Œuvres citées (entre parenthèses, autres que des films) : From hell – Sleepy hollow – Le talentueux Mr Ripley – Astérix – Plein soleil – Huit femmes – Mon curé chez les nudistes –Mon curé chez les Thaïlandaises – Piège pour un homme seul – La dame de Shanghaï – If I die before I wake – La nuit courte – Le village des damnés – Village of the damned – Rocky Horror Picture Show – Friends – Un homme d’exception – A beautiful mind – Rain man – Forrest Gump – Le cercle des poètes disparus – Le huitième jour – Shine – La défense Loujine – 2001, l’Odyssée de l’espace – Le grand sommeil – Le faucon maltais – Amen. – 1974, une partie de campagne – La haine – La chute du faucon noir – Black Hawk down – Lundi matin – Arrêt sur images – Les cœurs verts – If... – Citizen Kane
Personnes citées : Allen Hughes – Albert Hughes – Johnny Depp – Jack l’Éventreur – Le Masque de Fer – Louis XIV – Nicolas Fouquet – Alexandre Dumas – Le prince Edward d’Angleterre, duc de Clarence – La reine Victoria – Patricia Highsmith – René Clément – Matt Damon – Jamel Debbouze – Alain Chabat – Claude Zidi – Albert Uderzo – René Goscinny – Robert Thomas – Alfred Hitchcock – Orson Welles – Sherwood King – William Castle – Charles Lederer – Fletcher Markle – Catherine Deneuve – Wolf Rilla – George Sanders – Bruce Willis – John Carpenter – Jim Sharman – Les frères Lumière – Daniel Auteuil – Tom Hanks – Dustin Hoffman – Jacques Chirac – Ron Howard – Albert Einstein – Arthur C. Clarke – Virginie Ledoyen – Steve McQueen – Fred Astaire – Jean-Marie Messier – Costa-Gavras – Raymond Depardon – Jacques Séguéla – François Mitterrand – Charles De Gaulle – Valéry Giscard d’Estaing – Sheila – Dany – Mireille Mathieu – Dalida – Mathieu Kassovitz – Danielle Darrieux – Michèle Morgan – Romy Schneider – Pâris-Alexandre – Le roi Priam – Pauline Carton – Roger Hanin – Greta Garbo – Adolf Hitler – Ridley Scott – Raymond Depardon – Édouard Luntz – Lindsay Anderson – Marcel Carné – Peter Greenaway – Édith Cresson – Léonard de Vinci
Réalisé par Allen Hughes et Albert Hughes
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 8 septembre 2001
Sorti en France le 30 janvier 2002
Vu From hell, d’après une BD dont on s’est évertué depuis quelques jours à nous dire qu’elle était « culte », histoire sans doute de nous inciter à voir le film, et de justifier le prix insensé de l’album, 45,75 euros (300 francs) ! Il est tout en noir et blanc, et pas très bien dessiné, à mon avis. Mais il y a des amateurs.
Le film, lui, est à peine passable, et je dirai que Johnny Depp aurait mieux fait de s’abstenir, car il reprend son rôle d’enquêteur de Sleepy hollow, que le scénariste a essayé de rendre plus intéressant en faisant de lui un drogué à l’opium et un voyant extralucide. C’est l’histoire de Jack l’Éventreur, et, comme chaque fois que le cinéma traite d’un personnage dont on ne connaît pas l’identité, on choisit la version la plus extravagante ! Par exemple, avec le Masque de Fer, le cinéma a toujours considéré que c’était le frère jumeau de Louis XIV, hypothèse absurde, soutenue notamment par Alexandre Dumas (en fait, c’était certainement Fouquet). Bref, ici, l’histoire est la suivante : le prince Edward, duc de Clarence et l’un des héritiers du trône de la reine Victoria, a contracté la syphilis avec des prostituées, et, plus grave, en a épousé une, dont il a eu un enfant. Voilà donc cette petite fille de pute mise au rang des héritiers de l’Empire britannique. Intolérable ! La famille royale met le prince à l’écart, fait enlever l’ex-prostituée, la fait trépaner pour qu’elle ne parle plus, l’enferme dans un asile, et cherche la gosse, que sa mère a eu le temps de confier à ses anciennes collègues du trottoir. Comme c’est autant de témoins gênants, le propre médecin de la reine entreprend de liquider lui-même les sept filles : il les poignarde, les éventre, les mutile. Quelle santé, pour un septuagénaire ! Johnny Depp enquête, s’approche un peu trop près de la vérité, on le dessaisit, il insiste, le scandale est près d’éclater, la reine sermonne pour la forme son médecin-assassin... et le fait trépaner à son tour. La famille royale ne retrouve pas l’enfant, et Johnny meurt dans sa fumerie d’opium.
