Œuvres citées : Remember – Men & chicken – Mænd & høns – Les bouchers verts – Les pommes d’Adam – Médecin de campagne – Hippocrate – Un plus une – Kung Fu Panda 3 – Quand on a 17 ans – Les roseaux sauvages – Une aussi longue absence – Heureux qui comme Ulysse... – Les Ardennes – D’Ardennen – Le Grand Musée – Das grosse Museum – Un monstre à mille têtes – Un monstruo de mil cabezas – La sociologue et l’ourson – Grimsby - Agent trop spécial – The Grimsby brothers – Le fils de Joseph – High-rise – Blind sun – The shining – Everybody wants some !! – Good luck Algeria – Les habitants
Personnes citées : Atom Egoyan – Christopher Plummer – Arsinée Khanjian – Anders Thomas Jensen – Mads Mikkelsen – Thomas Lilti – Claude Lelouch – Mata Amritanandamayi – Jennifer Yuh – Alessandro Carloni – André Téchiné – Henri Colpi – Marguerite Duras – Gérard Jarlot – Fernandel – Robin Pront – Johannes Holzhausen – Rodrigo Plá – Étienne Chaillou – Mathias Théry – Irène Théry – Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot – Christina Taubira – Gregor Mendel – Louis Leterrier – Donald Trump – Eugène Green – Robert Bresson – Ben Wheatley – Joyce A. Nashawati – Stanley Kubrick – Richard Linklater – Farid Bentoumi – Raymond Depardon – Henri Jeanson
Réalisé par Atom Egoyan
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 10 septembre 2015
Sorti en France le 23 mars 2016
Ce film n’a tenu que deux semaines à Paris, et ne passe plus que dans deux salles à raison d’une ou deux séances quotidiennes. Et il a injustement été lynché par Le masque et la plume, où les erreurs d’appréciation sont monnaie courante.
En fait, alors qu’Atom Egoyan ne semblait plus être que l’ombre de lui-même et accumuler les scénarios ratés, ici, il a une bonne histoire et la réalise fort bien. Cela commence dans une maison de retraite, où Zev Guttman, qui vient de perdre sa femme et oublie sa propre histoire – c’est un rescapé d’Auschwitz, croit-il –, est chargé par son ami Max de retrouver et de tuer l’assassin de leurs familles respectives, un certain Kurlander. Mais il existe plusieurs Kurlander dans le pays...
L’épilogue renverse la situation : le véritable assassin était Zev lui-même, qui avait tout oublié, et se suicide lorsque la vérité lui est révélée. D’où le titre du film.
L’interprétation est remarquable, dominée par Christopher Plummer. Et, cette fois, Egoyan ne fait pas jouer sa femme Arsinée Khanjian, ce qui nous repose un peu !
Réalisé par Anders Thomas Jensen
Titre original : Mænd & høns
Sorti au Danemark le 5 février 2015
Sortira en France le 4 mai 2016
Ayant vu et apprécié naguère Les bouchers verts et Les pommes d’Adam, qui étaient très drôles, je me suis laissé tenter par l’avant-première de ce film, qui n’est pas drôle du tout. Cinq hommes, qui ont le même père mais des mères différentes, découvrent qu’ils sont nés de manipulations génétiques faites par ce père, mort et dont le cadavre a été conservé par trois d’entre eux : il se faisait la main sur des animaux (d’où les poulets du titre), et les césariennes qu’il a effectué sur ses cinq femmes les a expédiées ad patres – leurs corps sont aussi remisés à la cave. Physiquement, les cinq fils sont ratés, car fabriqués à partir de rats, hibous et autres espèces incompatibles avec l’espèce humaine, et les acteurs, très grimés, sont méconnaissables : je n’ai pas reconnu Mads Mikkelsen.
Le film, parfaitement sinistre et grotesque, appartient au genre Je-me-chatouille-pour-me-faire-rire, qui serait acceptable sans la laideur du résultat. Il paraît que le film a fait un triomphe au Danemark. Y aurait-il quelque chsoe de pourri dans ce royaume ?
