JPM - Films vus - Notules -  Août 2013

Notules - Août 2013

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Marius (2013) – Marius (1931) – Fanny (2013) – Fanny (1932) – Magnifica presenzaAmerican nightmareThe purgeJe ne suis pas mortLa dispute – Texas chainsaw 3DFriendsGoldJour de fête – L’école des facteurs – Les vacances de Monsieur Hulot – Mon oncle – Un, deux, troisOne, two, threeEgy, kettö, három – Lawrence d’Arabie – La fureur de vivre – Les derniers joursLos últimos díasFedoraFedora – Crowned heads – Psychose – Rosemary’s baby – The other – La fête du maïs – Sunset Boulevard – Les invisiblesLes flingueusesThe heatImogeneGirl most likelyGleeConjuring : les dossiers Warren The conjuring – L’exorciste – Paranormal activity – The shining – Le dernier pub avant la fin du monde – The World’s End – Real Humans – Le village des damnés – Shaun of the dead – Hot fuzz

Personnes citées : Daniel Auteuil – Marcel Pagnol – Alexander Korda – Jules Raimu – Ko van Dijk – Roger Hanin – Charles Boyer – Raphaël Personnaz – Romain Duris – Victoire Bélézy – Pierre Fresnay – Orane Demazis – Jean-Pierre Darroussin – Fernand Charpin – Ferzan Özpetek – James DeMonaco – Ethan Hawke – Manuel Valls – Christine Taubira – Mehdi Ben Attia – Claudia Cardinale – Philip Roth – Michel Drucker – Pierre Carlet de Marivaux – John Luessenhop – Scott Eastwood – Clint Eastwood – Thomas Arslan – Jacques Tati – René Wheeler – Henri Marquet – Billy Wilder – Ferenc Molnár – Horst Buchholz – Omar Sharif – Sal Mineo – James Dean – Natalie Wood – Alex Pastor – David Pastor – Thomas Tryon – Alfred Hitchcock – Janet Leigh – Henry Fonda – Michael York – Robert Mulligan – William Holden – Sébastien Lifshitz – François Ozon – Paul Feig – Shari Springer Berman – Robert Pulcini – Darren Criss – James Wan – Stanley Kubrick – Edgar Wright – Simon Pegg – Nick Frost

Marius (2013)

Jeudi 1er août 2013

Réalisé par Daniel Auteuil

Sorti en France et en Belgique le 10 juillet 2013

Ce film soutient parfaitement la comparaison avec la version de 1931, dont presque tout le monde croit qu’elle a été réalisée par Marcel Pagnol, alors que son metteur en scène était le Hongrois Alexander Korda, qui a terminé sa carrière (et sa vie) en Angleterre, après avoir travaillé en Hongrie, en Autriche, en Allemagne et aux États-Unis. Pagnol était l’auteur de la pièce dont le film est adapté.

La question de savoir si Daniel Auteuil est aussi bon que Raimu (mais il y eut d’autres interprètes, Ko van Dijk, en 1977 ; Roger Hanin, en 2000 ; Charles Boyer, en 1961, qui ont fait de leur mieux pour interpréter ce magnifique rôle, juste et nuancé, de César, valant bien les autres grands rôles du répertoire théâtral), n’est pas la plus importante. Ce qui compte dans le cas présent, c’est que les deux jeunes interprètes de Marius et Fanny, c’est-à-dire Raphaël Personnaz (on a échappé à Romain Duris, Dieu soit loué !) et Victoire Bélézy, sont beaux, jouent très bien et ont l’âge du rôle, ce qui est capital pour la vraisemblance de cette histoire. Or, à cet égard, Pierre Fresnay, qui avait déjà 34 ans, et Orane Demazis, qui en avait 37, soit plus du double de l’âge du personnage, ne convenaient pas du tout ! Et cette dernière était mauvaise comédienne, pour ne rien arranger... On s’est toujours demandé ce qu’elle faisait dans la trilogie marseillaise !

Le film de Korda avait été réalisé à l’économie, on ne sortait guère du Bar de la Marine, et l’on ne voyait pas les rues de Marseille. Ici, la ville a été mise à contribution, même si l’on évite le Vieux-Port, qui est devenu une horreur imitée des marinas qu’on trouve un peu partout et qui ont défiguré les littorals les plus attrayants. On prend donc bien du plaisir à suivre le film, jamais caricatural

L’histoire est simple, et Auteuil n’a pas craint de la resserrer, la ramenant de 130 minutes à 93 minutes, en coupant les gaudrioles permanentes (ne reste que la partie de cartes, intouchable), qui alourdissaient la trilogie d’origine, ce dont on lui sait gré. Car enfin, le drame se résume en douze mots : si Marius part, Fanny sera malheureuse ; s’il reste, il sera malheureux. Et là, on le sent.

