Les critiques et notules de ce site peuvent sembler longues aux lecteurs pressés. Pour eux, ces aperçus en peu de mots. Ils sont classés par pages, en suivant l’ordre alphabétique. Au sommaire de celle-ci, The navigators, There will be blood, Tigre et dragon, Troie.
Barême :
Classique
À voir absolument
À voir
À voir à la rigueur
Inutile de se déranger
À fuir
Margaret Thatcher et son pâle successeur John Major réussirent fort bien la démolition de l’économie britannique, et ce film de Ken Loach nous en administre un exemple : la décadence des chemins de fer du Royaume-Uni. British Railways, la société nationale des chemins de fer britanniques, équivalent de notre SNCF d’avant la réforme, ne fonctionnait pas si mal, naguère. Il urgeait donc de foutre la pagaille dans une si belle construction, au nom du libéralisme économique.
Ken Loach montre comment British Railways a ainsi été vendue, non pas à une firme unique, mais à plusieurs. Dès lors mises en concurrence, celles-ci se battent au couteau pour conserver leurs clients ou détourner ceux de la voisine, et cela entraîne d’abord, des économies sur tout, à commencer par le personnel : on licencie à tout va. Puis l’instauration de contrats ignorant superbement la protection sociale et les congés payés. Ensuite, l’instauration de règlements absurdes. C’est ainsi qu’un patron décrète que, désormais, sa société ne devra pas compter chaque année plus de deux morts par accident. Réaction rigolarde des gars auxquels on énonce cette géniale disposition : on n’a pas eu de morts depuis dix-huit mois, est-ce qu’il y a des volontaires ? Et ceci : deux membres d’une même équipe, vu les aléas de la « restructuration », peuvent désormais appartenir à deux firmes concurrentes ! Ainsi, un ouvrier détenteur – et seul utilisateur compétent – de tel équipement sur un chantier n’a plus le droit de s’en servir au profit des autres, et le travail s’arrête. Belle vision du rendement amélioré !
Tout cela est bâti comme une comédie amère, et on doit seulement regretter que Ken Loach, selon son habitude, ait voulu pousser les choses au noir et terminer son récit sur l’épisode d’un accident mortel.
Variation sur le bien et le mal, illustration très personnelle d’une partie de l’histoire des États-Unis, et vision moderne sur le cynisme de l’enrichissement qui est la seconde religion de ce pays. Daniel Plainview se lance, tout seul et avec acharnement, dans la recherche pétrolière en 1898. Après des débuts difficiles, son obstination lui vaut un début de réussite, et, quatre ans plus tard, le voilà possédant quelques puits et un peu d’argent à investir dans le même domaine. Son argent lui permet de rouler une famille de fermiers dont le terrain, qu’il achète, est gorgé de pétrole. Mais le fils de cette famille, Eli, faux prédicateur, devient son plus acharné ennemi. Et lorsque, un quart de siècle plus tard, Eli se croit en position de se venger, Plainview le force à admettre son imposture religieuse, puis, la dispute s’envenimant, il le tue à coups de quille de bowling !
Film dans la tradition chinoise : conte pseudo-philosophique situé dans un passé indéterminé, amour contrarié mais sexuellement orthodoxe, et arts martiaux. Passées les premières minutes d’exposition pas vraiment palpitantes, on découvre la principale originalité de cette œuvre, à savoir que le héros invincible est une héroïne – et que tous les personnages sont capables de voler ! Les multiples bagarres qui ponctuent l’histoire ont donc lieu... en l’air. C’est assez joli et amusant au début, puis on s’en lasse.
La Chine ? Il y a deux Chine, la continentale, sympathique dictature communiste, et l’autre, Taiwan. Or le cinéma taiwanais est sans doute celui qui est le plus doté de vitalité actuellement. En Asie, c’est le seul qui ne se vautre pas dans le conte moral, le récit des légendes du passé, l’éternel rêve d’une grande nation déchue – bref, le radotage.
Visiblement influencé par le succès inexplicable de Gladiator, autre navet à succès, Troie emploie des procédés identiques : vedettes plus ou moins estampillées, combats, figuration et décors numérisés, photographie absolument hideuse, musique auprès de laquelle les compositions de John Williams sont du Mozart, et une maxi-dose de comique involontaire. Ajoutons que les moments tristes sont sonorisés avec une musique du style « publicité pour Gaz de France ».
Pas triste, en revanche, la mort d’Achille : comme il a reçu de Pâris la flèche dans le talon qui doit le tuer, mais que ces veaux de spectateurs ne sont pas obligés de savoir qu’il n’est vulnérable qu’à cet endroit, on lui expédie trois flèches supplémentaires dans la poitrine. Ce n’est plus Achille, c’est saint Sébastien !
Pour la circonstance, on a ressorti Peter O’Toole, on l’a retapé pour lui faire tenir le rôle du roi Priam, et on lui a caché ses bouteilles de whisky durant le tournage. La belle Hélène semble sortir des pages de « Vogue » ou de « Cosmo ». Pâris est si fade qu’il a l’air d’un Français. Quant à Brad Pitt, il ânonne son texte comme il peut, mais montre ses fesses, compensation néanmoins trop courte pour justifier le déplacement.