JPM - Films vus - Notules -  Mai 2014

Notules - Mai 2014

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (entre italiques, autres que des films) : Pas son genreI will surviveUne rencontreConversation animée avec Noam ChomskyIs the man who is tall happy?: An animated conversation with Noam ChomskyBonjour – Ohayô – Gosses de Tokyo – Et pourtant nous sommes nés – Mon oncle – Au nom du fils – Apocalypse now – Les géants – L’Armée du salutLigne d’eau – Plynace Wiezowce – Dans la cour – Hors de prix – De vrais mensonges – La chambre bleue – Le facteur sonne toujours deux fois – Tournée – Godzilla (2014) – Monsters – L’Homme H – Bijo to ekitainingen – 2012 – 2001: a space odyssey – Mickael Haneke, profession : réalisateurMichael H. profession: directorGaudí, le mystère de la Sagrada FamiliaSagrada, el misteri de la creacioWelcome to New YorkLa rue rougeScarlet street – La chienne – Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? – Bienvenue chez les Ch’tis – Intouchables – States of GraceGrace de Monaco – Les oiseaux – La mort aux trousses – Maps of the stars

Personnes citées : Lucas Belvaux – Émilie Dequenne – Lisa Azuelos – Michel Gondry – Noam Chomsky – Yasujirô Ozu – Vincent Lannoo – Richard Wagner – Zacharie Chasseriaud – Wolfgang Mozart – Abdellah Taia – Tomasz Wasilewski – Pierre Salvadori – Mathieu Amalric – Georges Simenon – Alfred Hitchcock – Gareth Edwards – Jean Reno – Roland Emmerich – György Ligeti – Stanley Kubrick – Michael Haneke – Yves Montmayeur – Stefan Haupt – Antoni Gaudí – Le Corbusier – Manuel Valls – Abel Ferrara – Anne Sinclair – Dominique Strauss-Kahn – Gérard Depardieu – Jacqueline Bisset – Alexandra Stewart – Fritz Lang – Edward G. Robinson – Dan Dureya – Joan Bennett – Jean Renoir – Philippe de Chauveron – Destin Cretton – Olivier Dahan – Grace Kelly – Rainier III – Albert de Monaco – Caroline de Monaco – Charles De Gaulle – Evan Hunter – Cary Grant – Nicole Kidman – Tim Roth – Frank Langella – David Cronenberg

Pas son genre

Vendredi 2 mai 2014

Réalisé par Lucas Belvaux

Sorti aux États-Unis (Festival COLCOA) le 23 avril 2014

Sorti en France le 30 avril 2014

Un professeur de philosophie parisien est affecté dans la ville d’Arras pour un an, ce qu’il considère comme une catastrophe. Heureusement, il s’entiche d’une jolie coiffeuse, et ils ont une aventure. Mais elle prend le jeu au sérieux, et se vexe lorsqu’elle découvre qu’il est l’auteur d’un livre de philosophie, qu’il ne lui a pas offert : est-elle donc si bête ? Sans le prévenir, le lendemain du Carnaval, elle disparaît.

Le réalisateur Lucas Belvaux avait sorti en 2003 une trilogie que la critique et le public ont salué : une comédie, une histoire romanesque et un film policier, avec les mêmes personnages. C’était un coup de maître. La suite de son œuvre était moins bonne, mais honorable. Il confirme ici qu’il est un très bon réalisateur, et je ne ferai guère de réserve que sur la trop longue scène où Émilie Dequenne chante intégralement la chanson I will survive : était-ce bien nécessaire ?

La morale du film est évidente, sans doute un peu trop, et guère optimiste : les barrières sociales et culturelles sont difficiles à renverser. Pas vraiment une révélation, mais, encore une fois, la réalisation fait passer la naïveté du propos.

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Une rencontre

Lundi 5 mai 2014

Réalisé par Lisa Azuelos

Sorti en France le 30 avril 2014

La réalisatrice est portée sur le calembour, puisque, l’un de ses prénoms étant Bethsabée, elle a donné à sa maison de production le nom de « Bethsabée Mucho ». Ouarf ! Cela étant, on suppose a priori qu’elle connaît l’espagnol, or une scène de son film montre François Cluzet interpellant un jeune Espagnol en l’appelant « Migouelle » (sans que celui-ci lui rétorque que sa prononciation est ridicule, le prénom Miguel se disant en espagnol exactement comme en français !). Le scénario, qu’elle a écrit, est assez bon, mais trop démonstratif : il semble qu’ici, on veuille prouver, comme dit dans le dialogue, que, pour que les histoires d’amour ne finissent pas mal, mieux vaut qu’elles ne commencent pas... Comme pour Pas son genre, il ne manque sur l’écran que la mention « Message de l’auteur ».

