Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Lawrence d’Arabie – Lawrence of Arabia – La matrice – Docteur Jivago – La fille de Ryan – Le pont de la Rivière Kwaï – Les grandes espérances – Oliver Twist – Oliver! – La soif du mal – Touch of evil – Badge of evil – Don Quichotte – Psychose
Personnes citées : David Lean – Thomas Edward Lawrence – Richard Attenborough – Charles Dickens – Orson Welles – Whit Masterson – Paul Monash – Franklin Coen – Akim Tamiroff – Janet Leigh – Joseph Cotten – Keenan Wynn
De David Lean, en 1962. Titre original, Lawrence of Arabia. Scénario de Robert Bolt et Michael Wilson, d’après les écrits de Thomas Edward Lawrence. Durée, 3 heures et 36 minutes. Couleurs (Technicolor), format 2,20/1, mais diffusé à la télévision dans le format 16/9, donc mutilé, ce qui convient très mal à ce film. Sorti au Royaume-Uni le 10 décembre 1962, en France le 15 mars 1963.
Le film est si connu qu’il n’est pas nécessaire de rappeler de quoi il s’agit. Lawrence, aujourd’hui encore, reste un personnage mystérieux, et divise les historiens : héros, imposteur, détraqué, refoulé sexuel ? (On ne lui a connu aucune aventure, ni féminine ni masculine, et il écrivit dans son livre La matrice qu’il ne voulait pas mettre en danger son « âme immortelle » en ayant, comme les autres hommes, une vie dissipée !). Complexe, en tout cas, et qui commença par être une célébrité avant de retomber volontairement dans l’anonymat : après son aventure en Arabie, il quitta l’armée, puis voulut plus tard s’engager comme simple soldat dans la RAF, sous un faux nom, mais il fut démasqué. Et il est mort, comme Coluche, d’un accident de moto ! Il avait 47 ans.
David Lean, lui aussi, est une célébrité, mais beaucoup moins scandaleuse ; en fait, il a fait figure de cinéaste officiel, un peu comme Richard Attenborough après lui. Des dix-neuf films qu’il a réalisés, je confesse n’avoir pas apprécié Docteur Jivago ni La fille de Ryan, ennuyeuses œuvres de prestige, mais j’aime beaucoup Lawrence d’Arabie, dans lequel il figure (il joue un motocycliste anonyme) et surtout Le pont de la Rivière Kwaï, énorme succès qui eut le mérite d’entrebailler une porte sur les atrocités japonaises pendant la Deuxième Guerre mondiale, porte que les Yankees avaient, par intérêt, fermée aux yeux de leurs alliés.
Mais tous ses films ne sont pas à grand spectacle, et il a tourné deux adaptations de Dickens, Les grandes espérances et l’inusable Oliver Twist, qui a servi tant de fois, la meilleure version étant l’adaptation de la comédie musicale Oliver!, un triomphe de la scène avant de passer à l’écran, et dont la musique, les décors, l’interprétation et la chorégraphie sont des modèles du talent britannique.
D’Orson Welles, en 1958. Titre original, Touch of evil. Scénario d’Orson Welles, d’après le roman de Whit Masterson Badge of evil. Ajouts de Paul Monash pour les scènes additionnelles de la première sortie, et de Franklin Coen pour les scènes retournées. Durée à l’origine, 1 heure et 35 minutes. Durée aux États-Unis dans la version de 1975, 1 heure et 48 minutes. Durée dans le montage voulu par Welles, 1 heure et 52 minutes. Noir et blanc, format au tournage, 1,37/1 ; format prévu pour l’exploitation, 1,85/1. Restauré en 1998. Sorti aux États-Unis le 23 avril 1958, en France le 8 juin de la même année.
Le film est apparemment un film policier banal, où s’affrontent, à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, une famille de malfrats, les Grandi, dominés par « Oncle » Joe (joué par Akim Tamiroff, acteur de quatre films de Welles, dont le mythique Don Quichotte où il était Sancho Pança), et deux policiers : l’un, mexicain, Vargas, et l’autre, capitaine de la police locale, Quinlan – Welles lui-même, qui joue une fois de plus un personnage sans scrupules. En fait, c’est l’éternel affrontement entre le Bien et le Mal, via une mise en scène virevoltante, appuyée sur une photographie étonnante et une musique vulgaire (à dessein) qui ne cesse presque jamais. Mais l’intéressant, c’est que le méchant de l’histoire n’est pas le sempiternel flic corrompu que nous infligent quatre-vingt-dix neuf films sur cent : la réalité est que Quinlan, obèse, handicapé, monstrueux, est le double en négatif de Vargas, puisque l’un et l’autre ne visent qu’un seul but, mettre les criminels hors d’état de nuire. Les méthodes seules diffèrent, car le policier mexicain entend rester dans la stricte légalité, alors que son rival, qui d’ailleurs le méprise, s’il ne trouve pas de preuves contre les malfrats, n’hésite pas à en fabriquer ! Et au besoin, ceux qu’il ne peut coincer, il les exécute de sa main.
Curiosité : deux ans avant Psychose, Janet Leigh connaît quelques ennuis dans un motel isolé !
La distribution est prestigieuse, et toutes les vedettes, employées dans de petits rôles, ne sont même pas citées au générique de fin (Joseph Cotten et Keenan Wynn ont été oubliés). La version actuelle corrige une bévue : Welles avait tourné en ouverture un plan-séquence resté célèbre, qui nous fait traverser tout le centre d’une ville-frontière et assister à un attentat à la bombe... mais il avait utilisé ce plan prodigieux pour y coller le générique ! Actuellement, ce générique a disparu, il est entièrement relégué à la fin.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.