Voilà. Je suis certain que vous allez tous vous précipiter au cinéma.
Le talentueux Mr Ripley est très supérieur à la fois au livre de Patricia Highsmith et au film Plein soleil que René Clément en avait tiré. Matt Damon y était parfait.
Pour ce qui est d’Astérix, tous les comédiens font un numéro. En fait, aucun n’accomplit de performance d’acteur, et surtout pas Jamel Debbouze, qui fait ici ce qu’il fait partout. On pourra le qualifier de « comédien » quand il aura rempli convenablement un rôle où il a autre chose à donner que de la tchatche. Je pense en tout cas que Chabat a eu raison de ne pas essayer ce qu’avait raté Claude Zidi : imiter le style graphique d’Uderzo. On ne voit même pas le village gaulois ni les personnages habituels ! Il a plutôt recherché l’esprit de Goscinny, calembours, jeux de mots volontairement débiles et anachronismes.
Robert Thomas, qui a écrit la pièce dont Huit femmes est tiré, s’est fait connaître en écrivant quelques pièces policières qui ont eu un certain succès, avant de passer au cinéma pour y réaliser les chefs-d’œuvre qu’étaient Mon curé chez les nudistes et Mon curé chez les Thaïlandaises. La pièce qui l’a lancé s’appelait Piège pour un homme seul, et Thomas a fait toute sa carrière en rappelant sans arrêt qu’Hitchcock lui avait acheté sa pièce afin d’en faire un film (projet qui n’a pas été réalisé). Il y a de quoi être sceptique, car il s’agissait d’une pièce à énigme, et jamais Hitchcock n’a filmé une histoire de ce genre, parce que c’est toujours décevant au cinéma.
Cela dit, faire un bon film à partir d’un livre ou d’une pièce quelconque, c’est très possible. Un jour qu’il avait besoin d’argent, Orson Welles a téléphoné à un producteur en lui proposant un film. L’autre lui demande s’il avait un sujet, et Welles, qui téléphonait d’une cabine dans une gare et n’avait aucun sujet en tête, lui donne le titre d’un roman policier qu’il voyait à ce moment sur un présentoir à côté de la cabine : La dame de Shanghaï. Et il se met à baratiner le producteur sur ce roman qu’il n’avait bien sûr pas lu. Le producteur est finalement convaincu, accepte le projet, et Welles a dû inventer une histoire policière qu’il a intitulée La dame de Shanghaï !
(Pour être franc, cette anecdote qu’on a racontée partout est douteuse : le film crédite en fait un roman de Sherwood King, If I die before I wake. Et il y a eu trois autres scénaristes, en plus d’Orson Welles : William Castle, Charles Lederer et Fletcher Markle. C’est le genre d’histoire que l’on raconte aux journaux pour alimenter la publicité)
Je hurle lorsque j’entends ces ânes de critiques répéter inlassablement – parce qu’ils se pillent tous mutuellement sans jamais rien vérifier – qu’Hitchcock « est mort sans avoir eu le temps d’adapter » la pièce de Robert Thomas Piège pour un homme seul. Pas le temps ! Il a acheté cette pièce en 1960, et il est mort vingt ans plus tard, le 29 avril 1980 exactement. Les cinéphiles connaissent bien ses projets non réalisés (ils ont été publiés). Il y avait notamment un film d’espionnage avec Catherine Deneuve, La nuit courte. Mais Piège pour un homme seul n’y figurait pas. Le sujet n’était pas pour lui, car il n’y avait aucune possibilité de suspense, aucune occasion de montrer un innocent en danger – ce qu’il préférait.