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Fanny (2013)

Vendredi 2 août 2013

Réalisé par Daniel Auteuil

Sorti en France et en Belgique le 10 juillet 2013

Dans cette suite, le personnage de Marius est longtemps mis de côté, et ne revient qu’à la fin, pour réclamer que Fanny, mariée avec Panisse, lui revienne, avec leur enfant. Mais chacun, y compris son père, le voit tel qu’il est devenu, un égoïste et un salaud. Il renonce et repart.

Cette fois, le personnage de Fanny est en avant, et le thème diffère complètement du premier épisode, puisque, ce qui est au centre de l’histoire à présent, c’est le sort qui est alors réservé aux filles-mères et aux « bâtards », comme on ne dit plus qu’en banlieue – le mot ayant d’ailleurs changé de sens entre-temps. On sent bien que tout le film tend à introduire la scène-clé de la fin, où se trouve débattue la question essentielle : qui est le vrai père d’un enfant, son géniteur (« père biologique », comme on a l’habitude de dire aujourd’hui), ou celui qui l’a élevé ?

Tout repose, cette fois, sur Victoire Bélézy, qui incarne très bien Fanny, et sur Jean-Pierre Darroussin, merveilleux Panisse, qui n’a aucun mal à faire oublier Fernand Charpin, lequel, acteur plutôt comique, était moins crédible dans la version de 1932.

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Magnifica presenza

Lundi 5 août 2013

Réalisé par Ferzan Özpetek

Sorti en Italie le 12 mars 2012

Sorti en France le 31 juillet 2013

Sans qu’on sache comment il a trouvé l’argent, Pietro s’installe à Rome afin de tenter une carrière d’acteur, qui ne semble pas devoir aboutir. Mais la maison qu’il a louée est hantée par huit personnages, les fantômes des membres d’une ancienne troupe d’acteurs qui, pour avoir un peu trop flirté avec les fascistes, ont été exécutés en 1943, sur dénonciation d’une des leurs... qui vit toujours et que Pietro parvient à retrouver. Ils ne peuvent pas quitter la maison, et donnent à Pietro des leçons pour l’aider à réussir une audition (les cons disent « un casting »), mais cela rate lamentablement.

On a rarement vu une histoire assez simple racontée de manière aussi tarabiscotée, mais ce n’est pas déplaisant, car l’acteur principal ne manque pas de charme. Néanmoins, pourquoi en avoir fait un gay qui pense avoir trouvé le grand amour en la personne de Massimo ? Ce Massimo-là, il ne l’a rencontré qu’une heure, trois ans plus tôt, l’a idéalisé, et n’a cessé de le bombarder de lettres et de SMS, au point que sa cible, lassée, accepte son invitation à dîner, uniquement pour venir lui signifier de lui foutre la paix. Toute cette partie du film, qui ne sert absolument à rien, aurait pu être coupée sans dommages. Mais c’est le film entier dont on ne sait trop où il va.

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American nightmare

Mercredi 7 août 2013

Réalisé par James DeMonaco

Titre original : The purge

Sorti aux États-Unis (Stanley Film Festival) le 2 mai 2013

Sorti en France le 7 août 2013

Le distributeur a-t-il modifié le titre pour éviter aux spectateurs français de croire qu’il s’agissait d’une adaptation de Feydeau ?

Durant les vingt premières minutes, et un peu parce qu’Ethan Hawke, acteur responsable, a coutume de jouer dans des films intelligents, on se dit que Manuel Valls et Christiane Taubira devraient voir ce film, puisqu’il repose sur cette idée qui devrait les aider : dans un avenir proche, les États-Unis ont instauré une « nuit de la purge », de sept heures du soir à sept heures du matin, durant laquelle chacun peut tuer impunément qui il veut : la police et les médecins n’interviennent pas, les pulsions meurtrières peuvent se donner libre cours, et, cet exutoire fonctionnant admirablement dans un pays où chacun est persuadé que la peine de mort est le rampart le plus efficace contre la criminalité, il n’y a plus de criminalité du tout ! On évite aussi de souligner que, grâce à cette méthode du meurtre épaulant la sélection naturelle darwiniste, les malades, les faibles et les incapables sont également éliminés, de sorte que le pays est au summum de la prospérité et que le chômage est tombé à un pour cent.

Or cette idée de scénario a priori intelligent est presque immédiatement sabotée par une réalisation d’une bêtise abyssale, qui donne dans tous les procédés les plus éculés du film d’horreur, voire du gore : scènes nocturnes (le courant est coupé dans la maison où tout se passe), caméra portée qui filme tout en gros plans et gigote sans cesse, chocs visuels et sonores, musique parasitée par les percussions, tout ce que je dénonce ici à longueur de pages comme flattant les goûts les plus primaires d’un public décérébré, à la recherche uniquemernt de sensations.

On se dit alors que c’est un problème de production, qu’un producteur mal avisé, ayant hérité d’un scénario de qualité, n’a pas su trouver le réalisateur adéquat et s’est trompé d’adresse. Mais, vérification faite, le scénariste et le réalisateur sont la même personne !