À part cela, le film serait meilleur s’il n’y avait pas une telle abondance de gros plans, et si le dialogue, quoique spirituel, était rédigé en bon français. Entre les « Tu t’rappelles DE Untel » et les « Ça m’a fait très plaisir », on pleure après les dialogues des auteurs d’autrefois comme Jacques Prévert ou Henri Jeanson, qui avaient quelques notions de français.

Restent les deux acteurs principaux, Sophie Marceau et Cluzet : ils défendent fort bien cette histoire de deux inconnus qui tombent amoureux l’un de l’autre mais ne veulent pas donner suite à ce sentiment, autrement qu’en le fantasmant.

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Conversation animée avec Noam Chomsky

Mardi 6 mai 2014

Réalisé par Michel Gondry

Titre original : Is the man who is tall happy?: An animated conversation with Noam Chomsky

Sorti aux États-Unis (Massachusetts Institute of Technology) le 12 février 2013

Sorti en France le 30 avril 2014

Ce film a commencé en 2010, par une interview en plusieurs temps du réalisateur français avec le linguiste et philosophe états-unien Noam Chomsky – lequel, soit dit en passant, déteste les États-Unis, ce qui le rend éminemment sympathique !

Gondry a ensuite illustré à la main, par des dessins et de petites animations qui lui ont pris un temps fou (alors qu’il montait un autre film et en préparait une troisième), la vision du monde de son interlocuteur... et il aurait peut-être mieux fait de prendre un tout autre parti.

En effet, le spectateur entendra en anglais les questions de Gondry et les réponses de Chomsky, la traduction en français des propos tenus, en verra souvent la transcription en anglais à l’écran, lira les sous-titres, et tentera de suivre les animations. Ce qui fait beaucoup à la fois, et produit un effet de dilution qui lui fera forcément perdre le fil. On frise le gaspillage, et c’est grand dommage, car cette conversation sur la philosophie et la linguistique est du plus haut intérêt. J’imagine qu’une mise en forme plus simple aurait davantage de portée.

On en sort donc un peu frustré, même si on n’a pas tout perdu. Gondry est doté d’une forte créativité, or il rate son film par excès de créativité. C’est paradoxal.

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Bonjour

Jeudi 8 mai 2014

Réalisé par Yasujirô Ozu

Titre original : Ohayô

Sorti au Japon le 12 mai 1959

Sorti en France le 12 janvier 1994

Traduit correctement (précision : il signifie bien bonjour, mais littéralement, car... le matin seulement), le titre est sans doute une bonne blague faite aux spectateurs : lorsque, à la caisse d’un cinéma qui comporte plusieurs salles, vous l’annoncez au caissier, il ignore si vous le saluez ou si vous lui indiquez le film que vous désirez voir !...

Il s’agit d’une comédie sur la famille et sur les voisins, dans une banlieue calme de Tôkyô : les épouses font le ménage et la cuisine, mais cancanent les unes sur les autres, les fils (on ne voit aucune fille) font leurs devoirs, se livrent à de petites plaisanteries scatologiques, et se passionnent pour la télévision. Mais lorsque deux frères réclament à leur mère l’achat d’un téléviseur et qu’elle la leur refuse parce que cela coûte cher – nous sommes en 1959 – ils décident, puisqu’on leur a dit qu’ils parlaient trop, de ne plus parler du tout, pas même à l’école. Cette grève d’un nouveau genre portera ses fruits, et ils auront gain de cause.

On sourit constamment, car ces deux gosses ont un comportement marrant, surtout le plus jeune, Isamu (ce prénom signifie « courage »). L’histoire vient d’un autre film bien connu du même réalisateur, sorti en 1932, Gosses de Tokyo ou Et pourtant nous sommes nés, sorti en 1932.

La musique de Bonjour, très discrète, vaut pourtant d’être remarquée par son caractère peu japonais : tantôt elle évoque une mélodie napolitaine, tantôt la musique accompagnant les films de Jacques Tati, notamment Mon oncle, qui pourtant ne sortira au Japon qu’en 2002, et portait sur l’enfance un regard très semblable.

Ozu, dont le nom se prononce « aux œufs » et pas « ozou » – détail qu’ignorent les critiques grotesques qui se ridiculisent dans Le masque et la plume –, utilise un style très particulier : tous les plans sont fixes, la caméra étant à la hauteur des personnages et filmant horizontalement, sans plongées ni contre-plongées. On regrette que cette manière de faire ne soit plus en vogue et qu’on lui préfère les gesticulations de caméras trop légères portées par des cadreurs anémiques.

