Lorsque le pape actuel a été élu, on nous a révélé qu’il avait choisi de s’appeler François Ier.

Mais, dès le lendemain, rétropédalage : attendu qu’il était le premier à prendre ce prénom, on jugeait prématuré de lui attribuer un numéro, et ce serait « François » tout court.

Certes, certes, le raisonnement n’est pas complètement absurde, mais enfin, j’aimerais dénicher un historien qui me confirmerait que notre roi François Ier n’a jamais été désigné de son vivant sous cette appellation, et qu’on a patienté jusqu’à l’avènement de François II, son petit-fils, pour le rebaptiser rétrospectivement.

Et puis, il y a eu un autre pape : Jean-Paul Ier. Sauf erreur, on l’a bel et bien désigné sous ce nom dès son élection. Personne ne s’est dit « Attendons le numéro 2 pour dire qu’il était le numéro 1 ».

Notez qu’on n’aurait pas attendu longtemps, de toute façon : le pauvre JP1 est mort (sans doute assassiné, parce qu’il menaçait trop de monde avec ses projets de réformes) au bout de... vingt-huit jours ! C’était en 1978. Dommage, il était aussi porté sur la blague que notre président Hollande. Son successeur était davantage axé sur la com’ – et sur l’aversion à l’égard de la gauche – que sur la plaisanterie.

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Je déteste absolument l’extrême droite, je tiens Le Pen pour un facho (on peut le dire sans risque, la justice l’a débouté quand il a porté plainte contre un journal qui l’avait qualifié ainsi), et j’estime que le Premier ministre et SOS Racisme ont bien fait de saisir le procureur de la République afin de faire juger et condamner le journal « Minute », qui titre ce matin que « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane ». Dans le même numéro, les journalistes Christine Clerc et Tugdual Denis sont qualifiés d’« enfoirés » en couverture.

Ce n’est pas une question de personnalité. J’espère que « Minute » récoltera ce qu’il a semé. Madame Taubira ne manque pas de qualités, elle est opiniâtre et courageuse, et elle a réussi à faire passer une loi que tout le monde n’approuvait pas. Néanmoins, cela n’implique pas que je la porte dans mon cœur. Pour moi, elle restera toujours celle qui, avec Jean-Pierre Chevènement, s’est portée candidate à l’élection présidentielle en 2002, sous une étiquette de gauche, sachant bien que ce tandem détournerait des voix qui ont effectivement manqué à Lionel Jospin, l’ont fait passer en troisième position, derrière Chirac et Le Pen, et l’ont éliminé. Ce qui nous a valu la réélection de Chirac pour cinq ans, puis l’élection de Sarkozy, qui n’aurait jamais eu lieu si Chirac ne lui avait pas servi de marche-pied involontaire. Bref, dix années désastreuses, et des dommages irréparables. Or cette catastrophe était à ce point prévisible qu’à l’époque, sur un forum que j’avais créé, j’avais averti mes amis, tous de gauche, qu’ils devraient bien se garder de voter selon leur cœur, comme on le dit souvent, et pour de « petits candidats », car je voyais venir le coup. Je reste irrévocablement partisan de voter utile, pour un candidat de son bord ayant toutes les chances d’arriver premier ou deuxième au premier tour. Tout ce qui peut ressembler à un vote du type « ras-le-bol » est contre-productif, donc stupide.

C’est même ce qui me sépare de mon ami l’humoriste Didier Porte, qui penchait pour Mélenchon lors de la dernière campagne, l’année dernière, et ne s’est pas privé de le faire savoir. Il aimait tellement ce tribun populiste qu’il lui a fait enregistrer un texte pour l’inclure sous forme de dialogue dans son avant-dernier spectacle ! Mais Didier est un grand sentimental. Pas moi.

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La notion de rigueur, en politique, n’a rien d’affriolant, elle a plutôt le don de jeter un froid dès qu’on l’évoque, ce pour quoi nos politiques s’appliquent à ne jamais prononcer le mot, ces téméraires. Mais dans le domaine scientifique, elle représente une qualité essentielle. Et j’ajoute, même si ce n’est guère à la mode, qu’elle devrait être observée aussi dans le langage, si l’on ne veut pas que notre civilisation en ressemble bientôt à la Tour de Babel. En clair, pour être compris, mieux vaut que nous parlions tous le même langage, et que nous ne donnions pas cours à notre fantaisie, ou pis, à nos ignorances.

