Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Thérèse Raquin – Les visiteurs du soir – Une séparation – Jodaeiye Nader az Simin – Le passé – Lettre d’une inconnue – Letter from an unknown woman – Un sospiro – Les œufs de l’autruche – Jeux interdits – Ascenseur pour l’échafaud
Personnes citées : Marcel Carné – Charles Spaak – Simone Signoret – Jacques Duby – Raf Vallone – Sylvie – Roland Lesaffre – Asghar Farhadi – Max Ophüls – Franz Liszt – Denys de La Patellière – Shervan Sidery – Frédéric Grendel – André Roussin – Pierre Fresnay – Simone Renant – Georges Poujouly – Guy Bertil
De Marcel Carné, en 1953. Scénario du réalisateur et de Charles Spaak, d’après le roman d’Émile Zola. Durée, 1 heure et 42 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti en France le 6 novembre 1953.
Avant ce film de Marcel Carné, et hormis quelques adaptations à la télévision, le roman de Zola n’a été porté l’écran que par Jacques Feyder, en 1928. Le film était allemand, et muet.
Ici, les rôles sont tenus par des acteurs prestigieux : Simone Signoret dans celui de Thérèse, Jacques Duby dans celui de Camille, son minable mari, et Raf Vallone dans celui de Laurent, l’amant qui va tuer le mari. Il y a aussi cette actrice au regard terrifiant, Sylvie, qui joue la belle-mère de Thérèse et la traîne plus bas que terre. Enfin, il y a Roland Lesaffre, dans son meilleur rôle, qui est de presque tous les films de Carné, et qui, éternel second rôle, fut son légataire universel. Il a écrit son autobiographie, et je vous invite à consulter cet article : non, il n’était pas homosexuel, comme on le croit souvent !
L’histoire est celle d’un amour contrarié : mal mariée à un médiocre, Thérèse rencontre un camionneur italien, Laurent, qui l’aime et qu’elle aime. Mais le mari, mis au courant, les suit, et le drame a lieu dans un train : l’amant le balance par la portière à la suite d’une dispute. Or un marin, Riton – Roland Lesaffre, précisément –, a été le témoin de l’acte et fait chanter les deux amants. Ce n’est pas un mauvais bougre, pourtant, malgré son cynisme ; il a seulement besoin d’un peu d’argent pour démarrer dans la vie. Thérèse et Laurent payent, mais Riton meurt d’un accident, et, comme il avait rédigé par avance une lettre pour le juge chargé de l’affaire de la mort de Camille, la missive fatale est postée par sa petite amie provisoire, une fille qui ignore tout. La suite, laissée en suspens, se devine.
Le film est meilleur que certains films de Carné comme Les visiteurs du soir, sans toutefois être exempt de ce thème du destin qui est un peu pesant dans l’œuvre du réalisateur. Tous les acteurs sont parfaits, et le scénario est impeccablement conçu.
D’Asghar Farhadi, en 2011. Titre original, Jodaeiye Nader az Simin. Scénario du réalisateur. Durée, 2 heures et 3 minutes. Couleurs, format 1,85:1. Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 15 février 2001, en Iran le 16 mars 2011, en France le 8 juin 2011.
J’ai déjà écrit sur ce film, que la télévision a sorti, avec deux autres du même auteur, pour accompagner la sortie de son dernier film, Le passé, que je n’ai pas encore vu.
Ce qui frappe chez son réalisateur, c’est la perfection de ses scénarios, qui ne comportent aucune erreur, ni dans le récit, ni dans la cohérence des évènements et des comportements de ses personnages. À aucun moment, le spectateur ne se sent perdu, ni ne se demande pourquoi tel personnage agit ainsi, ou pourquoi tel fait a été oublié, voire ignoré, comme cela se produit constamment chez nous comme chez les réalisateurs d’Hollywood.
Quant à la mise en scène, c’est-à-dire la mise en place, à l’écran, des éléments nécessaires à la conduite du récit, elle est irréprochable.
Certains critiques reprochent à Farhadi son goût pour les retournements de situation, comme, dans le présent film, le fait que la pauvre femme qui a perdu son bébé ment depuis le début ; mais cela revient à reprocher à l’auteur de vouloir rendre son histoire intéressante !
De Max Ophüls, en 1948. Titre original, Letter from an unknown woman. Scénario du réalisateur et d’Howard Koch, d’après une histoire de Stefan Zweig. Durée, 1 heure et 26 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti aux États-Unis le 28 avril 1948, en France le 5 novembre 1948.
Mélodrame réalisé avec le raffinement propre à Ophüls (que le générique rebaptise « Opuls » – sic). Une jeune fille, Lisa, vit à Vienne avec sa mère veuve, et tombe amoureuse d’un pianiste connu, Stefan, qui s’est installé sur le même palier. Lorsque sa mère se remarie et va vivre à Linz, Lisa ne tient pas longtemps et revient à Vienne, où elle a une aventure avec le pianiste. Mais il doit aller donner un concert à Milan, promet de revenir dans deux semaines, ne revient pas et l’oublie. Lisa met au monde un fils. Dix ans plus tard, ils se retrouvent, et il ne se souvient pas d’elle, qui prend alors conscience de sa futilité et s’enfuit. Son fils meurt du typhus, puis Lisa meurt à l’hôpital, non sans lui avoir écrit une lettre. Stefan prend alors conscience à son tour du vide de sa vie, et se rend à un duel qu’il comptait fuir, et où il sera probablement tué.
Toutes les péripéties sont acompagnées par une musique romanesque, sur le thème d’Un sospiro, de Franz Liszt... que le générique oublie de mentionner !
De Denys de La Patellière, en 1957. Scénario du réalisateur, de Shervan Sidery et de Frédéric Grendel, d’après la pièce d’André Roussin. Durée, 1 heure et 22 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti en France le 30 août 1957.
La pièce avait eu à Paris un grand succès, et le film la reprend sans y changer grand-chose, et surtout pas le dialogue. C’est l’histoire d’un père de famille aux idées étroites, qui découvre que ses deux fils ne sont pas ce qu’il espérait, mais qui s’adaptera à la situation dès lors que son intérêt l’y poussera.
Pierre Fresnay fait son numéro mais avale la moitié des mots, Simone Renant est très digne, et Georges Poujouly, débutant dans Jeux interdits mais qui n’a pas eu, malgré quelques films notables (42 films et téléfilms), la carrière qu’il méritait, a ici dix-sept ans et va faire juste après le célèbre Ascenseur pour l’échafaud. L’auteur André Roussin joue un second rôle, et Guy Bertil, qui avait du talent et un visage expressif très mobile, bénéficie du rajout d’un personnage de journaliste n’existant pas dans la pièce et quasiment muet.
Notons que, parce qu’on avait une actrice japonaise à faire jouer, on a transformé la comtesse polonaise de la pièce en « comtesse japonaise » (sic !).
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.