Les films critiqués ici sont Docteur T. et les femmes, de Robert Altman, 102 Dalmatiens, de Kevin Lima, et Le pacte des loups, de Christophe Gans, avec un petit Entracte 3 pour conclure.
Titre original : Dr. T and the women
Réalisateur : Robert Altman
Interprètes : Richard Gere, Farrah Fawcett, Helen Hunt, Laura Dern
Scénario : Anne Rapp
Durée : 2 heures et 3 minutes
Sortie à Paris : mercredi 3 janvier 2001
Altman fut et reste un des grands du cinéma d’Outre-Atlantique, mais cette affirmation mérite un bémol, car, à l’instar de Luis Buñuel et de John Huston, il a aussi produit un nombre considérable de films ratés. Au début de sa carrière, révélée en 1970 avec le célèbre M.A.S.H., qui reçut la Palme d’Or au Festival de Cannes, il réussissait un film sur deux ; aujourd’hui, c’est plutôt un sur trois. En 1998, il avait magnifiquement réalisé Cookie’s fortune, et sa précédente réussite, The player, datait de 1992. Mais il avait aussi, de lamentable façon, loupé Prêt à porter, et le très encensé Short cuts était, à mon humble avis, plutôt surfait. Vous avez deviné que je place le petit dernier dans la même catégorie. C’est qu’en effet, la virtuosité habituelle d’Altman – qui atteignait des sommets dans Un mariage –, soutenue par une causticité certaine que ses compatriotes n’apprécient guère, caractérisée par une exceptionnelle maîtrise du plan-séquence et une superbe aisance dans le grouillement et le brouhaha, est ici mise au service d’une cause douteuse : la misanthropie, version misogyne (parfois, chez Altman, c’est l’autre versant). Bizarre, car le scénariste est une femme.
Dès le début, le ton est donné : le docteur Travis, surnommé « Dr. T » par ses patientes (c’est Richard Gere, par chance, et non Mr. T), est un célèbre gynécologue qui, ses tarifs étant ce qu’ils sont, ne traite que les femmes de la meilleure société. Enfin... la meilleure société de Dallas, ville de ploucs et d’électeurs de George Bush, et pardon pour le pléonasme. À propos, la manie des journalistes français, qui affectent presque tous de l’appeler « Deubeuliou », commence à me gonfler sérieusement. Vous auriez plus vite fait de dire « Walker », messieurs les plumitifs, puisque c’est le prénom que désigne son initiale.
Oui, je cultive une fervente admiration pour les citoyens du Texas, que d’aucuns qualifient pourtant un peu vite de connards passéistes. Comment ne pas plébisciter, au contraire et par exemple, le bon goût des Texans, qui les incite à décorer de cornes de vaches le capot de leurs bagnoles, et à ne jamais se séparer, même pour dormir je le suppose (jamais dormi avec un Texan), de leur fameux chapeau à larges bords ? Galure sans lequel John Wayne n’aurait jamais été que ce qu’il fut, un gros con réactionnaire doté d’une bêtise au front de bœuf. Et puis, au Texas, on vénère Dieu et la Bible, et ça, dites ce que vous voudrez, mais c’est RES-PEC-TABLE. Je me demande même pourquoi le prochain pape ne serait pas originaire de cet État. Ah oui, c’est juste, ils ne sont pas catholiques, là-bas, mais protestants. Bon, faudrait demander une dispense (à qui ?), ce serait trop compliqué, oublions.
Bref, la première scène montre le Dr. T en train d’examiner une patiente plutôt âgée, et plutôt idiote, qui le drague ouvertement et l’assomme de questions oiseuses sur sa famille, interrogations auxquelles il doit répondre deux fois, vu qu’elle a le cerveau lent. Et que ceux qui trouvent que mes vannes font cour de récré mettent ça sur le compte de ma mauvaise humeur. La scène suivante n’arrange rien. Nous sommes dans le salon d’attente ; le docteur, comme tous les médecins, a pris du retard, les patientes en fourrure et emperlousées sont de plus en plus nombreuses et de moins en moins patientes, les secrétaires et infirmières s’énervent, l’agitation monte, le bruit augmente, l’écran est envahi... et le spectateur en vient à se croire dans une volière peuplée de perruches ! C’était, de toute évidence, l’effet recherché. Merci pour le sexe féminin, Bob, on n’est pas plus aimable. Il est vrai que les rares personnages masculins ne sont pas beaucoup plus flattés : chasseurs, golfeurs, uniformément beaufs, on paierait pour ne pas les rencontrer.