Et voilà comment, pour la première fois, je dois coller l’étiquette « À fuir » à un film basé sur une bonne idée de scénario ! Mais comme une suite est déjà annoncée, nous voilà prévenus, et le boycott est garanti. En attendant, une prédiction pour ce film : une semaine d’exclusivité dans une salle d’importance moyenne, puis la relégation dans un placard à balais.

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Je ne suis pas mort

Jeudi 8 août 2013

Réalisé par Mehdi Ben Attia

Sorti au Brésil (Festival de São Paulo) le 20 octobre 2012

Sorti en France le 7 août 2013

Le seul long-métrage dû précédemment à ce réalisateur était Le fil, plastiquement réussi mais à moitié satisfaisant sur le plan du scénario, où Claudia Cardinale tenait le rôle principal, une femme dont le fils, rentré en Tunisie après un séjour en France, tombait amoureux de l’homme de confiance de sa mère. Ici, c’est moins réussi, parce qu’on a l’impression que l’auteur n’a pas su choisir, et qu’il est resté le derrière entre deux chaises.

Donc, Yacine Berrabah, brillant étudiant qui désire faire carrière dans la politique, entre dans les bonnes grâces de son professeur, Richard, qui l’épaule pour lui faire obtenir un stage à l’Élysée ; ce qui semble un peu gros. Mais Richard meurt subitement, et, à partir de là, on ne sait plus : Yacine prétend être Richard, qui donc ne serait pas mort ! Bien sûr, personne ne le croit, mais on ne saura jamais si lui-même y croit, ou s’il n’est qu’un simulateur aux dents longues – d’autant plus qu’il devient l’amant de la veuve.

Il est donc impossible au spectateur de décider s’il assiste à un film fantastique ; or la mise en scène, très plate, ne l’y aide en rien. Et ce ne sont pas les déclarations du réalisateur (affirmant que son idée était de raconter l’histoire d’un homme qui se réveille dans la peau d’un Arabe, ou que Yacine et Richard sont un seul personnage mais à deux âges différents, ce que le film ne confirme pas) qui peuvent éclaicir la situation.

J’ai relevé deux passages de dialogue. Le premier est une réplique de Richard (ou de son ami Eugène, j’ai oublié) : « J’ai vu une interview de Philip Roth, la journaliste voulait le faire parler de ses parents, et lui demandait de parler de son papa et de sa maman ! ». Voilà des années que je raille cette manie de la régression verbale, que j’attribue à Michel Drucker et à ses émules. Et celui-ci : « Autrefois, on disait aux gens d’attendre ; aujourd’hui, on leur demande de patienter ! ». C’est très vrai... J’ai beaucoup moins apprécié cette trop longue scène d’un spectacle de La dispute de Marivaux : les deux interprètes sont beaucoup trop âgés, ce qui est un contresens, puisque tout tourne autour d’une question unique, savoir si les couples très jeunes et qui viennent de se rencontrer sont, ou non, portés naturellement à l’inconstance et l’infidélité. Les acteurs doivent avoir dix-huit ans, et faire jouer cette pièce par des quadragénaires, c’est n’y avoir rien compris (de plus, on fait jouer Carise, qui est une nourrice, par un homme, ineptie classique de notre temps).

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Texas chainsaw 3D

Vendredi 9 août 2013

Réalisé par John Luessenhop

Sorti au Danemark, en Croatie et en Serbie le 3 janvier 2013

Sorti en France le 31 juillet 2013

Je trouve que le mot anglais chainsaw (littéralement, « scie à ruban ») est plus joli et plus évocateur que notre banal tronçonneuse, c’est pourquoi le distributeur français a bien fait de ne pas traduire. Et le film, demanderez-vous ?

Le réalisateur a fait seulement un court-métrage et deux longs-métrages avant celui-ci, et il n’a pas de notoriété. Néanmoins, sur un scénario cohérent (à un détail près, dont je parle en fin d’article), il se tire très correctement de la mise en scène : cadrages et mouvements d’appareil soignés, profondeur de champ variant selon le type de scène – or on n’y pense jamais –, et pas de caméra portée. Je sais bien que beaucoup d’admirateurs de la série, dont je ne suis pas, ont hurlé à la nullité et aux erreurs qui, selon eux, entachent la continuité de la saga dont c’est ici la septième mouture (!), mais peu importe, les films de ce genre n’ont pas à être pris au sérieux, ils sont fabriqués pour alimenter les séances au drive-in du samedi soir, dont les jeunes spectateurs ont autre chose à faire que de regarder l’écran. Pour en savoir davantage sur l’histoire, reportez-vous à vos journaux habituels, ils vous la raconteront, et c’est à peu près tout ce qu’ils savent faire, hormis répercuter en direction de leurs lecteurs les banalités publicitaires dont le dossier de presse est généralement bourré. Moi, je vais plutôt disserter un peu sur une faiblesse de scénario, car il y en a une, que nul ne semble avoir remarquée, et ce n’est justement pas le dossier de presse qui relève ce type de bourde.