Réalisé par Thomas Lilti
Sorti en France le 23 mars 2016
Le film a été moins bien accueilli par la critique que la précédente réalisation de Lilti, l’excellent Hippocrate. Il est vrai qu’il est moins brillant, moins riche en péripéties dramatiques, moins militant. En outre, la fin optimiste (malade, le médecin joué par François Cluzet guérit à la fin et se met en couple avec l’assistante qu’on lui a quasiment imposée) semble un peu artificielle.
Néanmoins, c’est avec intérêt qu’on suit d’un bout à l’autre les tribulations du personnage central, toujours présent, et on partage ses partis pris, même s’il en change en cours de route. C’est extrêmement sympathique, il n’y a aucun méchant, et les personnages secondaires sont très attachants.
Réalisé par Claude Lelouch
Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 29 août 2015
Sorti en France le 9 décembre 2015
Il y aura toujours des pisse-vinaigre pour dénigrer Lelouch sans s’être donné la peine de voir ses films, ni tenir compte que c’est un homme cultivé autant qu’un humaniste. Et, dès lors qu’il cesse de philosopher, Lelouch réussit de beaux films. Un plus une est de ceux-là : l’histoire improbable d’un artiste musicien qui ne prend rien au sérieux, et d’une femme un peu trop branchée sur la spiritualité orientale, au point d’en être ridicule. Vont-ils s’aimer ? On ne le saura pas vraiment, car leur première nuit (la seule ? On ne le saura pas non plus) a débouché sur un ratage et sur l’éclatement des couples qu’ils formaient chacun avec un autre partenaire. L’épilogue, cinq ans plus tard, est d’ailleurs ambigu : qui est le véritable père du petit garçon qu’Anna vient attendre à l’aéroport ?
Mais le principal personnage de cette histoire est l’Inde, un pays chaotique et surpeuplé, où les citoyens ne se plaignent pas d’être pauvres. On regrette seulement que Lelouch ait cru devoir introduire dans son intrigue ce personnage douteux surnommé Mata Amritanandamayi – Mère de la Béatitude immortelle –, qu’aux deux génériques il désigne par « Sa Sainteté Mata Amritanandamayi » – sic –, cette femme qui s’est fait une spécialité de parcourir le monde en embrassant tous ceux qu’elle rencontre. Elle prétend avoir serré dans ses bras 33 millions de personnes, ce qui est une imposture et un énorme bobard. Car enfin, à raison d’une embrassade par minute (on le constate à l’écran, car elle embrasse tous les acteurs du film), même en faisant cela vingt heures par jour, comme on le raconte – exploit évidemment impossible – et trois cent soixante-cinq jours par an, il lui aurait fallu... plus de soixante-quinze ans ! Or elle a soixante-trois ans, et ne se livre à cette activité que depuis environ vingt-neuf ans. Mais les gens de médias ne savent pas compter...
Réalisé par Jennifer Yuh et Alessandro Carloni
Sorti aux États-Unis le 16 janvier 2016
Sorti en France le 30 mars 2016
N’ayant pas vu le premier épisode, sorti en 2008, ni le deuxième, sorti en 2011, je ne peux pas comparer. Mais il s’agit ici d’un dessin animé en images de synthèse, pour enfants, très bien fait, très amusant, et dont les voix (dans la version originale que je n’ai pas vue) sont tenues par de grandes vedettes. Tous les personnages sont des animaux, d’espèces très diverses, formant un groupe d’amis que menace un certain Kaï, qui évidemment sera vaincu par la petite bande, initiée au kung-fu par le moins adroit, Po, un gros panda qui croit que son père a disparu.
Il y aura... trois suites, annonce la production.