Je ne vous raconte pas la suite, récit des mésaventures familiales de ce médecin mondain surbooké, car j’ai dormi la moitié du temps. Seul le mariage final m’a tiré du sommeil : la fille du doc largue son futur à l’instant du « oui » sacramentel... et se précipite dans les bras de sa chère et tendre, car elle est lesbienne. Là-dessus éclate un orage épouvantable qui couronne dignement la cérémonie et disperse les invités déjà un peu estomaqués. Symbole...
Après ça, écœuré, doc gynéco monte en bagnole, une tornade s’abat sur la ville, et, dans une scène ringarde qui ferait pitié à un gosse de huit ans, la voiture s’envole, pour retomber en miettes dans le désert du Mexique, près d’un village de six maisons où ne vivent que des femmes, une bonne vingtaine – dont l’une est enceinte jusqu’aux yeux, sans doute par l’opération du Saint-Esprit. Le doc met au monde le bébé (gros plan sur l’expulsion du chiard gluant et gélatineux) et, pour avoir délivré une femme qui n’est pas de sa clientèle coutumière, il retrouve le goût de vivre. Quant à moi je l’ai perdu, dans tout ça.
Réalisateur : Kevin Lima
Titre original : 102 Dalmatians
Interprètes : Glenn Close, Gérard Depardieu, Ioan Gruffudd, Alice Evans
Scénario : Dodie Smith, Kristen Buckley
Durée : 1 heure et 40 minutes
Sortie à Paris : mercredi 31 janvier 2001
SVP, davantage de restaurants asiatiques !
Réalisateur : Christophe Gans
Interprètes : Samuel Le Bihan, Mark Dacascos, Émilie Dequenne, Monica Bellucci, Vincent Cassel, Jérémie Rénier, Jean Yanne, Jacques Perrin
Durée : 2 heure et 22 minutes
Erreurs du film : http://www.erreursdefilms.com/avent/erreurs.php?idf=PACT
et http://www.dvdbloopers.net/fiches/default.asp?id=34
Sortie à Paris : mercredi 31 janvier 2001
Depuis le temps qu’on se fréquente, mes p’tits loups (oups !), vous me connaissez : je ne suis pas du genre à taper tout le temps sur les mêmes. Par conséquent, vous me voyez navré de ce qui va suivre, mais je me vois forcé de déclarer nettement que si Vincent Cassel, un acteur dont je vous ai dit l’estime qu’il m’inspire, continue de tourner n’importe quoi, il va scier sa carrière aussi sûrement que le fit naguère Annie Girardot. Eh oui ! Après Les rivières pourpres, voici Le pacte des loups.
Et c’est vrai qu’il y a beaucoup d’autres points communs que Vincent Cassel entre ces deux formidables navets : intrigue mystérieuse basée sur des meurtres horribles et à répétition – résultat d’un complot dont les méandres restent incompréhensibles –, bagarres saugrenues mais obligatoires pour satisfaire à la mode, bande sonore fracassante, abondance de détails gore, acteurs nombreux et célèbres auxquels on ne donne rien à faire (c’est pour l’affiche), cadre naturel somptueux, et j’en passe. Hasard ? Certainement pas. Le cinéma français excelle dans la comédie de mœurs et la critique sociale, mais bon nombre de nouveaux réalisateurs français louchent à en perdre la vue vers le cinéma d’outre-Atlantique, qui n’a ni les mêmes ambitions ni les mêmes buts. Rappelons à ces téméraires, qui se verraient bien faire carrière à Hollywood, que les plus grands de leurs aînés se sont cassé le nez à ce petit jeu : les réalisateurs (même Jean Renoir y a échoué, je l’ai déjà mentionné) aussi bien que les acteurs, puisque les seuls Français ayant pu faire une carrière à Hollywood sont Claudette Colbert, Louis Jourdan et Charles Boyer, il y a plus d’un demi-siècle. Jean Gabin en personne, bien que cornaqué par Marlene Dietrich, s’y est ramassé une fastueuse gamelle !