Donnons quelques exemples. C’est ainsi que :

- un revolver n’est pas un pistolet ;

- un risque n’est pas une chance, et dire qu’on « risque de gagner » ou qu’on a « une chance sur trois de mourir d’un cancer » est une façon ridicule de s’exprimer ;

- la météo n’est pas le climat, elle n’est qu’un service officiel de prévision du temps qu’il fera ;

- l’adjectif glauque ne désigne pas quelque chose de louche, suspect ou malsain, mais une nuance de la couleur verte ;

- regarder par le petit bout de la lorgnette n’est pas une aberration, c’est regarder par le gros bout qui est inopérant ;

- un crime n’est pas forcément un assassinat ;

- un chansonnier n’est pas un humoriste ;

 

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Lorsqu’un gouvernement ou un parlement ont l’idée d’instaurer une nouvelle taxe, ils devraient, en principe, se poser deux types de questions : d’abord, ce qu’elle va rapporter aux finances de l’État vaut-il la peine de la créer ? Ensuite, ce renflouement des caisses mis à part, quelles en seront les conséquences ?

Par exemple, la création de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune rapporte un peu d’argent, quoique pas beaucoup, mais il n’a aucune conséquence... autre que celle d’embêter ceux qui sont taxés. Or il peut frapper des gens qui n’ont rien fait pour devenir riches aux yeux du fisc (par exemple, ils ont acheté leur domicile à bas prix, mais leur quartier est devenu chic avec les années, le prix de leur demeure a grimpé sans qu’ils fassent quoi que ce soit, et les voilà qui dépassent le maximum permettant de ne pas être taxé !).

S’agissant de la fameuse écotaxe qui agite tant les Bretons et que notre gouvernement qui ne recule jamais va évidemment supprimer avant longtemps, la droite qui l’a inventée et la gauche qui l’a votée auraient dû étudier la question avant de se réjouir en chœur, et se poser les deux questions que je viens d’évoquer. Cette taxe rapporte-t-elle beaucoup ? Compte tenu des frais qu’entraîne la perception de n’importe quel impôt (le coût de la fabrication, de l’installation et du fonctionnement des fameux portiques), pas vraiment : on a parlé de quelques centaines de millions. Est-elle sans conséquence ? Là, on aurait pu se demander quel était le véritable motif de la taxe. Normalement, quand vous taxez quelque chose, c’est AUSSI pour dissuader les futurs taxés de l’acheter ou de l’utiliser : voyez le tabac et l’alcool. Dans le cas présent, le nom même de la taxe désignait l’adversaire, qui est la pollution causée par les camions, via leur consommation d’essence. Donc on espère que les camions rouleront moins. Bien. Mais alors, comment transporter les marchandises ?

On peut favoriser le transport par train, par péniche, par avion. Encore faut-il que la région où la taxe s’appliquera offre cette possibilité. Entre Paris et Lyon, entre Marseille et Toulouse, aucune difficulté, il y a tout ça. Mais en Bretagne ? La principale ligne nationale de chemin de fer relie Paris à Brest en passant par Rennes et Saint-Brieuc. Elle est essentiellement fréquentée par des voyageurs (43 trains sur 58), et les T.E.R. (les trains régionaux) sont peu nombreux. Les grands fleuves navigables ? Il n’y en a aucun. Les canaux ? Il existe un canal de Nantes à Brest, avec à mi-parcours un embranchement qui descend vers Lorient, et un autre de Nantes à Dinard ; le reste de la Bretagne, essentiellement le nord-ouest, n’est pas desservi. Enfin, les aéroports sont peu nombreux, petits, et servent surtout aux voyageurs, ils ne sont pas équipés pour le fret.

Entravez en Bretagne la circulation des camions, et vous asphyxiez la région. Et comme Hollande est capable de tenir ce raisonnement, la taxe va sauter comme un vulgaire Premier ministre !

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Le pire du droit d’auteur : http://www.numerama.com/magazine/24636-le-pire-du-droit-d-auteur-en-2012-worst-of-copyrightmadness.html

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يلاب

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On n’a jamais autant parlé des banques que depuis quatre ou cinq ans, lorsqu’elles ont si bien réussi à flanquer le monde entier dans la panade. C’est pourquoi il n’est pas inutile de s’intéresser un peu à ce qu’elles sont et ce qu’elles font.

Commençons par les questions de base : où, quand et pourquoi les banques sont-elles nées ?

Les premières banques connues sont apparues en Mésopotamie, à Babylone et à Nippur, au sixième siècle avant notre ère. À cette époque, les paysans pauvres empruntaient aux paysans riches des grains d’orge pour les semer et tenter d’obtenir une récolte. Si celle-ci était bonne, ils remboursaient leur prêt en orge, naturellement ; si elle ne l’était pas, ils se trouvaient ainsi endettés, et tombaient dans la servitude pour dette.

La servitude pour dette, parfois encadrée juridiquement, consistait à s’acquitter d’une dette par l’abandon de la propriété de soi-même : vous ne vous apparteniez plus, et vous vous retrouviez contraint de travailler gratuitement pour votre créancier, jusqu’à complet remboursement. Il faut reconnaître que ce procédé ne faisait pas l’unanimité, au point que Solon, poète et grand législateur grec (-640 à -558), a interdit cette pratique à Athènes. Mais elle a survécu un peu partout, et a parfois évolué en prison pour dettes : c’est même ce qui est arrivé au père de Charles Dickens, qui fut emprisonné en 1824 pour une dette de... 40 livres envers un boulanger, et y est resté quatorze semaines ! Autrement dit, au dix-neuvième siècle, elle existait encore...