Réalisé par Wolf Rilla
Titre original : Village of the damned
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 8 septembre 2001
Sorti en France le 8 février 1961
Le village des damnés est l’un des meilleurs films de science-fiction qui ait été réalisé. Il date de 1960, dure 77 minutes, et c’est l’œuvre de Wolf Rilla, un réalisateur né en 1920 et qui ne tourne plus (il tient un restaurant dans le midi de la France, Le Moulin de la Camandoule, à Fayence). Ce film n’a presque aucun trucage. L’histoire raconte qu’un jour, un village anglais devient inaccessible : plus personne ne peut y entrer, et tous ses habitants sont tombés en léthargie. Le phénomène ne dure que quelques heures, puis tout rentre apparemment dans l’ordre. Mais on s’aperçoit, au bout de quelques semaines, que toutes les femmes y sont enceintes, même les filles qui étaient vierges ! Elles accouchent toutes le même jour, de bébés assez étranges : ils évoluent très rapidement, et lorsque l’un d’eux apprend quelque chose, tous en ont une connaissance instantanée. De la sorte, ces enfants dépassent tout le monde en savoir et en intelligence. Ils ont aussi des pouvoirs mystérieux : si quelqu’un fait du mal, fût-ce involontairement, à l’un quelconque d’entre eux, il lui arrive aussitôt un malheur inexplicable. Enfin, ils lisent dans les pensées de n’importe qui.
Un professeur, joué par George Sanders, comprend qu’il s’agit là d’une invasion d’extraterrestres, et comme ils sont maléfiques, il décide de les détruire en les réunissant tous dans la salle de classe où il les instruit, en faisant exploser une bombe à retardement qu’il a cachée dans sa serviette (il se suicide, donc). La difficulté est de ne pas penser à ce qu’il transporte jusqu’à l’explosion, car, s’il y pense, les enfants le liront dans sa pensée, se mettront à l’abri et le tueront. Il y arrive pourtant, en se répétant « Je dois penser à un mur de briques, je dois penser à un mur de briques ». Tout saute, et l’humanité est sauvée une fois de plus, mais pas par Bruce Willis.
En 1995, John Carpenter a fait un remake de ce film, qui n’a pas marché.
Réalisé par Jim Sharman
Sorti aux États-Unis le 26 septembre 1975
Sorti en France à une date inconnue
Pour mon amie Horror... pardon !... Aurore, qui ne sait pas ce que c’est que le cinéma, il s’agit d’un procédé révolutionnaire (bien que n’ayant pas été inventé en Amérique du Sud) permettant de voir des machins qui bougent sur un truc plat appelé « écran », généralement de couleur blanche, sauf dans les quartiers pauvres où l’objet tire souvent sur le grisâtre, et sauf encore au Studio Galande après une projection de Rocky Horror Picture Show, où la palette de couleurs est indéfinissable. Ça fonctionne avec de la lumière – une sorte de fluide assez répandu dans le système solaire. Ce procédé a été mis au point par des tas de gens qui n’avaient même pas été présentés les uns aux autres, ce que je trouve du dernier grossier. Les personnes qui ont fait des études disent plutôt « cinématographe », mais elles se font rares. Les images obtenues viennent d’un autre objet appelé « film », sorte de ver solitaire en plus large, et percé de trous appelés comme par hasard « perforations ».
Contrairement à une opinion assez répandue, le cinéma n’a pas été inventé par les frères Lumière, et ça tombe bien, car c’étaient de sales collabos. Mais leur nom inspire les délires les plus absurdes, ce qui n’étonne pas de la part du peuple le plus spirituel de la Terre.
Rocky Horror Picture Show est un film « culte » de Jim Sharman. Il est à la fois musical, d’horreur (parodique, entre Dracula et Frankenstein) et comique, avec un look homo très prononcé. Susan Sarandon y joue. Les fans de ce film connaissent les dialogues par cœur et se réunissent dans des salles de ciné en général très crasseuses pour le voir et le revoir, un peu comme font les fans de Friends, et ils récitent le dialogue en même temps que les personnages, toujours comme les susdits fans. La coutume veut aussi qu’ils lancent des œufs et de la farine sur les voisins et parfois sur l’écran. Lorsque la séance est terminée, les deux spectateurs qui sortent les derniers sont condamnés à nettoyer la salle.