Le pacte des loups offre au spectateur éberlué un effroyable méli-mélo, où défilent pêle-mêle : un jardinier du roi expert en autopsies, un Iroquois, la noblesse provinciale française du dix-huitième siècle, une vengeance, le communicateur en chef du roi de France, la guerre bactériologique, le Vatican, la faune africaine, le kung-fu, un scalp, la peur séculaire des loups, un bordel de luxe style Belle Époque, un massacre de citrouilles, un atelier de taxidermie, un meurtre en ouverture pompé sans vergogne sur Les dents de la mer (si si ! Souvenez-vous de la nageuse agonisante ballottée dans tous les sens par le requin, au tout début du film de Spielberg), sans compter tout ce que j’ai oublié... Bref, si je travaillais à Canal Plus, où l’on parle couramment le banlieusard afin de mieux draguer la clientèle des cités, je dirais que c’est Le pacte des relous.
L’histoire de la Bête du Gévaudan est réelle, mais elle a surtout donné lieu à de nombreuses élucubrations : entre 1764 et 1767, cet animal fit une centaine de victimes, uniquement femmes et enfants, dans cette région voisine de l’Auvergne et du Languedoc. Inutile de préciser que les rumeurs allèrent bon train, s’amplifiant jusqu’à devenir une affaire d’État. La mort d’un loup un peu plus gros que les autres, abattu par ceux qui tentaient de mettre fin à ces meurtres répétés, calma un temps l’opinion, mais il semble que les morts continuèrent, et l’affaire n’a pas été vraiment élucidée. Les habituels marchands de surnaturel s’engouffrèrent évidemment dans la brèche... et le film leur emboîte le pas, sans quoi il y aurait bien peu à dire et surtout à montrer. La pseudo-explication adoptée ici ne tient évidemment pas : quel animal africain de cette taille correspond-il aux données ? Aucun. En admettant son existence hypothétique, comment aurait-on pu le dissimuler, le nourrir (et avec quoi ?), le dresser durant des mois sans que filtrent des indiscrétions ? Et l’empêcher de crever de froid, connaissant la différence de climat ? Mystère... Mais, pour l’industrie du cinéma, c’est le même point de vue qu’avec les films sur le Masque de Fer, personnage prétendument mystérieux (en fait, c’était probablement le surintendant Fouquet) dont il est plus excitant de faire un jumeau de Louis XIV, n’est-ce pas ? La version retenue pour le film offre en outre l’occasion de caser quelques trucages numériques et « animatroniques », en créant une Bête monstrueuse qui semble échappée de Jurassic Park, mais après un détour via une console de jeux 16-bits, d’où son côté un peu fauché.
Je n’illustrerai la stupidité de ce projet que par un exemple : on peut compter dans Le pacte des loups une demi-douzaine de combats dont la nécessité est sujette à caution, et qui semblent démarqués des films d’action made in Hong-Kong. Même le nunchaku est au nombre des accessoires ! Tant il est vrai, pour parler comme une marionnette de footballeur, que sous le règne de Louis XV, le kung-fu était fort en vogue en Lozère... À propos, Charlie Chan n’était pas libre. Dommage.
Vous allez me dire que le mélange des genres n’est interdit ni par la Bible ni par le Code pénal ; certes, mais on ne peut pas faire n’importe quoi : Peter Pan en porno, ça fonctionnerait mal ; Roméo et Juliette à l’époque moderne, ça marche très bien si on adapte le texte de Shakespeare, et cela donne West Side Story ; si, par un excès de respect, on le conserve tel quel, c’est une catastrophe (le film avec Leonardo DiCaprio).