*

Il existe quelques règles en matière d’écriture du scénario, que perçoivent inconsciemment les cinéphiles puisqu’ils voient beaucoup de films, et très consciemment les scénaristes, puisque c’est l’ABC de leur métier. Cette règle s’énonce ainsi : on DOIT terminer toutes les histoires que le scénario contient, et on DOIT régler le sort de tous les personnages principaux avant la fin.

Chacun sait, par exemple, que tous les épisodes de la série Friends montraient six personnages centraux et un certain nombre de personnages de second plan, et qu’il fallait les occuper tous dans chacun des épisodes ; en outre, chaque épisode comportait trois histoires temporaires, qui devaient être conclues dans la dernière scène – à moins qu’il s’agît d’un épisode à suivre, auquel cas, elles se concluaient dans l’épisode suivant. C’est la même chose dans les films de cinéma. Ne pas respecter cette règle entraîne, pour le spectateur, une sorte de frustration : il est conscient qu’il manque quelque chose à l’histoire, qu’on le laisse sur sa faim, voire, qu’on se fiche de lui.

Or c’est le cas ici. Dans ce film, l’héroïne est une jeune fille adoptée, qui découvre qu’elle appartient à la famille Sawyer, les cinglés de l’histoire, et que le dernier représentant de cette famille qu’on croyait avoir été exterminée, Jedediah, son oncle, vit dans la cave de la maison dont elle vient d’hériter sans rien connaître à cette histoire tragique. Or le méchant du film, c’est le maire du patelin texan où tout cela se passe, et il est puni à la fin : il meurt dans une broyeuse. Mais son fils Carl, un jeune et beau policier (rôle tenu par Scott Eastwood, un des fils de Clint, et qui a joué dans trois de ses films), dont on a longtemps cru que c’était un type bien et le protecteur de la fille, est en réalité un traître, complice de son père. Donc, logiquement, il devrait finir mal lui aussi ; au mieux (?), être tué. Mais non, les quatre scénaristes l’oublient, on ne parle plus du tout de lui après la mort du méchant et l’installation définitive de la fille dans la propriété familiale. Donc un nuisible reste en vie. Fâcheux.

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Gold

Lundi 12 août 2013

Réalisé par Thomas Arslan

Sorti au Danemark, en Croatie et en Serbie le 3 janvier 2013

Sorti en France le 24 juillet 2013

Lorsque ce film est sorti, la critique a poussé des exclamations : ciel ! un western allemand, mais on n’en a pas vu depuis des décennies ! C’est que, non seulement ce film est réalisé par un Allemand, mais il parle l’allemand, puisqu’il s’agit d’un petit groupe d’individus venus d’Europe et qui s’efforcent de participer à la ruée vers l’or du Klondike en 1898. Si bien que l’essentiel du récit n’est fait que du trajet, sur des centaines de kilomètres, que ces aventuriers accomplissent, non pas vers l’ouest, mais vers le nord. On n’est pas trop surpris que le voyage se passe mal, et que le groupe perde ses membres un à un, puisque, à la fin, ne reste qu’une femme, Emily, dont le dernier compagnon s’est fait tuer dans le village qu’enfin tous deux avaient atteint : bêtise, cupidité, on en saura pas pourquoi deux individus l’ont flingué en plein jour et en pleine rue. La fille les abat tous les deux et continue seule, mais on ne verra pas la suite.

Au milieu du film, un personnage dit « Pas étonnant qu’on ne rencontre jamais personne sur cette foutue route », et c’est un peu le résumé du film : pas étonnant qu’on ne rencontre presque aucun spectateur dans le cinéma où il passe (ce matin, nous étions trois dans une salle de plus de cent places). C’est que, hormis les coups de feu de la fin et une amputation à la scie, le scénario manque singulièrement de corps, et presque tout se borne à montrer des personnages qui chevauchent dans des paysages plutôt beaux mais désertiques et sans vie apparente.

Dommage, le film brasse quelques thèmes sur les tares de l’être humain, et la caméra, qui filme tout en lumière naturelle, capte des images de qualité. Mais il faudrait pouvoir s’intéresser davantage à des personnages qu’au fond, on n’a pas le temps de connaître, et qui ne font rien de bien intéressant – du moins pour le public. On est très loin des westerns menteurs mais passionnants de John Ford et consorts.

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Jour de fête

Mercredi 14 août 2013

Réalisé par Jacques Tati

Sorti en France le 11 mai 1949

Ressorti en France le 24 juillet 2013

Il faut préciser que la version qui ressort n’est PAS la version en couleurs (en Thomsoncolor), qui, n’ayant pu être tirée pour cause de manque d’argent, n’a pu être vue qu’en 1995. Cette fois, c’est bien celle en noir et blanc qui projetée.