J’aimerais dire à quel point je déteste certains films qui prétendent nous donner des leçons d’humanisme, genre qui permet d’attraper beaucoup de spectateurs naïfs, en les culpabilisant. Je pense à Rain man, mais aussi à Forrest Gump ou au Cercle des poètes disparus. Il y a eu aussi ce film belge, Le huitième jour, avec Daniel Auteuil et un handicapé mental. Le pire est sans doute Forrest Gump, dont la morale nauséeuse est celle-ci : vive le handicap mental, à bas l’intelligence, vous réussirez si vous êtes le plus bête possible. Rappelons que la devise des fachos franquistes, durant la guerre d’Espagne, était précisément « Vive la mort, à bas l’intelligence ! ». Bien sûr, les gens de cinéma savent y faire pour nous faire avaler leur message, il suffit de prendre un personnage idiot et de le rendre sympathique ! Si possible, joué par une grande vedette comme Tom Hanks ou Dustin Hoffman.
Le résultat, c’est que les États-Uniens élisent maintenant des neuneus à la Maison-Blanche. Les Français vont peut-être faire de même en réinstallant Chirac à l’Élysée pour cinq ans, alors qu’il est, non seulement incompétent, mais aussi malhonnête.
Réalisé par Ron Howard
Titre original : A beautiful mind
Sorti aux États-Unis le 13 décembre 2001
Sorti en France le 13 février 2002
Comme prévu, Un homme d’exception, qui relève du pseudo-humanisme dont je parlais hier, est une daube. De plus, c’est une daube interminable. Résumé : il est dingue, donc il aura le prix Nobel. Hier, dans ma liste des films que je déteste, j’ai oublié Shine : c’est un pianiste dingue, donc il sera sauvé par une astrologue. C’est toujours pareil au cinéma, dès qu’un type a du génie, il est forcément cinglé. Même les joueurs d’échecs, comme dans La défense Loujine. Lui, Loujine, il se suicidait, et sa femme terminait à sa place un tournoi international. Très réaliste (surtout quand on sait que les femmes ne savent pas jouer aux échecs).
J’attends avec impatience la vie d’Einstein adaptée au cinéma. On nous expliquera qu’il est dingue parce qu’il n’aimait pas aller chez le coiffeur.
2001 est un chef-d’œuvre, mais il peut n’être pas compris des non-initiés, c’est-à-dire des personnes n’ayant pas lu le livre. Cela tient à la conception très particulière du scénario : Arthur C. Clarke, qui n’est pas la moitié d’un imbécile, écrivait le livre en même temps que le film se faisait, et toutes les explications manquantes se trouvent dans le livre. Le côté scientifique de l’histoire est très solide, pour la bonne raison que Clarke est un savant en même temps qu’un écrivain. Tout le monde sait que c’est lui qui a eu l’idée des satellites géostationnaires.
Cela posé, il existe pas mal de films auxquels « on ne comprend rien », et qui sont de grands films. Exemple, Le grand sommeil. Même son réalisateur ne comprenait rien à l’histoire ! Et Le faucon maltais n’est pas non plus d’une clarté éblouissante. C’est le style qui compte. Quelqu’un a-t-il déjà compris un traître mot à un poème de Mallarmé ?
Question d’une spectatrice de Huit femmes : comment, au début du film, Virginie Ledoyen peut-elle sortir ses valises du coffre arrière d’une Dauphine ? Effectivement...
Les trucages numériques permettant aujourd’hui de réaliser ce qui paraissait hier impossible, on peut désormais faire interpréter un rôle dans un film à un acteur décédé depuis longtemps. Souvenez-vous de Forrest Gump, ou de cette pub pour une voiture moderne dans laquelle Steve McQueen était au volant.
Moyennant quoi, c’est Fred Astaire qui va ressusciter, pour tenir le rôle principal dans... un film X ! La firme productrice, dont je tairai le nom pour ne pas faire de publicité à Vivendi Universal et à son président Jean-Marie Messier, place désormais tous ses espoirs dans cette nouvelle branche d’activité.
Le film ainsi réalisé s’appellera Astaire X. Je lui prédis un grand succès.
Le tribunal n’a pas dit « amen » à cette association d’extrême droite qui voulait faire interdire l’affiche du film de Costa-Gavras. Comme le mot cerise veut dire malchance en argot, je saute sur l’occasion de dire que j’aime beaucoup la cerise sur les cathos.