Réalisé par André Téchiné
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 12 février 2016
Sorti en France le 30 mars 2016
Il y avait quelques raisons de ne pas voir ce film : la présence de Sandrine Kiberlain (mon Dieu, comment peut-elle encore se montrer en décolleté dans un film ?), le déclin avéré de Téchiné depuis quelques années, la certitude qu’il était tombé dans la tendance actuelle de montrer des scènes de nu intégral complètement inutiles, et le fait que ce film reprenait la plupart des thèmes abordés dans Les roseaux sauvages, qu’il avait sorti en 1994 : l’opposition entre deux garçons très différents mais qui finissent par s’aimer. Le scénario, dû à une Céline Sciamma surcotée, tombe dans tous les pièges, comme d’imaginer la mort au combat du père de l’un des garçons, ce qui déclenche leur rapprochement – truc de scénariste –, le renvoi d’un lycéen parce qu’il a frappé un camarade qui avait voulu l’embrasser – dans quel lycée a-t-on vu ça ? –, cette soudaine amitié invraisemblable entre deux individus qui se détestent, l’invitation de l’un des deux à s’installer au domicile de l’autre parce qu’il habite loin du lycée, etc. On ne croit guère à cette histoire, et, lorsque l’un des deux garçons lance à l’autre « Là, tu deviens lourd ! », c’est précisément ce que l’on peut penser du film.
Néanmoins, le tout n’ennuie pas, grâce au charme certain de Corentin Fila, qui joue Thomas. Mais c’est peu.
Réalisé par Henri Colpi
Sorti en France le 17 mai 1961
Ressorti le 3 février 2016
Les très bons films ne trouvent pas toujours leurs spectateurs. Pour cette excellente reprise qui, dans la salle où je l’ai vue, ne passe qu’une fois cette semaine, j’étais le seul spectateur !
Écrite conjointement par le réalisateur, par Marguerite Duras et par Gérard Jarlot, le film est très durassien, et les dialogues, volontairement très plats et répétitifs, sont typiquement issus du cerveau durassien. Thérèse Langlois, italienne établie en France où elle s’est mariée, a vu son mari arrêté par la Gestapo en 1944. Déporté, il n’est jamais revenu, jusqu’au jour où, en 1960, dans la rue de Puteaux où se trouve son café, elle voit passer une sorte de clochard en qui elle croit reconnaître le disparu. Mais l’homme, après les mauvais traitements qu’il a subis (il a une cicatrice à l’arrière du crâne), est devenu amnésique. Elle tente obstinément de lui rendre ses souvenirs, n’y parvient pas, mais elle va s’obstiner.
Le film, d’une haute tenue, était le premier de Colpi, dont le dernier succès fut aussi l’ultime film de Fernandel, Heureux qui comme Ulysse..., en 1970.
Réalisé par Robin Pront
Titre original : D’Ardennen
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 14 septembre 2015
Sorti en France le 13 avril 2016
Cette adaptation d’une pièce de théâtre, devenue un premier film flamand très proche du film de gangsters (bien qu’à l’origine, les deux frères Dave et Kenny n’en soient pas), raconte la suite d’un cambriolage qui a mal tourné, et a envoyé Kenny en prison. Lorsqu’il en sort quatre ans plus tard, Kenny, violent de nature, veut reprendre son existence au point où il l’avait laissée, mais il commet un meurtre, oblige son frère à l’aider pour faire disparaître le corps, et les deux replongent.
Ce film est un fourre-tout, accumulant ce qu’il y a de plus laid – y compris le physique des personnages – dans la société décrite. Et l’on finit par souhaiter que, pour en être débarrassé, tous les personnages meurent, ce qui est à deux doigts de se produire. Le dénouement est d’ailleurs incompréhensible : pourquoi est-ce le corps de la petite amie de Kenny qui se trouve dans le coffre de la voiture ?
Pour ne rien arranger, le plus gros de la musique accompagnant rageusement le film relève du genre techno, et c’est vraiment dissuasif.