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Au nom du fils

Vendredi 9 mai 2014

Réalisé par Vincent Lannoo

Sorti en Belgique (Festival de Namur) le 29 septembre 2012

Sorti en France le 7 mai 2014

C

Le réalisateur, auteur du scénario avec deux compères, n’y va pas avec le dos de la cuillère, ce qui montre les limites du militantisme balourd : Élisabeth de la Haie tient une émission à succès dans une radio catholique, Radio Espace Chrétien, et y prodigue ses conseils aux auditeurs qui l’appellent au téléphone. Elle est assistée par un prêtre catholique, Achille, que d’ailleurs elle héberge dans sa luxueuse maison. Son mari milite dans une association de catholiques extrémistes, Les croisés de Pie XII (sic), dont le but avoué est la lutte armée contre les musulmans, que ces fadas associent uniquement à Ben Laden et ses boys, et pour laquelle ils s’imposent un entraînement paramilitaire – sur la musique de Wagner, comme dans Apocalypse now ! Il y a embrigadé son propre fils, Jean-Charles, un ange de quatorze ans (joué par Zacharie Chasseriaud, qu’on avait vu dans Les géants, très beau film dont j’ai parlé). Mais le père meurt d’un accident, dont Jean-Charles rend responsable tous les Arabes qu’il voit (ce jeune idiot au crâne bourré de propagande confond les Arabes et les Musulmans, c’est classique).

Un jour, alors qu’Achille a quitté la France pour retourner en Italie où vit sa famille, Élisabeth est appelée à la radio par son propre fils, qui avoue au téléphone qu’il est homosexuel et a eu des relations avec un prêtre, dont la mère comprend vite qu’il s’agit d’Achille. Et, rentrée précipitamment à son domicile, elle assiste au suicide du garçon, désespéré d’être tombé amoureux d’un homme, ce que la religion condamne, évidemment : c’est donc l’enfer qui l’attend !

Toute cette première partie, fort bien réalisée dans le style classique, laisse espérer un film honorable. Or, à partir de cet instant, tout se gâte et le film, par ses excès dans la provocation primaire, sombre dans le ridicule : la malheureuse mère se rend chez l’évêque et elle exige la liste des prêtres pédophiles du diocèse. Loin de lui donner satisfaction, le prélat lui reproche sa curiosité malsaine et conclut en décrivant le jeune suicidé comme « une petite pédale qui bandait en montrant son cul » – un langage tout à fait vraisemblable dans la bouche d’un évêque, on s’en doute. Ulcéré, Élisabeth l’assomme, puis lui fracasse le crâne avec un objet contondant. Puis elle trouve et vole la liste des prêtres pédophiles qu’elle demandait. Cette scène, il faut l’avouer, provoque les rires du public, tant elle est outrancière.

Par la suite, avec le pistolet de son mari défunt, elle va faire la chasse à tous les prêtres mentionnés sur la liste, et les abat un par un, sur une musique de Mozart ; le premier, dans son église, après une scène hilarante de poursuite et de tirs au pistolet dans tous les azimuts, comme on en voit rarement en un tel lieu (on a tourné dans une véritable église, ce qui semble prouver que le clergé belge reste assez tolérant).

Ayant flingué onze coupables, dont une religieuse, mais épargné un prêtre noir, elle conclut en se rendant en Italie, en compagnie de son second jeune fils, Albert, afin de tuer Achille ; mais le jeune garçon l’en empêche. Fin du film. On suppose que cette excellente catholique a perdu la foi, au passage.

Notons que l’affiche du film, visiblement faite pour scandaliser, n’a suscité aucune réaction, au contraire de ce qui s’était passé avec d’autres films antérieurement. Les catholiques molliraient-ils ?

Je classe ce film comme « À voir », non pour ses qualités cinématographiques ou scénaristiques, mais pour son comique involontaire – quoique certains estiment qu’il est volontaire, ce dont je doute fort, le style ne correspondant pas à ce type d’intention. Mais le public s’amuse à ces inepties. C’est pourquoi je n’ai pas fait une croix dessus ! Cela dit, je ne crois pas qu’il aura beaucoup de succès...

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L’Armée du salut

Mardi 14 mai 2014

Réalisé par Abdellah Taïa

Sorti en Italie -(Festival de Venise) le 3 septembre 2013

Sorti en France le 7 mai 2014

Le film a été produit par la France, la Suisse et le Maroc, et tourné en Suisse et au Maroc (à Azemmour, petite plage à 90 kilomètres de Casablanca, et, pour la première partie, dans cette ville, mais dans des lieux non identifiés, de sorte que Casablanca n’est pas reconnaissable). Et, en dépit de son sujet, il est bien sorti au Maroc.

Le personnage central est un garçon d’une quinzaine d’années, Abdellah, l’un des trois fils d’une famille nombreuse dont les parents ne s’entendent pas, puisque le père bat la mère. L’aîné, Slimane, est un coureur de jupons, alors qu’Abdellah est amoureux fou de son frère, mais se donne aux hommes qu’il rencontre, ce que sa famille ignore. Dix ans plus tard, Abdellah s’est trouvé un ami suisse qui l’entretient, obtient par son intermédiaire une bourse d’études et un visa pour la Suisse, et il largue son bienfaiteur.

