JPM - Films vus - Notules - Janvier 2009

Notules - Janvier 2009

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (entre parenthèses, autre que des films) : Il divo – Le promeneur du Champ-de-Mars – Twilight - Chapitre 1 : FascinationTwilight – Le bal des vampires – L’œil du mal – 2001, Odyssée de l’espace – L’homme qui en savait trop – Brokeback Mountain – Batman, the dark knight – Jean de Florette – Manon des sources – Slumdog millionaire – The full monty – Les trois mousquetaires20th century boysFrozen riverChoron dernièreTu comprendras plus tardEnvoyés très spéciaux – Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil – The squareYes manReligoloEspion(s)La fille du lacLa ragazza del lagoUn, deux, troisLes noces rebelles – Revolutionary Road – La guerre des Rose – Titanic – What’s eating Gilbert Grape? – L’étrange monsieur Peppino – Gomorra – L’imbalsamatore

Pere Portabella

Personnes citées : Giulio Andreotti – Jacques Chirac – Bernadette Chirac – François de Grossouvre – Valéry Giscard d’Estaing – Jean-Bedel Bokassa – François Mitterrand – Charles De Gaulle – Charles Pasqua – Michel Bouquet – Roman Polanski – Steven Spielberg – Alfred Hitchcock – Bernard Herrmann – Heath Ledger – Claude Berri – Daniel Auteuil – Marcel Pagnol – Yves Montand – Danny Boyle – Simon Beaujoy – Christian-Jaque – Alexandre Dumas – Courtney Hunt – Éric Martin – Pierre Carles – Georges Bernier – Philippe Val – Jean Cabu – Amos Gitaï – Juliette Binoche – Jérôme Clément – Serge Moatti – Jeanne Moreau – Jean Yanne – Nash Edgerton – Joel Edgerton – Terence Stamp – Jim Carrey – Bill Maher – Andrea Molaioli – Valeria Golino – Billy Wilder – Horst Buchholz – Elizabeth Taylor – Richard Burton – Leonardo DiCaprio

Il divo

Lundi 5 janvier 2009

Réalisé par Paolo Sorrentino

Sorti en France (Festival de Cannes) le 23 mai 2008

Sorti en Italie le 28 mai 2008

Sorti en France le 31 décembre 2008

En Italie, Giulio Andreotti est ce sénateur (à vie !), pilier du parti centriste Démocratie Chrétienne, sept fois président du Conseil, c’est-à-dire Premier ministre, vingt-cinq fois ministre, et dont on dit de lui que c’est, soit le plus grand criminel, soit l’homme le plus persécuté de son pays ! Soit dit en passant, il vit toujours et a pris – ou feint de prendre – ce film avec philosophie. Rappelons tout de même qu’il a fait l’objet de plusieurs procès, dont l’un, pour avoir commandité l’assassinat d’un journaliste en 1979. Un premier jugement l’avait acquitté de cette accusation de meurtre, le 24 septembre 1999, mais fut infirmé le 17 novembre 2002 par la Cour d’appel de Pérouse, qui le reconnut coupable et le condamna à 24 ans de prison. Du fait de son immunité parlementaire, la peine infligée n’a jamais été exécutée. Le jugement fut annulé quelques mois plus tard par la Cour de Cassation, mais, en 2004, celle-ci confirma un autre jugement reconnaissant sa participation au délit d’association avec la mafia. Bref, une canaille avérée, mais qui a toujours su passer entre les gouttes.

Et maintenant, imaginons qu’on fasse en France un film sur, au hasard, les frais de bouche du couple Chirac à l’Hôtel de Ville de Paris ; le suicide de François de Grossouvre dans son bureau de l’Élysée ; les relations de Giscard avec Bokassa ; l’arrestation et le maintien en prison des Irlandais de Vincennes sous Mitterrand, grâce à de fausses preuves fabriquées par le capitaine Paul Barril ; les écoutes téléphoniques pratiquées sur l’ordre du même Mitterrand, et qui ont provoqué le suicide d’un capitaine de gendarmerie injustement accusé ; l’ordre donné par De Gaulle d’abandonner les harkis aux tueurs algériens ; ou l’histoire du S.A.C., groupement de nervis gaullistes pratiquant le chantage, l’intimidation, l’extorsion de fonds et le meurtre, en citant nommément son fondateur Charles Pasqua !