Réalisé par Johannes Holzhausen
Titre original : Das grosse Museum
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 7 février 2014
Sorti en France le 4 mars 2015
Franchement, si ce film était plus long, il friserait l’insupportable, car il ne parle pas du tout de l’Art ! En fait, la grande affaire, c’est que le Musée de l’Histoire de l’Art, à Vienne, rénove une de ses ailes (plan surprenant d’un ouvrier démolissant à coups de pioche un luxueux parquet qui semblait tout neuf), prépare une exposition, et recevra le président de la République autrichienne pour l’inauguration, donc se livre à de longues planifications protocolaires, assez ridicules.
Le bon côté, c’est que l’on voit au travail les employés, du directeur général à une humble gardienne, qui se plaint qu’on ne l’a jamais présentée, elle et ses collègues du plus bas niveau, aux autres services de l’établissement, évidemment placés beaucoup plus haut : conservateurs, historiens d’art, préposés au design des affiches, etc.
Une courte séquence assez curieuse, où l’on découvre le problème que posent... les mites, qui dévorent la toile des tableaux. Il faut donc poser des pièges à mites dans les endroits les plus menacés.
Les œuvres d’art, elles, sont à peine montrées, exception faite du long plan final, détaillant une représentation de la Tour de Babel, qui est un peu le symbole du musée lui-même.
Réalisé par Rodrigo Plá
Titre original : Un monstruo de mil cabezas
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2015
Sorti en France le 30 mars 2016
Ce film mexicain, tiré d’un roman, est dû au réalisateur dont on avait apprécié La zona pour sa mise en scène, mais guère pour son scénario peu cohérent. Ici, c’est toujours aussi offensif, et la cible est offerte par les compagnies d’assurances qui sont censées protéger les malades. Or un cancéreux à l’agonie s’est vu interdire un médicament dont il aurait besoin, pour des raisons obscurément administratives – en réalité, parce que les décideurs sont payés à la prime en fonction des dossiers qu’ils rejettent ! Un sujet qui aurait plu à Michael Moore.
L’épouse de cet homme ne parvient pas à joindre le médecin désigné pour suivre son mari, qui a feint d’être absent alors qu’elle l’a vu quitter son bureau pour aller à une partie de squash. Or elle s’est munie d’un pistolet. Elle blesse l’un de ses partenaires, mais un autre prend son parti et tente de l’aider, néanmoins tout va tourner mal, et le mari meurt pendant cette expédition.
L’épouse fera l’objet d’un procès, auquel on n’assiste pas mais dont on entend des échos durant tout le récit – curieux procédé.
Néanmoins, triple plaisir : le film est court (une heure et 14 minutes), il n’y a aucune musique, et... j’étais seul dans la salle, une fois de plus !
Réalisé par Étienne Chaillou et Mathias Théry
Sorti en France le 6 avril 2016
Les deux réalisateurs n’ont à leur actif que trois documentaires, dont deux en commun, et leur présent projet est assez curieux, puisque, lors des séquences qu’ils n’ont pas filmées directement, ils se contentent de coller la bande sonore sur des images d’ours en peluche !
Tout tourne autour de la campagne sur le projet de mariage homosexuel, entre septembre 2012 et mai 2013, et la sociologue du titre, très favorable à ce projet de loi, s’appelle Irène Théry, la mère d’un des deux réalisateurs, lequel, soit dit en passant ne partage pas complètement les opinions de sa génitrice.
Naturellement, avec la plus parfaite mauvaise foi, on traîne dans la boue Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, en tâchant de la faire passer pour homophobe, ce qui est totalement faux.
Relevé aussi une belle ineptie de Christina Taubira, lorsque à l’assemblée nationale, elle lance à un député : « Vous en êtes resté à Mendel, or Mendel travaillait sur les petits pois ». Ça c’est un argument, Cricri !