Le film est très connu, c’est le premier long-métrage de Jacques Tati après deux courts-métrages tournés bien auparavant, en 1935 et 1947. Il avait écrit le scénario avec René Wheeler et Henri Marquet, et l’argument, qui reprend le personnage de L’école des facteurs, son second court-métrage, est fort simple : le jour de la fête du village, à Sainte-Sévère-sur-Indre (le village existe, entre Montluçon et Châteauroux), des forains s’installent, et parmi eux, un cinéma ambulant, qui projette un documentaire sur la poste aux États-Unis. Or le facteur François veut imiter ses collègues états-uniens en faisant désormais sa tournée à vélo le plus rapidement possible. Il y parvient, non sans quelques incidents et un exploit jamais vu, lorsqu’il double une course cycliste. Les gags abondent, naturellement. Mais François était et reste un sujet de plaisanterie pour ses bons copains du village.

À cette date, Tati n’a pas encore inventé le personnage de M. Hulot, très poli, cérémonieux et peu bavard, et son facteur, qui parle avec un accent campagnard plutôt caricatural, n’est qu’une ébauche. Hulot sera beaucoup plus intéressant, si bien que Tati va le garder pour ses films à venir : il n’en fera que six, dont un pour la télévision. Je me permets de préférer, et de loin, Les vacances de Monsieur Hulot et Mon oncle.

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Un, deux, trois

Lundi 19 août 2013

Réalisé par Billy Wilder

Titre original : One, two, three

Sorti aux États-Unis le 15 décembre 1961

Sorti en France le 11 mai 1949, puis le 28 février 1962

Ressorti en France le 14 août 2013

J’ai déjà traité ce film en 2009, mais il est ressorti il y a cinq jours, et je comprends mal qu’il ne soit pas plus connu, car c’est de la comédie de haute volée, où l’on rit sans arrêt. Wilder tire sur les deux camps, les capitalistes et les communistes, avec autant de verve. Certes, l’histoire n’a aucune importance, puisque c’est le dialogue qui compte (il vient d’une pièce de théâtre, Egy, kettö, három – ce qui signifie exactement la même chose en hongrois –, du scénariste Ferenc Molnár, qui était mort neuf ans plus tôt).

Détail : la construction du célèbre Mur de Berlin commença pendant le tournage du film, qui utilisait justement la Porte de Brandebourg pour plusieurs scènes d’extérieurs ! Il fallut la reconstruire (en plus petit) sur un terrain d’un studio de Münich... Mais beaucoup de scènes montrent le vrai Berlin en ruines.

Un détail : le tournage de ce film et l’accident de voiture, prolongeant de deux mois les prises de vues, dont fut victime Horst Buchholz, qui y crevait l’écran en jeune communiste militant qui devenait à la fin un capitaliste, empêchèrent ce dernier d’obtenir, dans Lawrence d’Arabie, le rôle qui lui était destiné, mais qui finalement échut à Omar Sharif.

*

Il faut déplorer que le distributeur de cette ressortie ait engagé un illettré pour écrire les sous-titres français, car on n’a jamais vu autant de fautes dans les textes : d’orthographe, de grammaire, de construction, de traduction. Un comte devient un « conte », l’acteur Sal Mineo (partenaire de James Dean et de Natalie Wood dans La fureur de vivre) est rebaptisé « Sal Minée » (sic), il y est question d’une « épidémie à Laos » comme si ce pays était une ville, et le communiste joué par Horst Buchholz possède sa « carte d’adhérence au Parti » (re-sic).

Mais jugez par ce chef-d’œuvre : les personnages foncent en direction de l’aéroport, et emmènent un peintre, chargé de peindre sur la portière de la voiture les armoiries du comte, devenu le père adoptif du communiste. Comme ils sont pressés, on lui demande de peindre depuis l’intérieur, tandis que la voiture roule. En anglais, la réplique est « In front. You, paint from the inside », ce qui, traduit en pseudo-français, donne « Va devant, et peins de là étant ». Je n’invente rien, ces sous-titres sont en ligne sur Internet. On n’a jamais vu un amateurisme aussi poussé.

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Les derniers jours

Mardi 20 août 2013

Réalisé par Álex Pastor et David Pastor

Titre original : Los últimos días

Sorti en Espagne le 20 mars 2013

Sorti en France le 7 août 2013

Réalisé par deux frères, à Barcelone, avec un grand soin, dans une mise en scène classique, et sur un scénario qui, pour une fois, n’est pas totalement stupide et ne sacrifie rien au gore : un virus venu on ne sait d’où, mais peut-être d’une éruption volcanique issue du Mont Hekla, dans le sud de l’Islande, a rendu impossible la vie à l’extérieur : quiconque met le nez dehors meurt en quelques secondes. Conséquence, on se cloître chez soi, où la nourriture vient à manquer, et l’on ne peut circuler que dans les centres commerciaux calfeutrés, les gares, les immeubles de bureaux et le métro.