Abdellah représente le réalisateur, qui, pour son premier film, ne se donne donc pas le beau rôle. La réalisation est tout à fait classique, et le film intéresse surtout dans sa première partie. Ensuite, on comprend assez mal la mentalité du personnage. Le titre est justifié par le fait que, sans argent et ne connaissant personne à Genève, Abdellah se fait héberger à l’Armée du salut. On ignore ce qu’il deviendra ensuite, car l’histoire s’arrête lorsqu’un autre pensionnaire, qui a tenu à lui chanter une chanson, entonne une rengaine d’Abdelhalim Hafez, chanteur égyptien sirupeux qui était en vogue dans les années cinquante, et qu’on voit au début, dans un film en noir et blanc que la famille regarde à la télévision.

On reste un peu insatisfait par tout ce que cette histoire recèle d’inaccompli. Notons que l’homosexualité du personnage, toujours présente, n’est cependant pas au premier plan. Mais la vie d’une famille marocaine de la classe populaire est fort bien décrite.

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Ligne d’eau

Mercredi 14 mai 2014

Réalisé par Tomasz Wasilewski

Titre original : Plynace wiezowce

Sorti aux États-Unis (Festival de Tribeca) le 18 avril 2013

Sorti en France le 14 mai 2014

En polonais, ce titre étrange signifie « gratte-ciel qui coule » (ou qui flotte, c’est selon). On voit mal ce qui désigne le gratte-ciel, mais ce qui coule, c’est à la fois la vie des deux personnages principaux, et l’eau de la piscine où tout commence. En fait, Kuba s’entraîne pour devenir champion de natation, or, à la piscine, il rencontre Michal, jeune homme très beau. Les deux tombent amoureux. Mais si Michal avoue tout à sa famille, qui n’est pas enchantée mais ne fera rien pour le contraindre à quitter son ami (il a déjà une petite amie), Kuba, au contraire, vit chez sa mère en compagnie de sa maîtresse Silwia, et les deux femmes ne se supportent pas. Lorsqu’elles apprennent que Kuba est amoureux d’un homme, la mère, qui est du genre envahissant, annonce que Sylwia est enceinte et que son fils doit se séparer de son amant. Mais Michal est assassiné par quatre voyous dans un parking, et Kuba se retrouve avec une Sylwia qu’il n’aime plus et une mère acariâtre.

On comprend qu’une fois de plus, les films polonais ne sont pas des comédies, que le cinéma de ce pays n’est pas près de sortir de la sinistrose, et qu’en outre, on ne cherche pas à renouveler les scénarios : les histoires de ce genre, dans lequelles un garçon hétéro tombe amoureux d’un autre garçon, nous en voyons une demi-douzaine chaque année. Du reste, les films homosexuels sortent à Paris au rythme de deux par semaine, et cela commence à devenir un peu lassant s’ils racontent tous la même chose ! La Pologne, l’année dernière, nous avait d’ailleurs envoyé Aime et fais ce que tu veux, qui était totalement raté.

La réalisation, elle, n’est pas très adroite, et cède trop fréquemment à la tentation de la caméra portée, qui sabote la plupart des films. Mais les images prises sous l’eau dans la piscine sont belles et originales.

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Dans la cour

Jeudi 15 mai 2014

Réalisé par Pierre Salvadori

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2014

Sorti en France le 23 avril 2014

Pierre Salvadori est un cinéaste tout à fait honorable, même s’il avait raté ses deux précédents films, Hors de prix et De vrais mensonges, coûteux mais dont le scénario était peu crédible. Ici, Antoine abandonne sa carrière de musicien et ne trouve, en guise de travail, qu’une place de gardien d’immeuble. Un immeuble où beaucoup de résidents sont un peu piqués, mais Antoine ne sait rien refuser à ce qu’on lui demande et qui est souvent extravagant.

Ainsi, la retraitée Mathilde s’affole parce qu’il y a depuis peu une fissure dans son salon. Son mari Serge a beau faire venir un spécialiste responsable de l’urbanisme parisien, qui lui donne toutes les raisons de se rassurer (mais il le fait en lui dessinant un schéma incompréhensible, qui affole davantage la malheureuse), rien n’y fait, et elle met partout dans le quartier des annonces pour que d’autres personnes dans le même cas lui téléphonent. Bien entendu, elle est vite submergée de messages laissés sur son répondeur par des farceurs ou des fous, et son mari regimbe.

Il y a aussi Stéphane, jeune chômeur drogué, qui vole des vélos, les entrepose dans la cour et compte bien les revendre. Et ce voisin qui prétend entendre la nuit les aboiements d’un mystérieux chien, or c’est lui qui aboie « pour vérifier ». Et ce clandestin venu d’un pays de l’Est, membre d’une secte dont il fait distribuer les prospectus par Antoine, s’est caché dans un local de service, et impose au pauvre concierge la garde de son énorme chien – qui n’aboie pas. Et d’autres...

Antoine, harcelé, mais dévoué, finit par avoir une attaque, et on l’emmène à l’hôpital. On ne nous dit pas s’il survit, mais le choc ramène Mathilde à la réalité, elle oublie ses fantasmes et se remet à se dévouer pour les autres, à présent qu’Antoine, devenu son ami, n’est plus là.