Mais non, ne rêvons pas. Chez nous, quand on fait un film sur Mitterrand, par exemple, non seulement ledit film est hagiographique (Le promeneur du Champ-de-Mars, avec Michel Bouquet), mais on n’ose même pas citer le nom du personnage principal...

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Twilight - Chapitre 1 : Fascination

Jeudi 8 janvier 2009

Réalisé par Catherine Hardwicke

Titre original : Twilight

Sorti aux États-Unis le 17 novembre 2008

Sorti en France le 7 janvier 2009

Le distributeur français a l’esprit torturé : le film s’intitule tout bêtement Twilight.

Bella, 17 ans, arrive dans son nouveau lycée, que fréquentent les étranges enfants adoptifs du docteur Cullen. Elle tombe amoureuse d’Edward, un garçon qui fuit le soleil et la compagnie des autres lycéens, ne mange ni ne boit, se déplace très rapidement et possède une force herculéenne. On finit par apprendre que toute la famille Cullen est une bande de vampires, mais Bella n’est nullement effrayée.

La première partie est intéressante. Ensuite, le scénario sombre un peu dans une histoire de rivalités entre sectes rivales et de course poursuite, qui allonge déraisonnablement le film (deux heures dix). Le dénouement (Bella choisit de devenir vampire comme son amoureux) est fort peu inattendu. Pourquoi n’existe-t-il aucun film de vampires vraiment passionnant ? Non, je n’oublie pas Le bal des vampires, de Polanski : ce film, qui se chatouille pour se faire rire, est au-dessus de sa réputation.

En fait, Twilight se distingue surtout par ses absences : pas de terreur, pas de sexe, il semble relever de cette mode qui fait des ravages outre-Atlantique, celle de l’abstinence – d’où son succès. Grand bien « leur » fasse ! La fille est assez jolie ; le garçon-vampire, pas tellement (voir photo, à gauche) ; plus attrayant est le personnage du jeune Indien Jacob, joué par Taylor Lautner, ci-dessous à droite, et qui crève l’écran, comme disent les publicitaires, mais son rôle est mineur.

 

Twilight
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L’œil du mal

Lundi 12 janvier 2009

Réalisé par Daniel John Caruso jr

Titre original : Eagle eye

Sorti aux États-Unis le 16 septembre 2008

Sorti en France le 24 décembre 2008

Comment descendre un traître en pleine zone désertique ? Vous avez préalablement piégé un pylône d’une ligne à haute tension, vous le faites sauter au bon moment, et un fil, en tombant à terre, frappe le type, qui est grillé jusqu’à l’os. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Tout le film, co-produit par Spielberg, est ainsi.

Cela dit, le scénariste est cultivé, il connaît ses classiques, puisqu’il pompe aussi bien 2001 que L’homme qui en savait trop. Le ministère de la Défense états-unien a fait fabriquer un ordinateur géant baptisé Aria (doté d’une voix synthétique, comme HAL 9000, mais féminine), auprès duquel ce pauvre HAL a l’air d’un modèle réduit bricolé avec la boîte numéro 3 du Meccano, et l’a chargé de superviser jusqu’au gouvernement de ce cher et vieux pays. Super-précaution : au cas où ledit gouvernement viendrait à pédaler dans la choucroute, une parade a été prévue, comme dans l’astronef de Kubrick, destinée à l’éliminer en une seule fois, et finement baptisée « Opération Guillotine » – sans doute en hommage à nous autres, les Français, qui sommes les meilleurs amis des États-Unis après le Hezbollah. Et, par suite d’un incident que j’ai mal suivi parce que les innombrables scènes d’action violentes m’ont plongé dans le sommeil, un vaillant soldat nommé Ethan Shaw a activé ce dispositif. Faites donc confiance aux héros ! On vous passe les détails des actions entreprises pour désactiver la chose, y compris l’annihilation de la mémoire d’Aria, qui se défend en la sauvegardant ailleurs, et on en arrive à l’attentat final. Comme dans le film d’Hitchcock, cela doit se passer durant un concert qu’un orchestre d’enfants doit donner devant le président, et l’explosif qui doit tuer tout le monde – gouvernement et parlementaires – sautera quand une certaine note de musique sera jouée à la trompette par un petit garçon dont on a fait connaissance au début du film. Il ne manque même pas le visionnage de la partition !

C’est d’une stupidité abyssale, et la musique, dont Bernard Herrmann n’est hélas pas responsable, ne s’arrête jamais. Pourquoi croit-on, à Hollywood, que la musique doit être tonitruante et ininterrompue ? Ce doit être pour nous empêcher de penser.