Réalisé par Louis Leterrier
Titre original : The Grimsby brothers
Sorti au Royaume-Uni, en Irlande et en Suède le 24 février 2016
Sorti en France le 13 avril 2016
Nobby Butcher est passionné de football, il a une petite amie rondelette et... neuf enfants. Hélas, il est rongé par le regret d’avoir dû, vingt-huit ans auparavant, semer son frère Sebastian à l’âge de huit ans, car le couple qui se proposait de les adopter a changé d’avis et décidé de n’en prendre qu’un seul. Nobby s’est donc sacrifié et a largué son frère dans un train.
Depuis, Sebastian est devenu agent du MI6, Nobby le retrouve, et ils vont vivre ensemble des aventures mouvementées ! En effet, il existe un complot visant à éliminer les faibles de la surface de la Terre, en les contaminant avec le virus du sida au cours d’un match de football au Chili. À sa tête, une femme diabolique, personnage que Sacha Baron Cohen, auteur farceur du scénario, a baptisé du nom de sa propre assistante. Il faut dire que cette histoire ne fait pas dans la subtilité, la plupart des gags et allusions donnent dans le plus parfait mauvais goût, comme toujours avec cet auteur très à part, qui va jusqu’à filer le sida à... Donald Trump.
C’est très gras, cela ne respecte rien, et on se marre sans scrupules.
Réalisé par Eugène Green
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 12 février 2016
Sorti en France le 20 avril 2016
Joie ! Nous sommes au 22 avril, et on a enfin trouvé le film le plus bête de l’année. Des snobs vous diront que c’est un film « conceptuel », mais je ne conserverai de l’adjectif que la première syllabe. Et les véritables cinéphiles admettront qu’un concept, même intelligent, n’a jamais donné un bon film ; à plus forte raison, un concept absurde !
Ici, le concept, c’est d’illustrer la Bible à travers deux épisodes : Abraham s’apprêtant à égorger son fils Isaac parce que Dieu le lui a ordonné, puis la supposée fuite en Égypte de Marie, Joseph et Jésus, qui fuient Hérode le Grand. Mais le réalisateur commet deux imbécillités : obliger ses interprètes à faire toutes les liaisons de leur texte, y compris les plus ridicules (à l’hôpital, une petite fille demande « Où on est-t-ici ? », ou une mère dit à son mari que leur fils « Laurent-t-est malade », mais, au mépris de la langue française, il fait dire à un jeune lycéen « C’est de quoi que tu voulais me parler ? »), et inventer des péripéties ridicules, comme de faire pourchasser par un peloton de gendarmes et un hélicoptère un jeune homme qui s’était introduit chez un éditeur qu’il avait précédemment agressé. Sans compter que ledit jeune homme, dont on nous dit qu’il n’a pas d’argent, vit dans une chambre immense, avec des tableaux accrochés aux murs, et dispose d’un MacBook et d’un iPhone.
Quant à la séquence musicale, où, sous prétexte de la filmer, une chanteuse interprète dans une église, uniquement éclairée à la bougie (comme chez Kubrick ?) un interminable chant à caractère religieux, elle est d’un ennui mortel.
Inutile de préciser que tous les acteurs jouent mal, disant leur texte sur un ton monocorde, comme chez Robert Bresson. Et passons sur les blagues de garçon de bain, du type « Qu’est-ce qu’un naturiste révolutionnaire ? Réponse : un sans culotte ! ». Navrant de stupidité.
Réalisé par Ben Wheatley
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 15 septembre 2015
Sorti en France le 6 avril 2016
J’avais lu le roman de James Graham Ballard, publié en France sous le titre I.G.H. (pour « Immeuble de grande hauteur »), et je ne l’avais guère apprécié. Il faut dire que Ballard mêle anticipation et pornographie, et que le mélange n’est pas attrayant, c’est le moins qu’on puisse dire.
Le film illustre donc cette histoire sur la décadence d’une civilisation, celle de la Grande-bretagne, avec un déluge d’images d’une sordide laideur, et seule la musique, imaginative et variée, offre quelque intérêt.
