Œuvres citées : Jardins de pierre – Gardens of stone – Apocalypse now – Le prisonnier d’Alcatraz – Birdman of Alcatraz – Le voleur de Bagdad – The thief of Bagdad
Personnes citées : Francis Ford Coppola – Ronald Bass – Nicholas Proffitt – James Caan – Anjelica Huston – John Ford – Frank Capra – John Frankenheimer – Guy Trosper – Thomas E. Gaddis – Robert Stroud – Burt Lancaster – Karl Malden – Thelma Ritter – Telly Savalas – Michael Powell – Ludwig Berger – Conrad Veidt – Tim Wheelan – William Cameron Menzies – Alexander Korda – Zoltan Korda – Miles Malleson – Lajos Biró – Joseph Goebbels – Marlene Dietrich – Sabu – Sabu Dastagir – John Justin
De Francis Ford Coppola, en 1987. Titre d’origine, Gardens of stone. Scénario de Ronald Bass, d’après un roman de Nicholas Proffitt. Version originale sous-titrée. Durée, 1 heure et 51 minutes. Couleurs, format 1,85/1. Sorti aux États-Unis le 8 mai 1987, en France le 6 janvier 1988.
C’est extrêmement bien réalisé, ce qui tend à masquer le caractère extraordinairement cocardier du film. On a l’impression que Coppola veut compenser Apocalypse now, où l’horreur de la guerre du Vietnam était au premier plan. Ces jardins de pierre, ce sont les cimetières militaires, et l’action du film est centrée sur celui d’Arlington, le principal et le plus connu des États-Unis.
Aucune remise en cause de l’armée ni de la guerre, et tous les personnages, sauf un, n’ont en tête que l’honneur militaire et la gloire du combat. Ainsi, le sergent instructeur joué par James Caan se met en ménage avec une journaliste du « Washington Post », journal en principe de gauche, et sa compagne, jouée par Anjelica Huston, n’a pas un mot pour défendre ses idées. En réalité, le seul personnage qui remette la guerre en cause est un avocat, qui apostrophe le sergent au cours d’une cérémonie, et se fait casser la figure. Or, non seulement il ne réclame aucune excuse, aucun dommage sanitaire pour sa mâchoire cassée, mais il fait lui-même des excuses pour avoir « joué au con » (sic) en agressant verbalement le militaire. Quant à la jeune recrue qui est le personnage central et le fil conducteur du récit, ce jeune homme n’a de cesse que d’aller se battre au Vietnam, où bien entendu il laissera la vie.
On est assez ébahi de voir Coppola jouer à ce point les patriotes, au point de reléguer John Ford et Frank Capra au rang des contestataires invétérés. Le film n’est à voir que pour la maîtrise de sa mise en scène, qui parvient, le temps de la projection, à faire oublier ce caractère très surprenant.
De John Frankenheimer, en 1962. Titre original, Birdman of Alcatraz. Scénario de Guy Trosper, d’après le livre de Thomas E. Gaddis. Version originale sous-titrée. Durée, 2 heures et 27 minutes. Noir et blanc, format 1,66/1. Sorti aux États-Unis le 3 juillet 1962, en France la même année à une date indéterminée, nouvelle sortie en France le 17 janvier 2001.
Il s’agit d’une histoire vraie. À 19 ans, Robert Stroud avait été condamné à neuf ans de prison, mais une bagarre en prison avait mal tourné : il tua un gardien, ce qui lui valut une condamnation à mort, ensuite commuée en détention à perpétuité, sans possibilité de voir d’autres détenus, au début. Il fit 53 ans et sortit donc à l’âge de 72 ans. Le film se contente de raconter sa passion pour les oiseaux, contractée par hasard et parce qu’il n’avait rien d’autre à faire. En fait, le titre original est trompeur, car il acquit sa science de l’ornithologie, non à Alcatraz, un pénitencier bâti sur un îlot, dans la baie de San Francisco, désaffecté depuis, mais à la prison de Leavenworth, au Texas. Par mesquinerie, l’administration pénitenciaire, voulant le priver de son principal loisir et le punir d’avoir acquis la célébrité et gagné de l’argent par la vente de ses livres et de ses remèdes pour les maladies des oiseaux, le muta dans la prison d’Alcatraz, le forçant ainsi à abandonner ses oiseaux et ses recherches scientifiques.
John Frankenheimer, qui avait débuté à la télévision, fut un très bon réalisateur, mais pas un auteur : il n’avait aucun sujet de prédilection. Sa plus belle période fut dans les années soixante, mais il tournait encore en 2001 – un an avant sa mort. Burt Lancaster est la vedette du présent film, avec Karl Malden, Thelma Ritter et un Telly Savalas qui n’avait débuté au cinéma que l’année précédente, venu lui aussi de la télévision.
De Michael Powell (officiellement), en 1940. « Officiellement », parce qu’ils ont été six sur la réalisation : il y eut aussi l’Allemand Ludwig Berger, qui avait quitté son pays à cause du nazisme (tout comme la vedette du film, Conrad Veidt), Tim Wheelan, William Cameron Menzies, Alexander Korda et Zoltan Korda, à des titres divers. Titre original, The thief of Bagdad. Scénario de Miles Malleson et Lajos Biró. Version originale sous-titrée. Durée, 1 heure et 46 minutes. Couleurs par Technicolor, format 1,37/1. Sorti à New York le 5 décembre 1940, en Grande-Bretagne et dans le reste des États-Unis le 25 décembre suivant, en France le 11 avril 1946.
Les deux vedettes sont aussi différentes que possible. Conrad Veidt avait été de ces acteurs célèbres qui ont incarné les espoirs des nazis, lesquels espéraient l’utiliser pour leur propagande, mais il fut insensible aux sollicitations de Joseph Goebbels et gagna l’étranger – tout comme Marlene Dietrich qui, ayant pris les devants dès 1930 et partie aux États-Unis, ne revint pas dans son pays natal. Quant à Sabu, de son nom complet Sabu Dastagir, c’était, lui, un jeune garçon né en Inde, à Karapur, province de Mysore, en 1924, où il avait été découvert par le cinéma. Il avait débuté à treize ans, et Le voleur de Bagdad est son troisième film, tourné à seize ans. Sabu fut très populaire, et continua de faire l’acteur, jusqu’à sa mort en 1963, d’une crise cardiaque. Quant à John Justin, qui joue le prince Ahmad, il débutait à 23 ans, il était très beau, et il tourna jusqu’en 1983, sans jamais accéder au vedettariat – c’était surtout un acteur de théâtre, bien qu’il parût dans quarante-trois films et téléfilms. Il ne mourut qu’en 2002.
Le film est une féerie fort agréable à voir, inspirée des Mille et une nuits, il n’y manque même pas le génie dans la bouteille !
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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.