Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Noblesse oblige – Kind hearts and coronets – Israel Rank: The autobiography of a criminal – Lady Clara Vere de Vere – L’opéra des gueux – Oliver! – Au-delà de la gloire – The big red one – Deuxième nocturne de Frédéric Chopin – Full metal jacket – Star Wars – 1941 – Courage fuyons – Un éléphant, ça trompe énormément – Indiana Jones
Personnes citées : Robert Hamer – John Dighton – Roy Horniman – Alfred Tennyson – Alec Guiness – Michael Balcon – Alfred Hitchcock – Douglas Slocombe – Samuel Fuller – Marthe Villalonga – Lee Marvin – Frédéric Chopin – Mark Hamill – Stanley Kubrick – Bobby Di Cicco – Steven Spielberg – Guy Marchand – Stéphane Audran – Yves Robert – Jean-Loup Dabadie – Catherine Deneuve – Jean Rochefort – Christophe Bourseiller
De Robert Hamer, en 1949. Titre original, Kind hearts and coronets. Scénario du réalisateur et de John Dighton, d’après le roman de Roy Horniman Israel Rank: The autobiography of a criminal. Durée, 1 heure et 46 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti au Royaume-Uni le 21 juin 1949, en France le 10 février 1950.
Le titre original fait référence à un poème de Tennyson, daté de 1842, Lady Clara Vere de Vere. Le film, qui n’est pas tout à fait aussi drôle que le laisse entendre sa réputation, montre comment le fils d’une femme de la noblesse, reniée pour s’être mésalliée en épousant un chanteur d’opéra italien, venge sa mère en assassinant une demi-douzaine de membres de la famille dont elle était issue, et, par là même, ayant éliminé tous les obstacles, se trouve hériter de la couronne ducale. Mais il est arrêté et condamné à mort pour un méfait qu’il n’a pas commis, et qui, en réalité, était un suicide. Innocenté pour avoir accepté d’épouser la veuve du suicidé, il sort de prison, mais oublie dans sa cellule ses mémoires, où il racontait tous ses crimes.
À sa sortie de prison, confronté entre sa véritable épouse, qu’il aime, et la femme qui l’a fait chanter, il cite un extrait de L’opéra des gueux, “How happy could I be with either, Were t’other dear charmer away!”
Il faut noter que la version exploitée aux États-Unis a été censurée : on y a ajouté dix secondes à la fin, pour montrer que Louis Mazzini est surpris avant qu’il puisse récupérer ses mémoires, ajout bien inutile ; le dialogue entre lui et la veuve du suicidé a été « nettoyé » des allusions à l’adultère qui les avait réunis ; et, dans une chanson, le mot nigger a été remplacé par sailor (marin) !
Le film est surtout connu pour les huit rôles, dont celui d’une femme, joués par Alec Guiness. Il faut dire que ces passages sont courts et ne se situent que dans la première moitié du film. Néanmoins, ils justifient sa vision, tant ses transformations sont pittoresques.
Notons que le film a été produit par Michael Balcon, qui fit débuter Alfred Hitchcock, et que la photographie est du grand Douglas Slocombe, qui, presque vingt ans plus tard, fit celle d’Oliver!, prodigieux succès, puis des trois premiers épisodes d’Indiana Jones. Il aura cent ans le 10 février.
De Samuel Fuller, en 1980. Titre original, The bid red one. Scénario du réalisateur. Durée, 1 heure et 53 minutes. Noir et blanc et couleurs (Metrocolor), format 1,85:1. Sorti en France le 28 mai 1980, aux États-Unis le 18 juillet suivant.
Un film de guerre états-unien avec... Marthe Villalonga, ça vous dirait ? Surtout avec la chère Marthe en aubergiste belge ! Ne hurlez pas, ça existe, témoin la photo ci-dessous : elle joue pour Lee Marvin le Deuxième nocturne en mi bémol majeur de Frédéric Chopin, et sans être doublée (elle sait jouer du piano). Auparavant, la veinarde avait été embrassée – sur la joue, rien n’est parfait – par Mark Hamill.