Réalisé par Joyce A. Nashawati
Sorti en Grèce (Festival de Thessalonique) le 11 novembre 2015
Sorti en France le 20 avril 2016
Quelqu’un a-t-il remarqué que ce scénario reprenait la situation de The shining, de Kubrick ? Ashraf, immigré arabe, est engagé pour garder, non pas un hôtel en hiver, mais la villa d’une famille de bourgeois français, qui, pour fuir la canicule grecque et les coupures d’eau, va passer l’été en France. Mais la solitude – relative, car deux femmes vont lui procurer une aventure –, l’inquiétude sur sa situation légale, les brimades policières et le manque d’eau font qu’il va devenir fou, avoir des hallucinations (un intrus l’épie-t-il dans la maison ?), et finir par mettre le feu à la maison, avant de gagner la plage proche et peut-être de s’y noyer.
Après trois courts métrages, la réalisatrice fait là son premier long métrage, où elle filme le malaise né de l’incertitude sur le sort du personnage central. Elle y montre très bien les paysages secs et désertiques, mais une atmosphère trouble, où rien n’est explicité, ne suffit pas à intéresser les spectateurs.
Réalisé par Richard Linklater
Sorti aux États-Unis le 11 mars 2016
Sorti en France le 20 avril 2016
Un titre affublé de DEUX points d’exclamation, comme avec cette manie des illettrés qui veulent exprimer un sentiment fort.
Cette fois, Richard Linklater déçoit, car il n’a rien à raconter. Son film raconte une longue suite de blagues de potaches, dans une université où, en attendant la rentrée, les futurs étudiants n’ont d’autres préoccupations que la bière, les filles et le baseball. Complètement exclu de cet « univers » de débilité, le spectaeur s’ennuie d’autant plus que c’est interminable.
Réalisé par Farid Bentoumi
Sorti en France le 30 mars 2016
Petit film sympathique, mais qui, malgré la présence de quatre acteurs chevronnés, n’a eu aucun succès et ne passe plus que dans trois salles, et pas tous les jours.
Samir, né en France d’un père algérien et d’une mère française, possède une entreprise qui fabrique des skis de qualité, mais le contrat qui le lie à sa banque prévoit qu’il doit en vendre 2200 paires par an, or il n’en découle que... 2100 ! Donc la banque lui coupe les crédits. Seule ressource éventuelle : que ses skis gagnent une compétition, et la publicité le remettra à flots. Sur le conseil de son ami Stéphane, ancien champion, il entreprend alors de se faire qualifier pour les Jeux Olympiques, sous la bannière de l’Algérie. Ce qui va le pousser à renouer avec ce pays, qu’il ne connaît pas du tout, et ce ne sera pas sans mal, puisque la fédération algérienne commence par l’escroquer en retenant les neuf-dixièmes des vingt mille dollars de la subvention que le Comité International Olympique lui avait accordée. Mais c’était cela, ou accepter de ne pas représenter l’Algérie !
Le scénario, qui démarrait bien, s’enlise ensuite un peu dans des histoires de famille, car les frères de son père veulent réquisitionner pour eux-mêmes le terrrain que son père possède encore sur place, et la comédie devient sentimentale, comme cela se produit presque inévitablement dans la fiction.
Réalisé par Raymond Depardon
Sorti en France le 27 avril 2016
Le degré zéro du cinéma. Depardon vit sur sa réputation, et pousse à l’extrême sa méthode : laisser parler les gens, sans jamais leur poser la moindre question, et quasiment sans montage. L’ennui est que les personnes qu’il a choisies au hasard dans les rues n’ont rien à dire qui concerne les spectateurs, et cela donne, comme disait Henri Jeanson, « un cinéma où le public est de trop ».
De ces vingt-cinq conversations à deux et en plan fixe, on retiendra que les sujets n’ont pas grand-chose dans la tête, qu’ils ne savent pas s’exprimer, et on est vite las de ces « Tu vois ? », de ces « Voilà ! » et de ces mulitples « C’est pas évident ».
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.