L’histoire se concentre sur Marc, dont la petite amie enceinte, Julia, se trouve coincée chez eux, et sur Enrique, un type qui était venu dans son entreprise avec la mission de le virer ! Naturellement, les deux hommes vont se retrouver dans le métro, munis d’un GPS, et tentent de rejoindre Julia. Enrique meurt en route, mais Marc retrouve Julia, et met au monde leur enfant, qui, à la fin et au bout de plusieurs années, alors que l’épidémie a disparu et que la végétation a recouvert les murs de la ville, quitte ses parents pour aller reconstruire la civilisation avec les jeunes de son âge – épilogue un peu nunuche, il faut en convenir, surtout soutenu par une musique un peu envahissante à ce moment-là.

Les images – faites en numérique – des rues désertées de Barcelone sont très réussies, et l’on a droit à un beau combat contre un ours gigantesque, dans... une église. Mais je regrette de devoir dire que l’utilisation d’un GPS dans le métro est impossible, car ce genre de gadget doit recevoir des informations transmises par satellite !

Les frères Pastor avaient sorti en 2010 un film du même genre, quoique moins coûteux, Infectés (en anglais, Carriers), modeste et réussi. Là, aucun message d’espoir ne concluait le récit.

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Fedora

Mercredi 21 août 2013

Réalisé par Billy Wilder

Sorti en France (Festival de Cannes) le 30 mai 1978

Sorti en France le 13 septembre 1978

Ressorti en France le 21 août 2013

Curieusement, le film n’a été vu aux États-Unis qu’après la France et l’Allemagne de l’Ouest ; normal, Hollywood a refusé de le financer, et ce sont ces deux pays qui l’ont produit. Je le connaissais déjà, et j’avais lu la nouvelle éponyme dans le recueil Crowned heads de Thomas Tryon dont il était tiré. Tryon avait été un acteur à succès, très beau (il avait failli être engagé par Hitchcock pour le rôle de Sam Loomis, le petit ami de Janet Leigh, dans Psychose), mais il avait abandonné le métier d’acteur afin de devenir romancier, après avoir vu Rosemary’s baby (!), connaissant alors autant de succès. C’est lui l’auteur du roman et du scénario du meilleur film de Robert Mulligan, The other, film d’horreur très subtil et assez tordu. Quant à son autre roman La fête du maïs, il est terrifiant !

Fedora n’est pas un roman d’horreur, mais l’histoire d’une vedette d’Hollywood qui, afin de rester jeune, a suivi régulièrement un traitement médical qui a mal tourné. Défigurée, elle quitte les studios (comme Tryon !), mais, nostalgique de son ancienne existence, elle décide de faire jouer son personnage par la fille adultérine et cachée, Antonia, qu’elle a eu avec un aristocrate polonais, après l’avoir soigneusement fait changer d’apparence et lui avoir enseigné tous les trucs d’Hollywwod. Tout se passe bien, on salue le retour de la vedette « restée si jeune », on décerne même à sa remplaçante un Oscar qu’Henry Fonda en personne vient lui remettre, jusqu’à ce que celle-ci, au cours d’un tournage, tombe amoureuse de son partenaire, censé plus jeune, Michael York – acteur bien réel et très connu. Par lettres, elle lui avoue la supercherie, mais sa mère, la vraie Fedora, la séquestre pour dissimuler le scandale. L’histoire finira très mal, par le suicide d’Antonia, qui se jette sous un train, comme Anna Karénine, dont justement un producteur désargenté était venu lui proposer de jouer le rôle ! Et comme ce producteur est joué par William Holden, on pense sans arrêt à Sunset Boulevard, du même réalisateur, et dont la situation était assez proche.

Tout cela est délirant, bien sûr, mais le public gobe cette histoire extravagante, parce que le style superbe du film ne lui laisse pas le loisir de réfléchir.

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Les invisibles

Jeudi 22 août 2013

Réalisé par Sébastien Lifshitz

Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2012

Sorti en France le 28 novembre 2012

Vu très tardivement, parce que je me méfie des films militants. Mais d’abord, réglons le sort de l’affiche, que vous pouvez voir ci-dessus : elle est parfaitement racoleuse et mensongère. Cette image n’est pas dans Les invisibles (elle doit être invisible !). Semblent y figurer deux jeunes femmes nues, or il n’y a ni jeunes ni nudités dans tout le film, qui ne montre que des vieillards racontant leur vie d’homosexuels plus tellement honteux (à leur âge, que craint-on encore ?). C’est déprimant au point qu’après une demi-heure, on supplierait tous les saints du paradis pour voir enfin un visage qui ne soit pas ridé. Quant à la nudité...

