Il n’y a eu aucun compte-rendu de film en 2018, tant le cinĂ©ma a perdu en qualitĂ© cette année-lĂ . Et il a fallu attendre aoĂ»t 2019 pour qu’un bon film Ă©merge, et encore s’agit-il d’une reprise d’un classique japonais datant de 1959, Bonjour. Et je ne pense pas que la situation va s’amĂ©liorer !
Réalisateur : YasujirĂ´ Ozu
Titre original : OhayĂ´
Scénario : YasujirĂ´ Ozu et KĂ´go Noda
Interprètes : Keiji Sada (HeiichirĂ´ Fukui), Yoshiko Kuga (Setsuko Arita), ChishĂ» RyĂ» (KeitarĂ´ Hayashi), Kuniko Miyake (Tamiko Hayashi), Haruko Sugimura (Kikue Haraguchi), KĂ´ji Shitara (Minoru Hayashi), Masahiko Shimazu (Isamu Hayashi), KyĂ´ko Izumi (Midori Maruyama), Toyo Takahashi (Shige Ă”kubo), Sadako Sawamura (Kayoko Fukui), EijirĂ´ TĂ´no (Tomizawa), Teruko Nagaoka (Toyoko Tomizawa), Eiko Miyoshi (Mitsue Haraguchi), Haruo Tanaka (Haraguchi), Akira Ă”izumi (Akira Maruyama), Fujio Suga (ItĂ´ Sensei), Taiji Tonoyama (Oshiuri no Otoko), Akio Satake (BĂ´han Beru no Otoko), KeijirĂ´ Morozumi (Junsa), Mutsuko Sakura (Oden’ya no NyĂ´bĂ´), Norikazu Takeda (Zennosuke Ă”kubo), YĂ´ko Chimura (Sakuma Sensei), Hajime Shirata (KĂ´zĂ´ Harada), Masuo Fujiki (Yoshikazu Ă”kubo), Toshio Shimamura (Oden’ya no Teishu), TsĂ»sai Sugawara (Kyaku - TsĂ»-san)
Musique : ToshirĂ´ Mayuzumi
Directeur de la photographie : Yûharu Atsuta
Montage : Yoshiyasu Hamamura
DĂ©cors : Tatsuo Hamada
Durée : 1 heure et 34 minutes
Sortie : Sorti au Japon 12 mai 1959, en France le 12 janvier 1994, ressorti en France le 2 août 2019
Ce film, peu connu du « grand » public, a dû attendre 2012 pour espérer recevoir une récompense, encore est-ce dans un festival pour films destinés aux enfants, dit Mon premier Festival (édition 8), où il n’a été que nommé, dans la catégorie « Fenêtre sur le cinéma japonais ». Autant dire qu’il n’a rien obtenu !
Pourtant, son auteur, Yasujirô Ozu, est considéré comme un grand maître du cinéma japonais. Mais, ici, il n’offrait qu’une comédie familiale (et sociale, mais discrètement). Peut-être le jury de ce festival du pauvre a-t-il été un peu gêné de ce gag récurrent où les enfants de cette petite histoire s’amusent a émettre un petit bruit qui est mal vu étant donné sa provenance anale, amusement qui, en plusieurs occasions, tourne mal, puisque le petit bruit fait place chez l’un des trois garçons à une diarrée discrète mais gênante pour son auteur, lequel doit alors faire nettoyer son pantalon par sa mère, laquelle ne tarit pas de reproches visant son bon-à -rien de fils !
Bonjour est le second long métrage en couleurs de Ozu, et reprend la trame de Gosses de Tokyo, qui datait de 1932, mais sur un ton très différent, puisque, en 1932, les deux enfants entamaient aussi une grève de la parole. Mais c’était sur le mode dramatique, alors qu’ici, tout est fantaisie, sur un fond sérieux, puisque cette grève est causée par le refus des parents d’acheter à leurs enfants un poste de télévision, qui coûterait trop cher. Ils vont d’ailleurs se raviser à l’épilogue et acheter enfin le téléviseur tant désiré !
Mais enfin, le film ne raconte pas uniquement cette anecdote, et il évoque les conflits de voisinage entre les adultes, le désir d’une jeune fille d’épouser le jeune professeur d’anglais qu’elle aime en secret (c’est réciproque, par chance), les cancans des voisines qui racontent n’importe quoi sur une cotisation versée à la présidente du comité local mais que nul ne retrouve, et ainsi de suite. Bien sûr, tout s’arrange à la fin, sans que le réalisateur tombe à aucun moment dans la mièvrerie. Mais, auparavant, l’individualisme a failli menacer la paix de la petite société banlieusarde (Tôkyô est tout proche).
Techniquement, Ozu (prononcez « aux œufs », s’il vous plaît, pas « Ozou » !) est aux antipodes de la mode actuelle de la caméra portée et gigotante, puisque la sienne jamais ne bouge, tous les plans étant rigoureusement fixes, ce qui n’empêche pas qu’ils soient rigoureusement composés, quoique les personnages, très mobiles, se déplacent beaucoup. Notons aussi que baucoup de scènes sont accompagnées d’une musique évoquant les films de Jacques Tati.
Longtemps invisible en salles (il n’était passé que deux fois à la télévision française), le film a été remis à neuf, et cette version est impeccable. Mais elle ne bénéficie que d’une sortie une fois de plus très modeste, dans trois salles parisiennes exclusivement, et jusqu’au 5 août 2019, à raison d’une seule séance par jour !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.