Du côté de la technique, ce n’est pas mieux, on multiplie les trucs et les tics faisant recette actuellement, donc provisoirement : ralentis, accélérés et arrêts sur l’image pompés sur Matrix, prises de vues aériennes, caméra gesticulante, pellicule teintée, images en négatif, angles de prise de vue bizarres, déluge d’hémoglobine, travelling avant sur l’intérieur de la gueule d’un loup abattu (on a failli tomber dans l’estomac). De toute évidence, le réalisateur Christophe Gans tient beaucoup à montrer tout ce qu’il sait faire, même si la démonstration est parfaitement gratuite. Et, ça ne rate pas, la bande sonore est saturée d’effets acoustiques pêchés dans le cinéma d’horreur, avec renforcements des basses pour mieux mettre en valeur les caissons de graves que s’offrent les amateurs de home cinema. Ça fera un joli DVD pour les fêtes de Noël.
Le meilleur résumé du film, c’est l’Indien iroquois qui le donne en décrivant son horreur des armes à feu : « Trop de bruit, trop de feu, trop de fumée ». Cette sage sentence est énoncée lors d’une séance d’entraînement au tir, durant laquelle sont prises pour cibles des dizaines de malheureuses citrouilles, qui explosent dans un fracas de tonnerre.
Encore des attardés qui n’aiment pas Halloween.
Sans illusion, je me doutais bien que cette libre opinion me vaudrait quelques jérémiades. Il y en a eu, quoique moins que prévu, sur le thème « Certes, on a constaté quelques excès, mais le film n’est pas mal », ou bien « Il contient de bons passages », ce qui est, convenez-en, une argumentation en béton et vachement convaincante. Parfois, comme pour s’excuser d’avoir aimé, on m’affirme que c’est « Très américain, peut-être un peu trop ». C’est bien mon avis, le professionnalisme américain en moins : entendez les rires qu’inspire l’aspect grotesque de la prétendue Bête. Eh oui, le roi est nu.
Et puis, on n’échappe pas à l’inévitable indigné, qui m’a lu en diagonale et gémit que je veux du mal au cinéma français, alors que, pour une fois, dit-il, les Français font aussi bien que les Yankees. « Aussi bien »... Passons. Là où je me marre, c’est lorsque ce défenseur de la langue et du cinéma français, comme il se présente, s’appuie sur une comparaison avec La vérité si je mens ! 2, qu’il traite de « merde » sans l’avoir vu, puisque ce film plutôt réussi de l’honorable Thomas Gilou n’était pas encore sorti, et qu’il ne l’avait donc pas visionné.
Bien entendu, et là je ne me marre plus, je hurle de rire, il suffit de parcourir le sommaire de cette rubrique et de recenser les critiques favorables ou défavorables sur les films français qu’on peut y lire, pour constater que jamais je n’ai écrit un seul mot contre le cinéma français lui-même ! Je ne cesse, au contraire, de le défendre pour ce qu’il a de meilleur, c’est-à-dire lorsqu’il produit ce qu’il sait faire. Et ce qu’il sait faire n’est pas dans l’imitation stérile d’un cinéma dont la domination économique a détruit la presque totalité des autres cinémas nationaux. Voir mon texte Entracte 4.
En réalité, sur les cinq films français dont j’ai traité jusqu’ici, trois articles sont très élogieux. Et les deux seuls que j’ai pris comme cibles sont précisément ceux qui singent le cinéma américain en ce qu’il recèle de plus primaire et tape-à-l’œil, Les rivières pourpres et Le pacte des loups, films aussi prétentieux que stupides – le second en passe de ravir au premier la palme de la production la plus crétine sur les douze derniers mois.