Certes, au bout d’une heure et demie, on voit quelques jeunes, mais sur des images d’archives, généralement fixes et en noir et blanc, datant des manifestations féminines en faveur de l’avortement (mais alors, quel rapport avec l’homosexualité ?), ou montrant le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, fondé en 1971, sonorisées avec ses slogans ridicules sur les « hétéroflics » (sic).

Au générique de fin, rien que des prénoms, bien qu’un des participants, du genre intellectuel issu de Sciences-Po, et dont l’interview suggère qu’il est très connu, ait été, semble-t-il, outé par « Paris-Match » à l’époque. Impossible d’en savoir davantage, ce qui m’a paru un peu faux-cul ; car enfin, lorsque vous vous plaignez que, plusieurs décennies auparavant, votre anonymat a été bafoué, vous ne vous retranchez pas derrière... votre anonymat !

Bilan : deux lesbiennes âgées qui savent s’exprimer et possèdent idées, convictions et personnalité. Le reste ne vaut pas grand-chose, et l’on n’apprend rien.

Une remarque concernant le réalisateur : on sait bien que Lifshiltz ne parle dans ses films que de l’homosexualité, et il a bien le droit, quoiqu’il le fasse de façon beaucoup moins subtile qu’Ozon, qui sait parler d’autre chose (ô combien !). Mais pourrait-il, au moins, s’interroger sur ses procédés de réalisation ? En effet, le film se termine sur la chanson de Guy Béart, interprété par Juliette Gréco, Le monsieur et le jeune homme. Assez connue, cette chanson décrit un adulte qui entretient un jeune homme, l’entretient, lui paie ses études, l’emmène dans les lieux où l’on s’amuse, etc., mais les deux derniers vers disent textuellement ceci : « Un monsieur aimait un jeune homme / Il est si doux d’être papa ! ». Hors contexte, cette chanson est évidemment une plaisanterie, pas militante du tout, et sa chute vise à faire sourire, mais, placée dans le contexte d’un film plaidant pour l’homosexualité, elle fait figure d’imposture, surtout pour les spectateurs qui ne la connaissaient pas, car on nous a « vendu » une chanson sur un tandem masculin, et on retombe sur une histoire familiale on ne peut plus conventionnelle.

D’où la question : Lifshitz est-il un imposteur, ce que je ne crois pas, ou est-il tout simplement bête ?

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Les flingueuses

Vendredi 23 août 2013

Réalisé par Paul Feig

Titre original : The heat

Sorti au Koweit, aux Philippines et à Singapour le 27 juin 2013

Sorti en France le 21 août 2013

On appréciera, sinon le titre français (celui d’origine est d’une banalité navrante), du moins l’élégance du slogan de l’affiche française : « Le FBI a aussi ses règles ». Ses règles... Parce que ce « film de potes » met en scène deux femmes !

Sarah Ashburn appartient au FBI, elle est aussi compétente que coincée (lorsqu’elle apparaît quelque part, dans son tailleur strict, on la prend pour un témoin de Jéhovah), mais la promotion qu’elle espère se heurte à un obstacle gênant : ses collègues l’estiment trop arrogante, car elle les tient pour des minus. On lui donne une dernière chance en l’envoyant à Boston à la recherche d’un trafiquant de drogue, mais elle se heurte à sa collègue de la police locale, qui est sur la même affaire et refuse de lui laisser un de ses « clients », susceptible de la mettre sur la bonne piste. Cette collègue, obèse, grossière, et adepte de la manière forte, est évidemment tout son contraire, et, non moins évidemment, on devine que les deux femmes vont devenir les meilleures amies du monde, après quelques affrontements : la coincée se décoincera, et la grossière verra en elle la sœur qu’elle n’a pas eu. Au passage, et comme toujours au cinéma, le gros trafiquant recherché était un policier travaillant sur la même enquête.

Ces détails montrent qu’on a ici un tout petit film sans grande originalité, mais il est alerte et distrayant, et l’on rit souvent. Comme les écrans sont vides en cette période de l’année, si l’on excepte les multiples reprises, il est toujours bon à prendre. Et on annonce une suite.

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Imogene

Lundi 26 août 2013

Réalisé par Shari Springer Berman et Robert Pulcini

Titre original : Girl most likely

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 7 septembre 2012

Sorti en France le 7 août 2013

Plus que trentenaire, Imogene a échoué à devenir écrivain, et son petit ami Peter la quitte. Elle simule un suicide, mais l’hôpital, surchargé, ne peut la garder, aussi est-elle remise entre les mains de sa mère, une cinglée entourée de cinglés, qui se soucie peu de veiller sur elle et même de la loger. Pour comble, Imogene apprend que son père n’était pas mort, mais l’avait abandonnée, elle, sa mère et son frère, peu après leur naissance. Aidé par Lee, le locataire qui a occupé sa chambre, elle repart à New York pour renouer, mais le père est resté indifférent aux liens familiaux, et elle doit renoncer à ce tuyau crevé. Mais, comme le film est une comédie, elle finit par trouver le succès et l’amour.

