Œuvres citées : Mon oncle d’Amérique – L’année dernière à Marienbad – Ten – From Tehran to London – 10 + 4 – Dah be alaveh chaha – Le prénom
Personnes citées : Alain Resnais – Jean Gruault – Henri Laborit – Abbas Kiarostami – Amin Maher – Mania Akbari – Mir-Hossein Moussavi – Mahmoud Ahmadinejad – Sohrab Erabi – Alexandre de La Patellière – Matthieu Delaporte – Patrick Bruel
D’Alain Resnais, en 1980. Scénario de Jean Gruault, d’après les écrits d’Henri Laborit. Durée, 2 heures et 5 minutes. Couleurs (Eastmancolor), et noir et blanc pour les archives. Format 1,66:1. Sorti en France le 2 mai 1980.
Arte a diffusé ce film hors programme, en raison de la mort récente d’Alain Resnais. Le film, en réalité, est basé sur les écrits du professeur Henri Laborit (1914-1995), chirurgien, neurobiologiste et spécialiste du comportement animal, qui apparaît dans le film pour exposer ses idées sur ces questions très particulières – sans, à vrai dire, pouvoir les prouver. En réalité, le scénariste a imaginé des histoires fictives illustrant les théories du célèbre scientifique, mais il faut avouer que ces histoires fort banales sont, de plus, passablement tirées par les cheveux, au point qu’on se demande s’il n’aurait pas été plus simple de filmer le professeur faisant une conférence et montrant ses expériences de laboratoire : le film en aurait été plus court, probablement plus intéressant, et moins fertile en illustrations grotesques, comme ces personnages humains affublés de têtes de rats !
Cela est filmé avec professionnalisme, techniquement parfait, mais je persiste à penser que Resnais, qui a été cauchemardesque avec L’année dernière à Marienbad, est en réalité un auteur parfaitement ennuyeux. Ce film-ci est une curiosité, sans plus.
(Il n’y a aucun oncle d’Amérique dans le film. Le titre est un extrait d’une phrase de dialogue sans aucun rapport avec l’histoire)
D’Abbas Kiarostami, en 2002. Scénario du réalisateur. Durée, 1 heure et 31 minutes. Couleurs, format 1,66:1. Sorti en France le 20 mai 2002 au Festival de Cannes, puis en salles le 18 septembre suivant.
J’avais parlé de ce film sur la condition des femmes iraniennes lors de sa sortie, le 18 septembre 2001. Précisons qu’il n’est jamais sorti en Iran !
Voici quelques indications supplémentaires.
Le petit garçon du film, Amin Maher, qui apparaît dans quatre séquences sur les dix, et qui a environ vingt-deux ans aujourd’hui, n’est pas devenu acteur, en dépit de ses dons, mais assistant-réalisateur et assistant de production en 2012, pour le film de Mania Akbari, sa mère, From Tehran to London. Il est seulement apparu en 2007 dans 10 + 4, alias Dah be alaveh chahar, film également réalisé par sa mère (qui tenait précisément ce rôle dans Ten), et où elle racontait sa lutte contre le cancer – elle a subi l’ablation du sein.
On a su, le 23 juin 2009, qu’Amin avait été arrêté par la police, à Téhéran (il avait donc dix-sept ans et il était en première). Sa mère n’a pu le voir que le lendemain au commissariat de Pasdaran. Raison de son arrestation : avoir... porté un bandeau vert pour afficher son soutien à Mir-Hossein Moussavi, ancien Premier ministre et candidat réformiste pendant la campagne pour l’élection présidentielle, contre Mahmoud Ahmadinejad. Sur intervention d’artistes et amis de sa mère, il a été relâché dans la journée. Il avait entendu des menaces et reçu des coups.
Il est possible de le voir dans les quelques scènes « en coulisses » qu’il a réunies dans un court métrage sur le film From Teheran to London, et a mis en ligne le poème qu’il a écrit sur Sohrab Erabi, un étudiant de 19 ans qui a été tué par balles le 15 juin 2009, au cours des mêmes manifestations.
D’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, en 2012. Scénario des deux réalisateurs, d’après leur pièce. Durée, 1 heure et 49 minutes. Couleurs, format 2,35:1. Sorti en France le 25 avril 2012.
La pièce avait eu un énorme succès, et le film, un huis-clos encadré par deux scènes peu utiles, en a hérité. Il faut dire que cette histoire est très bien construite, et ne table pas uniquement sur le mystère tournant autour du prénom envisagé pour le bébé à naître, puisque une seconde énigme se pointe immédiatement après. Quant à la chute finale, qui renvoie dans le néant la première controverse, elle est bienvenue, si elle n’est pas vraiment inattendue.
Les acteurs sont excellents, et on mesure combien Patrick Bruel est autre chose qu’un chanteur à succès pour minettes.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.