Ce film plein d’humanité, gorgé de petits détails révélateurs des caractères, nous change des éternels états d’âme des bobos trentenaires qui font l’essentiel du cinéma français. Il est aussi magnifiquement photographié, notamment avec les scènes du début, qui sont splendides. On regrette qu’il rencontre un succès aussi mitigé.

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La chambre bleue

Vendredi 16 mai 2014

Réalisé par Mathieu Amalric

Sorti en France ( au Festival de Canne set en salles) le 14 mai 2014

On croirait voir un film des années cinquante. D’abord, parce que l’écran est au format 4/3, plus guère utilisé, mais ce n’est pas ce qui compte. En revanche, l’histoire utilise le thème des « amants diaboliques », exploité de multiples fois à cette époque, en particulier avec les diverses adaptations du style Le facteur sonne toujours deux fois.

Raconté par de nombreux retours en arrière et d’innombrables dialogues, le film est en outre truffé de scènes de nus parfaitement superflues. Amalric avait une telle envie de s’exhiber ? Or le physique des trois acteurs principaux n’est guère attrayant, même si Léa Drucker montre quelque talent d’actrice.

En réalité, la seule qualité de ce film est d’être court. On a du mal à croire que Mathieu Amalric a pu nous donner l’excellent Tournée, il n’y a pas si longtemps. Quant à l’auteur du roman, Georges Simenon, je l’ai toujours trouvé ennuyeux avec son obsession de la banalité du quotidien, et il faut vraiment être un génie pour tirer de ses histoires un film qui vous passionne. Je m’en tiens au principe d’Hitchcock : un film ne doit pas être une tranche de vie, mais une tranche de gâteau ! Or, non seulement on ne comprend pas grand-chose au fil de l’intrigue, mais ce récit manque totalement de passion. Disons-le autrement : on se fiche de ce qui arrive aux personnages.

Si bien que, sortant de La chambre bleue, vous mourez d’envie d’aller voir Godzilla !

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Godzilla (2014)

Samedi 17 mai 2014

Réalisé par Gareth Edwards

Sorti aux États-Unis le 8 mai 2014

Sorti en Belgique, Suisse francophone, Égypte, France, Norvège, Suède et au Luxembourg le 14 mai 2014

Rien à voir avec le film de 1998 où jouait Jean Reno ! Cette fois, le réalisateur est Gareth Edwards, qui s’était fait connaître favorablement en réussissant Monsters, en 2010, lequel impressionnait par son histoire allant à contrecourant des films d’horreur, et par ses décors gigantesques, bricolés malgré un budget ridiculement bas. Et tout comme dans Monsters, son Godzilla n’est pas un être abominablement agressif, puisqu’il finit par rendre un fier service à l’humanité, menacée par d’autres monstres bien plus horribles, les MUTO. Bref, un film à la fois spectaculaire et intelligent, on ne voit pas cela toutes les semaines.

Godzilla, au cinéma, est né en 1954 au Japon, traumatisé après le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki, et c’est la firme Toho qui s’était spécialisée dans les films d’horreur où apparaissait ce lézard géant. La Toho avait des budgets très réduits, et ses films étaient assez rudimentaires. J’ai sur mon disque dur l’un d’eux, où Godzilla n’apparaît pas, et qui s’intitule L’Homme H (en japonais, Bijo to ekitainingen), dont j’ai fait les sous-titres français, qui n’ont jamais existé dans le commerce. Là, le monstre était... un liquide qui faisait fondre les humains, et qui était né des radiations produites par les essais nucléaires. C’est donc aussi le cas de Godzilla (la transcription du mot japonais devrait s’écrire « Gojira », notamment parce que le L et le R se confondent dans cette langue), qui s’avère néanmoins beaucoup plus calme, une simple incarnation de la nature brutalisée par les hommes, et qui désire se venger.

On n’a rien vu au cinéma de plus spectaculaire depuis le 2012 de Roland Emmerich. Mais, cette fois, le film n’est pas du tout ridicule. J’ajoute que la musique est très bonne, ce qui n’est quasiment jamais le cas dans les films de ce genre. À un certain moment, on croirait entendre du Ligeti, ce compositeur roumano-hongrois dont Kubrick a utilisé la musique pour son 2001.

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Mickael Haneke, profession : réalisateur

Lundi 19 mai 2014

Réalisé par Yves Montmayeur

Titre original : Michael H. profession: director

Sorti aux États-Unis le 8 mai 2014

Sorti en Belgique, Suisse francophone, Égypte, France, Norvège, Suède et au Luxembourg le 14 mai 2014

Une revue des films du grand réalisateur autrichien, faite en sens chronologique inverse, sans jamais effleurer la vie d’Haneke parce qu’il l’a interdit et pense qu’elle n’a aucun intérêt. On assiste donc à des tournages, on entend des interviews de ses interprètes, et l’on apprend que le réalisateur se focalise sur le réel et rejette toute interprétation, par autrui, de ce qu’il a voulu dire.

