Œuvres citées (en italiques, autres que des films de cinéma) : Dunkerque – Le Saint – Chapeau melon et bottes de cuir – Amicalement vôtre – Azur et Asmar – L’amant de Lady Chatterley – Léon morin, prêtre – Allemagne année zéro – Germania anno zero
Personnes citées : Leslie Norman – Sean Barrett – Marc Allégret – Gaston Bonheur – Philippe de Rothschild – David Herbert Lawrence – Danielle Darrieux – Sylvia Kristel – Jean-Pierre Melville – Roberto Rossellini
De Leslie Norman, en 1958. Titre original : Dunkirk. Scénario de Trevor Dudley Smith, David Divine et W.P. Lipscomb, d’après un livre de Ewan Butler et J.S. Bradford. Durée, 2 heures et 14 minutes. Noir et blanc, format 1,78:1. Sorti au Royaume-Uni le 20 mars 1958, en France le 22 octobre 1958.
Il ne s’agit pas du dernier film de Christopher Nolan, sorti avant-hier ! En effet, entre 1958 et aujourd’hui, on recense huit films sur le désastre de Dunkerque, survenu en mai 1940. Celui dont il est question ici est donc le tout premier, et il est dû à un réalisateur britannique, Leslie Norman, qui avait débuté à quatorze ans aux Warner Brothers Teddington Studios, où il avait pour mission de balayer les salles de montage, avant de devenir monteur puis assistant réalisateur. À partir de 1964, il n’a plus travaillé que pour la télévision, avec Le Saint, Chapeau melon et bottes de cuir et Amicalement vôtre. Mais Dunkerque est très réussi, quoique un peu lent à démarrer : on ne voit la plage de Dunkerque qu’au bout d’une heure et demie !
Plusieurs grands acteurs jouent les rôles principaux. Ils sont tous décédés, le seul survivant est Sean Barrett, qui incarnait à dix-huit ans le personnage attachant du jeune Frankie. Il vit et travaille toujours comme acteur, avait débuté à douze ans à la télévision, et a tourné dans 106 productions, en comptant les téléfilms et le doublage des films étrangers (dont Azur et Asmar), et même les jeux vidéo !
De Marc Allégret, en 1955. Scénario du réalisateur, de Gaston Bonheur et de Philippe de Rothschild, d’après le roman de David Herbert Lawrence. Durée, 1 heure et 41 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti en France le 7 décembre 1955.
Le roman de Lawrence a été soigneusement édulcoré de ses passages hardis et de son langage vert. Reste donc un drame bourgeois auquel on ne croit qu’à moitié, en dépit du talent des acteurs et du directeur de la photographie. Évidemment, Danielle Darrieux est parfaite. Il y eut une autre version en 1981, avec Sylvia Kristel, mais elle est tombée dans l’oubli.
De Jean-Pierre Melville, en 1961. Scénario du réalisateur, d’après le livre de Béatrix Beck. Durée, 1 heure et 57 minutes. Noir et blanc, format 1,66:1. Sorti en Italie (Festival de Venise) le 3 septembre 1961, en France le 22 septembre 1961.
Melville faisait principalement des films d’hommes : gangsters, policiers, etc. Les femmes sont rares dans ses histoires. Or, ici, Emmanuelle Riva joue le personnage principal, Brany, une demi-Juive mère d’une enfant, et cela durant l’Occupation de la France, d’abord par les Italiens, puis par les Allemands. Elle désirait obtenir le parapluie de l’Église catholique pour lui éviter des ennuis, et entrait en relation avec le curé du village, que jouait Jean-Paul Belmondo. Mais leur relation commençait bizarrement, puisque les premiers mots qu’elle lui adressait (dans le confessional !), c’était « La religion est l’opium du peuple ! ». Néanmoins le curé ne se démontait pas et entrait dans son jeu. Tout, ensuite, débouchait sur une amitié bizarre mais réelle, faite de discussions philosophiques et théologiques, jusqu’au jour où Barny comprenait qu’elle était tombée amoureuse du prêtre, alors que ce n’était pas réciproque du tout.
Melville avait une particularité : il réalisait les intérieurs de ses films dans son propre studio, et pas en banlieue, puisque celui-ci se situait à Paris même, rue Jenner, derrière l’hôpital de la Pitié-Salpétrière.
Il faut convenir que, malgré la remise à neuf du film, l’image n’est pas fameuse. Mais les deux acteurs principaux sont si bons qu’on n’y attache aucune importance.
De Roberto Rossellini, en 1948. Scénario du réalisateur, dialogues de Max Kolpé. Durée, 1 heure et 18 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 10 juillet 1948, en France le 2 février 1949.
Rossellini a tourné ce film dans un Berlin réduit à l’état de ruines, en 1947, à la fin de la guerre. Là, Edmund Koehler, un garçon de 12 ans qui ne va plus à l’école, passe ses journées à rechercher de la nourriture pour sa famille, logée dans un immeuble dévasté, qu’elle partage avec la famille du propriétaire. Dix personnes s’entassent là, et manquent de tout : ravitaillement, eau, électricité. Ses sœurs tentent de survivre sans avoir à se prostituer auprès des soldats alliés vainqueurs, tandis que le frère aîné, qui a été dans l’armée nazie, se cache pour ne pas aller en prison. Quant au père, il est malade et ne quitte pas le lit.
Edmund retrouve alors son ancien instituteur, qui n’exerce plus, vit de petits trafics, et fournit des jeunes garçons à des hommes aisés. Mais il enseigne aussi à Edmund que les faibles doivent disparaître, et le garçon, qui voit sa famille s’enferrer à cause du père malade, en vient à... tuer le père en l’empoisonnant !
La fin est mélodramatique : l’enfant erre dans les ruines, puis se suicide en se jetant dans le vide.
Ce dénouement, excessif, affaiblit le film, qui, du coup, perd beaucoup en crédibilité.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.