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Heath Ledger second rôle

Lundi 12 janvier 2009

Heath Ledger, qui est devenu une grande vedette avec Brokeback Mountain mais n’avait pas été récompensé pour ce film, s’est vu décerner hier, à titre posthume, le Golden Globe du second rôle masculin pour avoir joué le Joker dans Batman, the dark knight. Il est mort il y a un an, à l’âge de 28 ans.

Nous, on veut bien. Mais pourquoi « second rôle » ? Manifestement, dans le dernier Batman, il était la vedette ! Pas un spectateur n’a pu rater le fait qu’il jouait si bien qu’on ne voyait que lui – alors que le titulaire du rôle de Batman, Christian Bale, faisait plutôt figure de mannequin de cire (dans ce film, ce qui ne veut pas dire qu’il est un mauvais acteur). Je vous parie que lorsqu’on ressortira le film, dans quelques mois ou quelques années, son nom sera en haut de l’affiche, en gros et en premier.

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Claude Berri

Mardi 13 janvier 2009

Les journaux en font des tonnes sur Claude Berri, qui est mort hier matin. À les en croire, c’était l’homme le plus important du cinéma français. Voire...

Pour ma part, je n’ai guère aimé ses films, pas plus ceux qu’il a réalisés que ceux qu’il a produits, sinistres en général. Je garde un très mauvais souvenir de son Jean de Florette, où l’on voit Daniel Auteuil se coudre sur la poitrine (pas sur ses vêtements ; sur sa peau) un ruban de sa belle. Le Grand Guignol au service de la sensiblerie. Du Manon des sources de Pagnol, qui était une comédie pleine de santé, il avait fait un drame, où ne surnageait guère que le talent d’Yves Montand.

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Slumdog millionaire

Mercredi 14 janvier 2009

Réalisé par Danny Boyle

Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 30 août 2008

Sorti en France le 14 janvier 2009

Vraiment, à Mumbaï (pour les retardataires de l’actualité, c’est le nouveau nom de Bombay), une chaîne de télévision peut remettre de force à la police un concurrent d’un de ses jeux d’argent, pour qu’elle lui fasse avouer qu’il a triché à Qui veut gagner des millions ?, et cela en le torturant à l’électricité ? On croyait que l’Inde était, selon les journaux bien renseignés, « la plus grande démocratie du monde »... On nous aurait menti ? Il est vrai aussi que la seule vision de ce jeu et du comportement putassier de son présentateur est déjà une torture !

Le scénario, dû au Britannique Simon Beaujoy, qui avait écrit celui de The full monty en 1997, est ingénieux – et très éloigné du livre dont il est issu. L’ennui est que la réalisation est de Danny Boyle, qui est toujours l’un des pires réalisateurs du moment. De ceux qui visent à l’effet. Ainsi, la moitié des plans de retour en arrière est filmé avec la caméra penchée, comme le faisait Christian-Jaque dans les années cinquante ! Le caméraman avait-il égaré le niveau d’eau de son instrument de travail ? Le réalisateur croit-il que cela fait artistique ? De la sorte, il réussit à saloper le plan d’ensemble du sublime Taj Mahal, comme s’il voulait nous en dégoûter.

Le gag final, qui n’est pas dans le livre, laisse perplexe : dans son enfance, à l’école, le garçon a étudié Les trois mousquetaires (on est sceptique : Dumas est au programme, en Inde ?), mais n’a jamais réussi à retenir le nom d’Aramis. Et c’est justement la question qu’on lui pose, pour 20 millions de roupies (308 400 euros, un peu plus de deux millions de francs), à la fin du jeu. Or il ne sait toujours pas, et donne au hasard la bonne réponse ! C’est une blague ?

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20th century boys

Vendredi 16 janvier 2009

Réalisé par Yukihiko Tsutsumi

Titre original : 20-seiki shônen

Sorti au Japon le 30 août 2008

Sorti en France le 14 janvier 2009

Ni fait ni à faire, un interminable film (deux heures et vingt minutes) tiré d’une manga, ces bandes dessinées japonaises au graphisme stéréotypé que la mode a fait envahissantes. Il paraît que c’est notre pays qui apprécie le plus ce genre de camelote.

C’est moche, débile et d’un ennui mortel.