Quelqu’un à part, même si on n’apprécie pas tous ses films, en général pessismistes et violents. On apprend aussi que, si lui-même s’amuse beaucoup sur ses tournages, ses acteurs ont souvent peur, mais de mal faire. Un cinéma complètement à part.

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Gaudí, le mystère de la Sagrada Familia

Mardi 20 mai 2014

Réalisé par Stefan Haupt

Titre original : Sagrada, el misteri de la creacio

Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 4 août 2012

Sorti en France le 14 mai 2014

Documentaire sur un projet dément, celui de construire une cathédrale au centre de Barcelone. La construction dure depuis... 125 ans, Antoni Gaudí, l’architecte de 31 ans à qui on l’a confié, est mort en 1926, et cela dure toujours. À cette différence que, à l’origine, toutes les pièces étaient en pierre de taille, sculptées patiemment par des artisans, et qu’aujourd’hui, elles sont moulées dans le béton et conçues par ordinateur !

Après la Guerre d’Espagne, une centaine de personnalités avaient publié une lettre ouverte demandant qu’on arrête le chantier, et, dans la liste de noms, on trouve Le Corbusier, et un certain... Manuel Valls ! Il s’agit évidemment d’un homonyme, mais c’est toujours drôle.

Je ne partage pas l’admiration universelle dont on entoure ce monument assez laid, et le film, relativement court, finit par sembler prolongé un peu articiellement.

Gaudí est mort pauvre, et bêtement renversé par un tramway. Sa foi chrétienne ne l’a pas protégé.

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Welcome to New York

Mardi 19 mai 2014

Réalisé par Abel Ferrara

Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2014

Sorti en France (sur Internet seulement) le 17 mai 2014

Abel Ferrara est un réalisateur qui a eu son heure de gloire, mais qui en est réduit à exploiter une affaire véreuse, en masquant plus ou moins les faits, tout en laissant subsister l’essentiel pour que le public soit appâté, et en modifiant les noms des personnages (ainsi que la religion du personnage principal, qui n’est plus juif mais antijuif) et leur caractère (l’épouse bafouée souhaiterait que son mari reste en prison), sans que cela trompe qui que ce soit.

Résultat curieux : Anne Sinclair a vu le film et a dit son dégoût, mais ne portera pas plainte. Inversement, son ex-époux Dominique Strauss-Kahn n’a pas vu le film, et portera plainte. On se demande quels arguments emploiera son avocat.

Le film, trop long et qui fait attendre une demi-heure avant la fameuse scène de l’hôtel, est d’une rare vulgarité dans les trop nombreuses scènes sexuelles (sans que rien d’explicite soit montré), et comporte surtout trois scènes de ménage interminables entre les deux principaux protagonistes, scènes qui ne reposent sur rien, puisque la réalité n’a jamais eu aucun témoin.

Précisons tout de même que le film n’est pas antijuif, comme on l’a prétendu : c’est le personnage joué par Depardieu qui l’est. Notons aussi que tout cela est doublé en français, et que Jacqueline Bisset, actrice anglaise qui parle le français, est doublée par Alexandra Stewart, autre actrice anglophone, mais... canadienne.

Je vous épargne l’expression qui revient sans cesse pour qualifier cette daube : « parfum de scandale ». On a sa fierté.

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La rue rouge

Jeudi 22 mai 2014

Réalisé par Fritz Lang

Titre original : Scarlet street

Sorti aux États-Unis le 28 décembre 1945

Sorti en France le 29 janvier 1947

Ressorti en France le 14 mai 2014

Une histoire où, après une belle séquence d’ouverture qui présente le héros et son patron, plus rien ne tient debout. Edward G. Robinson joue un caissier honnête, Christopher Cross, dit « Chris Cross » (ouarf !), et qui occupe ses loisirs à peindre. Il tombe amoureux de Kitty, une fille beaucoup plus jeune que lui, dont il n’a pas compris qu’elle se prostituait, et lui fait croire qu’il est un peintre connu. Intéressée, elle feint de l’aimer aussi, et il dépose chez elle deux toiles dont il est assez fier, mais qui ne sont que ridicules. Or la belle a un amant, Johnny, dont elle prétend que c’est le petit ami de sa colocataire, un voyou qui va tenter de vendre les deux toiles sans en parler à son auteur. Miraculeusement, un critique très lu s’entiche des tableaux, les fait acheter à un galeriste, et c’est la fille qui passe pour le véritable peintre, car Chris en tient pas à voir sa propre femme, jalouse, mise au courant de son aventure. Puis il vole son patron pour donner à Kitty de quoi s’acheter un appartement. Bien entendu, il se fait prendre, et il est renvoyé.

Tout cela finira mal, Chris poignarde la fille avec un pic à glace que Johnny avait emprunté, et c’est Johnny qui est arrêté, jugé et condamné à mort. Chris n’a plus qu’à ressasser son remords.