Cette histoire, très mince, est surtout peuplée de personnages bâtis sur le même modèle, l’excentricité maladive. Un seul échappe à ce schéma, Lee, joué par Darren Criss, qui a l’air d’un être humain, et qui est bien meilleur ici que dans Glee, ce feuilleton musical qui a tant de succès – ce qui n’est pas un indice de qualité.

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Conjuring : les dossiers Warren

Jeudi 29 août 2013

Réalisé par James Wan

Titre original : The conjuring

Sorti en Espagne (Nocturna, Madrid International Fantastic Film Festival) le 8 juin 2013

Sorti en France le 21 août 2013

C’est L’exorciste, en moins répugnant, mais en beaucoup plus bruyant et violent, donc plus crétin. Avec ces différences : ce n’est pas la fille qui est possédée, mais la mère ; on y montre et on y fait parler les fantômes et autres démons, erreur fatale ; et aucun personnage ne se permet de proférer ces grossièretés qui nous avaient tant fait rire dans le film de William Friedkin. Naturellement, et comme d’habitude, on n’échappe pas à la mention « basé sur des faits réels », à cette réserve près que certains faits peuvent sembler réels aux États-Unis, dont les citoyens sont d’une crédulité incroyable...

Je m’étais bien promis de ne plus aller voir ce genre de films, qui sont sans surprise, mais un article de journal, qui était favorable, m’a incité à tenter l’expérience, bien à tort ! Je n’y retomberai pas, car on retrouve ici les mêmes procédés grossiers, tous fondés sur les chocs visuels et surtout sonores – cris incessants de la part des personnages féminins, et c’est vite pénible –, destinés à vous faire sursauter. Ce qui, par comparaison, fait estimer bons, voire géniaux, les films qui ne les utilisent pas. Il y a eu Paranormal activity, un exemple d’honnetêté qui ne jouait en rien là-dessus (et ne comportait d’ailleurs aucune musique, autre avantage), et surtout The shining, dans lequel Kubrick ne se permettait aucune des facilités dont je parle : en réalité, on a pu prétendre que tout se passait dans l’imagination de Jack (et aussi de son jeune fils Danny), le seul fait surnaturel étant l’ouverture de la porte de la réserve où Jack avait été enfermé, alors que personne ne se trouvait là pour lui ouvrir.

Pour ne pas changer, la publicité du film raconte les inepties traditionnelles : que des évènements paranormaux se sont produits pendant le tournage du film, atteignant les deux scénaristes, la vedette féminine, ou même... le chien du réalisateur. C’est bien la preuve que Satan existe, non ?

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Le dernier pub avant la fin du monde

Vendredi 30 août 2013

Réalisé par Edgar Wright

Titre original : The World’s End

Sorti en Nouvelle-Zélande le 18 juillet 2013

Sorti en France le 28 août 2013

Le titre désigne en fait le nom d’un pub, situé dans un petit patelin anglais où l’on en compte dix. Et justement, les cinq copains de l’histoire, en juin 1990, s’étaient lancés dans cette quête typiquement britannique : les « faire » tous dans une même soirée, pour fêter la fin de leur études. Mais ils ne parviennent pas à terminer cette mission digne du roi Arthur, et le dernier pub, celui dont on parle plus haut, manque à leur liste C’est pourquoi, vingt ans plus tard, et alors que quatre d’entre eux, devenus adultes, se sont embourgeoisés, le cinquième, Gary King, parvient à les retrouver et à les persuader de terminer la tournée. Mais les choses vont mal se passer, car le monde a été envahi par... des robots d’apparence humaine.

On pense à la fois à la série suédoise Real Humans et au film britannique Le village des damnés, version de 1960, mais ici, le film cherche à faire rire. D’ailleurs, le scénario a été écrit par l’acteur Simon Pegg et le réalisateur Edgar Wright, qui l’avait dirigé, lui et son complice Nick Frost, dans Shaun of the dead et dans Hot fuzz. On n’est donc pas surpris que le présent film adopte la structure du premier, sorti en 2004... qui était plus réussi : une première partie où l’on fait la connaissance des personnages ; une deuxième où se révèle un changement radical dans leur univers ; et une troisième, riche en scènes d’action, qui prépare l’épilogue.

Malheureusement, ici, seule la première partie est bonne : bien conçue, avec des dialogues pétillants, et bien réalisée. Cela se gâte dès le premier tiers du film, lorsque la présence des robots envahisseurs est révélée. Puis le film sombre dans un festival de bagarres, réalisée à grands coups de trucages numériques, avant un épilogue prétendant donner dans la philosophie, et qui n’est qu’interminable et fumeux. On a cessé de rire, alors, depuis une bonne heure. C’est toujours le même travers, chez les artistes dont le métier est de faire rire : soit ils veulent émouvoir, soit ils veulent penser. Invariablement, ils ennuient, alors.

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.