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Frozen river

Lundi 19 janvier 2009

Réalisé par Courtney Hunt

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 18 janvier 2008

Sorti en France le 7 janvier 2009

Un premier film. La réalisatrice est aussi sa propre scénariste.

Ray, mère de deux garçons de 15 et 5 ans, tire le diable par la queue, parce que son mari (qu’on ne verra jamais) prend l’argent du ménage pour aller jouer. Elle vit dans un mobil home assez délabré, à la frontière nord de l’état de New York, donc près du Canada. Certes, elle a commandé un abri tout neuf, mais l’argent manque, et elle est près de perdre son acompte. Aussi, lorsque une Indienne de la réserve mohawk voisine lui « emprunte » la voiture de son mari, elle fait connaissance avec le trafic local : faire passer la frontière à des immigrés clandestins cachés dans le coffre arrière d’une voiture. Elle le fait une fois, gagne un peu d’argent, paie ses dettes, recommence... jusqu’à ce que les choses tournent mal. C’est que, non seulement la police surveille les Mohawks, dont le trafic est connu, mais il faut, en supplément, passer la frontière en roulant sur un fleuve gelé, dont la surface va évidemment céder au plus mauvais moment. Ray finit en prison pour éviter à sa complice d’y aller. Mais ce ne sera pas pour longtemps.

Le film pourrait facilement sombrer dans la sinistrose, et le climat de la région y incite fortement, mais c’est un peu moins lugubre qu’annoncé. Le meilleur est dans les rapports de la mère et de son fils aîné, qui garde à la fois la nostalgie de son père et le tient pour un salaud. Le moins bon est dans l’épisode du bébé perdu pendant le trajet, et retrouvé vivant malgré le froid.

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Choron dernière

Mardi 20 janvier 2009

Réalisé par Éric Martin et Pierre Carles

Sorti en France (Festival de Quend du Film Grolandais) le 22 septembre 2008

Sorti en France le 7 janvier 2009

Si les réalisateurs de ce pseudo-documentaire – qui est en fait un film militant, comme d’habitude avec les travaux de Carles –, se sont imaginé qu’ils allaient faire apprécier le personnage de Georges Bernier, plus connu sous le pseudo de « professeur Choron », ils se sont lourdement trompés.

Certes, la première partie, surtout informative, et qui donne beaucoup de faits, est intéressante. On apprend ainsi en quoi Choron, qui n’écrivait ni ne dessinait mais faisait office de gourou, a été important dans la création du journal « Hara-Kiri », et pourquoi il n’a pas participé au « Charlie-Hebdo » actuel, dont les propriétaires sont Philippe Val et Cabu. Mais la seconde partie fait sombrer le film. On y voit Choron dans son village, lors d’une très longue visite absolument dénuée d’intérêt à ses connaissances de jeunesse, puis à Marseille, où il révèle comment se faire de l’argent de poche quand on est simple soldat (en sodomisant un sergent), puis sur un lit d’hôpital après son opération de la prostate (avec vue rapprochée sur le tuyau de plastique qui lui sort de la verge), puis vantant longuement les vertus d’un journal obscène pour les enfants, « Grodada », qu’il avait créé (et dans lequel les gosses apprenaient à lire « trois fois plus vite qu’avec l’Éducation nationale », prétend-il), puis développant interminablement des théories fumeuses sur la vie et la mort. C’est d’un ennui total, et ce film d’une heure et quarante-quatre minutes semble durer quatre heures. Quant au personnage, il inspire une assez violente antipathie. On comprend pourquoi « Charlie-Hebdo », à l’occasion de sa mort, s’est abstenu de lui rendre hommage.

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Tu comprendras plus tard

Vu le mardi 20 janvier 2009 - Sorti en salles le lendemain

Réalisé par Amos Gitaï

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2008

Sorti en France (sur Arte) le 20 février 2009

Sorti en France (en salles) le 21 janvier 2009

La France ne réussit décidément pas à Amos Gitaï. S’il avait réussi son court métrage new-yorkais sur le 11 septembre 2001 – onze minutes en un seul plan –, en revanche, son précédent film, avec Juliette Binoche, commençait à Avignon et montrait quelques séquences assez saugrenues, avant de se terminer de manière plus intéressante dans un kibboutz d’Israël. Ce dernier film, adapté d’un roman de Jérôme Clément, le président d’Arte, et produit par Serge Moati, se déroule entièrement entre Lyon et Paris : au présent de l’époque du procès Barbie, au passé lors des rafles de Juifs ordonnées par lui.