Je n’aime pas attaquer les personnes, mais il faut dire deux mots de Christophe Gans. Âgé de quarante ans, il a étudié le cinéma à l’IDHEC (Institut Des Hautes Études Cinématographiques, encore des « hautes études » ! C’est une manie dans ce beau pays de tout baptiser d’un nom ronflant), école nationale aujourd’hui rebaptisée FEMIS et que dirige l’excellent Jean-Claude Carrière, le pote du Dalaï-Lama. Il vous faut savoir, mes p’tits agneaux, que cette école forme de bons techniciens, qui trouveront assez facilement un job à la télévision, et au cinéma s’ils ont de la chance ou un membre de leur famille bien placé, mais que jamais, au grand jamais, elle n’a produit le moindre cinéaste de valeur. Le plus connu des anciens élèves de l’IDHEC est Robert Enrico, un réalisateur en fin de carrière et qui n’a guère fait d’étincelles en quarante années dans la profession. Outre cela, Gans est un passionné du cinéma de série B : les petits films policiers, la SF à deux thunes, le gore. Et le projet de transposer son cinéma de prédilection dans un film de prestige avec de très gros moyens, il pense l’avoir mené à bien avec Le pacte des loups... en faisant un mélange de tout ce qu’il avait envie de voir à l’écran. Un peu comme si, sous le prétexte que vous aimez les huîtres, le couscous, le camembert et les fraises des bois, vous amalgamiez le tout en un plat unique. Résultat, un pudding indigeste, envers lequel on doit être très sévère. Pourquoi ? Parce que ce film a monopolisé assez de capitaux pour faire une demi-douzaine d’œuvres qui auraient été beaucoup moins vaines que celle-ci. Voyez Origine contrôlée ou Sous le sable, infiniment moins tapageurs, et vous comprendrez où est la différence.
Une récréation, plutôt qu’un entracte, car je vais vous entretenir brièvement, comme à mon habitude (silence, les ricaneurs !), d’un fait parfaitement insignifiant. Vous allez me dire que tout ce qui précède relève DÉJÀ de ce qualificatif ? Sachez que je repousse d’un pied méprisant un propos aussi bas.
À propos d’un réalisateur que j’aime bien sans toutefois le placer sur un piédestal, et que probablement vous aimez aussi, elle ne vous fait pas marrer, la nouvelle mode qui consiste à prononcer « Chpilberg » ? Comme si le réalisateur d’Empire du soleil – je cite ce film-là, parce que c’est à la fois celui que je préfère, et l’un des moins connus – était concitoyen d’Helmut Kohl, alors qu’il est natif de Cincinnati ! Tendez l’oreille lorsque vous écoutez la radio ou suivez une émission de télé, vous constaterez que ça ne rate quasiment jamais.
Pourtant, tous ces distingués critiques de cinéma et journalistes audiovisuels connaissent l’anglais, et la plupart, puisqu’ils vivent dans les grandes cités, possèdent la télévision par câble. Il leur est donc aisé de se brancher sur CNN, par exemple, chaîne gratuite et que tous peuvent capter. Par conséquent, la prononciation américaine, ils l’ont à leur disposition, il leur suffit de tendre l’oreille : c’est bel et bien « SSSSpilbeu’gue », à peu de choses près.
Il est donc permis de se poser une question. Posons-nous la ensemble. Si le fait d’écorcher le nom d’autrui n’est pas dû à l’ignorance de la façon dont il se prononce, la seule explication reste le dédain. Or il est notoire que les critiques de cinéma n’aiment pas Steven Spielberg. Et c’est justice : avoir du succès, constamment, et depuis si longtemps, c’est impardonnable. Comment, dans ce cas, s’en revancher sur l’intéressé ? Mesquinement, en affectant de ne pas savoir prononcer son patronyme – façon d’insinuer que le personnage est insignifiant. Tout cela me rappelle furieusement ces journalistes ou ces hommes politiques qui détestaient Mitterrand (je ne dis pas qu’ils avaient tort). Ne pouvant guère l’atteindre autrement, ils affectaient de dire « Mi-tran » plutôt que « Mi-té-ran ». De Marchais à Giscard, ils ont tous joué à ce jeu parfaitement crétin, digne d’une cour de récré. Là encore, la cible désignée n’ayant guère sévi en politique que durant un petit demi-siècle, difficile de prétendre qu’ils ne savaient pas.
Et je préfère écarter, comme totalement invraisemblable, cette hypothèse selon laquelle – à l’instar de ces flemmards qui disent « un appart’ » plutôt que le trop compliqué « un appartement », ou « p’tit déj’ » à la place de l’imprononçable « petit déjeuner » – ils étaient incapables d’énoncer des mots de plus de deux syllabes... Comment ça, vous en faites partie ?
Dessins de Jean-Marc Couchet
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.