Réalisé par Raymond Depardon
Sorti aux États-Unis le 13 décembre 2001
Sorti en France (à la télévision – Arte) le 20 février 2002
Sorti en France (en salles) le 22 février 2002
Si vous avez regardé 1974, une partie de campagne sur Arte mercredi soir, vous avez pu admirer une grande première : l’introduction de la « com » dans les campagnes électorales. On croit trop souvent que cette perversion date de 1981, avec le fameux slogan « La force tranquille » que Séguéla prétend avoir inventé au profit de Mitterrand (en fait, il n’a fait que le recycler. Le slogan. Pas Mitterrand).
Avant cela, outre les affiches électorales, les candidats venaient à la radio et à la télé, dans des messages officiels, exposer leurs intentions et leurs convictions. Bien sûr, il y avait déjà des promesses en l’air et des mensonges éhontés, et De Gaulle, par exemple, ne s’en est pas privé. Mais les méthodes de la pub n’avaient pas court. Pour les législatives, les aspirants au poste allaient faire des réunions dans les préaux d’école et disaient la même chose un peu partout.
Avec Giscard, pour la première fois, on a calculé par avance l’impact de chaque mot, chaque attitude, chaque détail du physique et de l’habillement, en vue de s’adapter à l’auditoire du jour. Et c’est seulement cette année-là, sauf erreur, qu’on a vu organiser des spectacles de music-hall pour attirer le bon peuple. Pour Giscard, vous avez vu : on avait engagé Sheila, Dany et Mireille Mathieu (c’était des chanteuses de l’époque). En 1981, lors des meetings de Mitterrand, c’était Dalida qui ouvrait la soirée : elle avait eu l’habileté de se faire passer pour socialiste, et les gens du PS croyait qu’elle chantait gratuitement. Ils ont fait une belle tête quand elle leur a envoyé la facture de ses concerts. J’en ris encore.
Et voilà, le ver était dans le fruit.
Un mot gentil pour Mathieu Kassovitz. Il y a cinq ou six ans, ce type-là faisait mine de casser la baraque avec son film sur les banlieues, La haine. Aujourd’hui, le même vend sa tronche pour faire la pub d’un parfum de luxe. Révolutionnaire en peau de lapin...
Rappelons à ceux qui n’étaient pas là que Danielle Darrieux aura 85 ans le jour de la Fête du Travail, que Michèle Morgan est née le 29 février 1920, donc qu’elle aura 84 ans en 2004, et que Romy Schneider engraisse les asticots depuis un certain temps. C’était d’ailleurs la plus cinglée des trois. Face à ces trois déesses, sur le mont Ida, qu’aurait fait Pâris-Alexandre, fils du roi Priam ? Moi, je vote pour Pauline Carton. En tout cas, les hommes vieillissent mieux. Voyez Roger Hanin et Sean Connery, plus ils avancent en âge, plus ils sont superbes.
Au fait, vous savez pourquoi Greta Garbo a cessé de tourner en 1941 ? C’est parce qu’elle avait pris parti pour Hitler et que ses actions étaient sérieusement en baisse à la banque de la popularité. Déjà, tout foutait le camp...
Réalisé par Ridley Scott
Titre original : Black Hawk down
Sorti aux États-Unis le 18 décembre 2001
Sorti en France le 20 février 2002
Ce matin, j’ai vu La chute du faucon noir. J’ai attendu jusqu’au bout afin de lire le générique de fin, car je voulais savoir où avait été fait le tournage. Stupeur ! À Rabat, capitale du Maroc, et sa ville jumelle Salé, qui n’en est séparée que par un fleuve. Je connais ces endroits comme ma poche, et je n’ai rien reconnu. On se croirait vraiment à Mogadiscio. Ce détail, et la masse de pognon dépensée pour détruire autant de maisons, c’est le principal intérêt du film de Ridley Scott. Allez plutôt voir Lundi matin.
Les catholiques ne sont pas FORCÉMENT des extrémistes de droite, mais l’association qui avait assigné en justice la production du film Amen. (n’oublions pas le point !) est bien une association d’extrême droite. Elle fait le coup chaque fois qu’on publie quelque chose, livre de photos, film ou autre, qui lui déplaît. Tout ça, en l’occurrence, parce que l’affiche utilise en le déformant un symbole prétendûment religieux. J’aimerais bien qu’on m’explique comment un groupe de gens peut se prétendre propriétaire d’un logo comme la croix ! Pour se dire propriétaire d’un signe distinctif, la loi exige qu’on l’ait déposé et enregistré auprès d’un organisme habilité. Si j’utilise le logo de McDonald’s, qui est déposé, on peut me traîner en justice. La croix, non.