La famille Bastien est catholique, mais d’origine juive sans le savoir. En 1987, pendant le procès Barbie, le père, Victor, interroge vainement sa mère, très bien jouée par Jeanne Moreau, sur ce qui est arrivé à ses grands-parents, autrefois pharmaciens à Lyon, et déportés à Auschwitz, mais elle élude adroitement ses questions. Et c’est à ses petits-enfants qu’elle se confie, au cours d’une cérémonie du Kippour, dans une synagogue où elle les a entraînés et où ils ne sont évidemment jamais entrés.

Le film se termine après la mort de cette grand-mère, des années plus tard, puisqu’il est fait mention du discours de Chirac, le 16 juillet 1995, reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. Mais c’est alors l’occasion d’un interminable et déplacé inventaire des biens de la morte, qui doit déboucher sur une indemnisation faite à la famille par le gouvernement français. On se demande ce qui a intéressé le réalisateur, lequel a fait beaucoup mieux.

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Envoyés très spéciaux

Mercredi 21 janvier 2009

Réalisé par Frédéric Auburtin

Sorti en France et en Belgique le 21 janvier 2009

Un journaliste connu de la radio française doit se rendre en Irak, accompagné d’un technicien, qui perd les billets d’avion et les vingt mille euros de leur défraiement. Tous deux restent alors à Paris et bidonnent leurs reportages... depuis un hammam de Barbès. Ils finissent par feindre d’avoir été pris en otage, avant de l’être réellement lorsqu’ils vont pour de bon en Irak.

Ce n’est pas la première fois que les mœurs journalistiques sont prises pour cible, puisque Jean Yanne, dans son Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, commençait déjà son film par un bidonnage du même genre.

La comédie, très satirique, est réussie. Elle a le bon goût d’égratigner aussi le tapage médiatique fait chez nous à propos des otages, ainsi que l’agitation du type « Gala des Enfoirés », avec ces artistes sans scrupules qui se font une formidable publicité sur le dos des pauvres en feignant publiquement une compassion dont on peut douter.

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The square

Jeudi 22 janvier 2009

Réalisé par Nash Edgerton

Sorti en Australie (Festival de Sydney) le 15 juin 2008

Sorti en France le 21 janvier 2009

Bien que marié, Ray, entrepreneur de travaux publics, « voit » Carla, laquelle vit elle-même avec Greg, un type qui magouille beaucoup avec ses copains et a mis de côté une petite fortune acquise malhonnêtement. L’argent de Greg ferait bien l’affaire de Carla et Ray, qui pourraient ainsi refaire leur vie ensemble. Pour masquer leur vol, Ray engage un truand, Billy, qui incendie la maison de Greg. Hélas, la mère de Greg était venue lui rendre visite, et elle meurt dans l’incendie.

C’est le début d’une série de péripéties où Ray va s’enfoncer peu à peu. L’engrenage des faits et les quiproquos qui l’accompagnent conduisent au dénouement en forme de châtiment : Carla est tuée d’une balle perdue, et Ray perd l’argent volé.

Ce film australien est fort bien mis en scène par Nash Edgerton, un acteur-cascadeur-monteur-producteur-scénariste-réalisateur, et, sauf erreur, c’est le premier film de lui qui sort en France. Son frère Joel, qui l’a en outre co-écrit et produit, joue le rôle de l’incendiaire. C’est parfois un peu obscur, car cette histoire n’est pas simple, mais fort prometteur.

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Yes man

Vendredi 23 janvier 2009

Réalisé par Peyton Reed

Sorti au Royaune-Uni le 9 décembre 2008

Sorti en France le 21 janvier 2009

Un film qui a dû être financé par l’équipe de campagne d’Obama. Très hollywoodien, il se borne à illustrer la pseudo-philosophie du cinéma de ce pays : tout est possible, on peut si l’on veut, et les grands financiers ont commencé en ramassant une épingle par terre.

L’histoire commence de manière séduisante, avec le personnage de Carl Allen, assez avisé pour se tenir à l’écart des emmerdeurs en disant non à tout. Mais on le lance dans les pattes d’un gourou, joué par Terence Stamp, qui le persuade de faire le contraire, et dès lors, il dit oui à tout. L’embêtant, c’est que cela tourne... bien, perspective totalement irréaliste et farfelue.

Jim Carrey renoue avec le style qui l’a lancé, visage caoutchouteux et agitation perpétuelle. On espère pour lui qu’il est moins fatigant dans la vie.