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Nul n’y a songé, donc c’est moi qui lance le scoop : il apparaîtra bientôt qu’il existe un mouvement mondial en faveur du nudisme. Les signes ne trompent pas.

En Angleterre, pour manifester leur solidarité avec le prince Harry (celui-là, je l’adore positivement), on ne compte plus les officiers de l’armée qui se sont fait photographier nus. Il s’agissait bien entendu de ridiculiser la presse de caniveau qui a publié des photos le montrant en train (c’est le cas de le dire) de se divertir bien innocemment, à Las Vegas, au cours d’une petite fête qui a bien fait pouffer notre Dominique Strauss-Kahn. Bravo, Harry, continue, nous sommes tous derrière toi ! (Oh pardon, ça m’a échappé)

À Kiev, ce sont ces chanteuses ukrainiennes dépoitraillées qui ont osé contrarier Mireille Mathieu en chantant dans une cathédrale un cantique un peu décalé – pour parler comme les journaux – protestant contre une proposition de loi prévoyant d’interdire les interdictions volontaires de grossesse. Leurs émules, ou les mêmes, je ne sais pas, sont venues cette semaine jusqu’à Paris, manifester place des Vosges, où, hélas, elles auraient été mieux accueillies si l’objet de leur colère avait été présent, mais, hélas, il avait déménagé peu de temps auparavant et à son corps défendant (toujours si j’ose dire).

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Récemment, j’ai suggéré qu’on remplace les bouteilles rondes par des bouteilles carrées, comme le fait Cointreau, pour y stocker mais surtout pour transporter du whisky ou du cognac, parce que l’espace de la caisse d’emballage y est mieux utilisé : pas de surface vide entre les bouteilles à la base, et les bouteilles seraient moins hautes puisque, avec une section intérieure de 7,5 centimètres, on pourrait diminuer leur hauteur de presque 5 centimètres par rapport aux bouteilles rondes d’un litre (le calcul est très simple). Or deux lecteurs m’ont fait d’autres suggestions. Examinons-les. Les suggestions, pas les lecteurs.

Le premier restait partisan des bouteilles rondes, mais proposait d’insérer d’autres bouteilles, la tête en bas et le goulot enfoncé dans les espaces restant. Si la caisse, carrée, de 32 centimètres de côté, contient seize bouteilles, il reste donc au centre neuf espaces où placer les bouteilles supplémentaires. Fort bien, mais on doit augmenter d’environ 60 % la hauteur de la caisse, et prévoir un dispositif qui les empêche de s’entrechoquer, voire de se briser : carton, plastique, paille, ce que vous voudrez. Si l’on récapitule, la caisse contenant seize bouteilles d’un litre, de 8 centimètres de diamètre et de 30 centimètres de haut (compte non tenu des détails de goulot et de culs-de-bouteille), voit son espace intérieur de 30,72 litres utilisé à 52 %, tandis que la caisse contenant 27 bouteilles identiques, mais mesurant cette fois 48 centimètres de haut, voit son espace intérieur de 49,15 litres utilisé à 55 %. Il y a donc un petit progrès, mais l’emballage va coûter plus cher.

Le second m’a suggéré des bouteilles de section hexagonale. Ingénieux, mais ce lecteur aurait dû s’aider d’un schéma, il aurait constaté que sa solution présente aussi quelques inconvénients. Certes, il n’y a pas de gaspillage de place au centre, entre les bouteilles. Mais d’une part, il y en a sur les quatre côtés de la caisse, et, d’autre part, il est impossible de placer les seize bouteilles envisagées sur le fond de la caisse, qui ne peut non plus avoir la même mesure que dans le cas initial. Je montre cela ICI. En effet, si la bouteille hexagonale, dans la plus grande dimension de sa section, mesure toujours huit centimètres comme les bouteilles rondes ou carrées, le fait de devoir être rangée en quinconce fait que la caisse devra mesurer 38 centimètres sur 35 (premier schéma) et contenir 27 bouteilles, ou 32 centimètres sur 31 (second schéma) et contenir 20 bouteilles. Avec le premier schéma, la caisse possède un volume intérieur de 39,9 litres, utilisé à 67,7 % ; avec le second, un volume intérieur de 29,76 litres, utilisé à 67,2 %.

Ainsi, les bouteilles carrées restent préférables, puisque aucun interstice gaspilleur n’existe à la base. Demeurera, certes, le fait que les goulots diminuent l’espace intérieur de la bouteille, mais là, on n’y peut rien, les bouteilles sans goulot traumatiseraient gravement les consommateurs.