Et pour finir sur une blague douteuse et que je n’ai pas inventée : à quoi ressemblerait les autels des églises si, au lieu d’être crucifié, Jésus avait été empalé ?
Dans Arrêt sur images diffusé aujourd’hui sur France 5, Raymond Depardon confirme ce que j’ai dit ici il y a quelques jours : c’est bien Giscard qui a inventé la « communication » politique. Et il n’avait, en 1974, aucun conseiller en communication.
Pourquoi devrait-on censurer une scène de douche ? Ce type de scène a fortement contribué à faire plier la censure au cinéma. La première fois qu’on a vu en France des sexes masculins, si on excepte en 1967 Les cœurs verts d’Édouard Luntz (c’était plutôt une scène de piscine, avec des vues nocturnes et très fugitives), ça se passait dans If..., le film anglais de Lindsay Anderson. Bizarrement, la version projetée en Angleterre était différente, le cadrage ne permettait pas de voir ce qu’on voyait en France. La version française doublée, aussi, était censurée. Bref, il n’y avait que la version originale sous-titrée, exploitée en France, qui portait un regard franc et sans complexes sur ce type de scène. Auparavant, même l’illustre Marcel Carné s’était fait censurer, précisément pour une scène de piscine ! Un comble...
Je raconte ça, pour placer ma conviction : on ne fait avancer les choses que si on est assez audacieux pour braver, à la foi, les habitudes, les idées communément admises... et les règlements !
Mais je n’ai pas fait de statistiques sur les nus au cinéma. Tout au plus, j’ai constaté que l’on voit des hommes nus dans TOUS les films de Peter Greenaway, qui est hétérosexuel. Ça m’amuse beaucoup. Il est vrai qu’il est anglais. Mais c’est peut-être pour ne pas faire mentir Édith Cresson.
Au fait, vous savez comment on est certain que Léonard de Vinci était homosexuel ? Il a laissé des milliers de dessins, parmi lesquels des centaines de croquis d’organes sexuels mâles. Dans le tas, deux seulement représentent des organes féminins... et il s’est trompé en les dessinant ! Preuve qu’il n’en avait jamais vu. Ça aussi, c’est une de ces petites choses de la vie qui me font bien rire.
Comment pourrait-on apprécier Citizen Kane, ou même n’importe quel film, en le regardant par petits bouts, comme on le fait volontiers avec la vidéo ? Ce n’est pas un téléfilm d’AB Productions qu’on peut saucissonner à volonté ! Il y a dans ce film une tension dramatique qu’il faut laisser s’installer. Si on le largue au bout de dix minutes, on le comprend de travers.
La signification de « Rosebud », qui est le symbole de l’enfance arrachée contre son gré à Charles Foster Kane lorsque sa mère l’a confiée à une banque, n’est qu’un indice, le fil conducteur du récit, et ce n’est que le biais qu’a choisi un rédacteur en chef de journal, à la recherche du sensationnel uniquement, comme tous ces gens-là. Mais ce n’est pas ce que dit le film, ou pas seulement.
Ce que dit le film, c’est notamment cette série de questions : comment un homme parvient-il au sommet avant de redégringoler, quelle a été son obsession durant toute sa vie, qu’a-t-il aimé en réalité, comment réalise-t-on son ambition et comment la sabote-t-on, peut-on concilier l’amitié avec les exigences morales, à quoi mènent l’argent et la puissance, sait-on jamais quoi que ce soit sur les autres, quelles sont les limites à ne pas franchir en politique, y a-t-il une différence de nature entre un communiste et un fasciste, qu’appelle-t-on « réussir sa vie », quel est le rôle des médias, quel est leur incidence sur la vie privée, peut-on aimer la même personne toute sa vie, reste-t-on fidèle à sa jeunesse ? Etc.
C’est l’un des plus grands films de tous les temps, et je vais rajouter un article sur Citizen Kane dans ma page des grands films classiques.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés
Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.