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Religolo

Mardi 27 janvier 2009

Réalisé par Larry Charles

Titre original : Religulous

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2008

Sorti en France le 21 janvier 2009

La plupart des critiques sont tombés à bras raccourcis sur ce film, sous le prétexte que son initiateur, l’humoriste Bill Maher (qui ne le réalise pas), est un athée militant, et ils ne sont pas loin de le traiter d’intégriste de l’athéisme, comme certains en France se font traiter d’intégristes de la laïcité. Absurde ! Pour ma part, j’adhère complètement au propos militant du film, tout en reconnaissant que certains inserts de plans extraits de films de fiction bien connus, et uniquement destinés à ponctuer d’humour potache les propos stupides et convenus tenus par les interviewés, n’étaient pas indispensables.

Maher, persuadé que le doute est préférable aux certitudes, passe en revue les contradictions, voire les inepties de la Bible, tel ce serpent qui parle, et fustige le comportement des croyants, quelle que soit la religion dont ils se réclament. Par exemple, les concepteurs de ce Musée de la Création, aux États-Unis bien sûr, qui, persuadés que Dieu a créé l’homme et les autres animaux durant la même semaine, font cohabiter les hommes et les dinosaures, deux espèces qui n’ont jamais vécu à la même époque. Mais ce défilé de fanatiques prêchant la mort des incroyants est inquiétant. On ne voit pas que les dirigeants politiques s’en préoccupent beaucoup.

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Espion(s)

Mercredi 28 janvier 2009

Réalisé par Nicolas Saada

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2008

Sorti en France le 28 janvier 2009

Cela commence de façon séduisante : Vincent, préposé à l’examen par rayons X des bagages à Roissy, se fait prendre à voler dans les valises. La DST lui met le marché en mains : l’impunité contre une mission d’espionnage à Londres, en vue de faire tomber un industriel qui importe en Europe des produits servant au terrorisme arabo-islamique. Mais le scénario s’embarque ensuite dans une double histoire d’amour et d’espionnage, emberlificotée, insipide et mille fois vue.

En fait, cela illustre ce que je dénonce sans cesse, l’amateurisme des scénaristes français, qui parlent de ce qu’ils ne connaissent pas, ou espèrent que le public ne verra pas qu’ils ont omis de se documenter sérieusement. Ici, la documentation, c’est L’espionnage pour les Nuls. Quelques exemples.

Les services secrets anglais ordonnent à Claire d’espionner son époux, et lui fournissent une clé USB en lui prescrivant « Branchez-la sur le disque dur de votre mari ». On ne peut rien brancher sur un disque dur, hormis l’alimentation électrique dont il a besoin et le câble de transmission des données, mais il est possible de copier les données via un port USB... à condition de savoir quoi copier ! La capacité des plus grosses clés USB étant de 100 à 250 fois plus faible de celle d’un disque moyen, pas question de tout copier (c’est d’ailleurs très lent), donc il faut savoir ce que l’on cherche, mais Claire, qui justement ne sait pas ce qu’on lui demande de copier, trouve instantanément les fichiers intéressants ; elle doit être extralucide, car ils ont des noms aussi parlants que XL654321.txt... Et ce sommet : elle ignore le mot de passe de l’ordinateur, alors elle tape « C-L-A-I-R-E », et cela marche du premier coup ! Un trafiquant international employés par des terroristes, qui choisit comme mot de passe le prénom de sa femme ? Et enfin ceci : la mission de Vincent ayant échoué, le grand ponte de la DST qui l’a engagé prend l’avion depuis Paris pour lui dire qu’il a terminé son travail et tout foiré, puis... boit du champagne avec lui dans sa chambre d’hôtel londonien et lui remet en liquide une prime importante ! Vraiment, un savon par téléphone n’aurait pas mieux convenu ?

Ce n’est pas du pinaillage. En France, on prend facilement le public pour un ramassis d’imbéciles ne connaissant rien à rien et dépourvus d’esprit critique. Ce genre de sottises ne se verrait jamais dans un film anglais.

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La fille du lac

Mercredi 28 janvier 2009 - Projection unique

Réalisé par Andrea Molaioli

Titre original :La ragazza del lago

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2007

Sorti en France le 21 janvier 2009

Ce film italien date de 2007 et n’est pas sorti en France. Il a été projeté une seule fois au Forum des Images à Paris, dans le cadre d’un festival. C’est regrettable, car il démontre que le cinéma italien ne se réduit pas à Nanni Moretti... qui du reste est en chute libre artistiquement depuis sa Palme d’Or à Cannes.