La mise en scène est correcte, la photo en noir et blanc est bonne, Edward G. Robinson est un acteur de valeur, ainsi que Dan Dureya, qui incarne Johnny : eux seuls font que le film vaut d’être vu. Joan Bennett, l’interprète de Kitty, est assez peu charismatique. Le film est d’ailleurs un remake d’un film de Jean Renoir, La chienne, et Renoir n’apprécia pas ! En l’occurrence, il avait raison, le film prouve que même un grand réalisateur comme Fritz Lang peut commettre un navet.

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Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?

Vendredi 23 mai 2014

Réalisé par Philippe de Chauveron

Sorti en France le 16 avril 2014

Après Bienvenue chez les Ch’tis et Intouchables, voici un troisième film français qui triomphe chez nous, puisque, après cinq semaines, il en est à sept millions et demi de spectateurs. La différence, c’est que les deux précédents étaient mauvais, et que celui-ci est plutôt bon, parce que le récit est bien mené, et que les clichés racistes dont il est parsemé sciemment sont placés là pour être ridiculisés – et le sont. Quant à l’interprétation, elle est plus qu’honorable.

Bref, les Verneuil, couple de grands bourgeois catholiques et provinciaux, n’ont guère eu de chance : de leurs quatre filles, les trois premières ont épousé respectivement un arabo-musulman, un Juif et un Chinois, d’ailleurs fort bien lotis, puisque le premier est avocat, le second homme d’affaires, et le troisième, banquier. Madame est plutôt ouverte d’esprit, mais Monsieur, un vieux gaulliste, a du mal à ne pas laisser échapper quelques remarques désobligeantes (mais De Gaulle était raciste, on ne le sait pas suffisamment). Or voilà que la quatrième fille annonce qu’elle va se marier avec un catholique, enfin. Hélas, elle a « oublié » de préciser que c’est un Noir, un Ivoirien, et toute la famille va découvrir que le père du promis est, lui, franchement raciste et hostile à tous les « Blancs » (car c’est ainsi en Afrique, on ne dit jamais qu’un étranger est italien, canadien, espagnol, français ou belge : il n’est que blanc !).

C’est ce coup de pouce scénaristique qui est peut-être de trop – mais il fallait bien un rebondissement à cette comédie satirique –, ainsi que le revirement final du père ivoirien, qui, après bien des disputes, finit par devenir ami de Verneuil et s’avérer enchanté de ce mariage qu’il désapprouvait a priori.

On s’amuse franchement, et les quelques grincheux qui se sont répandus dans la presse ont grand tort.

En bref : à voir. Haut de la page

States of Grace

Lundi 26 mai 2014

Réalisé par Destin Cretton

Sorti aux États-Unis (South by Southwest Film Festival) le 10 mars 2013

Sorti en France le 23 avril 2014

On ne sait comment cette Grace-là, aussi fortement perturbée, a pu être engagée pour s’occuper de jeunes gens eux-mêmes perturbés, dans un établissement qui les accueille jusqu’à l’âge de dix-huit ans : battue et violée par son père, qui l’avait engrossée, suicidaire, s’infligeant à elle-mêmes des scarifications, elle perd pied le jour où elle apprend que ledit père sort de prison et qu’elle risque de le rencontrer. Son camarade de travail, Mason, qui l’aime et dont elle attend un enfant, lui demande de l’épouser, mais elle décide plutôt d’avorter, ce qu’il prend très mal.

Néanmoins, cette sombre histoire bourrée des clichés habituels s’arrange à merveille à la fin, de sorte qu’on n’y croit guère.

Ce n’est pas le seul grief qu’on doive adresser à ce film, car la réalisation aggrave tout : par quelle aberration le réalisateur croit-il filmer correctement quand tout est pris en gros plans, à la caméra que porte un cadreur épileptique ne pouvant capter que des images tremblotantes, même dans les scènes statiques ? Pourquoi n’a-t-on JAMAIS l’idée de poser la caméra sur quelque chose, table, chaise, étagère, armoire, voire par terre et sur la cuvette des WC ? Je souhaite vivement qu’à côté des avertissements récurrents du genre « Attention, ce film peut comporter des images déconseillées aux personnes sensibles », on ajoute celui-ci : « Attention, ce film est déconseillé aux spectateurs sujets au mal de mer » !

Il paraît, c’est lui qui le dit, que le réalisateur s’inspire de Lars (von ?) Trier. Je dirai que ça se voit...

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Grace de Monaco

Jeudi 29 mai 2014

Réalisé par Olivier Dahan

Sorti en France (au Festival de Cannes et en salles) le 14 mai 2014

Totalement hagiographique, le film est sans aspérités, mais on comprend néanmoins que la famille Grimaldi ait refusé qu’on le projette à Monaco, car les bisbilles étalées ici entre Grace Kelly et son prince de mari sont assez gênantes pour leur fierté, bien qu’on ait écrit ailleurs pis que pendre de la princesse d’opérette.

