Œuvres citées : Bellissima – Piège mortel – Deathtrap – Sleuth – Le limier – Les diaboliques – Le crime était presque parfait
Personnes citées : Luchino Visconti – Alessandro Blasetti – Anna Magnani – Sidney Lumet – Jay Presson Allen – Ira Levin – Joseph L. Mankiewicz – Michael Caine – Henri-Georges Clouzot – Alfred Hitchcock – Christopher Reeve
De Luchino Visconti, en 1951. Scénario du réalisateur et de Cesare Zavattini, Suso Cecchi D’Amico et Francesco Rosi. Durée, 1 heure et 55 minutes. Noir et blanc, format 1,37:1. Sorti en Italie le 28 décembre 1951, en France le 12 avril 1961.
L’histoire est simpliste : une femme du peuple, frustrée, autoritaire, ignare et volubile, tente de faire engager sa fille de sept ou huit ans dans la distribution d’un film que doit réaliser Alessandro Blasetti, personnage réel qui apparaît dans le film, et pas sous son meilleur jour. Au passage, elle graisse la patte d’un petit escroc qui travaille dans l’équipe du cinéaste, et qui parvient à lui faire décrocher une audition. Mais, intimidée, l’enfant fond en larmes et se ridiculise dans le bout d’essai qu’elle tourne, si bien que la mère, furieuse que toute l’équipe se soit esclaffée, part avec son enfant. Mais Blasetti revoit la séquence et décide d’engager la gosse, qu’il trouve très drôle, et on expédie chez la mère quelques acolytes porteurs d’un contrat, qu’elle refuse de signer après avoir été échaudée.
Le film est une satire du milieu frelaté du cinéma, et un boulevard pour Anna Magnani, qui cabotine à tout va et hurle sans cesse un dialogue envahissant qu’on devine partiellement improvisé. Walter Chiari, qui jouait souvent des rôles comiques, interprète le petit escroc.
À cette époque, Visconti faisait des films sur le petit peuple. Plus tard, il n’a plus montré que des aristocrates et des gens très riches. Curieuse carrière...
De Sidney Lumet, en 1982. Scénario de Jay Presson Allen, d’après la pièce d’Ira Levin. Durée, 1 heure et 56 minutes. Couleurs (Technicolor), format 1,85. Sorti aux États-Unis le 19 mars 1982, jamais sorti en France.
Le film rappelle beaucoup Sleuth (en français, Le limier), de Joseph L. Mankiewicz, sorti dix ans plus tôt avec le même interprète Michael Caine. Dans les deux cas, une pièce de théâtre à rebondissements, avec très peu de personnages, Sleuth n’en ayant que deux ! Ici, il s’agit d’une machination ourdie par deux hommes, deux auteurs de pièces policières, l’un sur le déclin, l’autre assez prometteur, qui sont amants, mais le premier est marié et veut se débarrasser de sa femme fortunée en la faisant mourir d’une crise cardiaque, tout comme dans Les diaboliques de Clouzot.
Bien sûr, la morale est sauve, puisque les deux criminels finissent par s’éliminer eux-mêmes mutuellement, et la pièce de théâtre qu’ils projetaient de porter à la scène échoit à une voisine, cinglée mais rusée, qui s’en approprie le texte et devient célèbre.
Tout cela est très drôle, et Lumet déploie tout son talent de réalisateur, dans un décor quasiment unique, ce qui n’est pas sans rappeler le film d’Hitchcock Le crime était presque parfait, où là encore un mari tentait de se débarrasser de sa femme, film d’ailleurs cité dans le dialogue.
Les retournements de situation, très sarcastiques, classiques dans le genre, sont nombreux, et les deux interprètes masculins, Caine et Christopher Reeve, sont parfaits.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.