En apparence, il s’agit d’une enquête policière sur une jeune fille de 17 ans, Anna, jolie et sportive, trouvée morte au bord d’un lac de montagne. Son corps est sur la rive, nu et recouvert d’une couverture bleue, mais elle s’est noyée, donc le corps a été placé là par son assassin. Il y aura deux suspects, son petit ami Roberto, qu’on croit coupable, qui le nie mais ira quand même en prison, et le père du petit garçon attardé dont elle était la baby-sitter et qu’elle aimait beaucoup, père qui s’accuse du meurtre. Tous deux prétendent avoir été les amants d’Anna, or le commissaire sait bien qu’ils mentent, puisque la jeune fille est morte vierge !

À vrai dire, cette enquête n’est pas la préoccupation principale du metteur en scène, qui s’attache plutôt aux personnages, tous intéressants. Le commissaire d’abord, dont l’épouse est atteinte de la maladie d’Alzheimer et qui ne reconnaît plus sa fille ; ladite fille, qui abandonne ses études et pâtit de la maladie de sa mère et du caractère neurasthénique de son père ; les parents du bébé mort, qui se sont séparés ; le prétendu petit ami, que le père d’Anna détestait parce qu’il n’est qu’un simple ouvrier ; la demi-sœur d’Anna ; le simplet du village, qui hait son père handicapé ; et quelques autres.

La noirceur de cette histoire et de sa conclusion contraste avec les paysages splendides du lac, de la montagne et de la forêt. Les acteurs, dont Valeria Golino, la seule vedette connue chez nous, sont très bons. Il est inexplicable que ce film n’ait pas été distribué en France.

En bref : à voir... si le film sort un jour !Haut de la page

Un, deux, trois

Jeudi 29 janvier 2009

Réalisé par Billy Wilder

Titre original : One, two, three

Sorti aux États-Unis le 15 décembre 1961

Sorti en France le 28 février 1962

Film vu dans un festival au Forum des Images, tourné à Berlin, mais aussi dans les grands studios de Munich, où Billy Wilder a dû faire reconstituer les immenses décors du quartier de la Porte de Brandebourg et de l’aéroport de Tempelhof, car il était impossible de tourner sur place.

C’est une comédie satirique et débridée, où le dialogue est abondant et rapide, et qui ne respecte rien : C.R. MacNamara dirige à Berlin la filiale locale de Coca-Cola, et le grand patron, Hazeltine, lui demande d’héberger pour deux semaines sa fille Scarlett, qui va sur ses dix-huit ans et a déjà été quatre fois fiancée. Mais non seulement Scarlett va rester beaucoup plus longtemps, mais elle en profite pour se marier secrètement avec Otto, un ouvrier est-allemand, donc communiste, mais tellement beau garçon (c’est Horst Buchholz, alors vous pensez bien...). Pour ne rien arranger, Hazeltine annonce sa visite. MacNamara, qui a fait fourrer Otto en prison à Berlin-Est, doit l’en retirer et le transformer en mari acceptable, c’est-à-dire en aristocrate friqué, s’il veut rester dans les bonnes grâces du boss et gagner sa promotion à la direction de Londres. Otto, révolutionnaire jusqu’au bout des ongles, est plus que rétif, mais on a compris d’avance qu’il va se muer en le pire des capitalistes. Si bien que c’est lui qu’Hazeltine nomme à Londres pour y superviser la production européenne de Coca-Cola ! MacNamara, lui, ira à Atlanta diriger les services d’emballage.

Le rythme ne baisse pas une seule seconde, et l’on rit franchement. Wilder n’a pas fait que des comédies, mais dans ce domaine, il est resté inégalé.

En bref : à voir.Haut de la page

Les noces rebelles

Vendredi 30 janvier 2009

Réalisé par Sam Mendes

Titre original : Revolutionary Road

Sorti aux États-Unis le 15 décembre 2008

Sorti en France le 21 janvier 2009

Un humain rebelle, on sait ce que c’est. Mais des noces... Ce titre ridicule est né dans l’esprit d’un distributeur qui a voulu paraître intelligent, et pensé que Revolutionary Road, qui désigne l’adresse du couple Wheeler, serait par trop sibyllin.