Si le titre français de ce film ne veut pas dire grand-chose, le titre original doit être explicité : ce grand « 1 » rouge est un écusson trouvé sur un soldat allemand vers la fin de la Première Guerre mondiale, et qui va devenir l’emblème d’une unité de l’armée des États-Unis s’illustrant dans la Deuxième Guerre mondiale. Samuel Fuller, grand réalisateur de films d’action, fait ici son chef-d’œuvre, probablement le meilleur film de guerre jamais tourné – avec le Full metal jacket de Kubrick, la différence étant que Kubrick n’a jamais fait aucune guerre et adaptait des romans, alors que Fuller racontait ses propres souvenirs.
Tourné en Irlande, en Israël et dans la forêt califonienne de San Bernardino, The bid red one commence le 11 novembre 1918, jour de l’armistice, dans un prologue en noir et blanc. Ignorant que la guerre est finie depuis quatre heures, le sergent incarné par Lee Marvin (il n’a pas de nom) tue un soldat allemand, avant que ses hommes lui révèlent qu’il a ainsi commis un meurtre : « Je n’en savais rien, mais lui le savait », commente-t-il sobrement. Un épisode identique se produira à la fin de l’histoire, mais cette fois, le sergent fait tout pour sauver sa victime, qui n’est que blessée. Entre-temps, on aura suivi le personnage et quatre de ses hommes, qui survivront tous, depuis le débarquement en Afrique du Nord en 1942, en passant par la Sicile, puis l’Angleterre, puis Omaha Beach en Normandie, puis la Belgique, puis l’Allemagne, puis encore la Belgique, jusqu’à la fin de la guerre. Là se place une scène quasiment onirique, où le sergent, marchant le long d’un canal, porte sur son dos un enfant juif, qui meurt soudain sans un mot.
Les diverses péripéties, qui évitent aussi bien le gore que la sentimentalité – la plaie des films de guerre –, sont d’une grande originalité, et portent la marque d’un véritable auteur. Je vous recommande la scène d’accouchement la plus drôle de l’histoire du cinéma, où un soldat ayant quelques notions de médecine doit accoucher une Française : comme il n’a pas de gants stériles, on lui recouvre chaque doigt avec... un préservatif, et on lui met sur le bas du visage, en guise de masque, l’enveloppe d’un fromage. Et là-dessus, Lee Marvin qui répète sans cesse « Poussez ! Poussez ! », et en français.
Les personnages sont magnifiquement incarnés par des acteurs jeunes et beaux, dont Mark Hamill, qui venait de terminer le deuxième volet de Star Wars (il en est actuellement à 242 films et téléfilms !), et Bobby Di Cicco, déjà vu dans le 1941 de Spielberg, trois ans plus tôt. En prime, Guy Marchand dont on n’entend que la voix, et Stéphane Audran en fausse folle qui égorge des soldat allemands.
Le film existe en DVD, mais seulement en zone 1. Aucun éditeur français n’a songé à le sortir chez nous.
D’Yves Robert, en 1979. Scénario du réalisateur et de Jean-Loup Dabadie. Durée, 1 heure et 40 minutes. Couleurs (Eastmancolor) , format 1,66:1. Sorti en France le 17 octobre 1979.
Yves Robert a été un très bon réalisateur de comédie, dont il écrivait généralement le scénario et les dialogues avec Jean-Loup Dabadie. Ce film-ci n’est certes pas son meilleur, car l’histoire s’égare un peu avec cette aventure extraconjugale d’un lâche impénitent, et on peine un peu à croire que Catherine Deneuve s’éprenne d’un tel minable. Le même thème du mari qui trompe sa femme était beaucoup mieux traité dans Un éléphant, ça trompe énormément, réalisé deux ans plus tôt. Mais enfin, le commentaire en off dit par Jean Rochefort, qu’on peut qualifier d’auto-sarcastique, est présent dans les deux films, et il est délectable.
On retrouve avec plaisir Christophe Bourseiller, en jeune gauchiste nonchalant, et qui a quitté le métier pour devenir journaliste et spécialiste du Parti Communiste !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.