On se contentera donc de relever deux ou trois détails illustrant, par leur inexactitude, l’amateurisme habituel des réalisateurs français.

D’abord, il est faux qu’on ne pouvait pas s’adresser à Grace en lui disant « Princesse » : au contraire, c’est la seule façon correcte de s’exprimer, et c’est l’envahissant « Votre Altesse » qui jure avec la syntaxe.

Ensuite, lorsqu’on parle de son « mariage royal », c’est tout aussi faux, car il n’y a pas de roi à Monaco, mais un prince. Grace Kelly a donc fait un mariage princier.

Puis cette histoire commence en 1961 et se termine en 1963. Au début du film, Albert, le seul fils de Grace et Rainier, a trois ans, et il en a cinq à la fin du film. Or l’enfant qui nous est montré est sensiblement plus âgé. Quant à sa sœur aînée Caroline, elle devrait être âgée de quatre ans au début et de six à la fin. Là encore, dans le film, elle a au moins deux ou trois ans de plus.

Le film se termine par un discours, trop long et lénifiant, typiquement hollywoodien (bien que le film soit l’œuvre d’un Français), dans lequel Grace fustige ceux qui s’acharnent à saccager « tout ce qui est beau » – comprenez : la principauté. Cela vise clairement De Gaulle, qui venait de tenter ce coup de force d’obliger Rainier à faire payer aux Monégasques des impôts dont le produit aurait été reversé à la France, puisque Monaco, c’est dit expressément, n’était qu’un protectorat français. Or le De Gaulle du film, présent à la réception donnée en faveur de la Croix-Rouge, applaudit. Tel qu’on le connaît, le vrai De Gaulle aurait plutôt fait un éclat.

Autre ineptie totalement inexplicable, Alfred Hitchcock y parle de son film Les oiseaux, qui ne sortira qu’en 1963, il rapporte qu’Evan (Hunter, le scénariste) est avec Cary Grant, et il s’inquiète de ce qu’ils feront du scénario. On ne voit pas ce que Cary Grant vient faire dans cette galère, attendu qu’il n’était pas scénariste, qu’il ne joue pas non plus dans Les oiseaux, et que, ayant interprété pour Hitchcock quatre films, ils n’ont plus travaillé ensemble après La mort aux trousses, en 1959.

Les deux interprètes, Nicole Kidman et surtout Tim Roth, ressemblent assez peu à leurs personnages, et l’interprète d’Hitchcock est à peine plus plausible. Finalement, seul Frank Langella, qui joue le prêtre ami des Grimaldi, est pourvu d’un peu de vraisemblance.

Rappelons que Grace Kelly a fait seulement onze films de cinéma et bien davantage de télévision, et que, contrairement à ce qu’on répète sans arrêt sans rien vérifier – ce que je me suis donné la peine de faire –, elle n’a pas « abandonné le cinéma » en épousant Rainier, puisqu’elle est restée au conseil d’administration de la Fox, auquel elle assistait régulièrement, et où elle a fait quelques vagues. Je l’ai rappelé ICI.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Maps of the stars

Vendredi 30 mai 2014

Réalisé par David Cronenberg

Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2014

Sorti en France et en Italie le 21 mai 2014

Je n’ai jamais apprécié les films de Cronenberg, réalisateur obsédé par le malsain : violences, mutilations, transformations physiques, et sexe omniprésent. Or ses deux derniers films ont enfin persuadé certains critiques de le trouver pénible. On sait bien que les meilleurs artistes ont des obsessions et des fantasmes, mais ils ont généralement un peu plus de subtilité, et en nourrissent discrètement le caractère de leurs personnages sans le badigeonner à la truelle. Par exemple, le cinéma a connu d’innombrables réalisateurs homosexuels, or AUCUN n’en a fait le sujet de ses films ni n’a exploré ce thème. Ici, tout y passe : névroses, inceste, scatologie, désir de meurtre, volonté de pouvoir, masochisme, ambition démesurée y compris chez les parents des enfants vedettes, langage de charretier, domination des autres, morbidité, etc. Le comble est que l’essentiel de ces déviances est incarné en la personne d’un acteur de feuilleton télévisé, censé être âgé de... treize ans (l’interprète, fort peu charismatique, en a visiblement deux ou trois de plus).

Signalons que le film, bien qu’il se déroule à Hollywood, n’a pour l’essentiel pas pu être tourné aux États-Unis, et n’est pas sorti dans ce pays.

À Cannes, on a donné un prix d’interprétation à la pauvre Julianne Moore, mais ce rôle est le pire de sa carrière, et, auprès du véritable public, elle devrait normalement avoir quelques difficultés à s’en remettre.

Et ne me dites pas que ce film est sarcastique, et que son auteur a voulu faire une satire. Des satires, on en voit qui sont réussies.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés

Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.