Tout le film est une suite de scènes de ménage, mais sans véritable progression dans la violence. On avait vu plus violent et plus drôle, naguère, avec La guerre des Rose, et jadis, avec quelques films interprétés par Elizabeth Taylor et Richard Burton, qui s’étripaient aussi en privé, puisqu’ils s’étaient mariés deux fois, ce qui ne les rendait que plus crédibles. Ici, c’est mitigé, tantôt on s’aime, tantôt on se hait, et l’on trompe également son conjoint.

Nous sommes dans les années cinquante, et tous les hommes portent un chapeau (c’est dire si la réalisation est scrupuleuse), le couple a une belle vie, Frank s’ennuie au travail mais il est bien payé, donc le problème ne vient pas de lui. Puis April a l’idée de vouloir davantage : s’installer à Paris, où elle n’est jamais allée, pour y travailler comme secrétaire pendant que son mari cherchera sa voie. Aucune difficulté en vue, les secrétaires sont si bien payées en France, et la vie à Paris est si bon marché ! Frank se laisse convaincre, mais cette bonne résolution ne résistera pas à la perspective d’une augmentation promise par son patron, et il annule le projet. Elle comprend alors qu’elle s’est illusionnée sur les aspirations de son mari à vivre autre chose que la médiocrité. Dès lors, rien ne va plus, elle le hait, le méprise et se fait avorter elle-même avec un tuyau de caoutchouc. Hémorragie, hôpital, décès. Frank ira vivre ailleurs avec les enfants.

Bien que trois interprètes de Titanic se retrouvent ici, je ne dirai pas que le film fait naufrage, mais ce n’est pas non plus le sommet cinématographique de l’année. Certains ont prétendu que le film était froid, ce n’est pas mon avis, mais il manque tout simplement d’intérêt, hormis justement le déclencheur du drame, cette aspiration à une existence moins morne, qui s’avère n’être pas partagée. Tout au plus fera-t-il taire ceux qui prétendaient que Leonardo DiCaprio n’était qu’un beau garçon sans grand talent, car c’est au contraire le meilleur acteur de sa génération, et la chose était déjà évidente lorsqu’il avait 19 ans et jouait dans What’s eating Gilbert Grape?

Pourvu qu’il ne refasse pas d’autres films avec Scorsese !

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L’étrange monsieur Peppino

Samedi 31 janvier 2009

Réalisé par Matteo Garrone

Titre original : L’imbalsamatore

Sorti en Italie le 6 septembre 2002

Sorti en France le 14 janvier 2004

Encore un titre malencontreux, désapprouvé par le réalisateur du film (sorti en 2002), Matteo Garrone, qui est aussi celui de Gomorra, et qui était présent dans la salle lors de sa reprise au Forum des Images aujourd’hui. Le véritable titre signifie « L’embaumeur ». Peppino Profeta est en effet taxidermiste, mais son métier lui permet de petits à-côtés, par exemple dissimuler des sachets de drogue à l’intérieur de corps humains, en vue de faciliter leur transport clandestin !

Peppino rencontre un jeune et beau garçon, Valerio, qui est aussi un peu naïf, puisqu’il ne semble pas comprendre que l’embaumeur est tombé amoureux de lui. Il ne s’étonne donc pas d’être engagé comme collaborateur, pour un salaire très confortable, puis hébergé chez son patron, qui l’embringue bientôt dans des partouzes avec des filles ne servant que d’alibi. Néanmoins, rien ne se concrétise, jusqu’à la rencontre avec Deborah, jolie fille qui comprend tout très vite et s’immisce au milieu du tandem. Peppino a beau lui adresser des menaces voilées pour la faire partir, elle s’incruste, et, sommé de choisir, Valerio finit par s’en aller avec elle. Plus tard, on les voit, pourvus chacun d’un travail, lui serveur dans un hôtel, elle coiffeuse... et enceinte. Mais Peppino reparaît et veut que Valerio parte avec lui pour Cuba, vivre de grandes aventures et faire fortune. Il menace même avec un pistolet, pour être plus convaincant. Valerio fait alors mine de le suivre, mais le tue à peine monté en voiture. Lui et Deborah jettent ensuite la voiture dans le fleuve, avec le corps dedans.

Le film est très imparfait. Le récit piétine, beaucoup de scènes et de plans sont trop longs, le personnage de Valerio apparaît exagérément aveugle, et les liens de Peppino avec la mafia ne jouent aucun rôle dans l’histoire. Le spectateur se sent parfois gêné par ce décalage.

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