne faisait pas partie du groupe surnommé « Les six samouraï », pour reprendre le titre d’un livre qui leur a été consacré par Sharon Waxman, correspondante du « Washington Post » et n’occupait une place importante dans ce livre, précisément pour ce film-ci, dont le tournage a été interminable et cahotique. Livre au demeurant assez mal écrit et mal fichu, mais qui a le mérite de faire tomber les masques de quelques-uns des nouveaux réalisateurs dits « indépendants » d’Hollywood, à savoir Quentin Tarantino, Steven Soderbergh, David Fincher, Paul Thomas Anderson, Spike Jonze et Russell lui-même. C’est du reste, de toute la bande, celui qui a le plus déçu, puisqu’il n’a fait ensuite que trois films, dont le dernier n’est pas encore sorti, et qui n’ont eu aucun succès.
Les vedettes de Three kings sont George Clooney, Mark Wahlberg, Ice Cube, et Saïd Taghmaoui, bien connu en France, qui joue un Irakien ayant perdu toute sa famille. Le film a coûté très cher, et n’a retrouvé un peu de pertinence qu’à l’occasion de la guerre d’Irak, soit quatre ans plus tard.
Version longue, sur 3 heures et deux parties, du film de Diane Kurys, lequel durait 1 heure et 57 minutes en salle. C’est bien meilleur, car les rôles qui avaient dû être raccourcis prennent un peu plus d’ampleur, notamment celui de Jacques Chazot, joué par Pierre Palmade, et qui était réduit à quelques apparitions et à quelques bons mots dans la version cinématographique. Certains personnages sont rétablis, comme celui de Régine (très épisodique), et quelques trucages permettent de voir la Françoise Sagan de Sylvie Testud incrustée dans des images d’archives, la montrant avec des vedettes de l’époque. On s’ennuie bien moins qu’au cinéma, puisque c’est moins sommaire.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.